jeudi 22 octobre 2015

RENE ROBERT un grand joaillier oublié

Collection A.E

René Robert est un artiste complet que je ne connaissais pas avant d'avoir étudié la Famille Van Cleef, et de découvrir qu'il avait remplacé René Sim Lacaze comme directeur artistique et qu'il avait été nommé directeur administratif en 1941 à la suite de l'Aryanisation de Van Cleef et Arpels.
J'ai donc recherché sa trace, mais peu de documents existaient sur lui.

René Robert est né le 14 février 1893 à Paris, il était le fils de Ernest Louis Thimothée ROBERT et de Louise Antoinette FOURNIER.


Collection A.E
Ce charmant bambin en tenue militaire de Cuirassier. Le souvenir de La bataille de Frœschwiller-Woerth (ou bataille dite de Reichshoffen) était encore très présent dans les mémoires Françaises.

Collection A.E
René Robert était issu d'une famille d'artistes et de musiciens, sa mère possédait une belle voix de Mezzo et un talent de pianiste. L'oncle de sa mère était un grand luthier.
Dans la famille de sa mère on comptait cinq violonistes dont la dernière, sa petite cousine était Alice Delcroix, Prix d'excellence et prix d'honneur du conservatoire de Paris.
René Robert avait donc hérité de ces dons exceptionnels, avec le sens inné de la technique du violon. Il possédait l'oreille absolue et la mémoire musicale.

Collection A.E
Dès l'âge de 2 ans et demi, sa mère lui apprit le solfège, le piano, le chant à deux voix, plus tard il récitait en public toutes les fables de La Fontaine.
Il montait les gammes sur un minuscule violon.

Collection A.E
René Robert eut comme premier professeur Melle Hélène LAYE, une chance pour lui, Melle Laye devint une grande violoniste et à huit ans, il jouait en public à la vieille salle Pleyel et plus tard, il joua comme soliste à la société Jean Sébastien Bach, aux concerts spirituels de la Sorbonne, aux concerts Colonne. Il fut même accompagné par Berthe Marx Goldsmith qui était l'accompagnatrice du plus célèbre violoniste du début du siècle: Le célèbre violoniste et compositeur Espagnol: Pablo Sarasate.
Pablo fut son professeur puis ce fut Leonard Van Veydeveld....




Sculpture "Danseuse" de Agathon Leonard -père de Leonard Van Veydeveld- qui fut un sculpteur de l'époque Art Nouveau.
Au contact de ce sculpteur plein de talent, René Robert prit le goût des formes et de la sculpture.
La vie de René Robert fut marquée, enfant, par le suicide de son cousin Bertrancourt le fils du luthier, qui était un violoniste prestigieux, soliste à la cour du Roi des Belges, écrivain, poète, premier grand prix de Rome qui mit fin à ses jours à l'âge de 28 ans.

Était-ce une raison pour que son père lui interdît de poursuivre une carrière de musicien ?
Comme René Robert était doué pour les arts plastiques, il abandonna le conservatoire et se présenta à l'École nationale supérieure des Arts décoratifs



L'école nationale et supérieure des Arts Décoratifs en 1900.



Promotion 1908-1909 de l'école nationale des Arts décoratifs, René Robert est peut-être là, en tous cas cette photo nous donne une idée de l'habillement de l'époque.


En 1895, la chambre syndicale de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie s'installe au 2 bis rue de Jussienne dans l'ancien hôtel de la Du Barry, et René Robert va étudier à l'école professionnelle de Bijouterie Joaillerie orfèvrerie, installée dans ces locaux.
Parallèlement son père le mit en apprentissage chez un artisan joaillier, Cadot, qui le forma si bien qu'à 18 ans il exposait ses premières oeuvres au salon des artistes français.
En 1910 il recueillit tous les premiers prix et une médaille d'argent.
C'est en 1910 aussi que la chambre Syndicale lui décerna son grand prix des dessinateurs alors qu'il terminait son apprentissage de bijoutier joaillier.

Ce qui fait qu'en 1911, à 18 ans, il est dépassé par le succès de ses créations, il avait un atelier de 7 dessinateurs gouacheurs qu'il formait pour l'exécution et la mise au net de ses créations et 2 ouvriers joailliers pour réaliser des pièces de haute qualité pour ses clients particuliers qui recherchaient des pièces uniques.
En 1912 et 1913, il expose au Salon des Artistes Français, le plus important des salons, qui lui offre un beau succès.

Survient la guerre de 1914, il est incorporé au 102 ème régiment d'infanterie, René Robert est de tous les combats, l Argonne, la Marne, la Champagne, Verdun, Le ravin des Eparges (où mon grand-père fut l'un des rares survivants)



C'était le temps des tranchées, on reculait de 10 mètres et on avançait de 50, et ainsi de suite. En 1917 René Robert se bat à la ferme de Beauséjour, ci-dessus une photo de la ferme avant. Cela fait deux ans que Français et Allemands se battent pour conserver cette position.


En 1917 la ferme a cette allure, la nature a repris le dessus, on voit la pancarte qui indique le "Boyau", René Robert est blessé par plusieurs éclats d'obus sur tout le corps, son bras droit est particulièrement atteint, on se demande s'il ne faut pas l'amputer.
Quand on lit, au ministère de la guerre, les comptes rendus journaliers du 102 Eme régiment, il y a des morts et des blessés tous les jours, des nominations de sous-officiers et officiers presque tous les jours, puisqu'il faut remplacer les morts.
On décore à tour de bras tous ces hommes sacrifiés, croix de guerre, légion d'honneur!!!!
La "Camarde" ne veut pas de lui mais il ne pourra plus supporter les longues heures de veille dans la boue des tranchées et René Robert est réformé N°1.
Un grand nombre d'artistes sont morts dans cette guerre atroce, alors René Robert tout en se faisant soigner, se remet au travail car il faut préparer l'après-guerre dans le cadre des industries de luxe.
C'est ainsi qu'en 1919 le Salon des Artistes Français rouvre ses portes et René Robert y est présent.


Site Delcampe


Maitre Couteau Begarie mit en vente ce poudrier, 
Poudrier verre bleu

RENÉ ROBERT - (années 1920)
Elégant poudrier disque en métal argenté ciselé en ceinture, son couvercle incrusté d'un médaillon en verre teinté bleu pressé moulé à décor en relief de papillons et fleurs sur fond réfléchissant, avec sa passementerie dissimulant un étui de rouge à lèvres. Non signé. d: 6,5 cm.









René Robert s'est inscrit au registre du Commerce en 1921,
En 1921 au musée Galliéra la ville de Paris va acheter une de ses oeuvres.
Cette exposition va durer jusqu'au 15 février 1922.
en 1922 il participe au Salon des Artistes décorateurs.






Peut-être s'était-il trop dispersé... installé 14 boulevard Saint Michel, il fait faillite en 1922.
En 1923, il remporte une médaille d'or à Bayonne, et à Biarritz.

  
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1923 : Terme particulièrement bien trouvé pour René Robert, c'était un chercheur de formes, de style, de techniques diverses.


1923

1923

  

En 1924, il obtient une médaille de Bronze d'encouragement de L'art et de l'industrie et une médaille de Bronze aux artiste Français.



     


En 1925, il participe à l'exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes et obtient une médaille d'or.


Collection A.E
Extrait du livre d'or de l'exposition internationale des arts décoratifs de 1925, concernant René Robert qui a 32 ans.


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Collection A.E

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La page trois de cet extrait du livre d'or, m'a permis de dater des Vanity Cases de René Robert. J'avais trouvé diverses ventes de ces Vanity Cases sans pouvoir les dater avec plus de précision.










Cette galerie parisienne (Deschamps), auteur de cet article, ne pouvait savoir que ce ne pouvait être une Minaudière en 1925, La Minaudière n'existait pas et de plus le nom "Minaudière" lorsqu'elle fut mise en vente fut déposé.

Personne ne data ces "Vanity Cases", de plus en octobre 2015, j'ai découvert des archives d'un disciple de René Robert, Alain Ertlé, qui a de plus, bien voulu me les confier. A la fin de cet article j'expliquerai comment nous nous sommes rencontrés.
C'est donc lors de ma visite chez Alain Erté qu'il me présenta différentes archives et objets, parmi celles-ci.

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Voici l'une de mes découvertes que j'ai photographiées, un motif en verre qui ornait ces vanity cases, Alain Erté m'a expliqué que dans les années 70 , René Robert refondait ces plaques pour en faire de petites perles de verre.


« Brillantinesolide» - (années 1920) - boîte en verre dépoli - couvercle à décor moulé d'un volatil sur fond de fleurs et volutes - conception: René Robert, signé - bon état - l: 9cm.Vente Lombrail Teucquam



A quelle date a-t-il fabriqué ce poudrier revendu récemment sur le site Delcampe?
Elégant poudrier art déco signé René Robert Diamètre boitier 5cm , décor :3.8cm. Boitier métal argenté décor anémones marines. Avec 2 houppettes recto/verso d'origine. Passementerie d'origine dissimulant un étui de rouge à lèvres . Signé Chady verre moulé pressé.




1926 Deux plaquettes de Bronze avec primes, l'une au salon des Artistes Français et l'autre au Salon d'automne.


1927 René Robert a de plus en plus de succès, une nouvelle médaille d'argent aux Artistes Français et une plaquette d'or avec première prime de la société d'encouragement.





1928 Consécration il reçoit la médaille d'or des Artistes Français.

  
L'article ci-dessous dans "Femme de France" dont j'ai reproduit la couverture pour le charme du dessin.
  
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René Robert comme les artistes complets, essayait toutes sortes de disciplines et d'objets, témoins ces deux lampe brûle-parfums-parfums cités par le journal "Femmes de France"

  
1929, René Robert est en quête de matériaux nouveaux pour le Bijou, et se distingue très nettement de ses collègues joailliers



Par cet article de 1929 nous découvrons aussi un peintre au talent reconnu, mais je n'ai pu encore trouver de toiles de lui!


  



1931 Journal Comoedia

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1932 ce dessin qui pourrait être un motif de bas-relief est la couverture d'un programme de manifestation de "la Chambre Syndicale des Importateurs et Exportateurs de France" cliquez pour agrandir


Salon des Artistes Français




Pas de renseignements sur ces affiches de René Robert, 


  

Sa réputation grandit, il expose au "Salon des Arts Appliqués" avec Jean Després



  

En 1934 il est membre fondateur et trésorier du Syndicat des Artisans techniciens.
Sa carrière se poursuit, il fait éditer à partir de 1934 ses bijoux par la maison Jean Remané qui l'inscrit à son catalogue,









1934 Art et Décoration

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Ou nous retrouvons l'un des frères Seligmann qui étaient propriétaires de l'immeuble du 9 rue de la Paix ou se trouvait à l'époque Mellério comme locataire.






C'est le premier article de presse ou je trouve Jova , l'ancienne élève de René Robert dont il est tombé éperdument amoureux et avec qui il va vivre désormais. 

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En 1935 "Art et décoration" sous la signature de Jean Marc Campagne va publier un très bel article sur René Robert. Et Alain Ertlé, ancien disciple de René Robert que j'ai rencontré ce mois d'octobre 2015, m'a révélé que les portraits qui sont ci-dessus ainsi qu'un autre plus loin, ont été inspirés par le visage de "Jova Robert"


Ce même collier en photographie dans le livre "Bijoux art déco et avant garde"

Jean Marc Campagne écrivait dans cet article

"Depuis que ce monde est monde, l'ornement n'a cessé d'affirmer "simple parure des fleurs, tatouage polynésien, génie ailé des Grecs, scarabée et lotus Égyptiens, griffon étrusque aimé des renaissants, trophée d'amour ou oiseau emblématique du XVIIIe" un besoin éperdu d'adoration et de conjuration,
en même temps qu'un instinctif et profond besoin de plaire.
En nouveau rameau éblouissant devait encore fleurir du vieil arbre décoratif vers 1900 : la joaillerie Et l'art de monter les diamants sur de belles surfaces planes ou mouvementées (le platine étant sollicité pour un serti plus pur) devait être, dans le domaine du bijou, une révolution comparable à celle que fut l'électricité, dans celui de l'éclairage"

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Cette paire de bracelets existe toujours



Récemment publié dans le livre "Bijoux art déco et avant garde"
Auteur:Laurence Mouillefarine, Évelyne Possémé (sous la direction de)
ISBN : 978-2-9155-4220-2.



Collection A.E

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Le 25 septembre 2015, Maître Jean-Emmanuel Prunier, commissaire-priseur à Louviers, a fait une très belle vente de bijoux modernistes consacrée aux bijoux UAM de la collection Lelion. Et ce bracelet de 1935 revit pour nous en couleur.
René Robert (1893-1957) Bracelet manchette en or jaune et onyx. Signé R. ROBERT. Reproduit dans Art et décoration, sept. 1935. Adjugé 22,000€



A cette même vente un collier de René Robert qui aimaitassocier les bois précieux à l’argent, usant des contrastes entre les matières, les couleurs, il joue ainsi sur les reflets de la lumière. Ce collier est en bois précieux sculpté et en argent. Vendu 22,000€

Maître Prunier, un commissaire curieux de tout qui approfondit tous les dossiers qu'il doit mettre en vente .




Pendentif en argent et onyx à motifs géométriques, signé R. ROBERT. Poids : 166 g.Provenance: Collection  Lelion: résultat du marteau 30,000€.

Union des Artistes Modernes vente de Monsieur Emmanuel Prunier


En Europe, le modernisme débute dès les années 1920 avec le Bauhaus, le mouvement de Stijl, le futurisme et le constructivisme. Mais en France il faut attendre 1929 avec la création de l’Union des Artistes Modernes. De la sécession officielle avec le Salon des Artistes Décorateurs de 1929 naît l’Union des Artistes Modernes (U.A.M.). Un groupe d’artistes créateurs poursuit les tendances avant-gardistes européennes du nouveau siècle. « Au bavardage décoratif, au goût cossu, de l’opulence, des matières précieuses, se substitue celui d’une large ouverture sur le social et la généralité des besoins… La priorité est donnée
à la proportion sur le décor, à la juste adaptation, à l’usage… » Ainsi, sous l’impulsion de quelques architectes, créateurs de meubles, de tissus, décorateurs, orfèvres, joailliers, (Mallet-Stevens, Francis Jourdain, Réné Herbst, Raymond Templier, Hélène Henry…) la première exposition du groupe UAM voit le jour au Musée des arts décoratifs, pavillon de Marsan, du 11 juin au 14 juillet 1930 comme en témoignent ces deux cartons d’invitation d’époque. A leur suite d’autres grands créateurs Gérard Sandoz, Jean Després, Jean Puiforcat, René Robert, Dusausoy réaliseront à chaque exposition une démonstration de l’esprit de modernité. Ces artistes vont puiser leurs sources d’inspiration à travers l’industrie.
Bijoux, tableaux, meubles, tapis, s’inspirent de la machine, de l’automobile, des
paquebots, des avions, de la vitesse.



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En 1935, René Robert signe ce très beau bracelet en or, émail noir et diamants, les pierres précieuses en rangée centrale sont des saphirs.

 Je cite encore l'article de Jean Marc Campagne. 

"Or. la vie. René Robert la recherche, à travers ses créations, comme la seule source de rythmes valables. Aussi ne manque-t-il pas de s'élever contre le principe inhumain du bijou de série qui entraîne insensiblement les gens à porter « n'importe quoi », alors que le seul luxe serait (précisément à cette époque où toutes les matières et les gemmes sont utilisées à merveille pour des prix très abordables) d'avoir un bijou de qualité spécialement étudié pour l'architecture toujours unique d'un visage ou d'une main. Pour lui le bijou doit être non seulement pièce unique, mais " sur mesure" .Rien de plus stupide, nous dit René Robert, qu'un bijou en écrin.  C'est pour lui, en effet, chose morte et il rêve de mannequins — rêve qu'il a maintes fois réalisé— présentant les collections de bijoux et redonnant à chacun la belle évidence de ses lignes.
Décorateur né, René Robert pose le problème du bijou dans ses rapports avec la femme — une certaine femme — avec la mode, avec le milieu, avec l'époque et, se tenant ainsi en liaison avec elles, collabore de façon aussi étroite avec son modèle qu'avec son temps."



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Bracelet en ébène et bague en ébène, argent et coraux de chine.


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Bague platine brillants et émail noir, et j'ai pu tenir la maquette en argent de cette bague, qui faisait partie d'une parure complète. J'ai donc photographié ce qu'il reste de la parure.

Collection A.E
Il reste la maquette de la bague et les boucles d'oreilles

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Pièce de corsage en argent

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La dernière page de cet article de 1935 de Art et Décoration, toujours avec un dessin inspiré de "Jova" Robert, ce sont des pendants d'oreille en Onyx et en Argent.



Pierre Bergé a revendu cette paire de broches en argent qui date de 1935 environ.

Très intéressante broche en or et argent, ivoire et spinelle synthétique 20 grs 70 1935 environ


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1936 : cet article nous précise que René Robert était déjà chevalier de l'instruction publique et Croix de guerre, mais en 1936 il reçoit la croix de chevalier de la légion d'honneur, malheureusement, son dossier n'est pas encore publié sur la Base Léonore.

Collection A.E
Voici le visage de René Robert en 1935


En 1936 il présente au salon des artistes décorateurs ce bracelet en platine diamants et perles



1938 journal Le Soir

Henri Busser était étonnant de jeunesse. Je ne sais si c'était sa devise qui favorisait chez lui cet éternel enthousiasme et cette gaité : " Musica me juvat, me delectat ". Il l'avait fait graver sur son épée d'académicien. Membre de l'Institut depuis 1938, il avait été élu Président de l'Académie des Beaux-Arts de 1947. 1958. Il ne cherchait jamais à nous en imposer avec ses titres prestigieux et cette carrière hors du commun qu'il avait accompli : Grand prix de Rome dés 1893 (il n'avait que vingt et un ans), chef d'orchestre à l'Opéra-comique puis à l'Opèra, directeur de l'Opèra-comique, professeur de contrepoint puis de composition au Conservatoire National Supérieur, auteur de quantité d'ouvrages, Commandeur de la Légion d'Honneur. Ses élèves de composition, dont bon nombre étaient devenus à leur tour Grand Prix de Rome, lui gardaient un indéfectible attachement. Cela allait de Henri Dutilleux à Claude Delvincourt en passant par Gaston Litaize, Alfred Desenclos, Rolande Falcinelli, Jeanne Demessieux, Robert Gallois Montbrun, Jean-Jacques Grunenwald.  Joachim Havard de la Montagne




Sculptures de René Robert




  

Il reste très peu de bijoux ou d'objets de René Robert, apparemment.
C'est pourquoi je dis que c'est un des nombreux joailliers oubliés. Je vous donne un exemple, un particulier hérite de quelques sculptures de René Robert, il lit mon blog sur les Van Cleef et Arpels et m'écrit, il met en vente ces Bronzes chez un commissaire-priseur à un prix raisonnable.
J'ai contacté cette salle des ventes de Tours, et la SCP Bertrand Jabot a très gentiment accepté de faire des recherches et de m'adresser quelques photos de ces bronzes et il m'a été précisé" qu'ils n'avaient pas trouvé preneur".Ce sont pourtant des oeuvres de qualité ?




Collection A.E
J'ai pu retrouver dans les archives de René Robert deux diapositives de 1978 sur ces bronzes, ce qui les authentifie.

René Robert fut le successeur de René Sim Lacaze, le talentueux et créatif directeur artistique de Van Cleef de 1923 à 1940.
René Sim Lacaze fut appelé aux Armées en 1939 Après la défaite, ses aptitudes au dessin en firent un faussaire de la bonne cause, il fabriqua quelques faux papiers et Ausweiss, en septembre 1940 il reçut une lettre de licenciement de la Maison Van Cleef. René Sim Lacaze mit cela dans ses mémoires sur le compte de Mr Roger Levy Debled, est-ce parce qu il était camarade de Lucien Rebatet? Mais Mr Roger Debled n'aurait pu le licencier sans ordre de Madame Renée Puissant Van Cleef!!!


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Ce document de mauvaise qualité émane du dossier d'aryanisation de la maison Van Cleef, c'est ainsi que j'appris l'existence de René Robert. (quel ignare je suis!)
Ceux qui ne pourraient bien lire ce document, doivent savoir qu'il y est dit que René Robert était artiste joaillier créateur connu pendant la période Art Déco, dans le passé, il avait déjà fourni des études et dessins, il fut engagé dans la société à titre de conseiller technique et artistique, aux mêmes émoluments que René Sim Lacaze et "en plus le montant de la valeur des modèles présentés et exécutés"
Il n'y eut pas de contrat signé avec Mr Robert mais il eut le droit de signer ses maquettes, dessins et pièces fabriqués, ce qui est considérable.
Helène Andrieux dans son livre sur les artistes Arts Déco cite : René Robert serait né en 1893 et décédé après 1957. En réalité il est mort en 1986.
Dans ses mémoires, au titre de l'occupation, il cite en "Anecdote" :

"Durant l'occupation-survivant au milieu d'aventures invraisemblables, nommé directeur artistique et technique d'une des plus importantes maisons de joaillerie du monde, j'en fus chassé par les allemands."



En 1941 il participe à l'exposition d'art décoratif contemporain organisé par le musée des Arts décoratifs, mais à ce moment il travaille chez Van Cleef et Arpels comme directeur artistique, ce bijou merveilleux daté de 1942
Nous n'avons pas de précision sur cette broche qui pourtant a été fabriquée pendant la guerre, donc sous la direction de René Robert.

Fourragère 1944

  
Le bijou ci-dessus et celui-ci dessous, 1944 et 1943, sont présentés comme des "Fourragères" qui seraient un symbole de résistance ,explication à laquelle je ne crois pas, mais ces fourragères ont été fabriquées sous la direction artistique de René Robert, pourquoi ne serait-ce pas, tout simplement parce que le régiment de René Robert, le 102 -ème d'infanterie avait reçu pendant la guerre de 14-18 "la Fourragère" pour récompenser la bravoure de ses hommes, et René Robert l a portée puisque j'ai expliqué plus haut qu'il avait mérité ses décorations.

  
Fourragère 1944

Les deux pièces qui suivent sont données par des experts pour des ventes publiques comme datée de 1940 à 1942. René Sim Lacaze n'est plus là, Renée Puissant Van Cleef est à Vichy, ce devrait donc être sous la direction technique et artistique de René Robert qu'elles ont été exécutées ?



Maille Ludo


Cette maille d'un bracelet Van Cleef

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Ne rappelle-t-elle pas étrangement celle de ce dessin ?

Or ce mois d'octobre de 2015, chez ce disciple de René Robert à qui ce dernier a offert de nombreux souvenirs, j'ai trouvé de merveilleux dessins gouachés sans aucune précision, disons que mes amis interrogés les datent de l'après-guerre jusqu'aux années 50, et certains sont numérotés, mais je ne peux m'empêcher de faire des rapprochements.

Collection A.E
Ce dessin de René Robert ne rappelle t-il pas les fourragères

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Ce collier or lisse jaune et saphirs est de 1942, il est dans la collection de la maison Van Cleef et publié sur leurs livres, il a été conçu sous la direction artistique et administrative de René Robert, je trouve qu'il est bien dans le style des dessins de René Robert qui suivent.


Collection A.E
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Que devient il après-guerre ? il n'avait que 52 ans ! Mais le monde a changé.
Il semblerait qu'en 1945 (car je n'ai pas de certitudes sur la date) il ait dessiné des attaches de montres pour des bracelets cordonnets cuir.

Collection A.E

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Bracelet en or jaune (750) articulé formé de sept maillons bombés découpés. De René Robert
Fermoir à cliquet avec deux huit de sécurité.
Poinçon de Maître : "R.C" avec hippocampe, pour l'atelier CAUSSINUS (à Paris).
Signé par Robert. Vers 1950. Poids: 63,80 g - Long.: 18,5 cm.
Bibliographie:
Bijoux Art Déco et Avant Garde. Ed. Norma, pages 182 à 185. Page 185. Article d'Hélène Andrieux.
"Dès 1935, [René ROBERT] aime décentrer la composition de ses bracelets [...]. Sa grammaire ornementale repose sur des formes simples et harmonieuses [...]".


1958: Médaille d'honneur du Salon des Artistes Français.
1958: Diplôme d'honneur de l'exposition Internationale de Bruxelles.
1958: Grand Prix du Salon de l'école Française
1959: Diplôme d'honneur à l'exposition artisanale à Florence
1960: Premier prix du comité national de la propagande de l'or
1961: Diplôme d'honneur de la société d'encouragement à l'art et à l'industrie


Collection A.E
1963 Ce dessin de montre-manchette est daté

1964: Médaille de la reconnaissance artisanale :
En 1965, il traverse des années difficiles, il travaille aussi pour des particuliers, l'inspiration avant gardiste n'y est plus.

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Mais il faut vivre…., il a la nostalgie de l'entre-deux guerres, d'une époque plus facile où les gens étaient moins pressés, il trouve que la "grande série" détruit toute notion de valeur.

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Dans les années 60-70:

Collection A.E


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En 1970, il a 77 ans, il exécute toujours des commandes de particuliers, mais c'est du style 1940.

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Il se tourne à nouveau vers des formes sculptées

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Collection A.E
Il est plus à l aise dans ce registre que dans la joaillerie classique


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Il continue ce qu'il n'a jamais cessé de faire, des sculptures, des formes, des matériaux divers, cette Vierge, très épurée témoigne d'un sens du trait de grande qualité.

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En 1975 il a perdu l'amour de sa vie, Jova Robert, qu'il avait épousé en 1930, et il dit "Cesser de créer, c'est mourir."

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Mais en 1977 il dessine des bagues qui ont trente ans de retard.
Il sculpte, il expose, a 84 ans il se présente au salon des indépendants

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Il y expose cette Statue, qu'il a Baptisée, "Baucis" est-ce un clin d'oeil à Philémon et Baucis qui dans la mythologie grecque sont un couple de vieillards phrygiens ?

Collection A.E
Cuivre, or, acier, et rubis

Depuis quelques années il initie de jeunes amis à ses techniques, il a eu de très gros ennuis, l'incendie d'une partie de son appartement de la rue de Ponthieu a entamé son courage, mais il se bat, ne serait-ce que pour vivre, il va donc fabriquer de petits bijoux en cuivre sur lesquels il appliquera un traitement de surface et les vendra dans des lieux touristiques comme Saint Tropez.

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Par exemple ce collier en lame de cuivre, Alain Ertlé se souvient de l'avoir aidé de nombreuses fois, il en a composé de semblables avec une cisaille pour les motifs principaux


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Ces motifs pépites fabriqués en laissant tomber du cuivre en fusion dans de l eau ou dans du cuivre, il fabriquait aussi des pépites en or.

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Il fabriquait des colliers de ce style avec des morceaux de nacre qu'il taillait et polissait lui-même.


Collection A.E

Un pendentif réalisé autour d'une nacre de 5 cm de haut environ.


Collection A.E

J'ai photographié moi-même ces objets, chez l'un des jeunes que René Robert avait formés et qui avait gardé certains bijoux, dont celui-ci fait en cuivre martelé.



En Fevrier 2017, un sympathique internaute ayant lu cet article m'a adressé 2 photos d'une coupelle créée par René Robert, un autre aspect de ses talents.



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1986 : Son acte de décès

En tapant sur Internet le nom de René Robert, j'ai découvert un site lui faisant référence, il donnait très peu d'information sur l'homme, mais suffisamment pour attirer ma curiosité. Il s'agissait d'un site aujourd'hui fermé, se réclamant (entre autres) du mouvement surréaliste. Animé par des plasticiens, écrivains, photographes, musiciens, graphistes…retournés depuis à la clandestinité.
C'est à partir de ce site que je suis remonté jusqu'à Alain Ertlé.
Celui-ci a connu René Robert de 1964 à 1986. Nous avons beaucoup échangé sur René Robert, il m'a ensuite montré quelques pièces que j'ai photographiées ainsi que des documents que j'ai scannés. Qu'il en soit remercié.



jeudi 1 octobre 2015

La Toison d'Or de Jacqmin, "jouaillier" du Roi Louis XV



Dessin de la Toison D'Or du Roi Louis XV par  (dessin par Lucien Hirtz pour Germain Bapst, 1889) Cliquez sur les photos pour les agrandir

Beaucoup de certitudes, mais...différentes les unes des autres, c'est donc un sujet difficile à aborder. Même Pierre Bellemare s'y est attelé, mais je préfère les recherches de Bleue Marine Massard (article dans l'Objet d'Art de février 2011) et je vais essayer de complèter son travail.
Une certitude, le Roi Louis XV, qui est membre de l Ordre de la Toison d'Or tient à se faire fabriquer un "insigne" à la hauteur de ceux que  portent les souverains étrangers qui en sont membres, mais tant qu'à le créer, autant qu'il soit plus riche et plus beau que celui des autres.
Il demande à Jacqmin de lui fabriquer "une Toison d'Or", on peut s'imaginer que Jacqmin va proposer un dessin qui évolue petit a petit et qu'il va pouvoir proposer certaines pierres du trésor Royal pour rentrer dans la composition de cet insigne , puisqu'il était "Garde des pierreries du Roi".


Car ainsi que nous l'indique Bleue Marine Massard, il n'était pas que Joaillier et garde des pierreries du Roi, il en assurait l'entretien, la réparation, etc , mais aussi il devait gérer les affaires quotidiennes des joyaux de la couronne.
Jacqmin était fils de Maître-marchand Joaillier et  il a certainement fait son apprentissage dans l atelier familial du quai de l horloge, Lors de sa réception comme Maître le 9/3/17551 , il est déclaré cautionné par son père, une ordonnance de 1673 exempte d'apprentissage les enfants des Maîtres s'ils sont formés chez leurs parents et s'ils exercent leur profession jusqu'à 17 ans. 
Il baigne dans le milieu de la joaillerie et y a beaucoup de relations,  il se marie en Juin 1743, ci dessous extrait de son contrat

Contrat de mariage de Pierre-André Jacquemin et d'Hélène-Elisabeth Sorin, fille de François-Thomas Sorin, député du commerce de paris, qui habite rue St Martin, paroisse St Merry
présents:- François Barraud, marchand joaillier de paris et Claude-Françoise Sorin, son épouse, habitent quai de l'horloge
-Pierre Sorin marchand épicier à paris, oncle paternel
-Jacques Simonnet, écuyer, Conseiller secrétaire du Roi, oncle maternel
-Marguerite Denise de St Bonnet, épouse de Simonnet, tante
-Anne Simonnet, épouse de François Morel, écuyer, secrétaire du Roi, tante maternelle
-Antoine Maugin, greffier et Marie-Françoise Lagué, cousine
-Thomasse Thilly, veuve de Pierre Chastelain, officier, amie
François Sorin, aïeul paternel, décédé, a laissé à ses 2 petites filles 293 livres de rente annuelle
dot de Sorin: 28000 livres
-mention du contrat de mariage Barraud-Sorin M° Langlois 28/4/1735
Sorin a un commerce de joaillerie contractée entre son père et lui (2/3 son père, 1/3 lui)

C'est en 1749, deux ans avant d'être reçu Maître  qu'il est autorisé a prendre par brevet le titre et la qualité de Joüaillier du Roi.

Il réalise cette toison d'Or et entre autres privilèges il va pouvoir occuper au Louvre un atelier Logement.



 Jacqmin ne travaillait pas que pour le Roi de France , témoin cette dette de l'Infante Isabelle de Parme


Il travailla aussi  pour le Roi du Portugal, Joseph 1er , il réalisa une exceptionnelle tabatière, tapissée de Diamants, Bleue Marine Massard en a publié la photo dans "l'Objet d'Art" et si vous passez par Lisbonne elle est exposée au palais d'Ajuda.

Ainsi donc la Toison d'or faisait partie d'une parure composée d'une plaque, d'une croix, et d'une épaulette. 
Toison d'Or et  450 pierres multicolores qui fut reproduite de nombreuses fois dans des recueils de Modèles, (un catalogue dirait-on de nos jours) comme il est possible de le découvrir  grâce aux gravures du Joaillier "Pouget fils" dans son "Traité des pierres précieuses" 



Celle de gauche est la toison d'or dessinée par Pouget dans son catalogue de 1762



Remarquez en passant a gauche de cette toison d'or , cette croix , et rapprochez la de cette "Croix de l'Ordre du Christ" ci-dessous, qui est conservée au Musée des Arts décoratifs


 (Photo de Laurent Sully Jaulmes pour les Arts Décos)





c'est 1760 que Louis XV le nomme Joaillier et garde des pierreries de la Couronne  car son prédécesseur Claude Rondé est gravement malade.




vendredi 11 septembre 2015

"Renée Rachel Van Cleef, l'oubliée de la Place Vendôme". Mon deuxieme livre sur les Van Cleef & Arpels




Ce livre est le fruit de cinq années de recherches, et si j'ai déjà publié certaines photographies où textes, la découverte du testament de Renée Rachel,  et il y a un mois celui d' Alfred Van Cleef que personne n'a publié jusqu'ici, permettent de mieux comprendre la succession d' Alfred Van Cleef.
Il y a  6 ans, rien n'existait, la fiche wikipedia était fausse, presque totalement. La généalogie était fausse, même Jacques Arpels avait une généalogie inexacte, au point qu'il préféra transiger plutôt que d'aller à un procès sur leurs origines.
Alfred Van Cleef et Salomon Van Cleef, ou Salomon Arpels.... ne descendaient pas de riches diamantaires d'Anvers ou d'Amsterdam.
Salomon Van Cleef était né à Gand en Belgique, il était négociant, ce qui changeait toute la généalogie.




Photographies à l intérieur du livre




Ces photos de Renée Rachel datent, de gauche à droite de 1935 à 1939
je les dois aux éditions "Jalou"

Renée  Rachel Van Cleef est la fille unique d' Alfred Van Cleef, le créateur de la très célèbre bijouterie "Van Cleef et Arpels "
Née en 1896, elle a dix ans lorsque son père ouvre sa joaillerie en 1906 au 22 place Vendôme. Cette maison sera vite reconnue internationalement.

A la mort de son mari Émile Puissant, Directeur commercial de la maison Van Cleef et Arpels, en 1926, elle reprend la direction artistique. Elle va connaître la plus belle période de la Joaillerie Française.
Elle va devoir affronter les heures sombres, les deux familles étant d'origine juive, elle organisera le sauvetage de son entreprise avant l'aryanisation voulue par le gouvernement du Maréchal Pétain et les Allemands. Les Arpels, ses cousins, se réfugieront aux États unis, elle restera à Vichy,  là où sa société avait une succursale.

Les tracasseries, vexations, la peur et autres inventions des séides du Maréchal Pétain la pousseront au suicide, le 12 décembre 1942.

C'en est fini des Van Cleef, seuls restent les Arpels.

Extraordinaire aventure humaine que celle de cette femme qui connaîtra les plus belles heures et les plus sombres de la Joaillerie Française.

Il n'existe pas d'autres livres qui offrent les preuves de ce qu'ils contiennent, par exemple



Cette publication officielle dément déjà de nombreuses affirmations sur de nombreux sites internet qui ont reproduit  les énormités de deux soi-disant historiennes, célèbres, n'ayant jamais vérifié leurs sources et pourtant tout le monde se fie a elles.

Sur le site : http://jeanjacquesrichard.jimdo.com


Vous trouverez des indications pour l'achat du livre, il existe en deux versions, une en couverture souple , très classique au prix de 20€, il va sortir très prochainement une version couverture dure.

En me contactant, vous pouvez avoir un exemplaire dédicacé.



Par exemple Esther Van Cleef, dessinée par son ami Jacques Nam, ne s'est jamais appelée Estelle comme le veut l' historienne maison qui trouve que c'est  plus "fun" qu'Esther.
Oui!, n'en déplaise, les Van Cleef et Les Arpels étaient juifs et n'en ont que plus de mérites.
Esther avait un surnom, Kiki, et Kiki était la mère de Renée Rachel Van Cleef , et les prénoms de Renée Rachel sont bien inscrits dans l'acte de naissance et le testament d' Alfred Van Cleef.

Copyright Jean Jacques Richard

Alfred, le père de Renée Van Cleef , je suis le seul à posséder cette photo de lui, prise quelques mois avant sa mort.

Et puis Renée Rachel pour qui je me suis pris d'intérêt et d'affection quand j ai découvert son existence et sa mort.


Cette photo qui provient d'un don en ma faveur, est sous copyright, Elle a été prise quelques semaines avant sa mort par un grand photographe de Vichy, en 1942, elle avait 46 ans. 


Le premier magasin a droite est celui de Van Cleef et Arpels à Vichy, c'est en 1943, le vieux  Maréchal , l a fait transformer en bureau de propagande .

Pour acheter mon livre qui n'est en rien subventionné comme d'autres l'ont été par la société Van Cleef et Arpels, vous pouvez le commander chez Amazon:


ou Price Minister

Tout avait commencé à Paris en 1895 par le mariage d'Alfred avec Esther Arpels sa cousine.


Esther et Alfred en photo au cabaret "Le Tabarin"


Quelques extraits du livre:

Même époque, même âge que Renée Rachel, 


..."Il est probable qu’elle ne fréquentait pas l’école communale mais plutôt une Institution de Jeunes Filles où elle allait et d’où elle revenait toujours accompagnée car une petite jeune fille bien élevée n’allait pas seule dans la rue. Ou bien recevait-elle chez elle l’enseignement d’une Institutrice ?
Ses parents étaient de confession juive, mais son père était peu pratiquant. La famille Arpels était plus attachée à la religion et faisait des dons nombreux à la Synagogue et sans doute, les grandes fêtes étaient-elles célébrées.
Au moment de l’adolescence, les garçons, après une longue formation comportant l’apprentissage de l’Hébreu biblique, acquièrent la maturité religieuse dans leur 13ᵉ année. Ce jour dit de « Bar-Mitsva » est l’occasion d’une grande fête à Synagogue et d’une réunion de famille et d’amis.
Pour les filles, les choses se passent plus simplement : elles deviennent responsables religieusement, mais elles ne sont pas appelées à lire les textes sacrés (La Torah) à la Synagogue. Leur père, lui, sera appelé à cette lecture et prononcera une bénédiction pour elles. En 1922, une première « Bat-Mitzvah », a été célébrée aux Etats-Unis, elle suppose que les jeunes filles aient reçu une instruction proche de celle des garçons."...



..."Ce jour-là, il venait de Cannes où Van Cleef et Arpels avaient une succursale sur la Croisette.
Il dirigeait le magasin de Cannes avec son oncle Arpels et se rendait à la Principauté de Monaco. Deux voitures se suivaient de près, à vive allure. Celle qui était derrière était pilotée par Émile Puissant.
Il était accompagné d’une « hivernante » (une dame riche qui passait l’hiver sur la Côte d’Azur) et avait voulu conduire sa voiture. Émile avait demandé au chauffeur, Mr Jean Breillet qui plus tard participera aux 24 heures du Mans, de lui  laisser le volant, de passer à l’arrière avec Madame de Blaton qui avait trente-cinq ans, afin de laisser le siège avant à une jeune vendeuse de chez Van Cleef et  Arpels, Mlle Gisèle Moutel, vingt ans, que l’article du journal « Le Parisien » nomme Gisèle Monteux.
Au tournant du Cap Fleuri,  Émile voulut doubler la voiture qui le précédait devant la teinturerie de Monaco.
Il devait rouler trop vite dans cette succession de virages, malgré sa main atrophiée par une blessure de guerre,  il donna un brusque coup de volant, jeta la voiture contre un arbre qui bordait la route, mais sous le choc, la voiture culbuta  et effectua une sortie de route en contrebas. Les occupants furent tous blessés. Aussitôt secourus par des automobilistes, ils furent conduits à l’hôpital de Monaco, mais peu après Émile Puissant et Gisèle Monteux succombèrent. Madame de Blaton  était sérieusement contusionnée et commotionnée et le chauffeur qui avait le nez cassé purent quitter l’hôpital après avoir reçu des soins et rentrer à Cannes. Ainsi que le rapporte le “Journal” c’était dans le virage de la teinturerie au Cap d'Ail et non à La Turbie comme René Lacaze l'a écrit dans ses mémoires.
Emile Alphonse Puissant était catholique, il fut enterré à Dangu son village natal de Normandie"...


..."En 1938 toujours, dans le domaine de la joaillerie, l’innovation la plus remarquable demeure la création du collier Zip.
Mais ce n’est qu’en 1951 que le premier modèle de collier, baptisé « Zip », sort enfin des ateliers. Modulable, il peut se porter ouvert autour du cou et une fois fermé en bracelet avec pompon et tirette en or ou en platine."...



1942 Daniele Darrieux se marie, un petit nombre n'a pas de problèmes 
.."En 1942 les liqueurs étaient interdites pendant trois jours (mardi-jeudi-samedi).
Pour les apéritifs, même sélection de jours et autrement de 11h00 à 13h00 ou de 18h00 à 20h00 en Mai. Il y avait des tickets pour l’alimentation même les confitures étaient vendues contre un ticket.(j'ai toujours mes tickets!)
On enseignait toutes sortes de recettes pour fabriquer de tout, même de l’huile de machine. Une affiche avait été placardée « En été portez des chaussures à semelles de bois ; c’est économiser vos chaussures en cuir pour la mauvaise saison ». A Vichy, pour obtenir des pastilles de Vichy, il fallait présenter la feuille de denrées diverses du mois en cours avec la carte d’alimentation. A tel point que Sacha Guitry venant jouer dans cette ville avait apporté ses provisions pour la semaine : viande, thé, beurre, café, farine, vins, chartreuse.
Pauvre Sacha Guitry à qui on fera payer cher une certaine collaboration mondaine."...




A Paris la maison continue de fabriquer, par exemple ce bel oiseau de Paradis sous la direction artistique de René Robert

..."Il n’apparait pas que Renée Puissant ait fait un nouveau testament, olographe ou pas, avant sa mort, c’est donc le dernier testament existant qui est produit chez le notaire, que dit-il ?
Ceci est mon testament
Pour prévoir l’éventualité de mon décès avant ma mère Mme Van Cleef, je la nomme comme ma légataire universelle en toute propriété.
Pour prévoir l’éventualité que je lui survive, j’institue comme légataires universels en pleine propriété, conjointement, Messieurs Charles Salomon Arpels, Jules Arpels, et Louis Arpels, mes oncles.
Dans le cas où l’un ou plusieurs d’entre eux décèdent avant, laissant question, la question de l’un ou de ceux qui décèdent avant tient lieu et place de leur père.
Dans le cas du décès de l’un ou plusieurs d’entre eux sans laisser de descendance, la part de l’un ou de ceux décédé avant ira à mon ou mes légataires universels survivants conjointement, la part de chacun de mes oncles étant, bien entendu, seulement de la part de leur père
J’ai rédigé en étant saine de corps et d’esprit, et entièrement écrit par ma main.
Paris le trente et unième jour d’octobre 1938.
Signé, Renée Puissant Van Cleef
Le dit testament porte ces notes :
Signé par moi, Molinier, juge, pour le Président du Tribunal civil de la Seine.
Paris, le vingt-sixième jour de décembre 1944
Signé Molinier
Le Juge Molinier a donc validé le Testament le 26 décembre 1944, rien ne s’oppose à l’exhumation du corps de Renée Rachel Puissant, qui se trouve au « dépositoire de Vichy », pour que Renée Rachel soit enterrée dans le caveau familial au Cimetière du Vieux Château à Nice.
Il faudra du temps…ce sera fait le 4 juin 1946."...




Renée Rachel Puissant (1896-1942) : son audace et son flair ont illuminé Van Cleef & Arpels

Source : Capital.fr
27/01/2016 à 16:03 / Mis à jour le 01/02/2016 à 15:40

De 1926 à 1942, la directrice artistique du joaillier a innové sans cesse avec une élégance hors pair.
Pour remplacer le sac, pourquoi laisser encore souffrir votre coquetterie, Madame, par un petit réticule disgracieux que vous hésitez à poser sur la table de restaurant ou de bridge, alors que les joailliers Van Cleef & Arpels ont créé exprès pour vous la Minaudière ?», s’interroge en 1934 le magazine «Comœdia». L’article transpire le publireportage, mais il saisit bien que le joaillier démode l’idée même de sac du soir pour les femmes du monde. Car la Minaudière, brevetée en 1932, rend désuète toute autre forme que celle, oblongue et plate, de ce quasi-bijou dans lequel on peut ranger sa poudre, son rouge, son peigne, son briquet et ses cigarettes. C’est une des multiples innovations marquantes de Van Cleef & Arpels sous la direction artistique de Renée Rachel Puissant, qui, malgré son nom, incarne le destin familial de cette maison de haute joaillerie.

Destinée à remplacer le sac du soir lors des sorties en ville, la Minaudière, ici à fermoir en or et diamants. 
Renée Puissant est en effet et la fille d’Alfred Van Cleef, qui est (avec son oncle Salomon Arpels) le cofondateur de l’entreprise à la fin du siècle dernier. Et sa mère est Esther Arpels, dont les frères Salomon, Jules et Louis rejoindront la direction de la maison après la mort de Salomon père. C’est donc tout naturellement que, après son mariage en 1918 avec Emile Puissant, Renée prend part aux activités de la marque de luxe. Ses premières initiatives relèvent du marketing. En 1921, avant les fêtes de fin d’année, elle a l’idée d’une «vente à prix spéciaux» de bijoux moins chers que ceux des collections habituelles. Une sorte de prêt-à-porter de la haute joaillerie. En 1922, elle réitère et met en vente pour 10 millions de francs de colliers, bracelets ou barrettes. Son audace déplaît à ses concurrents, mais c’est une première dans la joaillerie.
C’est en 1926, année où son mari meurt dans un accident d’automobile, que Renée Puissant endosse – sans que le terme existe encore – le rôle de directeur artistique. «Comme Jeanne Toussaint chez Cartier, elle n’a pas appris le métier de joaillier. Elle donne des directions, choisit les modèles, a du flair et sait sentir les tendances», souligne Evelyne Possémé, conservatrice en chef du musée des Arts décoratifs. Femme d’une grande élégance, jamais remariée et sans enfant, Renée forme avec le dessinateur René Sim Lacaze un fructueux tandem artistique. Outre la Minaudière, le Serti mystérieux est l’un des brevets d’exception nés sous sa direction. «Dans la joaillerie, les grandes innovations sont liées à des avancées techniques», précise Evelyne Possémé. Et le Serti mystérieux transforme l’art de monter, et donc de montrer, les pierres précieuses. Ce rail en or dans lequel elles viennent s’incruster bord à bord, sans griffe ni chaton, fait disparaître la monture. Il autorise les plus folles créations ( flore, faune, thèmes inspirés de l’Egypte ancienne, de la Perse ou du Japon), qui font rayonner le prestige de la maison lors de l’Exposition universelle de 1937. Tout comme un bracelet «au motif de roses rouges et blanches aux émeraudes et rubis à taille “suiffée”» avait marqué l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. Cette taille irrégulière dite «suiffée» attrape voluptueusement la lumière.
Selon Evelyne Possémé, il y a chez Van Cleef & Arpels une sensualité particulière. «La force de cette maison, c’est de créer des pièces en volume. Des bijoux qu’il faut porter, qu’il faut assumer. C’est un état d’esprit très différent de celui des autres grands joailliers.» Les clientes ne se font pas prier pour assumer le collier Cravate, si souple qu’il se noue autour du cou, le bracelet Ludo, un ruban tissé d’or à motifs de briquettes, le Passe-partout, un bijou transformable (bracelet, collier, ceinture) en forme de chaîne serpent sur laquelle se fixent des clips en or et saphirs. En 1938, la maison dépose aussi un brevet pour le collier Zip et sa fermeture à glissière de diamants montés sur platine, une idée soufflée par la duchesse de Windsor à Renée Puissant. Mais sa réalisation est si ardue qu’il ne verra le jour qu’en 1951.
La guerre va affecter l’entreprise de manière tragique. Alors que tous les membres de la famille, fuyant l’antisémitisme, s’exilent, surtout aux Etats-Unis, Renée Puissant, qui dirige la maison depuis la mort de son père en 1938, reste en France. Elle vend la firme en août 1940 a fin de l’aryaniser, et poursuit l’activité depuis la filiale de Vichy. Inquiète pour son sort, elle se suicide en 1942, juste après l’invasion de la zone libre par les Allemands. La maison sera restituée aux héritiers Arpels en 1944. Comme le signale Jean-Jacques Richard, auteur de « Renée Rachel Van Cleef, l’oubliée de la place Vendôme », ces derniers «minimiseront le rôle de Renée Puissant (une Van Cleef) en attribuant sans preuve à des Arpels nombre de ses innovations. Un “storytelling” dont il subsiste quelques traces dans l’histoire officielle de la maison»…
Emmanuelle Polle



EDYAD, puis EDY: la famille Pochiet ,

Une maison mystérieuse, importante vu le nombre et la qualité de ses clients bijoutiers. Il y a les "grands" joailliers , mais s&#...