mardi 22 juin 2021

Robert EHRET, le joaillier qui dessina la FRANCISQUE du Maréchal Pétain

 


Robert Léon Ehret est né  le 13 mars 1891 à Paris 2e, rue Saint-Antoine, Son père  Gustave Ehret est à cette époque Sommelier et sa mère  Marie-Thérèse Talivey est domestique,  quatre années après la naissance  de Robert, son père va enfin le reconnaitre et épouser sa mère, est-ce lui qui a placé sa jeune femme?  Toujours est-il qu'au mariage, elle indique comme profession: cuisinière.



Acte de naissance de Robert Ehret

En 1911, il est appelé au service militaire. Sa fiche matricule nous apprend qu'il réside alors à Paris 2e, 46 rue d'Agout,  la petite rue qui longe l'école de Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, devenue depuis la  Haute École de Joaillerie. Sa profession : ouvrier lapidaire.
Robert Ehret incorporé le 1er octobre 1912 et, comme la guerre mondiale éclate avant la fin de son service militaire, il reste sous les drapeaux jusqu'au 22 août 1919. Il eut une conduite exemplaire,  cité quatre fois à l'ordre du jour de la division, blessé à deux reprises, on l'a cru disparu en mars 1918. En réalité, il a été fait prisonnier et interné à Karlsruhe d'où il est libéré après l'armistice de 1918. 
Au cours des sept années passées sous l'uniforme, Robert Ehret monte en grade : brigadier en 1913, maréchal des logis en 1914, adjudant en 1915, sous-lieutenant en 1916, lieutenant en 1919.  il devient capitaine de réserve en 1935. En 1920, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en reconnaissance de ses mérites militaires.




Acte de mariage de Robert Ehret, en 1922, il se déclare  "Lapidaire", l un de ses témoins est Pierre Basset, joaillier a Neuilly, l autre témoin est ingénieur, tous trois sont médaillés de guerre et Pierre Basset a reçu lui aussi la légion d'honneur.  A cette date, Robert a 31 ans habite toujours chez ses parents rue d'Argout,   et est certainement salarié d 'une entreprise, mais je ne pense pas que ce soit chez Van Cleef & Arpels qui n'avaient pas d'atelier.
Ce n'est que dix ans plus tard que Van Cleef & Arpels, vont "annexer" un atelier qui travaillait déjà pour eux, mais aussi  pour Janesich, Lacloche, Boucheron, Ostertag , Mauboussin....
C'est donc Alfred Langlois  un grand "Boitier" qui va signer un contrat d'exclusivité  avec Van Cleef. A cette époque Langlois avait 15 employés.
Van Cleef & Arpels  donnaient aussi du travail à Strauss-Allard et Meyer,  Desmares, Frey, Verger, Rubel, Lenfant, Péry, Mirra, Boisson, Dumont et selon madame Sylvie Raulet, l'atelier Ehret.
Donc il est plus conforme à la réalité de dire que Robert Ehret ne travaillait pas Chez Van Cleef & Arpels, mais en tant qu'artisan, installé à son compte, pour Van Cleef & Arpels


D'ailleurs si je me fie au livre Van Cleef & Arpels de Sylvie Raulet écrit en 1986, on peut voir que deux bagues  sont dessinées par Renée Rachel Puissant Van Cleef et que ces dessins font partie de la collection de l atelier Ehret.
Ce qui veut dire que l'Atelier Ehret a exécuté ces modèles pour VCA et a gardé les dessins gouachés.

D'après Mr Jean Claude Streicher, En septembre 1940, le commandant Bonhomme, officier d'ordonnance du Maréchal Pétain et ami du capitaine Ehret, présente ce dernier au docteur Bernard Ménétrel, médecin et proche conseiller du Maréchal. Apprenant sa qualité de joaillier, Ménétrel lui demande de concevoir un insigne symbolisant l' "unité française aux ordres de son chef, le Maréchal Pétain. Il s'agissait donc de remplacer l'effigie de Marianne et les lettres RF, symboles républicains devenus caducs.
Cette dernière phrase démontrant le début du culte de la personnalité.





 On ne pouvait reprendre, en effet, l'ancien fanion tricolore frappé des lettres RF, ni la Marianne "franc-maçonnique" puisque la République avait été suspendue. A partir d'une suggestion du Dr Ménétrel, médecin personnel et secrétaire particulier du Maréchal, le façonnier de bijoux proposa alors un emblème composé d'un bâton de maréchal bleu aux dix étoiles, « aux extrémités d'or et accosté de part et d'autre d'une francisque d'argent », la hache de guerre des anciens Francs. Ces deux lames se voulant le symbole des deux grandes victoires remportées contre l'Allemand, Tolbiac et Verdun. L'idée plut et a été aussitôt adoptée².
 D'abord emblème personnel du Maréchal, la francisque gallique est devenue sa distinction personnelle, nouvelle Légion d'honneur, par la loi du 16 octobre 1941 en vue d'honorer tous ceux « qui se sont donnés à lui, (comme) lui-même a fait don de sa personne à la France ». Elle sera remise à 2 626 récipiendaires, dont 3 femmes, pour seulement 15 radiations.(jean claude Streicher)


Journal Le Matin de mars 1942 et la suite ci-dessous




Nous avons aussi le récit d'un intime du Maréchal, Henri du Moulin de la Barthète, chef de son cabinet civil.
« L'institution de la francisque, écrit-il dans ses mémoires, à laquelle s'attachait aussi un serment de fidélité, m'apparut dès ses débuts comme un monument de puérilité. On a voulu voir dans cet insigne un critère de sélection, un modèle de récompense pour les bons serviteurs de l'Ordre nouveau.
« La vérité fut beaucoup plus simple. Un officier de réserve, dessinateur de son métier et façonnier chez Van Cleef, le bon capitaine E... (il l'anonymise, puisqu'il le raille), s'essayait dans les bureaux du docteur Ménétrel, à découvrir un motif ornemental qui pût servir de thème aux armoiries du chef de l'Etat. Au sein des pires catastrophes, il se trouve toujours de paisibles esprits pour taquiner l'encre de Chine et s'engager dans des fantaisies héraldiques. La chose en soi n'était pas grave. Mais le capitaine E..., en exhumant de quelque vieux recueil la double hache de la francisque gallique, s'avisa de substituer au manche de l'arme le bâton de maréchal et de dessiner, sur les tranchants des cercles tricolores... Que représentait, au juste, cet insigne ? A mes objections, l'on répondait toujours : il faut que les fidèles du Maréchal puissent se compter. »



 Nouveau drapeau de "l'Etat Français" dessiné par Robert Ehret


D'après Wikipédia: les Ateliers Ehret à Paris auraient eu l'exclusivité de la fabrication des francisques en or et de celles en or et diamants, alors que les insignes en bronze et émail étaient fabriqués par les établissements Arthus-Bertrand et Augis.
Quelles sont les sources de cette information?




Le Maréchal décore François Mitterrand de la Francisque , c'est donc François Mitterrand qui en a fait la demande et a signé son allégeance au Maréchal  en 1942. Il y eut aussi parmi tous les décorés, Maurice Couve de Murville, Edmond Giscard d'Estaing, Raymond Marcellin, Antoine Pinay....troublant!!




En revanche Mr  Streicher indique dans son ouvrage: 
 Mais Louis-Dominique Girard apporte un autre détail qui a son importance. A l'en croire, le capitaine Ehret était le « conservateur de la fortune des (Van Cleef & Arpels), joailliers israélites réfugiés aux Etats-Unis pour la durée de l'occupation. (Et c'est justement) pour lui faciliter la garde d'un trésor convoité par les Nazis (que le Maréchal) l'avait pris à son secrétariat particulier. »¹ Cette indication doit être prise au sérieux, car l'ancien chef de cabinet, toujours d'une extrême rigueur, est difficile à prendre en défaut. Sur son blog, Jean-Jacques Richard, l'historien des Van Cleef & Arpels, confirme effectivement, documents originaux à l'appui, que les joailliers parisiens ont pu déménager tous leurs stocks de bijoux, d'or et de matières précieuses en zone libre dès le mois de juin 1940, puis deux mois plus tard transférer leurs parts à deux associés et des membres de leur personnel, avant de se réfugier à New York. En juin 1942, une enquête de la Treuhand und Revisionsstelle a donc conclu pour leur entreprise familiale à une « aryanisation non sincère », qui ne pouvait être homologuée.


1944


1944

Je ne sais comment interprêter ce texte, certains a partir de ce texte citent Ehret comme le sauveur de la fortune des Van Cleef & Arpels. Mais jamais la famille Arpels ou d autres n'ont cité Ehret!!!
Personne n'a répondu à une question que j ai souvent posée: Où sont passés les stocks et l' argent liquide de Renée Rachel Puissant Van Cleef  lorqu'elle est décédée  en décembre 1942 à Vichy?

Radiation de Robert Ehret en 1946

Je pense que le Colonel Marty, bras droit et cousin de René Bousquet  vu son poste d intendant de la police de Vichy , avait fait le ménage après la mort de René Rachel  Van Cleef et qu il avait rendu de la marchandise aux Arpels à leur retour en France, sinon comment expliquer pourquoi à sa libération de prison pour collaboration, il ait été engagé par les Arpels.?

Sans doute la Treuhand n'a-t-elle rien pu y changer, car le 19 octobre 1944, donc au lendemain de la libération de la capitale, Claude Arpels et Paul de Leseleuc, seuls gérants de l'entreprise familiale, certifient à Paris que René Bry, leur commissaire-gérant depuis 1940, leur a tout restitué « sans manquant »


 En réalité le 4 septembre 1943, le directeur général de l aryanisation économique au secrétariat général de l'Aryanisation  confirme que René Bry  administrateur de Van Cleef & Arpels, au 19 avenue de l'Opéra (en 1940 artisan en étage rue Sainte Anne), est relevé de ses fonctions, mais il faudra attendre le 19 octobre 1944 (Claude Arpels est venu des Etats unis fin aout 1944) pour que René Bry obtienne le quitus des comptes gérés par lui   pendant cette aryanisation.
Théoriquement,  c'était à l acheteur qui avait repris la maison Van Cleef & Arpels, Mr De Leseleuc de lui donner ce quitus des 1943, mais comme ce fut une aryanisation Bidon!!!!!

Cette autre phrase est difficile a accepter: Les données manquent sur le devenir de Robert Ehret après l'écroulement du régime de Vichy, à l'exception de sa nomination au grade d'officier de la Légion d'Honneur en 1963. Cette promotion écarte tout soupçon de collaboration que sa présence auprès de Pétain aurait pu susciter.

Pour ce qui est de sa promotion dans l ordre de la légion d honneur, ce n'est pas une preuve car par exemple ce fameux colonel Marty déjà Officier de la légion d’Honneur demande en 1970 à être « Commandeur » et il a été nommé !!! L’enquête de gendarmerie n’a rien trouvé ….en 1971..Il a été nommé après sa mort en plus. Il a gardé toutes ses relations.

Comme quoi un homme qui était le bras droit de René Bousquet, qui a été l un des organisateurs de la rafle de Marseille, qui fréquentait Bonny et Lafont, qui  a fait aussi décorer de la Légion d'honneur, les sadiques du SRAMAN (service de répression des menées antinationales)  etc...etc, peut  non seulement ne pas être radié de l'ordre, mais monter en grade dans l ordre

Après la guerre, que devient Robert Ehret, je n ai pas trouvé s' il avait été inquiété, en tous cas il avait continué son atelier.  1947-48 Ehret est joaillier fabricant  28 rue saint Roch,  son poinçon déclaré à la garantie est   R.E. avec pour symbole  un pierrot.

Ce fut une période si trouble!!!!!

Le personnel politique de l'État français n'était pas homogène . On y trouvait des nationalistes farouchement anti-Allemand, des technocrates peu engagés politiquement, des arrivistes (où classer Mitterrand par exemple) et des collaborationnistes proches de l'idéologie nazie, des petits malins qui profitaient de la situation. Robert Ehret était  depuis la guerre 1914-1918  accablé par la défaite de 1940, avait été fait prisonnier donc il était anti-Allemand,  il avait  confiance dans le héros de Verdun, le Maréchal Pétain .
Pourtant, tous, ils ont su que des gens étaient déportés, raflés, ils ont signé des ordres qui n'auraient pas du être appliqués, et  alors que Mitterrand vire de bord en 1943, Robert Ehret, lui,  est attaché au secrétariat personnel du Maréchal Pétain et confirmé dans ses fonctions le 4 fevrier 1944 soit  4 mois avant le débarquement.
En  1945 , il habite à Saint Mandé 1 bis avenue Victor Hugo (Val de Marne) mais c'est à Montreux en Suisse que Robert Ehret meurt le 17/08/1968 à l'àge de 77 ans 

Contrairement à Mr Jean-Claude STREICHER, j ai pu accéder au  dossier de Légion d' Honneur de Robert Ehret, y figure bien sa décoration comme Chevalier à titre militaire, mais comme Officier en 1963, il n y a aucun apport dans le dossier sur le pourquoi il a demandé à y être élevé et l' a obtenu.

Un commentaire est toujours le bienvenu:  richard.jeanjacques@gmail.com

mardi 15 juin 2021

Maurice DUFRENE l'homme aux talents multiples, dont la Bijouterie Joaillerie



Portrait de Maurice Dufrêne en 1925, conservé au centre Pompidou

Il s'appelait Dufrêne, il se prénommait Maurice-Elysée,  il fut l'un des premiers designers français du 20ème siècle, Maurice Dufrène est né à Paris en 1876. Il a fait ses études à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à Paris.


Ses parents quincaillers tous deux en on fait un grand artiste décorateur

Evelyne Possemé nous précise qu'il a suivi les cours de Chevallier- Chevignard professeur grandement reconnu, puis les cours de Charles Genuys, et ceux de De la Rocque et Rouillard à l'école des arts décoratifs  S' il est plus connu pour son mobilier il a dessiné aussi beaucoup de bijoux, mais pour l instant je n en ai trouvé qu'un. Cette chatelaine ci-dessous, 



Photographie de Robert Zehil : www.robertzehilgallery.com

Il n'a que 23 ans  lorsqu'il commence en 1899  une carrière de dessinateur pour "la Maison moderne" de Julius-Meier-Graefe. il y restera jusqu'en 1903.

Il est vrai que Maurice Dufrêne occupe une place un peu à part, relevant de la mouvance parisienne du mouvement ; aux côtés d’Henry Van de Velde, Paul Follot, Maurice Biais ou Maurice Dufrêne, il travaille pour La Maison moderne, une galerie fondée en 1899 par le critique d’art, d’origine allemande, Julius Meier-Graefe. Cette boutique dans le vent devait faire concurrence à la mythique Maison de l’art nouveau, ouverte à Paris en décembre 1895 par son compatriote Samuel Bing, qui avait défendu les créations de Tiffany ou encore celles de Georges de Feure. Dans sa galerie, Meier-Graefe montrait une autre voie possible pour cette expression nouvelle basée sur des formes organiques, différente de celle de Guimard ou de l’école de Nancy.


En 1899, à seulement 23 ans, il devient directeur et gérant de La Maison Moderne. Cette boutique représentait une association d'artistes qui travaillaient ensemble pour créer des designs pouvant être produits en multiples.



C'est l affiche la plus célèbre de "La Maison Moderne"


La Maison Moderne fut fondée en 1898 par Julius Meier-Graefe, écrivain allemand important et critique d'art, qui fonda également la revue Pan, un journal d'arts décoratifs basé à Munich. Elle était située prés de la place Vendôme, à l'angle de la rue de la Paix et de la rue des Petits Champs. Son affiche évocatrice était composée dlune silhouette de femme stricte sur fond d'objets de style moderne, parée de bijoux trés avant-garde , son auteur, Manuel Orazzi lui avait donné la qualité obsédante d'un Klimt. Les autres artistes principaux ayant travaillé pour la Maison Moderne sont Maurice Dufrène, Clément Mere, Paul Follot, Henri Van de Velde et Lucien Gaillard. Lorsque Samuel Bing se mit à coordonner ses dessins pour s'adapter au goût français et à donner une uniformité à tous ses objets, il recommanda beaucoup des artistes étrangers qu'il avait fait travailler auparavant à la Maison Moderne. Hélas, les deux maisons subirent le méme sort. Le désastre financier contraignit Meier-Graefe à fermer ses portes en 1903.




La Maison Moderne était installée a l angle du 2 rue de la paix et du 2 de la "rue des petits champs",  les petits champs dataient de 1634, mais après la guerre 1939-45 il fallait  donner des noms à certaines rues pour les nouveau héros alors la Mairie de Paris changea le nom des Petits Champs en  "Daniele Casanova " Vincentella Perini, surnommée Danielle Perini puis Casanova de son nom d'épouse, née le 9 janvier 1909 à Ajaccio (Corse) et morte le 9 mai 1943 en déportation à Auschwitz, est une militante communiste et résistante française. Elle a été responsable des jeunesses communistes et a fondé l'Union des jeunes filles de France.

Cette boutique dans le vent devait faire concurrence à la mythique Maison de l’art nouveau, ouverte à Paris en décembre 1895 par son compatriote Samuel Bing, qui avait défendu les créations de Tiffany ou encore celles de Georges de Feure. 
 
Orazzi, Dufrene et Follot se firent remarquer par leurs dessins de bijoux exclusifs pour la Maison Moderne. 
Orazzi, l'auteur de l'affiche, dessina des bijoux d'une étrangeté organique critiquée par certains comme une extravagance, utilisant des anémones de mer à frondes agitées, ou des créatures marines visqueuses serrant une perle ou une pierre dans leur gueule ouverte. Le style de Dufrène plus coulant était le phare des dessinateurs de la Maison Moderne. Il aimait la forme ondulée du lys qu'il réduisit à un contour élancé stylisé. (Vivienne Becker)




Dans la "revue de la Bijouterie Joaillerie" cette broche de Maurice Dufrêne


Puis ces montres "Art Nouveau" en 1901



C'est en 1901 au mois de juin que la Revue de la Bijouterie écrit :
Les broches, les épingles, les montres de M. Maurice Dufrêne nous plaisent beaucoup, ce sont des bijoux d'une simplicité charmante et d'une exécution grasse et souple qui retient l'attention. C'est d'un goût bien français.



S il n'est pas facile de dater  les bijoux, en revanche la Maison Moderne avait publié des photos dans " Documents sur l'Art industriel au vingtième siècle"  au moins nous sommes sûrs de la date.










Comme beaucoup de décorateurs, Dufrêne impose un style, la presse s 'empare de ses sujets:

Jamais la mode masculine n'avait suscité tant de noble émulation. Les romanciers, les artistes, les psychologues même, s'inquiètent de nouveau
M. Maurice Dufrêne, le jeune et talentueux artiste décorateur, propose pour les cérémonies mondaines un costume nouveau.
Pourquoi pas, suggère ce Parisien avisé un habit de jour, une culotte et des bas de soie, un gilet clair, des souliers bas ou des escarpins ? Le tout dans une gamme sans couleurs mais dans des valeurs allant du blanc au noir en passant par des gris étudiés.On réaliserait ainsi, grâce au génie des tailleurs, un ensemble trois-pièces pour le marié s'harmonisant, dans les tons et la forme, au "blanc partout " de la mariée.
Si la jaquette matrimoniale est acceptée, M. Maurice Dufrêne estime qu'il faudrait, renonçant au noir funèbre, risquer des tissus nets, mats, unis, des gris « mariés » satisfaits sans fatuité, engageants avec discrétion, victorieux avec prudence, tendres mais soutenus, sérieux mais sans tristesse, des gris « contents » en un mot, légèrement teintés de mélancolie, couleur de fin et de commencement.  Enfin des gris complets que l'on rappellerait de loin, mais avec un reflet de joie dans la soie ferme d'une cravate précise dont l'armure unie, perdue, serait fixée par une perle pure. Avec la mariée, ça ferait deux...

En 1902 Maurice Dufrêne  il est membre fondateur de la société des artistes décorateurs 


Cliquer sur toutes les photos pour les agrandir

Et puis, en 1902-1903  Maurice Dufrêne va publier un catalogue de 24 pages de bijoux dessinés par lui,  sur cette page 2 tours de cou, 2 coulants, 2 chatelaines, 2 boucles, 2 pendants, 2épingles, 2 épingles fermées




1903 a propos du catalogue de dessins de bijoux , la Revue de la BJO.
"L'éditeur Julius Hoffman, de Stuttgart, vient de publier un nouvel album de dessins de bijoux, style moderne, dû à l'habile crayon de M. Maurice Dufrêne. Cet artiste, dont les oeuvres ont été fort remarquées aux derniers Salons, a donné, dans cet album, un nouveau témoignage de son goût et de son habileté. L'étude en sera fort intéressante pour les bijoutiers."

Phrase très intéressante, car les Bijoutiers détaillants, accusaient un gros retard, ou décalage avec les nouvelles modes



2 poignées de parapluies 1 peigne, 7 chaines, 1 épingle à chapeau

1902 dans Art ét décoration :
J'ai remarqué en outre dans les différentes vitrines de cette exposition, les trop rares objets exposés par M. Maurice Dufrène, artiste au goût charmant, très sûr et très français



7 Bagues, 2 épingles, 2 boutons, 2 montres avec agrafes, 1 peigne, 1 ornement de coiffure, 1 coulant, 1 bracelet

En 1902 M. Dufrêne expose un service à thé en couleurs pâles, qui me ferait aimer cette boisson anglaise. La discrétion du coloris s'y rehausse de trouvailles très simples et d'une grande fraîcheur. Mais j'oublie, je deviens transfuge dans cette Rente, à parler céramique, ou plutôt, non, la faute en revient à M. Dufrène, qui avait de charmants bijoux l'an dernier et qui a déserté.( Revue de la Bijouterie Joaillerie Orfevrerie)





2 poignées de parapluie, 3 broches, 2 coulants agrafes, 2 bagues, 1 bouton à ressort, 1 pendentif avec chainette, 1 fermoir et agrafe pour petit sac, 2 coins ornements pour maroquins





1 Chatelaine  comprenant , 1 peigne, 1 porte-monnaie, 1 porte montre, 1 flacon à odeurs, 1 miroir, 1 canif, 1 porte mine, 1 crochet, 1 boite à poudre, des ciseaux. 
On devait entendre de loin cette dame quand elle se déplaçait


Collection de Robert Zehil qui met en vente ce bijou: www.robertzehilgallery.com

Robert Zehil  gallery CHATELAINE, CIRCA 1900 en Argent Comprenant : Une boîte à pilules, une fiole à sel, un miroir, un cordon, un peigne en écaille dans un étui en argent Signé M. Dufrène. Avec poinçon d'orfèvre Bibliographie Les Salons de Paris, 1895-1914, Joaillerie, vol. I Artiste(s) :DUFRENE Maurice (1876-1955), LA MAISON MODERNE,  poinçon d'émile SAINT-YVES 



Puisque ces bijoux ont existé, qui les fabriqua ?  J ai posé la question à l excellent galeriste de Monaco, Robert Zehil qui m a répondu , "Il s'agit d'Emile Saint-Yves qui fabriquait toutes les pièces orfévrées vendues par La Maison Moderne d'après Orazi, Follot et Colonna.
Henri Vever cite son nom :



Ainsi il va falloir surveiller ce poinçon  de "Saint Yves"  pour attribuer de possibles  bijoux a Maurice Dufrêne.



Saint Yves est cité dans le livre de la Maison Moderne : Documents sur l art industriel au vingtième siècle.






2 Poignées de parapluie, 2 peignes, I bague, 3 épingles à cheveux,
1 épingle à chapeau, I pendentif avec chaine, 5 boutons, 1 petite épingle.



3 Plaques ornements, -1 bagues, 1 épingle fermée pour coiffure,  1 collier, 2 boucles, 1 épingle, 3 coulants de col


2 Broches, 2 boutons, l agrafe, 2 pendentifs avec chaines et fermoirs,
1 montre avec agrafe, 1 bracelet, 1 miroir avec chaine, 1 coulant,



3 Pendentifs avec chaines, 2 breloques, 2 boucles, 2 épingles á 
cheveux, 1 épingle.




Vers 1901: Maurice Dufrène, Horloge de table, v. 1900, H. 28,3 cm, 17 x 12 cm. Porcelaine, blanche, émaillée, sous glaçure bleu clair et vert clair. Décor floral texturé. Tôle de laiton, couvercle en verre marbré. Signé : M. DUFRENE (en relief).



3 Breloques avec chaines, 1 boucle, 3 pendentifs avec chaines et fer-
moirs, l montre, 2 épingles, 2 boutons, 1 coulant de cravate.




l Bracelet, 2 broches, 1 bouton, l pendentif, 1 épingle å cheveux,
2 breloques, 1 montre, 1 boucle, l collier, 1 bague.




1 Broche. 3 bagues, 1 peigne, I bracelet, l pendentif avec chaine,




Chez Christie's APPLIQUE MURALE MAURICE DUFRÈNE & DAUM , CIRCA 1900
bronze, verre émaillé
15½ po (39,2 cm) de haut



1 Poignée de parapluie, l fermoir et 1 chainette pour petit sac, l épingle
à coiffure, 2 boucles, 2 boutons. 1 épingle à chapeau. 2 pendentifs
avec chaînes.



2 Bagues, 2 broches, 3 boucles, 1 plaque agrafe pour ceinture, 3 colliers,  1 chaine, 2 coins ornements.








Vers 1900, la bague de Gauche est de Maurice Dufrène, je ne suis pas sûr des deux autres livre "Art nouveau" de Vivienne Becker



1903 dans "l'Art Appliqué" une Chambre a coucher de Maurice Dufrêne


1903 dans "l Art Appliqué" pendule en porcelaine de la Manufacture de Bing, dessinées par Dufrêne


1907 dans la revue "L'Art et les artistes" ces deux pendentifs réalisés par Dufrêne , ont ils été vendus? dorment ils dans un tiroir?

L art et les artistes janvier 1907
Maurice Dufrêne, dont nous avons déjà analysé les compositions décoratives de mobilier et d'objets d'art, expose une vitrine dans laquelle un choix d'objets de haut goût révèle un artiste délicat et d'une rare distinction.
Un pendentif en or orné de roses, de péridots et d'opales, retient de suite notre attention. Le métier en est très simple, très ingénieux, et l'effet décoratif est cependant complet et même d'une certaine somptuosité. C'est une simple plaque d'or repercée et mandrinée, puis ciselée ; les feuilles superposées sont maintenues dessous par des chevilles d'or ; les pierres sont enchâssées dans la matière. Les péridots seuls sont sertis à jour pour faire valoir la taille. Un autre pendentif en platine orné de perles, de brillants et de roses. Ce bijou, d'un métier un peu plus compliqué, est ici constitué par des assemblages de plaques, de fils ronds et carrés, et même de cornières, formant une armature soudée et rivée, puis gravée au burin. Ce métier ingénieux et bizarre rappelle, en petit, celui avec lequel sont assemblés les ponts métalliques et la grande construction de fer. Ce bijou d'un aspect riche et précieux est un bel exemple de technique libre et cependant raisonnée qui lui donne un aspect imprévu et très original.



1907 Maurice Dufrene est récompensé par une prime de 300 frs de la société d'encouragement à l'art et à l industrie  pour avoir présenté au salon le plus bel objet  "Objet d'usage courant"


1911 d'après Evelyne Possémé, conservatrice en chef du musée des arts décoratifs de Paris,c'est "A cette époque  que Maurice Dufrene rejette l'esthetique de l'Art nouveau, comme son compagnon de la maison moderne,  Paul Follot pour des formes plus synthétiques qui annoncent le mouvement de l'art déco dont il sera un grand décorateur" 
son travail adapte des formes plus simplifiées en utilisant des matériaux et une construction plus importante et plus abondante.


Dufrène a conçu des meubles, des bijoux, du verre, des textiles, de la maroquinerie, du grès et de la porcelaine. Il enseigne à l'Ecole Boulle et à l'Ecole des Arts Appliqués de Paris et est l'un des principaux concepteurs des premiers décors de cinéma modernistes (film 1919 Le carnaval des vérités).Il fut l'un des très rares designers français à exposer à l'Exposition internationale Panama-Pacifique de 1915 qui s'est tenue à San Francisco.



1920


1921 Dans la revue "Vogue" Dufrêne à l exposition de New York

Les Galeries Lafayette: Société constituée en 1895 par Théophile Bader et Alphonse Kahn, ayant pour objet, directement ou par des filiales, le commerce de nouveautés, notamment l'exploitation du magasin connu sous le nom de "Aux Galeries Lafayette". Autres noms : Grands magasins aux Galeries Lafayette, Galeries Lafayette SA, Société des Galeries Lafayette, Galeries Lafayette (Paris), Société des Galeries Lafayette (Paris). Adresse du magasin principal : 40 boulevard Haussmann, Paris. Nombreuses succursales en France (58 en 2017), plusieurs à l’étranger à partir de 1996. L'atelier d'art des Galeries Lafayette, "La Maîtrise", est créé en 1922 (directeur artistique Maurice Dufrêne, collaborateurs Jean et Jacques Adnet).

En 1922, il devient créateur et directeur du studio de design La Maitrise des Galeries Lafayette à Paris - et la pleine floraison de son talent se manifeste dans ses conceptions de meubles raffinées et ses intérieurs complets. Son inspiration s'est inspirée des designs des XVIIIe et XIXe siècles, avec une approche moderne et ses intérieurs allaient de façon éclectique des maisons de ville à l'avant-garde en passant par le verre, le métal et les miroirs, en passant par les commandes du Mobilier National pour les ambassades et le Palais de l'Elysée à Paris. . Il restera à La Maitrise jusqu'en 1952.


1922:  Reste donc le commerce, plus exactement le gros commerce. C'est ainsi que l'on voit s'ouvrir, dans le cadre des grands magasins, des ateliers que dirigent des artistes dont on s'est très intelligemment assuré la collaboration : « PRIMAVERA » au Printemps (1913), « LA MAITRISE » aux Galeries Lafayette ( 1 922), « POMONE » au Bon Marché (1922), « LE STUDIUM » au Louvre ( 1 923.)
« La puissance de propagande d'un grand magasin, écrit en 1922 Maurice DUFRÈNE, qui a dirigé La Maîtrise, est énorme. C'est certainement une des plus sûres et des plus sensibles qui soient. Les étalages, les catalogues, la publicité sont des éléments d'une répercussion formidable et constante. Les étalages sont vus par des milliers de personnes. Si 50 000 visiteurs entrent chaque jour dans un grand magasin, combien de milliers de gens passent devant quel tourniquet d'exposition a jamais enregistré un tel défilé ! »
Cet indéniable pouvoir d'information et de persuasion a fait que l'entrée de l'art moderne dans les Grands Magasins constitue un événement capital dans l'histoire du meuble contemporain.


1924, le mouvement qui s'est amorcé et que l' on appellera plus tard "l'Art Déco" amène un foisonnement d'idées et je vais citer Madame Raulet (pour une fois) qui a écrit dans son livre sur "l'Art Déco"

Les objets les plus éloignés de la parure féminine mobilisent les créateurs, or, platine, pierres dures et pierres précieuses envahissent la vie quotidienne, enrichissent tout objetutile ou futile plumiers, presse-papier, supports de calendrier, fume-cigarettes, briquets, boîtes d°allumettes, porte-photos, articles de toilette, canifs dérobant un crayon porte-mine...
Les joailliers subtilisent aux décorateurs et aux horlogers l'exclusivité du décor des pendules, pendulettes et réveille matin. Les recherches des horlogers s'orientent vers la pendulede bureau, les pendulettes que l'on emporte en voyage ou que l`on accroche dans une carrosserie d'automobile. Les modèles créés par les décorateurs, Maurice Dufrêne, Léon ]allot, Paul Follot, Raymond Subes, Albert Cheuret privilégient les matériaux accessibles. marbre, métal, ivoire, verre, émail, bois, porcelaine, bronze. A l'opposé, les ateliers de Haute ]oaillerie proposent à la clientèle fortunée des chefs d`oeuvre de préciosité, transformant l`objet utile en pur jovau. Tous s'y intéressent, mais la production de la Maison Cartier semble la plus prolifique. Les horlogers franc-comtois ou Suisses, Vacheron et Constantin, Unic, Lip, ]aeger, Le Coultre fabriquent les mouvements, et les joailliers s'en emparent pour les livrer aux orfèvres , boitiers, aux émailleurs, aux guillocheurs, et aux sertisseurs de pierre.




Maurice Dufrène en faisant « se confronter tous les savoirs et tous les arts, sous les expressions les plus riches », le but de l’exposition est de démontrer au monde le « génie créateur » français et ce, dans un contexte de compétition économique et artistique entre les nations européennes. Selon lui, il s’agit ainsi de prouver « au grand public l’utilité économique d’une renaissance des arts appliqués, continuatrice des anciens dans leur esprit mais hors leurs formules surannées ». C’est pourquoi bien des pavillons érigés en cette occasion font part, dans l’aménagement de leurs intérieurs, d’une débauche de luxe, s’affirmant comme révélatrice de l’excellence hexagonale en matière d’arts décoratifs, pour des réalisations se voulant modernes tout en montrant une inspiration puisée dans les grands styles français du passé. 



La Société des artistes décorateurs, fondée en 1901 pour la défense et la promotion des arts appliqués, rencontre lors de l’Exposition un grand succès grâce à un vaste programme intitulé « Une ambassade française », présenté dans la Cour des métiers sur l’esplanade des Invalides. Nombre de pièces à y avoir été aménagées, comme ci-dessus, le petit salon par Maurice Dufrène




Le meuble du bas qui est de 1925 servira pour la composition d une grande affiche en 1926


Affiche pour "La Maitrise"

les ateliers d’arts appliqués des Grands Magasins parisiens sont particulièrement mis à l’honneur. Ils font ériger d’imposants pavillons, par Henri Sauvage (1873-1932) et Georges Wybo (1880-1943) pour Primavera du Printemps, par Joseph Hiriart (1888-1946), Georges Tribout et Georges Beau pour La Maîtrise des Galeries Lafayette, par Louis-Hyppolyte Boileau (1878-1948) pour Pomone du Bon Marché et par Albert Laprade (1883-1978) pour le Studium des Grands Magasins du Louvre. Les intérieurs de ces bâtiments sont aménagés sous la houlette de leurs directeurs artistiques respectifs, Charlotte Chauchet-Guilléré (1878-1964), Maurice Dufrène, Paul Follot et Étienne Kohlmann (1903-1988).



Table de Dufrêne pour la Maitrise.

Un avis étonnant sur ce qui précède, je l ai trouvé dans le "Vogue " de décembre 1925:

Les Pavillons élevés par les Grands Magasins : Louvre, Galeries - Lafayette, Printemps et Bon Marché, sont peut être un des traits les plus caractéristiques de l'Exposition. Chacun de ces magasins a un atelier d'art, dirigé par un artiste choisi entre les plus célèbres et les plus délicats. M. Poirier qui avait fait sa fortune dans la bonneterie, n'en reviendrait pas. Et c'est peut-être le plus réel progrès depuis le temps où Emile Augier créait M. Poirier. Aujourd'hui, un Maurice Dufrène, un Ruhlmann, un Laprade, un Follot concourent à la fabrication courante, au modèle usuel, au meuble vendu en série.
La vieille idée de Ruskin, qui souhaitait bannir la laideur du plus modeste logis, se réalise. Et peut-être l'homme qui a dessiné avec goût une table ou un fauteuil a-t-il le droit d'en être plus fier que de beaucoup des œuvres qu'il signe. Car un fauteuil sympathique aux reins donne de bonnes pensées à tous ceux qui s'y reposent.




Chambre a coucher par Maurice Dufrêne, regardez bien la coiffeuse Rognon


Maitre Rouillac a revendu cette commode de Maurice DUFRÈNE (
BUREAU de SALON ROGNON en placage de marbre noir, reposant sur deux caissons ouvrant chacun par quatre tiroirs, plus un tiroir en ceinture, reposant sur six pieds boules. Poignées de tirage en laiton.


Tout le dos est en marbre




Meuble Boudha Armoire classique française Art Déco par Maurice Dufrène pour La Maitrise , le studio de design du célèbre grand magasin parisien, les Galeries Lafayette. En ébène de macassar, bois sculpté noirci, avec marqueterie de feuillus exotiques et nacre. Présenté dans le catalogue 1925 de La Maitrise. 49" de large x 21" de profondeur x 45" de haut.

Maurice Dufrène, au Pavillon des Galeries-Lafayette, a fait toute une exposition du goût le plus subtil et le plus neuf. Le plan même du Pavillon, bordé d'une terrasse et limité par une enceinte de grosses colonnes de marbre blanc, est très ingénieux. A l'emploi du marbre blanc s'ajoute hardiment celui du fer forgé. M. Dufrène a même osé une salle à manger très réussie, où le métal joue le principal rôle. Imaginez, entre des murs de stuc bleu, une table de cristal portée par des lames de fer. Pour la desserte, une large console repose pareillement sur un souple bouquet de rubans métalliques, ouverts en éventail. La fenêtre, qui n'est pas moins originale, ressemble à un immense paravent de lumière.
Le plafond est une verrière. L'ensemble, entre gris et bleu et tout pénétré de rayons tamisés, est bien plus accueillant qu'on ne l'attendrait de ces matières inhumaines.......




Le meuble Boudha  que Dufrene en 1925 dessina pour "La Maitrise des Galeries Lafayette"



Marqueterie du meuble Boudha, ce meuble est en vente à la Calderwood Gallery, a Philadelphie en Pensylvanie



1925 le Hall du Pavillon de la Maitrise" par Dufrêne


En 1925 Maurice Dufrêne a 49 ans 



Le pont Alexandre-III a été couvert dans toute sa longueur par deux galeries d’une largeur de 5 m. 50 abritant quarante boutiques, occupées par les industries de luxe présentant les diverses manifestations de l’actuelle renaissance de nos arts appliqués.
Ces boutiques sont à double façade, les unes regardant la Seine et donnant sur un passage de six mètres de largeur entre le parapet et leurs devantures, les autres regardant la chaussée et faisant face à la galerie parallèle à la première.
Ces boutiques se présentent, tantôt dans le sens longitudinal et tantôt dans le sens transversal, selon qu’elles sont sur les grands côtés des galeries ou donnent sous les grands arcs qui, au nombre de trois, percent chacune des galeries.
Ces grands arcs sont établis pour aérer l’ensemble architectural, pour permettre le passage de la chaussée au trottoir et pour laisser de tous les côtés la vue s’étendre sur les rives de la Seine, soit vers l’admirable perspective du Louvre, soit du côté de Passy et du Trocadéro.



La couleur générale du pont est un gris pierre soutenu, rehaussé de parties vert sombre et or, avivé de rouge.
Le soir, on voit les illuminations des quarante-huit pylônes et les rayons des phares qui s’entrecroisent au-dessus du pont en une énorme résille d’argent. Chacun des pylônes reçoit, en outre, des panneaux lumineux, et le dessus des arcs est constellé de cabochons et de motifs lumineux. Certains modes de publicité lumineuse, d’effets nouveaux, se trouvent représentés. Ces motifs complètent l’ensemble de décoration lumineuse du pont et soulignent, le soir, son architecture générale.
Les boutiques sont décorées de diverses façons par des artistes différents et présentent une variété qui donne à l’ensemble du pont plus de vie et de fantaisie.
Les grands couturiers, les bijoutiers, les orfèvres, les fourreurs, les éditeurs d’art, sont les principaux locataires des boutiques.
La décoration et la transformation du pont Alexandre-III sont dues à Maurice Dufrène, l’architecte-décorateur qui dirige les travaux d’art de l’atelier « La Maîtrise ».
©La Science et la Vie - 1925


Dufrêne en 1926-28


1927





1930





1937


Malheureusement, la carrière prestigieuse de Maurice Dufrène est entachée de choix controversés. En 1941, le décorateur proche du régime de Vichy est nommé membre du comité d’organisation professionnelle des Arts graphiques et plastiques.
Une partie de sa vie qui entache la vocation originelle de Maurice Dufrène : démocratiser les Arts Décoratifs, à une époque où les artisans choisissaient de travailler quasi exclusivement pour une clientèle très fortunée. Une vision qui sera au cœur de la démarche du mouvement Art Déco.


1942


1942





Il mourut à Nogent-sur-Marne en 1955. Ses intérieurs allaient éclectiquement des maisons de ville à l'avant-garde en passant par le verre, le métal et les miroirs, en passant par les commandes du Mobilier National pour les ambassades et le Palais de l'Elysée à Paris. Il restera à La Maîtrise jusqu'en 1952. Aujourd'hui, une grande partie de son œuvre n'est pas identifiée.


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