lundi 30 septembre 2013

1914-1918: La Bague du Poilu, le Centenaire de la Boucherie


La bague du poilu c'est aussi l'histoire de la bijouterie !
En 2014, le centenaire du début de la terrible Guerre, celle ou chaque Pays disait avoir Dieu de son côté.....même "Mein Gott ist mit uns"

Brave poilu fabriquant ses bijoux dans la tranchée de Souaine

Lorsque nos vaillants soldats de la guerre de 1914-1918 avaient un moment de répit entre deux attaques ou bombardements, ils fabriquaient des bagues, qu'ils soient Joailliers, agriculteurs, garagistes ou tous autres artisans suffisamment adroits

Cette bague ci-dessus comme la plupart des bagues est en aluminium, nous verrons pourquoi ! 
Quant à l 'insigne d'artilleur, je pense que cela venait d'un découpage de boutons d'uniforme en cuivre.



Il suffit de cliquer pour agrandir cette image et toutes celles de l'article, qui explique que ces bagues étaient faites en aluminium. A l'époque nous étions parait-il, Les seuls à extraire de nos sols la bauxite car nous avions de nombreux gisements dans le Var.  C'est un Chimiste allemand qui en fit la découverte en 1827, mais comme d'habitude , l'Allemagne était mieux organisée que nous et produisait l'aluminium à meilleur marché que nous, malgré les frais de transport pour le faire venir chez elle.

L'aluminium rentrait dans la composition des fusées d'obus, ces fusées qui déclenchaient l'explosion de l'obus, avec des systèmes plus ou moins sophistiqués.

L'aluminium est un métal malléable, ductile, il fonda 650°, il se moule aisément, il est peu oxydable. En somme une excellente matière première.



La maison Allemande AEG, (Allgemeine Elektricitats Gessschaft) fabriqua la fusée en photo ci-dessus et vous verrez plus loin que les Allemands mettaient dans les différentes pièces de ces fusées, plus d'aluminium que les français ou les Anglais.
Nos pauvres soldats en prenaient plein la G..... En 1914, et l'un d'entre eux eut l'idée de récupérer ces fusées.
Quand une salve d'obus était tirée sur nos lignes, dès la fin de l'envoi, nos poilus sortaient de leurs abris et creusaient la terre pour récupérer les fusées des Obus.
(Le mot « poilu » à l’époque dans le langage familier ou argotique quelqu’un de courageux, de viril (cf. Par exemple l’expression plus ancienne « un brave à trois poils », que l’on trouve chez Molière) Wiki, ou l’admiration portée à quelqu’un « qui a du poil au ventre ». En clair le "combattant" courageux par rapport à "l'embusqué".
Pour bien comprendre la différence observez ci-dessous.

Collection personnelle

Fusée N°80 V
Fusée à double effet, en laiton et alu, graduée de 0 à 22 secondes et de la croix romaine pour fonctionnement percutant.
D'abord dédiée aux obus des canons de campagne de 13 pdr et 18 pdr, elle fut ensuite adoptée pour la plupart des autres calibres. C'est la fusée anglaise classique de 14-18. Anecdote alimentant les partisans de la thèse de la guerre fomentée par l'internationale des industries de l'armement : le design est allemand (Krupp).Après-guerre, Vickers, entreprise anglaise qui fabriqua ces fusées, paya à Krupp 40 000 £ de royalties... Allez savoir pourquoi ?????

Il suffit de lire toutes les marques, ce qui permet d'apprendre que celle-ci a été fabriquée en mai 1917


Un fois démontée on peut voir qu'il y a moins d'aluminium que sur celle des Allemands. Si cela vous intéresse, un excellent site sur ces fusées d'obus.



Un encrier fabriqué avec une fusée allemande

http://www.bijouxregionaux.fr/fr/contenu.php?idcontenu=49

Il fallait dessertir la partie en aluminium, puis la fondre dans un creuset, souvent improvisé, une marmite en fonte ou un vieux casque pris à l'ennemi.
Comme il fond à 650°, il suffisait d'un bon foyer de charbon qu'on alimente avec un soufflet ou plus rudimentaire, en soufflant avec la bouche.
A l'époque, les poilus n'avaient pas les moyens de souder et souvent ces bagues étaient simples de forme et fondues, quoique...certains assemblaient des motifs en les soudant avec une soudure faite à partir des vieilles boites à sardines ou de conserves qui pullulaient sur le front. Peut-être aussi avec de l'étain ?
Mais il faut d'abord fondre le métal et nos poilus ne manquaient pas d'idées et les matériaux les plus hétéroclites pouvaient servir : pommes de terre, brique, craie, pierre à bâtir, terre argileuse !!

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1916 Objets fabriqués par les poilus dont le nom est cité



Ces deux-là, ci-dessus, sont en train de couler du métal dans une patate, au milieu ils ont dû mettre un morceau de bois pour faire le doigt.


Cette bague, comme plusieurs autres vient du site d'un charmant Néozélandais, Marc Faygen,  qui vit et exerce en France 

Cette bague est une fonte très sommaire, la fonte est pleine de trous.


Autre méthode extraite du "Magasin Pittoresque" de 1916, un petit cylindre, douille d'un petit obus ? Un bout de bois au centre et on remplit à la cuillère !

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Nos poilus observent une fusée

Archives Delcampe
Le motif soudé sur cette bague en alu est une représentation d'une croix de guerre.


Sur celle-ci notre joaillier a serti des verres ou des doublets (Expo de Palavas)


Le matériel est sommaire, qu'importe, nos p'tits gars du 118 sont enterrés dans une tranchée sur le front en Champagne


Cette bague qui est en vente à la maison DELCAMPE comporte une boussole, pas bête pour monter à l'assaut.


Encore une photo de grande qualité sur nos bijoutiers des tranchées, a l'époque , on fractionnait le travail en spécialités et en un même point on pouvait trouver des fondeurs, mouleurs, ébaucheur, découpeur,finisseur, ciseleur et graveur.


Et comme tous n'étaient pas manuels par exemple mes grands-pères, mais tous s'y mettaient comme les poètes, qui vantaient toute cette industrie sous toutes sortes de vecteurs ; et de nombreuses chansons furent composées et chantées sur place, mais aussi à l'arrière en famille ou aux théâtres.


Des bijoutiers Artilleurs, on voit l'un d'eux forger sa bague sur un triboulet, Photo de Edouard Brissy qui fit don de ses archives au ministère de la culture


Une autre bague avec la croix de guerre. Certains généraux, obtus comme un général, ont respecté les ordres du général en chef, interdisant face à l'ennemi "tout autre travail que celui qui ne coopère pas directement à œuvre militaire" 
Nos poilus se sont mis a faire sécher (par exemple) entre les feuillets de leur livrets militaires, les fleurettes écloses sur les parapets des tranchées", Ils ont fait du tricot, d'autres se sont mis a lire furieusement les journaux envoyés par les parents.



Certains ont de l humour, car la "Gerbe d'Or était une bijouterie célèbre à Paris

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                                          Publicité de la Gerbe d'or pendant la guerre 14-18



Témoins ce jeton distribué par la maison, il est en vente actuellement chez Poinsignon


Encore une photo de ces bijoutiers au travail dans les tranchées, voir ce site

Le général Pétain n'était pas encore général en chef, il parait qu'il fut présenté comme "l'artisan du redressement du moral des troupes après les mutineries de 1917", quel héros " Êtes-vous heureux ?"  "non" "fusillez en encore quelques-uns....."
Les poilus se tournèrent vers d'autres formes d'occupations, avec les branches de bois, ils firent des cannes sculptées, avec les boites de "Singe" ils ont fait des instruments de musique, ils travaillaient le cuir de vieilles sacoches et en faisaient des portes monnaies ou portefeuilles.


Début 1918, il n'y avait plus de quoi faire des bagues selon le journal "Les Annales Africaines"


Sur cette bague le poilu à serti une médaille en or.



Il y avait aussi des bagues plus petites qui étaient faites non avec des têtes d'obus, mais avec des balles et vous avez ci-dessus une assez bonne explication de la manière d'opérer.



J'ai trouvé cet article savoureux du journal " le flambeau" sur un poilu, apparemment imberbe qui offre une bague de sa fabrication, à une élégante Parisienne.


Même le Journal l'Illustration en parlait, un site a voir.



Cette bague en l'honneur du meilleur des canons, le 75 français, que les Allemands redoutaient, est en or, là c'est du travail de pro, car très vite, les bijoutiers se mirent à vendre des bagues de tranchées


Couverture du Journal "Les Bons Moments"


Il y avait les bijoutiers qui s'étaient mis à vendre des bagues et objets de tranchées, mais autour des gares, de petits marchands permettaient aux poilus de ramener aussi des souvenirs à la maison et en particulier les "bagues de tranchées"


Ces objets étaient réalisés par des fabricants pour ces petits marchands

Illustrike Zeitung de Novembre 1916




Les Allemands n'étaient pas en reste et la publicité s'en était vite emparée.


Il y eut beaucoup d'autres objets fabriqués dans les tranchées, ainsi ce briquet conservé au Musée de l'Armée.



En revanche, je n'ai pas trouvé de renseignements sur les motifs en laiton soudés sur ces briquets ?



Car ce briquet de ma collection personnelle a le même motif que celui conservé au Musée de l'Armée !


Voici des vases fabriqués avec des douilles d'obus, quand j'étais gamin, il y en avait beaucoup sur les buffets et plus tard aux marchés aux puces.


Beaucoup de médailles comme celle-ci (collection personnelle) avec un tour en émail bleu et la devises Nationale "On les Aura"





Médaille publicitaire du "Bon Marché" à Paris, "la Justice poursuivant le crime" fabriqué par Paris Art, d'après Prudhon (collection personnelle)


Un grand nombre de couteaux et de poignard furent fabriqués, le plus souvent avec des baïonnettes.



Celui ci a une forme de pistolet (collection personnelle)


Extraordinaire coupe papier fabriqué par un poilu représentant le Kaiser Guillaume tirant la langue


Le Kaiser Guillaume II déclencha cette guerre, parce qu'il estimait ne pas avoir eu sa part dans le partage de l'Afrique...

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Et puis, quatre ans après, terrible réflexion dans le journal "Le Rire" (collection personnelle) du 24-08-1918 ou on voit cet empereur "délaissé" par son Dieu qui lui pose une question.

Dès le début de la guerre, le Royaume-Uni fut considéré par l’Allemagne comme son principal ennemi. Durant toute la durée du conflit, un slogan devait concrétiser cette détestation du Royaume-Uni : Gott strafe England ! – Que Dieu punisse l’Angleterre ! Mais pour les Anglais "Dieu sauve le Roi "et les Français chantent Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur Tous les pays ont Dieu de leur côté, les Turcs en 1915 massacrent les Arméniens Catholiques au nom de la guerre sainte, et ces pauvres Arméniens demandent à Dieu de les protéger !


Avec deux balles soudées ensembles voici un stylo et porte mines.


Un chef d'oeuvre Kitch, une théière faite avec des morceaux de guerre et un stylo porte-mine, photographie de l'agence Meurisse conservée à la BNF



Bien évidemment, de nombreuses montres, mais là ce n'est plus fabriqué dans les tranchées


Il était prévu de refaire beaucoup d'enfants pour sauver la France


Le célèbre "Lefebvre" grand fabricant de bijoux et d'orfèvrerie se mit à vendre des objets patriotiques





Tout le monde participait au soutien des Poilus même en décalcomanie (collection personnelle)


C'est un concours de dessins d'enfants organisé par la ville de Paris, ce petit gobelet s'appelait un "Quart"
A l’armée, le « quart » faisait deux quarts soit 50 cl, ce gobelet était en aluminium




Quand j'étais très jeune, j'allais en vacances l'été chez mon grand-père en Bretagne et dans ma chambre il y avait une très grande armoire et elle était remplie de la collection complète du journal "Les Trois Couleurs" et j'ai dû tout lire. Des histoires merveilleuses d'une France martyrisée par les "boches" les "schleus" etc, des exploits ou les français étaient toujours plus intelligents que les Allemands, et finalement gagnaient toujours !!! Dommage qu'on ait mis quatre ans pour récupérer l'Alsace et la Lorraine


Décembre 1915, un petit cadeau s'imposait, la bague du Poilu !

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Le troisième en partant de la gauche, c'est mon grand-père, nous sommes en décembre 1914, il se trouve au port du Légué Plérin, tout près de Saint- Brieuc. Il était parti de Chalons en Champagne le lundi matin 2 septembre, un quart d'heure avant que les Allemands n'y entrent. A l'époque, on reculait.
Ils n'arrivèrent à Saint Brieuc que le dimanche suivant, après 144 heures de voyage, il écrivait beaucoup (philosophie, histoire, etc) et j'ai gardé ses "Memoires". A Saint Brieuc il avait 33 ans et fit la connaissance d'une jeune fille qui devint plus tard sa deuxième femme , ma grand mere.15 jours après il fut envoyé à la bataille de la Croix sur Meuse" Grand père décrivait cette jeune fille d'une manière merveilleuse, il eut des ennuis à cette bataille qui fut gagnée, mais il fut évacué à nouveau vers le Légué Plérin pour être mis au repos, mais avant de repartir à nouveau au front, il avait ramené une bague faite par un poilu , et il offrit cette bague à ma grand-mère le dimanche 13décembre 1914 avec en plus une médaille qu'il avait acheté à Saint Brieuc le samedi 12, il note dans ses mémoires "Une vierge à l'enfant, médaille reproduisant le merveilleux chef d'oeuvre de Botticelli"
Grand père fut grièvement blessé au ravin des Eparges le 18/03/1915 et fit le tour de 14 hôpitaux pour finir en convalescence à Nice en aout 1915.
Il épousa grand mere le 22 septembre 1915.
Qu'est devenue sa bague ????

vendredi 23 août 2013

Mellerio Joaillier: l'histoire du 9 rue de la Paix spolié à un juif


Depuis quand cet immeuble  appartient il aux Mellerio? 




 Dans les trois chapitres qui précèdent, j'ai pu expliquer que François, en 1815, s’installe avec son frère Jean-Jacques Mellerio au 22 rue de la Paix, sous la raison sociale "Mellerio dits Meller frères ".
L'histoire écrite par Joseph Mellerio, et que personne de la famille n'a contesté, dit que tout part de François Mellerio:

 En septembre 1811 Francois rentre à Paris pour laisser sa femme enceinte à Craveggia .
Septembre 1813 sa femme l'a rejoint à Paris.
Janvier 1816 il change d'adresse pour la maison et boutique de la rue du Coq -Saint- Honoré et va au 22 rue de la Paix ......
1825 avec son frère Jean-François Jacques, bijoutiers rue de la Paix, donnent un capital de 1.400 francs pour les filles de l'école (Joseph Mellerio 1893).

Ils ont en effet énormément enrichi leur Village


1829 Les deux frères Francesco et Giovanni Giacomo sont rue de la Paix, le fils de Giovanni Francesco, donne à l'église de Craveggia un riche ostensoir en argent doré, enrichi de pierres précieuses (Joseph Mellerio 1893) .
1833 avec son frère François achète une propriété 5 rue de la Paix, près de l'immeuble du timbre royal construite sur l'ancien couvent des Capucins. Coût 400.000 francs. Était responsable de la rénovation un architecte de Craveggia, un certain CIOLINA. Enfin en 1836, il s'installe avec sa famille au 5 rue de la Paix, qui devint plus tard le numéro 9. Maison qui a été vendue par les descendants Mellerio en 1892 pour 1 million 200 mille francs de l'époque.

Donc sont-ils restés locataires, ont-ils déménagés ?
C'est en préparant mes articles sur Mellerio en juin et juillet, que je trouve cette photo



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Au début je pense à une inversion de cliché, puis je vois que le voisin est le grand Vever, qui était au 20, donc côté pair, alors que le 9 est côté impair avant Cartier, dont je trouve aussi une photo prise le même jour, le 14 juillet 1919. Mais, alors, qui est au 9 rue de la Paix ? 


Agrandissement de la photo, nul doute !

je découvre dans mes archives une autre photo de la rue de la Paix, au 9, en 1923...voir:



En 1923 Jacques Seligmann et fils occupent toute la largeur de l'immeuble.

C'est le 9 rue de la Paix, le 11 c'est Cartier. Qui donc est propriétaire ? Quelques jours de recherche et je découvre une procédure.
En 1911 le propriétaire du 9 rue de la Paix renouvelle le bail de Mellerio pour 24 ans, mais l'immeuble est vétuste et le propriétaire va devoir s'en séparer, il le vend à Jacques Seligmann et fils.





Pour Germain Seligman la promesse de vente est de 1914, une procédure très longue nous explique que G. Seligman, était dans l'obligation de s'arranger avec les locataires pour qu'ils partent afin de pouvoir reconstruire l'immeuble.

Cher Maitre Bazin
 En ce qui concerne les questions fiscales américaines de M. Seligman, nous avons un besoin urgent de la confirmation du prix d'achat initial et l'achat de la date de son ancien bâtiment au 9 rue de la Paix. Cet achat selon les informations que nous avons ici, remonte à 1914 et s'élève à 2.200.000 FFC -. (Deux millions deux cent mille francs français)
M. Seligman a l'impression que vous devriez être en mesure de lui fournir ces données, car selon lui, il figure parmi les documents relatifs à la succession de son défunt père, M. Jacques Seligmann. Toutefois, si vous ne trouvez pas ces informations dans vos fichiers, seriez-vous assez bon pour obtenir de l'Etude de Maître Moyne LETULLE 
Je serais très obligé si vous pouviez nous donner cette information à votre meilleure convenance.
Avec anticipation merci,
Cordialement
(Melvin C. Robins)
(1) à travers laquelle le bâtiment a été acheté
Selon les documents scannés par ARCHIVES OF AMERICAN ART, c'est 1914.

Jacques Seligmann

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Sur ce cliché du 14 juillet 1918, chacun peut voir qu'il y a une palissade devant Seligmann au 9 rue de la Paix, juste avant la maison Cartier, les travaux ont-ils commencé ? Malgré les procès ?
Cela traîne à cause d'un parfumeur Mr Bordes qui occupe la moitié du rez de chaussée et veut les mêmes avantages que ceux consentis aux Mellerio.
Procès, procès, appels et nous voilà en 1929





Donc et afin de résumer, Mellerio n'est pas propriétaire du 9 rue de la Paix et Maurice Mellerio, en accord avec Seligmann va s'installer au 16 rue de la Paix provisoirement, avec espoir de revenir au 9.



En agrandissant ce cliché (cliquez pour agrandir) des frères Seeberger, conservé au Ministère de la Culture à Paris, vous verrez nettement en 1925, les arches du magasin de Jacques Seligmann qui se trouve juste avant Cartier en venant de la place Vendome.

En 1836, la maison fut transférée, du n° 22 de la rue de la Paix, où l'on était en location, au n° 5 (actuellement n° 9), dont les Mellerio étaient propriétaires, ainsi que nous venons de le dire. Il n'est peut-être pas sans intérêt d'indiquer ici les valeurs progressives prises par cet immeuble de la rue de la Paix, en moins de soixante ans.
Cette maison coûta 400.000 francs en 1833 (à la même époque, l'hôtel Mirabeau était proposé pour500.000rancs). En 1856, vingt-trois ans après, les deux fils aînés de François (Jean et Antoine) ses successeurs, la rachetèrent aux enchères à la famille pour 570.000 francs. En 1866, dix ans seulement après, Jean revendit sa part à Antoine 450.000 francs, ce qui mettait l'immeuble à 900.000 francs ; les deux frères y avaient fait pour 100.000 francs de frais depuis 1856.  
"En 1892, il fut vendu définitivement au prix de 1.200.000 francs sans les frais. Ce fut un étranger à la famille qui en devint acquéreur"
D'après Vever.



Mellerio au 16 rue de la Paix à coté de Vever

La drôle de Guerre s'installe, est-ce pour cela que Mellerio ne revint pas au 9 ? Toujours est-il qu'il est encore au N° 16 rue de la Paix en 1940 avec semble-t-il une galerie installée au 9 vers 1935.
Qui est ce Monsieur Seligman ? L'un des plus grands marchands d'art français à cette époque, puisque Germain est Français.


Un ami d'internet, m'a adressé ce cliché de Germain Seligman (alors avec deux N) il finira cette guerre : capitaine :


Ceci prouve la qualité de grand français de Germain Seligman.

Pour ne citer que quelques clients importants des Seligmann, le Baron Edmond de Rothschild de France, la famille Stroganoff de la Russie, Sir Philip Sassoon de l'Angleterre, et les collectionneurs américains Benjamin Altman, William Randolph Hearst, JP Morgan, Henry Walters, et Joseph Widener.
Comme les clients américains de plus en plus font le plus gros des activités de vente de l'entreprise, un bureau de New York au 7 West trente-sixième rue a été ouvert en 1904. Cinq ans plus tard, 1909, Jacques a acheté l'Hôtel de Sagan (aussi appelé le Palais de Sagan par la famille Seligmann) à Paris parce que c'est un endroit où Jacques Seligmann & Cie pouvaient trouver plus de place pour exposer leurs collections et aussi pour recevoir leur clientèle fortunée.



Ce très bel hotel qui a été vendu par Seligman, est depuis 1936, l'ambassade d'Autriche 


Germain déménagea ses collections au 23 rue de Constantine d'où on peut voir les arbres du parc de l' hotel de Sagan, c'était vraiment à coté, c'est là que les nazis, aidé de la Police Française vinrent tout saisir.

Quelques heures après l'ordre de mobilisation en 1914, Germain rejoint l'armée française comme sous-lieutenant dans le 132eme régiment d'infanterie de Reims. En 1916, il a été promu premier lieutenant dans la vingt-quatrième brigade d'infanterie et l'année suivante atteint le grade de capitaine à la cinquante-sixième Division d'infanterie. Seligman a quitté de l'armée française en 1919 et a reçu la Croix de Guerre française avec six citations. (En 1938, Seligman a reçu la Légion d'honneur et en 1939, il a été décoré par le Général John Pershing Joseph avec la Médaille du service méritoire des États-Unis, en reconnaissance de son service pendant la Première Guerre mondiale.



Hotel de Sagan , acquis en 1909 par Jacques Seligmann

Les Archives de "American Art" précisent :

Au cours de l'Exposition universelle de New York de 1939, Germain a été membre du Comité de l'exposition, qui a coordonné la section d'art. Lorsque l'exposition a été prolongée pour une année supplémentaire, les responsables ont demandé à Seligman d'assumer la responsabilité de la planification de la section de l'art français. En Juin 1940 les forces allemandes envahirent la France et occupent Paris. Les affaires pour Jacques Seligmann & Co., Inc., ont affiché un repli spectaculaire. 
À l'été 1940, les galeries Seligmann et les biens familiaux ont été saisis par le gouvernement de Vichy, avec la collection d'art privée de Germain. La maison familiale et son contenu, ainsi que la quasi-totalité du stock de l'entreprise de Paris, ont été vendu aux enchères publiques. Au magasin "Jacques Seligmann & Co., Inc" le personnel a brûlé les archives du bureau de Paris, pour conserver les dossiers relatifs à des œuvres d'art, afin d'éviter que les noms des acheteurs ou vendeurs ne tombent dans les mains de l'occupant nazi.


L’armistice entre les autorités françaises et allemandes est signé le 22 juin 1940. Dans les jours qui suivent l’occupation de la capitale, les spoliations débutent sous l’égide de l’ambassadeur d’Allemagne à Paris, Otto Abetz. Celui-ci ordonne la saisie des œuvres d'art possédées par les Juifs dans les territoires occupés. Il adresse à la Gestapo la liste des quinze principaux marchands parisiens d'objets d'art, chez qui il demande une perquisition de police d'urgence, avec saisie des œuvres (parmi ceux-ci : Jean A. Seligmann, Jacques Seligmann et André Seligmann, Georges Wildenstein, Paul Rosenberg, les Bernheim-Jeune). 


Germain Seligman

Les membres de la famille ont également connu les douleurs et les changements provoqués par la guerre. Jean Seligmann, un cousin de Germain et patron de Arnold Seligmann & Cie, a été capturé et fusillé à Vincennes.




SELIGMANN Jean, Albert

Né le 15 juin 1903 à Paris XVIe arr., fusillé comme otage le 15 décembre 1941 au Mont Valérien (commune de Suresnes) ; antiquaire.

Jean Seligmann

Fils d’Arnold, négociant, et de Georgette, née Bussmann, Jean Seligmann était marié, père de cinq enfants, la famille vivait dans un bel appartement au 24 Rue Barbet-de-Jouy VIIe arr. Il tenait un commerce d’antiquités et d’objets d’art 23 Place Vendôme à Paris Ier arr.
Des membres de l’armée allemande l’arrêtèrent le 29 mars 1941, il fut incarcéré à la prison du Cherche-Midi, VIe arr. Selon une note des Renseignements généraux de l’après-guerre, le frère de Jean Seligmann, Armand travaillait pour le 2e Bureau de l’État-major il aurait accompli une mission concernant l’armée allemande. Jean Seligmann qui effectuait de fréquents déplacements à l’étranger contribua au succès de cette collecte de renseignements. Les rapports d’Armand Seligmann furent transmis au Ministère de la Guerre, les allemands en eurent connaissance, ce qui motiva l’arrestation de Jean Seligmann.
Il fut transféré au Fort de Romainville, puis au camp de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis) réservé aux Juifs. Le 14 décembre 1941, le général Von Stüpnagel faisait paraître un « AVIS » : « Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au revolver ont de nouveau été commis contre des membres de l’Armée allemande. Ces attentats ont pour auteur des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks et agissant selon les mots d’ordre infâmes de ceux-ci. Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas, les assassins ont été arrêtés .
Désigné comme otage, Jean Seligmann fut fusillé le 15 décembre 1941, inhumé au cimetière de Nanterre (Seine, Hauts-de-Seine). Son nom figure sur la plaque commémorative des morts 1940-1945 apposée à l’entrée de la mairie du VIIe arr.
SOURCES : Arch. PPo., RG77W 2161. – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, ÉFR, 1979. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet CDJC. – Site Internet Gen Web. – État civil, Paris XVIe arr.


Affaire d'Arnold Seligman, rue de la Paix en 1925, cliché de Seeberger

François-Gérard, un demi-frère, a été enrôlé dans l'armée et a ensuite rejoint la Résistance française. Un autre frère, André, a fui la France en Septembre 1940 et est arrivé à New York, où il a ouvert sa propre galerie. (Il y reviendra plus tard à Paris après la guerre, mais il est mort peu de temps après d'une crise cardiaque.)


A gauche la femme de Jean Seligmann, a droite Jean Seligmann avec des lunettes

C'est lui qui est arrêté est emprisonné à la prison du cherche midi, et fusillé,
Voir site: http://untappedcities.com/2013/04/02/art-looted-in-paris-during-world-war-ii/#_ednref

Germain Seligman avait "planqué" les oeuvres d'art, mais "Pendant l'occupation, Lucie Botton, employée des frères Seligmann, guida Hoter Angerer et Fritz Schmidt, jusqu'aux cachettes où étaient stockées des collections juives". Plus tard elle traitera des affaires avec le dénommé Hofer. (Extrait d'un rapport américain sur le marché de l'art à Paris sous l'Occupation cité par Ph.D. et E. de R. "Le Monde" du 25/11/1998).
Je crois nécessaire d'ajouter que les 3 nazis étaient assistés par le commissaire de police Georges Chain, c'était le 1er juillet 1940. Regardez par exemple le chemin parcouru par une tapisserie saisie par ces tristes sires. Le Ministère de la culture fournit des exemples, j'en recopie un en bas de ce chapitre. 1*


Ces trois allemands travaillaient pour Goering et Hitler, mais les meubles et les biens immobiliers vont être saisis par la police française et mis en vente aux enchères par un administrateur crapuleux, un dénommé Larrieu dans des conditions malhonnêtes si tant est que de vendre des biens sous prétexte qu'ils appartiennent à des juifs est honnête.
Cet administrateur nommé pour confisquer tous les biens des Seligman, va être assisté par un commissaire-priseur du nom de Quoniam . J'espère que quelqu'un …un jour. (Vu la puissance de cette profession) aura le courage écrire un livre sur les pratiques des commissaires-priseurs à cette époque et aux autres. D'ailleurs Germain Seligman classait tout, ce qui nous permet de voir que Quoniam n'était pas le seul et que même le "grand" Bellier (aux yeux des autres) a fini sa carrière très riche, en dépit de ses petites escroqueries, mais toujours à propos de la Vente Fabius.




Il faut plusieurs jours de vente, en 1942, pour écouler son stock, à bas prix, sous le contrôle du commissariat aux affaires juives. L’expert de la liquidation, Jacques Bruyer, multiplie les humiliations et se sert au passage. Les commissaires-priseurs, Mes Bellier et Ledoux-Lebard, seront condamnés à la Libération. Elie, qui n’a même pas pu assister aux ventes, s’éteint en mars, sans avoir pu revoir ses enfants, partis rejoindre le maquis ou les forces françaises libres. En 1945, les trois fils se relancent boulevard Haussmann, reconstituant leur stock de Carpeaux, Barye ou de la peinture de cour de Winterhalter. (Liberation de Octobre 2011)
Il parait que le Général de Gaulle croisant Maître Maurice Rheims après la libération lui aurait dit 
 " Alors, Rheims, toujours votre coupable industrie ? "
Plus de 600 pièces maitresses sont parties en Allemagne, mais le 23 place Vendome, le 9 rue de la Paix et le 23 rue de Constantine, furent vendus aux enchères et le commissariat aux questions juives se servit au passage en conservant plus de 200.000 frs sur la vente de l'immeuble du 9 rue de la paix, 610.952 frs sur la vente de l'immeuble de la rue Constantine et 5.245.155frs sur le mobilier des fonds de commerce et le mobilier personnel.




Voici le décret de fin 1940 qui désigna les administrateurs des biens juifs saisis par Vichy et les Allemands.




Ce fut ce Monsieur Gras du 140 Faubourg Saint Honoré qui géra les biens saisis aux familles juives dont les noms sont inscrits ci-dessus, liste extraordinaire ou entres autres se trouve le nom de Hessel, ce grand galeriste beau-père de Jacques Arpels et père de Lucie Hessel, que de noms célèbres " Seligmann, Khan, Wildenstein,  Berheim,  Libovici" c'est à ce Gras que Maurice Mellerio devait d'avoir acheté l'immeuble du 9 rue de la Paix, spolié à Seligmann, et vendu à vil prix.

Un ami de Germain Seligman essaya bien de racheter le 9 rue de la Paix, mais plusieurs courriers révèlent que Mellerio surenchérit, et devint propriétaire, certainement en fin 1941 début 1942.


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Les tentatives de sauvetage de la galerie 

Seligmann, 9 rue de la Paix

Concernant l’aryanisation de la galerie Seligmann (sociétés Jacques Seligmann & Fils, et Germain Seligmann & Compagnie) par l’administrateur provisoire Édouard Gras, De Hauke tient informée la famille par un ressortissant américain, Sam Schiffer, de la situation du siège du 9 rue de la Paix : « Tout a été pillé. » Il tente de récupérer des objets personnels qui y étaient déposés – 15 objets signés du verrier Maurice Marinot – en les faisant passer pour la propriété de ce ressortissant. Il tente également d’intervenir au moment de la vente de l’immeuble, propriété personnelle de Germain Seligmann, par l’administrateur provisoire Bertrand Larrieu, au bijoutier Mellerio :

« Le 9 est aujourd’hui la propriété de Mell qui l’a donc acheté. Un de mes amis avait fait une offre très importante (par rapport évidemment au prix suggéré) mais le chiffre offert par mon ami a été dépassé par celui de Mell. Vous pouvez compter sur moi pour que tout ce qui peut être fait pour le peu qui reste soit fait. Je vais dans quelques jours voir Fu [René Fulda, beau-frère de Germain Seligmann, réfugié à Périgueux puis à Marseille] et nous allons encore parler de tout cela.»

En dehors de Mellerio, deux autres candidats présentèrent des offres de rachat21 : Raymond Drecq, 144 rue Legendre, Paris XVIIe, qui ne se présenta finalement pas à la réunion des soumissions du 27 novembre 1941, et M. Andrieux, 2 rue du Sommerard, Paris Ve, qui proposa 6 005 000 F. Mellerio, avec 6 310 000 F, ramenés par la suite à 5,805 millions, emporta donc l’enchère. 

Compte tenu de l'érosion monétaire due à l'inflation, le pouvoir d'achat de 5 805,00 Francs en 1941 est donc le même que celui de 231 015,60 Euros en 2023. Autrement dit un prix ridicule.

Dans une lettre à Germain Seligmann, De Hauke précise :

« Mr Mell votre ami a épousé par devant notaire Mme Neuf [9 rue de la Paix] dont la famille avait été laissée dans un grand dénuement comme vous savez. Je lui ai souvent rendu visite. Malgré sa pauvreté, elle m’a fait des cadeaux, une partie de sa bibliothèque dont j’espère le tout, et nos objets souvenirs de famille – une unité22. » Le 1er août 1942, De Hauke s’entend avec l’administrateur provisoire Gras pour acheter pour 100 000 F « les objets constituant tout le stock, les archives et le mobilier commercial restant dans les locaux » du 9 rue de la Paix23. Après le passage des Allemands, il reste très peu de chose hormis du petit mobilier, vitrines, bureaux, fauteuils, cadres et panneaux décoratifs. Dans le procès-verbal de vente on ne compte que trois œuvres d’artistes : un tableau dans le genre de Lépicié, un tableau de Chapelain-Thierry (pour Chapelain-Midy ?), un buste du sculpteur François Martin



Donc Mellerio n'est propriétaire du 9 rue de la Paix que depuis 1942.
Il était bien introduit auprès du commissariat aux questions juives, puisque je le rappelle, Maurice Mellerio avait été nommé administrateur de l'aryanisation des biens Juifs par les Allemands pour l'Aryanisation du grand Joaillier Arnold Ostertag  qui finalement n'était pas juif : lire
https://www.richardjeanjacques.com/2016/07/arnold-ostertag-lun-des-grands.html

Arrive la libération et je ne sais quel arrangement a été pris avec Germain Seligman pour le 9, plusieurs courriers font état de sommes que Mellerio devait à Seligman.




Il parait (sauf pour ceux qui étaient morts en camp de concentration, ou fusillés, ou !!!) que les biens saisis par le commissariat aux questions juives ont été restitués après la guerre, ce n'est pas le reflet de la réalité et nombreux sont ceux qui ont argués qu'ils avaient acheté en toute légalité (à des crapules comme Larrieu, Bellier, Qoniam!!) Comment s'est passé la restitution des biens à la famille Seligmann pour ce qui concerne Mellerio ? Cela reste vague, mais cette lettre ci-dessus parle d'argent dû ! D'autant que tout le monde se servait !!!




En tous cas les Mellerio se sont bien rendus par avion à New York aux alentours des dates indiquées dans les courriers
D'abord Emile !!! le 8-5-1946


Puis G. Mellerio le 2-3-1950


Et encore, personne ne voulait rendre quoi que ce soit, même illégalement acquis, il fallut que Seligman engage comme on le lui conseillait, un détective privé, car les commissaires-priseurs et les administrateurs utilisaient des prêtes noms, et il a fallu les confondre.
De plus, l'état s'en mêlait, car une fois les immeubles retrouvés et vendus !!!



Des éléments nouveaux viennent de me parvenir et permettent de mieux comprendre comment l'achat de cet immeuble s'est déroulé.
Le commissariat aux questions juives a vendu à la "société civile immobilière du 9 rue de la Paix (nouvellement crée le 12-06-1942 et qui existe toujours), l'immeuble du 9 rue de la Paix ..Le notaire a prélevé sur la vente 202.000frs pour le verser au CGAQJ 


Ces informations me font penser que Mr Seligman après-guerre n'a pas récupéré ses immeubles



Cette notice explicative nous précise que, Constantin, Notaire, et Larrieu administrateur, nommé par les Allemands ont vendu le 31 décembre 1941 l'immeuble confisqué a Monsieur Seligmann en raison des lois raciales, situé au 9 rue de la Paix au prix de 6.310.000frs sur lequel il a été payé comptant 3.200.000frs, la vente a été homologuée le 28 mai 1942, la société civile immobilière du 9 rue de la Paix a été constituée le 12-06-1942 et chez ce même notaire le 19 février 1943, le prix a été ramené à 5.805.200frs après accord avec le CGQJ.




En 1946 un acte de convention a été signé entre Mr Seligmann et la" Société civile immobilière du 9 rue de la Paix"




En 1943 Maitre Decaux signale que le CGQJ a prélevé sa dîme sur cette vente et que cette somme doit être restituée à Monsieur Seligman











Details de la somme prélevée par le CGQJ sur le montant de la vente de l'immeuble du 9 rue de la Paix.
Je rappelle que CGQJ veut dire Commissariat Général aux questions juives
Le Commissariat général aux questions juives (C.G.Q.J.) fut créé par la loi du 23 mars 1941. Il était chargé de préparer et proposer au chef de l'État (le Bon Maréchal Pétain) toutes les mesures législatives concernant les Juifs, de fixer les dates de liquidation des biens juifs, de désigner les administrateurs séquestres et de contrôler leur activité.
La direction de l'aryanisation économique (D.A.E.) avait, à elle seule, plus d'importance que tous les autres services du Commissariat. Elle était chargée de l'exécution des mesures économiques prises contre les Juifs et englobait le Service du contrôle des administrateurs provisoires (S.C.A.P.).

L'autre service prédominant était la Police des questions juives (P.Q.J.), devenue par la suite section d'enquête et de contrôle (S.E.C.), dont le rôle était la recherche des infractions au statut des Juifs.
Le C.G.Q.J. a été officiellement fermé fin août 1944, ses biens ont été mis sous séquestre et le séquestre confié au ministère des Finances.





Enfin la Caisse des dépôts, consent à verser le prélèvement du CGQJ


Compte enu de l'érosion monétaire due à l'inflation,le pouvir d'achat de 18,98136,90 anciens francs en 1941 est donc le même que celui de 66.356.314 euros en 2018.

L'argent ayant été placé à la caisse des dépôts et consignations et Mellerio désirant garder l'immeuble, Seligman n'en renonça pas moins à demander la nullité de la vente le 5 aout 1946 et toucha la somme bloquée à la caisse des dépôts. Il ne récupéra qu'en 1952 les 210.904 frs qui avaient été prélevés par le commissariat aux questions juives .

Il y eut procès et procès jusqu'à la fin des années 80 et les Seligman ne récupérèrent pas l 'immeuble.

L'honneur aurait commandé de rendre l'immeuble à Germain Seligman après la libération, de se faire rembourser l'achat de Mellerio par l'Etat (la continuité de l'Etat devant assurer les erreurs du régime de Pétain), que les Mellerio redeviennent locataires et ensuite de demander à Germain Seligman (s'il l'acceptait) de leur vendre cet immeuble selon les conditions honnêtes du marché.
De plus, de nos jours, accepter les faits et modifier son histoire, que ce soit dans Wikipedia ou ailleurs

Résumé de l histoire des Mellerio

La famille Mellerio, famille venue de Lombardie sous François Ier , comprend de nombreux personnages. 
Jean-Baptiste Mellerio (?-1850) ouvre en 1797 une boutique 20 rue Vivienne à l'enseigne " Mellerio
dits Meller. A la Couronne de fer ". Prospère, il a la reine d'Italie pour cliente. Il se retire en 1830 dans son château d'Ozoir-la-Ferrière, acheté en 1812.
Jean-Antoine Mellerio (?-1860) lui succède, transfère le magasin au 1 quai d”Orsay en 1832.

François Mellerio (1772-1843), venu en France en 1784, reste à Paris sous la Révolution, s'engage dans l'armée républicaine, est en 1796 commis chez un bijoutier milanais. En 1801, il ouvre rue du Coq-Saint-Honoré une maison modeste mais qui réussit bien. Présenté à Joséphine, il fait des affaires avec les bonapartistes et devient le fournisseur de l'impératrice. 
En 1815, il s'installe avec son frère Jean-Jacques Mellerio au 22 rue de la Paix, sous la raison sociale Mellerio dits Meller frères. Il achète en 1833 la maison du 5 rue de la Paix, et la maison du 22 est transférée là en 1836.
François Mellerio est fournisseur en 1836 de la reine Marie-Amélie qui lui donne l'autorisation d'inscrire sur sa devanture la mention " bijoutier de la reine des Français ".
Antoine Mellerio (1816-1882), le fils de François, mis aux affaires en 1833, y retrouve son frère Jean-François (1815-1886). Les deux dirigent la maison à la mort de leur père en 1848. Ils s'associent avec  leur oncle Jean-Jacques, mort en 1850. 
Lors de la révolution de 1848, Antoine et Jean fondent à Madrid une succursale et sont fournisseurs de la reine Isabelle III. De retour à Paris, ils exposent en 1855 (médaille d'or), en 1862 (Prize Medal Londres), en 1867 (médaille d'or), en 1870 (grande médaille, Exposition religieuse de Rome), en 1873 (grand diplôme d'honneur à Vienne), en 1878 (médaille d'or). Jean reçoit la Légion d'honneur à cette dernière Exposition ; Antoine est plusieurs fois président de la Chambre syndicale. Raphaël (né en 1847) et Louis Mellerio (né en 1848) Mellerio sont à la tête de la maison Mellerio en 1906. Les deux fils de Raphaël, Maurice (né en 1877, celui qui fut administrateur de biens juifs) et Charles (né en 1879) leur sont associés.



*Réponse N° 42OAR 474
Objets d'art
Bruxelles
BB et FVH ; atelier de Franz Van den Hecke
Tapisserie : Diogène dans son tonneau
Entré sous le titre
Diogène assis dans son tonneau reçoit la visite d'Alexandre
Vers 1640
17e siècle, Fils de laine, d'or, d'argent et de soie H. 4,06 ; La. 3,68 m
Inscriptions, signature
Marque de Bruxelles et les lettres F.V.H. initiales François van den Hecke.
Cette tapisserie a été saisie par Joseph Angerer et Fritz Schmidt en présence de l'officier de police Georges Chain, le 1er juillet 1940, 23, place Vendôme, à la galerie Jean A. Seligmann, où elle avait été mise en " dépôt libre ". Elle a figuré dans la collection de Guillaume Ohnesorge, ministre des Postes d'Hitler. La tapisserie est revenue à Paris le 26 décembre 1951 (déballé le 28 décembre 1951) par le 9e convoi en provenance de Vienne.


A propos d'Edouard Gras administrateur de biens juifs aryanisés: voir
: https://agorha.inha.fr/ark:/54721/8fa0af54-a27d-43a2-9a76-42d6c9c54965

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