Ils ont en effet énormément enrichi leur Village
C'est en préparant mes articles sur Mellerio en juin et juillet, que je trouve cette photo
C'est le 9 rue de la Paix, le 11 c'est Cartier. Qui donc est propriétaire ? Quelques jours de recherche et je découvre une procédure.
En 1911 le propriétaire du 9 rue de la Paix renouvelle le bail de Mellerio pour 24 ans, mais l'immeuble est vétuste et le propriétaire va devoir s'en séparer, il le vend à Jacques Seligmann et fils.
Jacques Seligmann |
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Cela traîne à cause d'un parfumeur Mr Bordes qui occupe la moitié du rez de chaussée et veut les mêmes avantages que ceux consentis aux Mellerio.
Procès, procès, appels et nous voilà en 1929
Cette maison coûta 400.000 francs en 1833 (à la même époque, l'hôtel Mirabeau était proposé pour500.000rancs). En 1856, vingt-trois ans après, les deux fils aînés de François (Jean et Antoine) ses successeurs, la rachetèrent aux enchères à la famille pour 570.000 francs. En 1866, dix ans seulement après, Jean revendit sa part à Antoine 450.000 francs, ce qui mettait l'immeuble à 900.000 francs ; les deux frères y avaient fait pour 100.000 francs de frais depuis 1856.
"En 1892, il fut vendu définitivement au prix de 1.200.000 francs sans les frais. Ce fut un étranger à la famille qui en devint acquéreur"
Comme les clients américains de plus en plus font le plus gros des activités de vente de l'entreprise, un bureau de New York au 7 West trente-sixième rue a été ouvert en 1904. Cinq ans plus tard, 1909, Jacques a acheté l'Hôtel de Sagan (aussi appelé le Palais de Sagan par la famille Seligmann) à Paris parce que c'est un endroit où Jacques Seligmann & Cie pouvaient trouver plus de place pour exposer leurs collections et aussi pour recevoir leur clientèle fortunée.
Au cours de l'Exposition universelle de New York de 1939, Germain a été membre du Comité de l'exposition, qui a coordonné la section d'art. Lorsque l'exposition a été prolongée pour une année supplémentaire, les responsables ont demandé à Seligman d'assumer la responsabilité de la planification de la section de l'art français. En Juin 1940 les forces allemandes envahirent la France et occupent Paris. Les affaires pour Jacques Seligmann & Co., Inc., ont affiché un repli spectaculaire.
À l'été 1940, les galeries Seligmann et les biens familiaux ont été saisis par le gouvernement de Vichy, avec la collection d'art privée de Germain. La maison familiale et son contenu, ainsi que la quasi-totalité du stock de l'entreprise de Paris, ont été vendu aux enchères publiques. Au magasin "Jacques Seligmann & Co., Inc" le personnel a brûlé les archives du bureau de Paris, pour conserver les dossiers relatifs à des œuvres d'art, afin d'éviter que les noms des acheteurs ou vendeurs ne tombent dans les mains de l'occupant nazi.
Germain Seligman
Les membres de la famille ont également connu les douleurs et les changements provoqués par la guerre. Jean Seligmann, un cousin de Germain et patron de Arnold Seligmann & Cie, a été capturé et fusillé à Vincennes.
Jean Seligmann
Fils d’Arnold, négociant, et de Georgette, née Bussmann, Jean Seligmann était marié, père de cinq enfants, la famille vivait dans un bel appartement au 24 Rue Barbet-de-Jouy VIIe arr. Il tenait un commerce d’antiquités et d’objets d’art 23 Place Vendôme à Paris Ier arr.
Des membres de l’armée allemande l’arrêtèrent le 29 mars 1941, il fut incarcéré à la prison du Cherche-Midi, VIe arr. Selon une note des Renseignements généraux de l’après-guerre, le frère de Jean Seligmann, Armand travaillait pour le 2e Bureau de l’État-major il aurait accompli une mission concernant l’armée allemande. Jean Seligmann qui effectuait de fréquents déplacements à l’étranger contribua au succès de cette collecte de renseignements. Les rapports d’Armand Seligmann furent transmis au Ministère de la Guerre, les allemands en eurent connaissance, ce qui motiva l’arrestation de Jean Seligmann.
Il fut transféré au Fort de Romainville, puis au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. Le 14 décembre 1941, le général Von Stüpnagel faisait paraître un « AVIS » : « Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont de nouveau été commis contre des membres de l’Armée allemande. Ces attentats ont pour auteur des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins ont été arrêtés .
Désigné comme otage, Jean Seligmann fut fusillé le 15 décembre 1941, inhumé au cimetière de Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Son nom figure sur la plaque commémorative des morts 1940-1945 apposée à l’entrée de la mairie du VIIe arr.
SOURCES : Arch. PPo., RG77W 2161. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, ÉFR, 1979. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC. – Site Internet Gen Web. – État civil, Paris XVIe arr.
François-Gérard, un demi-frère, a été enrôlé dans l'armée et a ensuite rejoint la Résistance française. Un autre frère, André, a fui la France en Septembre 1940 et est arrivé à New York, où il a ouvert sa propre galerie. (Il y reviendra plus tard à Paris après la guerre, mais il est mort peu de temps après d'une crise cardiaque.)
A gauche la femme de Jean Seligmann, a droite Jean Seligmann avec des lunettes
C'est lui qui est arrêté est emprisonné à la prison du cherche midi, et fusillé,
Voir site: http://untappedcities.com/2013/04/02/art-looted-in-paris-during-world-war-ii/#_ednref
Germain Seligman avait "planqué" les oeuvres d'art, mais "Pendant l'occupation, Lucie Botton, employée des frères Seligmann, guida Hoter Angerer et Fritz Schmidt, jusqu'aux cachettes où étaient stockées des collections juives". Plus tard elle traitera des affaires avec le dénommé Hofer. (Extrait d'un rapport américain sur le marché de l'art à Paris sous l'Occupation cité par Ph.D. et E. de R. "Le Monde" du 25/11/1998).
Ces trois allemands travaillaient pour Goering et Hitler, mais les meubles et les biens immobiliers vont être saisis par la police française et mis en vente aux enchères par un administrateur crapuleux, un dénommé Larrieu dans des conditions malhonnêtes si tant est que de vendre des biens sous prétexte qu'ils appartiennent à des juifs est honnête.
Plus de 600 pièces maitresses sont parties en Allemagne, mais le 23 place Vendome, le 9 rue de la Paix et le 23 rue de Constantine, furent vendus aux enchères et le commissariat aux questions juives se servit au passage en conservant plus de 200.000 frs sur la vente de l'immeuble du 9 rue de la paix, 610.952 frs sur la vente de l'immeuble de la rue Constantine et 5.245.155frs sur le mobilier des fonds de commerce et le mobilier personnel.
Un ami de Germain Seligman essaya bien de racheter le 9 rue de la Paix, mais plusieurs courriers révèlent que Mellerio surenchérit, et devint propriétaire, certainement en fin 1941 début 1942.
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Les tentatives de sauvetage de la
galerie
Seligmann, 9 rue de la Paix
Concernant l’aryanisation de la galerie Seligmann (sociétés Jacques Seligmann & Fils, et Germain Seligmann & Compagnie) par l’administrateur provisoire Édouard Gras, De Hauke tient informée la famille par un ressortissant américain, Sam Schiffer, de la situation du siège du 9 rue de la Paix : « Tout a été pillé. » Il tente de récupérer des objets personnels qui y étaient déposés – 15 objets signés du verrier Maurice Marinot – en les faisant passer pour la propriété de ce ressortissant. Il tente également d’intervenir au moment de la vente de l’immeuble, propriété personnelle de Germain Seligmann, par l’administrateur provisoire Bertrand Larrieu, au bijoutier Mellerio :
« Le 9 est aujourd’hui la propriété de Mell qui l’a donc acheté. Un de mes amis avait fait une offre très importante (par rapport évidemment au prix suggéré) mais le chiffre offert par mon ami a été dépassé par celui de Mell. Vous pouvez compter sur moi pour que tout ce qui peut être fait pour le peu qui reste soit fait. Je vais dans quelques jours voir Fu [René Fulda, beau-frère de Germain Seligmann, réfugié à Périgueux puis à Marseille] et nous allons encore parler de tout cela.»
En dehors de Mellerio, deux autres candidats présentèrent des offres de rachat21 : Raymond Drecq, 144 rue Legendre, Paris XVIIe, qui ne se présenta finalement pas à la réunion des soumissions du 27 novembre 1941, et M. Andrieux, 2 rue du Sommerard, Paris Ve, qui proposa 6 005 000 F. Mellerio, avec 6 310 000 F, ramenés par la suite à 5,805 millions, emporta donc l’enchère.
Compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, le pouvoir d'achat de 5 805,00 Francs en 1941 est donc le même que celui de 231 015,60 Euros en 2023. Autrement dit un prix ridicule.
Dans une lettre à Germain Seligmann, De Hauke précise :
« Mr Mell votre ami a épousé par devant notaire Mme Neuf [9 rue de la Paix] dont la famille avait été laissée dans un grand dénuement comme vous savez. Je lui ai souvent rendu visite. Malgré sa pauvreté, elle m’a fait des cadeaux, une partie de sa bibliothèque dont j’espère le tout, et nos objets souvenirs de famille – une unité22. » Le 1er août 1942, De Hauke s’entend avec l’administrateur provisoire Gras pour acheter pour 100 000 F « les objets constituant tout le stock, les archives et le mobilier commercial restant dans les locaux » du 9 rue de la Paix23. Après le passage des Allemands, il reste très peu de chose hormis du petit mobilier, vitrines, bureaux, fauteuils, cadres et panneaux décoratifs. Dans le procès-verbal de vente on ne compte que trois œuvres d’artistes : un tableau dans le genre de Lépicié, un tableau de Chapelain-Thierry (pour Chapelain-Midy ?), un buste du sculpteur François Martin
Je rappelle que CGQJ veut dire Commissariat Général aux questions juives
Le Commissariat général aux questions juives (C.G.Q.J.) fut créé par la loi du 23 mars 1941. Il était chargé de préparer et proposer au chef de l'État (le Bon Maréchal Pétain) toutes les mesures législatives concernant les Juifs, de fixer les dates de liquidation des biens juifs, de désigner les administrateurs séquestres et de contrôler leur activité.
La direction de l'aryanisation économique (D.A.E.) avait, à elle seule, plus d'importance que tous les autres services du Commissariat. Elle était chargée de l'exécution des mesures économiques prises contre les Juifs et englobait le Service du contrôle des administrateurs provisoires (S.C.A.P.).
L'autre service prédominant était la Police des questions juives (P.Q.J.), devenue par la suite section d'enquête et de contrôle (S.E.C.), dont le rôle était la recherche des infractions au statut des Juifs. Le C.G.Q.J. a été officiellement fermé fin août 1944, ses biens ont été mis sous séquestre et le séquestre confié au ministère des Finances.
La famille Mellerio, famille venue de Lombardie sous François Ier , comprend de nombreux personnages.
dits Meller. A la Couronne de fer ". Prospère, il a la reine d'Italie pour cliente. Il se retire en 1830 dans son château d'Ozoir-la-Ferrière, acheté en 1812.
Jean-Antoine Mellerio (?-1860) lui succède, transfère le magasin au 1 quai d”Orsay en 1832.
François Mellerio est fournisseur en 1836 de la reine Marie-Amélie qui lui donne l'autorisation d'inscrire sur sa devanture la mention " bijoutier de la reine des Français ".
Antoine Mellerio (1816-1882), le fils de François, mis aux affaires en 1833, y retrouve son frère Jean-François (1815-1886). Les deux dirigent la maison à la mort de leur père en 1848. Ils s'associent avec leur oncle Jean-Jacques, mort en 1850.
*Réponse N° 42OAR 474
Objets d'art
Bruxelles
BB et FVH ; atelier de Franz Van den Hecke
Tapisserie : Diogène dans son tonneau
Entré sous le titre
Diogène assis dans son tonneau reçoit la visite d'Alexandre
Vers 1640
17e siècle, Fils de laine, d'or, d'argent et de soie H. 4,06 ; La. 3,68 m
Inscriptions, signature
Marque de Bruxelles et les lettres F.V.H. initiales François van den Hecke.
Cette tapisserie a été saisie par Joseph Angerer et Fritz Schmidt en présence de l'officier de police Georges Chain, le 1er juillet 1940, 23, place Vendôme, à la galerie Jean A. Seligmann, où elle avait été mise en " dépôt libre ". Elle a figuré dans la collection de Guillaume Ohnesorge, ministre des Postes d'Hitler. La tapisserie est revenue à Paris le 26 décembre 1951 (déballé le 28 décembre 1951) par le 9e convoi en provenance de Vienne.
A propos d'Edouard Gras administrateur de biens juifs aryanisés: voir : https://agorha.inha.fr/ark:/54721/8fa0af54-a27d-43a2-9a76-42d6c9c54965