mercredi 23 février 2022

Elisabeth Bonté, l art du bijou en corne. secrets de fabrication.

Une femme se fit une spécialité à l intérieur du monde du bijou, la sculpture de la Corne. Elle est moins reconnue que  Lucien Gaillard, Lalique, Boutet de Monvel, etc et pourtant!!!!  
J ai choisi de vous montrer quelques oeuvres d' Elisabeth Bonté dont nous savons peu de choses

Pendentif : 4" x 2,5". Pompon 5", collier 30". Excellent état, 1920 France.

Grand et impressionnant pendentif Art Nouveau par Elizabeth Bonte, France. Un iris (qui était un motif privilégié à l'époque) est sculpté à la main en corne naturelle et assemblé en deux niveaux pour la dimension et la profondeur. La plupart des pendentifs de l'époque sont beaucoup plus plats et moins ornés. La corne est ensuite patinée à la main dans différents tons pour plus de profondeur et de détails. Des perles de pâte de verre bleu glacé sont ajoutées sur le cordon de soie et le pompon. Elizabeth Bonte, a étudié à l'Ecole des Arts Décoratifs et elle est considérée comme l'un des plus grands maîtres de la joaillerie Art Nouveau en corne. 



L’Art nouveau se caractérise par des formes inspirées de la nature, où la courbe domine.

Le nom venait de celui d’une boutique à Paris, la Maison de l’Art nouveau, que le marchand d’art allemand Siegfried Bing avait ouverte en 1895.
Siegfried Bing pensait que la civilisation européenne traversait une période de grande turbulence et était confrontée à des changements politiques, sociaux et technologiques sans précédent ; Il n’était pas le seul a penser que l’art et de la décoration devait suivre et s' adapter à cette évolution.



                                   Pendentif Corne Papillon Art Nouveau Elizabeth Bonté

A la fin du XIXe siècle, l’Art nouveau va toucher tous les arts plastiques ,la sculpture, l architecture la peinture, les arts graphiques mais aussi les arts décoratifs,  dont la bijouterie joaillerie.

L' Europe puis le monde seront touchés par le style art nouveau, des lignes aux courbes élégantes, des fleurs, des végétaux et autres motifs naturels, des figures élancées de femmes idéalisées aux longues chevelures flottantes. Il marque également le retour de la couleur, tant en architecture qu'en peinture. Telles sont aussi les caractéristiques du « style Mucha », comme on l’appellera en France.


Collier et pendentif "Papillon" d'Elisabeth Bonté  années 1900 Corne et pâte de verre


Pendentif de Georges Pierre année 1900 en corne et pâte de verre (bibliothèque des arts)


Pendentif et collier années 1900, par l associé d'Elisabeth Bonté, Georges pierre Corne et pâte de verre


Collier et pendentif d''Elisabeth Bonté vers 1900 en corne, pâte de verre , calcédoine et porcelaine  bleue.


Georges PIERRE, vers 1900
Deux broches en corne sculptée, l’une en forme d’abeille, l’autre en forme de papillon (aile accidentée). Épingles en métal. Signées GIP pour Georges Pierre. Vers 1905. Georges Pierre s'associa avec Elisabeth

Les Joailliers suivant le mouvement travaillèrent comme à leur habitude, l’or, le platine, le diamant et les pierres précieuses, mais d autres, certainement désireux d’aller vers une démocratisation du bijou tout en suivant cette mode nouvelle appliquèrent au bijou de nouvelles matières.
Au diamant il préférèrent des pierres fines, la corne, l’ivoire, des matériaux non précieux. L’utilisation habile de la corne était caractéristique des bijoux Art Nouveau, elle est l’exemple du désir qu’a l’artiste de transformer les matériaux les plus humbles en oeuvre d’art.
Lalique est supposé avoir été le premier à se servir de la corne, mais beaucoup de ses confreres exploitèrent aussi les qualités de ce matériau inhabituel :

On pouvait donner à la corne le velouté et le lustre de la peau, une pellicule organique vivante, et sa translucidité, sa légèreté et ses changements de couleurs capricieux plaisaient aux bijoutiers. (Vivienne Becker)

Bonté Elisabeth

Elle était utilisée par des ateliers français de moindre renommée, qui en faisaient des pendentifs, des broches, des ornements de chevelures, et des accessoires comme des coupe-papiers. L influence de la mode vestimentaire voulait des peigne pour les cheveux, il s’en fabriqua aussitôt d’énormes quantités Meme produites en grandes quantités, les pièces restaient fidèles aux thèmes Art Nouveau : plantes, fleurs, insectes, abeilles, mouches et libellules. Beaucoup de ces objets étaient signes, les noms Bonté et Gip (Georges Pierre) étaient parmi les plus connus.
Elisabeth Bonte, élève des Arts Decoratifs travailla sans grand succès une série de matériaux insolites avant la corne dont elle fabriqua beaucoup de beaux bijoux raffinés, malgré la difficulté de travailler une matière dure et cassante. Beaucoup des techniques de l'époque sont aujourd’hui pratiquement perdues. Son plus grand rival était Georges Pierre, connu sous ses initiales G.I.P. Ils finirent par faire fusionner leurs ateliers, où ils travaillèrent ensemble jusqu’en 1936, continuant à produire des pendentifs Art Nouveau jusqu’à ce que les matières plastiques l’emportent sur les matériaux naturels.



Ce collier est en vente à la galerie Robert Zehil à Monaco, galerie ne vendant que des objets choisis d' un goût assuré .
PENDENTIF, VERS 1900 Corne sculptée et patinée, perles de verre Signé 8,7 x 6,5 cm




Centre du collier ci-dessus , d'autres auraient ajouté des matières précieuses , perles fine, diamants, pierres de couleur, perle, Elisabeth Bonte ne travaillait que la corne et des matières comme le verre moulé.




Elizabeth BONTE, époque Art Nouveau. Collier en corne sculptée figurant une cigale, liens marron et perles bleu turquoise. Signé au revers.  Revendue par Maitre Metayer L_11 cm


J ai cherché à savoir comment on traitait à cette époque la Corne, et j ai trouvé à la BNF le " Manuel pratique du travail artistique de la corne / par Joseph Pegat,.."

Je résume: 
Les produits chimiques sont innombrables qui attaquent plus ou moins la corne en la colorant, mais quels sont parmi ces produits ceux qu'on peut utiliser avec confiance ? Nous ne saurions le préciser ici.
Aussi conseillons-nous simplement de n'utiliser que les deux produits que l'on trouve couramment chez les fournisseurs, à savoir :
La patine brune qui employée pure et à chaud produit un noir transparent et étendue d'eau et à froid donne toute la gamme des bruns.
Et la patine jaune (jaune vif ou jaune orange) donnant la gamme des jaunes et même avec le jaune orange la gamme des roux.




1910 collier de Georges Pierre et Elisabeth Bonté

A défaut des patines commerciales, et pour les personnes qui ne peuvent aisément s'en procurer, nous conseillerons de teindre :
1° En noir, avec une dissolution d'argent dans de l'acide nitrique ;
2° En brun avec une dissolution de mercure dans de l'acide nitrique ; 3° En jaune rouge avec une dissolution d'or dans de l'eau régale (l'eau régale est un mélange commercial d'acide chlorhydrique et d'acide azotique).
Ces patines commerciales ou autres utilisées soit seules soit avec les couleurs dont nous allons parler, seront d'une suffisante ressource pour nous permettre d'obtenir les plus heureux effets. D'autant plus que nous ne saurions trop recommander ici la sobriété, les bariolages variés étant tout à fait hors de saison et la distinction étant pour nous ce qu'il y a de plus nécessaire (1).
B. — Les teintures, soit à l'alcool, soit à l'eau, sont utilisables pour la coloration de la corne.
Bien qu'il soit aisé de trouver toutes les teintes de couleurs d'aniline ou autres, nous ne conseillerons pas de charger les godets de plus de quatre teintes. On se servira donc seulement : du bleu de méthyle, du jaune de fluorescéine, du rouge d'éosine, et du rouge congo.
On se procurera des couleurs saturées c'est-à-dire des teintures mères, les plus foncées qui soient. Les teintes claires s'obtiennent en diluant les teintures mères dans l'eau ou l'alcool, suivant que les couleurs employées sont à l'eau ou à l'alcool.
Avec les patines (produits chimiques) et ces quatre couleurs nous en aurons largement assez pour, par superposition, obtenir toutes les teintes voulues.



GEORGES PIERRE associé de Elisabeth Bonté vendu par Tadema Galerie  
Peigne Cigale Art Nouveau, en corne, verre H  9,00 cm (3,54 po) |  L  14,00 cm (5,51 pouces)
Origine Français, ch. 1910 Cas Corne gravée, rehaussée de couleur.
Illustrée dans leur  livre :
Beatriz Chadour-Sampson & Sonya Newell-Smith, Tadema Gallery London Jewellery from the 1860s to 1960s, Arnoldsche Art Publishers, Stuttgart 2021, p. 51



Par Elizabeth Bonté magnifique collier pendentif floral en corne Art Nouveau. Un fil de coton en guise de chaîne.
Le grand pendentif rond délicatement sculpté figurant des fleurs toujours aux couleurs vives peintes à la main orné d'une perle goutte de verre en pâte de verre multicolore.
Longueur totale du fil 88 cm diamètre du pendentif 6 cm Perle goutte de verre longueur 2,5 cm
Poids 13 grammes



En 1875 Messieurs Lebrun et Magnier écrivaient
Il choisira d'abord des feuilles de corne empruntées aux chèvres et aux moutons, parce qu'elle est plus blanche que celle des autres animaux. Il devra surtout s'attacher à lui donner l'apparence de l'écaillé. On y parvient par les moyens suivants :
Procédé pour donner à la corne l'apparence de l'écaille.
1° Pour communiquer une teinte rouge à la corne, on répand sur la surface une dissolution d'or dans de l'eau régale. Cette solution se compose de : 3 parties d'acide chlorhydrique, 1 partie d'acide nitrique et 1 partie d'or laminé.
2° On lui donne une couleur noire, en répandant de même une dissolution d'argent dans de l'acide nitrique.
3° La corne prendra une couleur brune si elle reçoit une dissolution faite à chaud dans de l'acide nitrique.
Si l'on emploie ces diverses substances avec goût et par place sur la surface de la corne, on lui donnera une ressemblance si exacte avec l'écaillé, qu'il sera bien difficile de distinguer les deux substances entre elles




Signature d'Elisabeth Bonté sur ses broches

La corne est une matière première qui est issue de la corne des ongles ou des sabots, sous-produits des animaux d'élevage.
La corne permet de la fabrication d'objets divers : embouchures d'instruments de musique, embout des zahatos (gourdes des bergers basques), anciens dés à coudre, pommeaux de parapluie, montures de lunettes, peignes, manches de couteaux, boutons, encoches de flèches, étuis de tablette de cire de l'Antiquité... ainsi qu'en marqueterie ou en joaillerie.

Depuis l'invention de la galalithe, elle est de plus en plus fréquemment remplacée par la matière plastique qui ne nécessite pas de travail de mise en forme.


Petite broche en corne d'Elisabeth


Broche Abeille

La corne peut être assouplie par trempage dans l'eau bouillante et passage sous presse pour obtenir des tablettes plates pouvant être gravées ou découpées à la scie à chantourner.
Pour graver la corne il est préférable de la faire tremper dans l'eau froide la veille, pour éviter de soulever de trop gros éclats.
Le polissage s'effectue avec des brosses en soie de porc trempées dans du rouge de Venise délayé dans de l'huile.
La corne peut être aussi colorée en noir de la façon suivante : Faire bouillir de la poudre de noix de Galle dans de l'eau et la faire diminuer jusqu'à ce que la mixture soit sirupeuse ajouter alors 3% de sulfate ferreux. Cette mixture est appliquée sur la corne préalablement trempée dans une solution acide de nitrate de mercure. On laisse le tout une demi journée à une journée avant rinçage.
Pour souder deux morceaux de corne il faut préalablement biseauter les bords, puis les faire chauffer les appliquer l'un contre l'autre et les maintenir ainsi avec des pinces plates chauffées. Par la suite il suffit d'ébarburer et de repolir. Voir : 
http://www.physique-et-matiere.com/



Broche Libellulle

Catawiki qui a revendu cette pièce écrit : Pendentif Art Nouveau en corne de buffle sculpté en forme d’une libellule, Signé par le GIP (Georges, Pierre), années 19-1910 Georges Pierre avait partagé un atelier avec Elisabeth Bonté en France . Les deux étaient des acteurs importants du mouvement Français Art Nouveau.
Les thèmes plus populaires de ces deux créateurs étaient des libellules, des fleurs, des feuilles, des papillons et autres insectes à l’aide de polissage complexe


Broche  en corne cigogne Elizabeth Bonté Art Nouveau vers 1900 



Fleur couleur ambre



ELIZABETH BONTE  revendu par Tadéma Gallery
Collier Art Nouveau Fuchsia Corne, cordon de soie, pâte de verre H  11,60 cm (4,57 po) |  L  6,20 cm (2,44 pouces) Origine Français, ch. 1900 Corne gravée, rehaussée de couleur.
Illustré dans le livre :
Beatriz Chadour-Sampson & Sonya Newell-Smith, Tadema Gallery London Jewellery from the 1860s to 1960s, Arnoldsche Art Publishers, Stuttgart 2021, cat. non. 145
cf. Bijoux et Reliures-Artistes du XXe Siècle La Bibliothèque des Arts-Paris 1992, p. 30, 31 & 32



Collier Libellule


Collier  Papillon  Genève  Musée de Genève Elisabeth Bonté haut.: 6.65 cm larg.: 8.35 cm
Corne sculptée, turquoises, lien textile

Description
Ce bijou signé par Elizabeth Bonté, bijoutière à Paris, complète un lot de bijoux similaires et met en évidence l’intérêt d’une « signature », car cette créatrice est réputée pour ses bijoux en corne sculptée. La corne gravée est soit imbibée de peroxyde d'hydrogène pour ajouter de la brillance au matériau translucide, soit peinte d'une fine couche d'émail nacré pour donner l'effet de véritables ailes d'insecte. Les perles en pâte imitent des turquoises ou d’autres pierres dures et des ambres. Son contemporain George Pierre a créé des bijoux similaires en corne et a ensuite noué un partenariat avec elle dans le Jura français jusqu'en 1936.



Collier Fushia  revendu par Tadema Gallery London
ELIZABETH BONTE. Suspension Art Nouveau Fuschia,L  6,20 cm (2,44 pouces) |  L  12,20 cm (4,80 po) Origine Français, ch. 1900   marques 'E. Bonté'
Corne gravée, rehaussée de couleur
cf. Bijoux et Reliures-Artistes du XXe Siècle La Bibliothèque des Arts-Paris 1992, p. 30, 31 & 32



Collier de coton doré alternés de perles de verre de couleur mauve, verte et noire soutenant un pendentif de forme oblongue en corne, ajouré à décor de chardon rehaussé en son centre d'une perle cabochon et soutenant en pampille une goutte - Epoque Art Nouveau - Dim pendentif : 110x50mm 




Attribué à Elisabeth Bonté ( Périodes d'activité : Paris, 1er quart 20e s. ) , bijoutière vers 1900
haut.: 10.4 cm larg.: 8.1 cm poids: 29 g . Corne sculptée, verroterie pailletée d'or, perles de verre, soie
Musée d art et d histoire de Genève


Elizabeth BONTE, époque Art Nouveau.
Collier en corne sculptée figurant une cigale, liens marron et perles bleu turquoise.
Signé au revers. L_11 cm


Collier-pendentif Attribué à Elisabeth Bonté  haut.: 10.4 cm larg.: 8.1 cm poids: 29 g. 
Corne sculptée, verroterie pailletée d'or, perles de verre, soie  Musée d Histoire de Geneve



Collier Libellule bleue revendu par la galerie Tadema


Un commentaire(ci- dessous si vous avez un compte Google), un complément, richard.jeanjacques@gmail.com


dimanche 13 février 2022

Le KOH-I-NOOR , "Montagne de lumière" Légende et réalité

 


Le Koh I Noor

Les temps sont si lointains où les Dieux fréquentaient les hommes, la tradition orale transforme à chaque génération la réalité et nous construit une Légende, c'est ainsi que naquit celle du Koh I Noor.

Un matin la fille d'un cornac jouait sur les rives d'un des sept grands fleuves sacrés de l'Inde, La Yamûna. Cette jeune fille découvre dans les roseaux un nourrisson revêtu d'une armure d'or et dans le bandeau sur son front, une "pierre de lumière"
L'enfant s'appelait Karna et il était le fils de Sûrya, le Dieu soleil, et d'une princesse de la famille des Kaurawa.
Des années après, on révéla qui il était, et Karna fut admis à la cour et élevé avec les fils du Roi.
Les Kaurawa était une famille légendaire de l'épopée de l'hindouisme le Mahabharata1. Elle aurait eu cent fils de Gāndhārī et de Dritarashtra, (un roi aveugle). L'aîné d'entre eux, Duryodhana, par son entêtement, fera éclater la guerre entre Kaurava et Pândavas leurs cousins , ce qui constitue la base de l'histoire de la Mahābhārata, la guerre se nommant bataille du Kurukshetra. La bataille de Kurukshetra (devanagari : कुरुक्षेत्र युद्ध) est la bataille qui, pendant 18 jours, opposa les Kauravas aux Pandavas, et forme une partie essentielle de l'épopée sanskrite de la mythologie hindoue, le Mahābhārata.

Karna croyait que le diamant qui ornait son front le rendait invincible, et voulut provoquer Arjuna le plus courageux des Pândava en combat singulier. Hélas, les Dieux s'en mêlèrent et Krishna en personne prit partie pour les Pandava et Karna fut tué. Le Koh I Noor disparut dans la poussière.
Quelque temps plus tard, une jeune fille découvrit par hasard la pierre et l'emporta pour la remettre au temple de Civa à Thânesar .

Thanesar est une ville historique et un important centre de pèlerinage hindou dans l' État d' Haryana , dans le nord de l' Inde . Il est situé dans le district de Kurukshetra , à environ 160 km au nord-ouest de Delhi . La ville de Thanesar signifie l'ancien nom de la ville de kurukshetra.

Dieu Civa , musée du quai Branly à Paris

Un Brahmane fixa immédiatement la pierre sur la statue du Dieu, à la base du front, à l'emplacement du troisième "oeil" celui de l'illumination.
Il était sous la garde des prêtres Brahmanes , une légende disait qu'un sacrilège s'était introduit dans le temple  pour voler la pierre et qu' au matin , à l ouverture des portes on le retrouva mort.
Les prêtres disaient aussi" Celui qui possèdera ce diamant possèdera le monde. Mais il connaitra les plus grands malheurs car seuls, un dieu ou une femme peuvent le porter impunément
Le décret de Civa était donc à l origine  de la rumeur grandissante comme quoi le Koh I Noor portait malheur.
En réalité le Koh I Noor apparut pour la première fois dans une chronique de 1304 comme appartenant au Rajah de Màlwa. la première mention du diamant se trouve dans le Babur Nama, la chronique de la vie de Bâbur, qui le signale en possession du râja de Mâlvâ en Inde. Certains experts affirment que le sultan ʿAlāʾ-ud-Dīn Khaljī a pris le joyau en 1304 au Raja de Malwa , en Inde, dont la famille en était propriétaire depuis de nombreuses générations
Pendant deux cent ans , plus personne n'entend parler du Koh I Noor


1520 Babur

Le 4 mai 1526, le sultan Babur (Le Tigre), descendant par sa mère de Gengis-Khan (Chingiz Khān) et par son père de Tamerlan (Timūr-Lang), Zahīr ud-dīn Bābur est le fondateur de la dynastie moghole en Inde, s’empare du sultanat de Delhi qui s’étend sur le nord de l’Inde et fonde l’Empire moghol. En 1524, à la demande de Daulat Khān, gouverneur de Lahore, Bābur se met en route pour sa quatrième invasion et sans rencontrer d'opposition sérieuse il traverse le Panjab et après avoir laissé un petit détachement armé à Lahore revient à Kaboul.
À partir de ce moment la conquête de l'Inde septentrionale se déroule en trois étapes. C'est pendant l'hiver de 1525 que Bābur tente un coup décisif. Après avoir réuni une troupe de douze mille hommes, il passe la frontière, remonte l'Indus jusqu'à Sialkot où son fils Humāyūn, âgé de dix-huit ans, le rejoint, il met Daulat Khān en déroute et parvient en avril 1526 dans la plaine de Pānipat pour affronter les seigneurs afghans de la cour d'Ibrāhīm Lodi. Devant un ennemi bien supérieur en nombre, Bābur remporte le 21 avril 1526 une victoire éclatante grâce à son sens tactique et à un armement moderne pour l'époque. Bābur s'empare de Delhi et envoie son fils Humāyūn à Āgra, 
La veuve de Lodi, le souverain vaincu tué par Babur, lui offre le "Montagne de Lumiere"
achevant ainsi la première phase de sa conquête le premier des Grands Moghols baptise la pierre de son nom et la lègue à son successeur, Humayun.


Humayn

Un an après  Humāyūn tombe gravement malade ; Bābur le fait transporter à Āgra. Voyant que tous les remèdes sont impuissants, il demande à Dieu de lui prendre sa propre vie pour que son fils soit sauvé. Tandis que Humāyūn recouvre la santé, Bābur s'affaiblit de plus en plus. Telle est, du moins, la légende que l'on rapporte au sujet de la mort de Bābur, qui survient dans les tout derniers jours de décembre 1530 à Āgra. (Universalis)

Humayun fait présent du diamant de Babur au Shah de Perse, qui lui a offert l’hospitalité après une révolte l’ayant obligé à fuir l’Empire moghol en 1544.On retrouve la trace du diamant dans l’Empire moghol près d’un siècle plus tard, en possession du Shah Jahan (Maître du Monde), qui l’a rebaptisé Grand Moghol.


Le Shah Jahan

Shahab-ud-din Muhammad Khurram, plus connu sous son nom de règne Shâh Jahân (ou Chah Djahan ; Roi du monde), né le 5 janvier 1592 à Lahore (Empire moghol) et mort le 22 janvier 1666 au Fort d'Agra à Agra (Empire moghol), est le cinquième empereur moghol. Son règne s'étend du 19 janvier 1628 au 31 juillet 1658.
Shâh Jahân était généralement considéré comme le plus compétent des quatre fils de l'empereur Jahângîr et après la mort de Jahângîr à la fin de l'année 1627, lorsque la guerre de succession éclata, Shâh Jahân en sortit victorieux. Il met à mort tous ses rivaux pour le trône et est couronné empereur en janvier 1628 à Agra sous le nom de règne "Shâh Jahân" (qui lui a été donné à l'origine comme titre princier).


Taj Mahal et fort d'Agra

Bien qu'il soit un militaire compétent, Shâh Jahân est plus célèbre pour ses réalisations architecturales. La période de son règne est généralement considérée comme l'âge d'or de l'architecture moghole. Shâh Jahân commanda la construction de nombreux monuments, dont le plus connu est le Taj Mahal à Agra, mausolée où il repose à côté de son épouse bien-aimée Mumtaz Mahal.



Shah  Jahan au Victoria & Albert Muséum et le trône du Paon

Le nom vient de la forme du trône, derrière lequel se tiennent les représentations de deux paons debout, parures déployées, le tout orné de saphirs, rubis, émeraudes, perles et autres pierres précieuses de couleurs aptes à symboliser la vie. Le trône avait été créé pour l'empereur moghol (Hindustani) Shah Jahan au XVIIe siècle, et se trouvait dans la halle d'audience publique (le Diwan-i-Am) dans sa capitale impériale, Delhi.
Le voyageur français Jean-Baptiste Tavernier, qui vit Delhi en 1665, explique que « le trône est à peu près de la forme et de la grandeur de nos lits de camps » (le trône est un takht, c'est-à-dire une plate-forme ou un lit), long de 1,80 m et large de 1,20 m, supporté par quatre pieds dorés de 50 à 70 cm de hauteur. Au-dessus des pieds s'élevaient douze colonnes qui supportaient la canopée (le ciel du trône) ; les pieds étaient décorés de croix de rubis et d'émeraudes, ainsi que de diamants et de perles. Il y avait en tout 108 grands rubis sur le trône, et 116 émeraudes, mais beaucoup ont disparu au cours du temps. Les douze colonnes soutenant la canopée étaient décorées de rangées de splendides perles, et Tavernier considérait que c'était là la partie la plus précieuse du trône. En fin négociant, Tavernier évalue ce chef-d'œuvre en or massif, serti de 26 733 pierres précieuses, à 12 millions de livres tournois, ce qui équivaut à la somme dépensée pour la construction du château de Versailles entre 1660 et 16801.


Tavernier

Carte des voyages de Tavernier

En 1738 Muhammad Shah voit son pays envahi par un général  d'origine Turque qui vient de s'emparer  du trône de Perse , Muhammad est vaincu  et s'empare du trône du paon en or de toutes les pierres précieuses


Croquis du Koh I Noor d'après Tavernier


Le Shahanshah Nader Shah envahit l'empire moghol en 1738 et revint en Iran avec le trône du Paon ainsi que d'autres trésors, et en particulier les plus grands diamants du monde Koh-i Nor et Daria-e nour, pris en tant que tribut de l'empereur moghol Muhammad Shâh.
Depuis lors, le terme « trône du Paon » est utilisé pour désigner non seulement le trône, mais aussi la monarchie iranienne elle-même.



Nader Shah ne trouva pas de suite le Khoh I Noor , mais avec la complicité de l'ex femme délaissée de Muhammad qui lui expliqua que ce dernier le cachait dans son turban, et Nader Shah se rappelant une vieille coutume l'invita a un festin et demanda a échanger avec lui son turban et Muhammad, le vaincu ne put s'y opposer  ce qui permit a Nader Shah de ramener le Koh I Noor en perse.

En 1747, les gardes du corps de Nader Shah l'ont assassiné  Le trône du paon a fini par être coupé en morceaux pour son or et ses bijoux. Bien que l'original ait été perdu dans l'histoire, certains experts en antiquités pensent que les jambes du trône Qajar de 1836, également appelé trône du paon, auraient pu être tirées de l'original moghol. La dynastie Pahlavi du XXe siècle en Iran a également appelé leur siège de cérémonie "le trône du paon", poursuivant cette tradition pillée.  (Greelane)
En 1747, après l'assassinat de ce dernier, l'Afghan sardar Ahmad Khan Abdali, le futur Ahmad Shâh Durrani d'Afghanistan, qui a été un de ses lieutenants, va offrir une protection à la veuve de Nâdir Shâh en la raccompagnant jusqu'à destination ; au moment de leur séparation, la reine veuve va offrir le célèbre diamant comme remerciement au prince afghan. Ainsi le Koh-i Nor va-t-il devenir un des joyaux de la cour d'Afghanistan.
Durant les années 1793-1818, l'Afghanistan va connaître une guerre fratricide entre les petits-fils d'Ahmad Shâh Durrani pour le trône d'Afghanistan. En 1800 l'empereur Zaman Shâh Durrani est renversé par son demi-frère Mahmud Shah Durrani qui va l'aveugler et l'emprisonner dans les cachots de la citadelle royale de Kaboul, le Bala-Hissar. Le nouveau souverain n'arrive pas à mettre la main sur le célèbre diamant qui aurait disparu du trésor royal. En 1803, l'autre frère, Shah Shuja Durrani, le renverse et se proclame empereur à son tour. Son premier geste est de libérer son frère aîné, l'ancien empereur Zaman Shâh. Ce dernier va lui révéler la cachette de Koh-i Nor, qui avait été dissimulé dans les murs de son cachot. Le 25 février 1809, un émissaire diplomatique britannique, Mountstuart Elphinstone rend visite à Shah Shuja dans sa cour d'hiver à Peshawar, pour le persuader de contrer les avancées possibles de l'empereur français Napoléon sur l'Inde Britannique à travers la Perse, l'Afghanistan. Il existe une description de ce diamant dans son livre : Account of the Kingdom of Cabul and its Dependencies in Persia and India (1815) : le Koh-i Nor ornait alors le poignet du souverain afghan.

  Rangit Singh

Rangit Singh , le "Lion du Penjab" c'est vers lui que se tourne Shah Shuja .

Le Pendjab (pays aux cinq rivières), aujourd’hui divisé entre l’Inde et le Pakistan, est alors gouverné par  Ranjit Singh. 
Il accueille le Roi d’Afghanistan à Lahore, sa capitale. En échange de fonds pour lever une armée, le Lion du Pendjab demande à Shujâ de lui céder le Koh-i-Noor.  Mais Shuja , lorsque Rangit Singh lui demande à quel prix , lui réponds "Prends cinq hommes vigoureux. Que le premier jette une pierre vers le nord, le second vers l'est, le troisième vers le sud, le quatrième vers l'ouest et le cinquième dans les airs Emplis d'or tout l'espace ainsi défini et tu n'auras pas encore atteint la valeur de la Montagne  de lumière"
.


Le Roi du Penjab  fait monter le diamant sur un bracelet émaillé, en or, avec deux autres diamants.
Taillé avec une ancienne taille indienne , il pesait 186 carats, il demeura dans le trésor de Lahore jusqu'en 1849, quand les anglais  après une révolte de Sikhs occupèrent le Panjab
Malheureusement, les successeurs de Ranjit Singh n’arrivent pas à la cheville de leur illustre aïeul. Petit à petit, l’Angleterre grignote les territoires indiens et, le 29 mars 1849, annexe le Penjab et contraint son chef à signer un traité aux conditions particulièrement dures : le maharajah régnant renonce pour lui et ses successeurs à la souveraineté du Penjab et tous les biens sont confisqués au profit de la Compagnie des Indes Orientales.



Le marquis de Dalhousie, gouverneur général des Indes, souhaite offrir le Koh-i-Noor à la Reine Victoria, contre l’avis même de la Compagnie des Indes. La Compagnie des Indes qualifie cette décision « d’inconstitutionnelle et irrégulière » puisque l’administration des Indes lui a été confiée à elle seule.
Le marquis n’a que faire de ces considérations juridiques et le diamant quitte l’Inde dans le plus grand secret, à bord du Médée, le 6 avril 1850. Le diamant, qui semble poursuivre les hommes d’une malédiction, fait à nouveau des ravages. L’équipage, victime d’une attaque de choléra, est presque décimé lorsque le navire accoste à Portsmouth le 29 juin.
Le diamant fut délivré à la Reine lors d’une audience privée par le président et le vice-président de la Compagnie des Indes orientales qui prirent bien soin de spécifier que le Koh-I-Noor avait été remis et non offert.
Le diamant, que le prince Albert juge sans éclat et que la Reine Victoria estime moins remarquable que les magnifiques perles pillées dans le trésor de Penjab, rejoint pourtant les collections royales britanniques.






En 1851, lors de  l'exposition Universelle de Londres, le diamant fut exposé au Crystal Palace, mais les visiteurs furent désappointés car ce diamant de par sa taille indienne n'avait que peu d'éclat, alors de plus avec ce nom de "Montagne de Lumière" ces visiteurs trouvaient que ce diamant ne méritait pas cette appellation.


Alors la Reine fit venir d'Amsterdam, le tailleur Voorsanger , célèbre tailleur de la maison Coster.
Le Koh I Noor vit alors son poids ramené de 186 carats à 108 carats 93
La Reine était superstitieuse  et n'écoutant que toutes les légendes indiennes qui racontait qu'il portait malheur aux hommes et non aux femmes spécifia dans son testament que seule l 'épouse du futur Roi pouvait le porter.
Victoria le porte ensuite maintes fois en broche ou en diadème, comme au bal donné par Napoléon III en 1855 à Versailles, avant que ce dernier ne soit incrusté en couronne.



1861 dans les archives Hulton (Getty images)



1875 dans le journal républicain "Le Midi"


1896  journal Le Tell


1899 dans le Moniteur du Dessin
D'autres objets furent fabriqués avec son nom


En 1910 on déposa même une  marque


1902 dans le journal "L Oued Sahel" le Roi d Angleterre choisit des modèles de Couronne pour y inclure le Koh I Noor
George V, petit-fils de la Reine Victoria, devient Roi en 1910. Il se rend à Delhi l’année suivante avec sa famille pour recevoir l’hommage de ses sujets. En présence des plus éminents rajahs de l’Empire, la Reine Mary est parée d’une couronne au sommet de laquelle brille  le Koh-i-Noor. 



C'est en 1937  que le diamant fut serti sur la couronne  de la Reine Elisabeth épouse du Roi Georges VI.


Lors du couronnement de Georges VI on le voit sur la couronne de la Reine et près de son bras gauche, la future Reine Elisaeth II


Le Koh I Noor ne sortait  jamais de la tour de Londres, sauf pour les couronnements  mais en 1938, il accompagna les souverains d 'Angleterre pour leur visite officielle à Paris 
Après la visite le journal l'Oeuvre rapporte qu' il fut ramené dans la Tour de Londres escorté par huit policiers de Scotland Yard armés 


Le Roi Georges VI et la Reine à Paris


Depuis il y a régulièrement des demandes de restitution de tous les objets précieux qui avaient été "pris" par les Anglais Le diamant a été nominalement donné à la reine Victoria par le jeune Maharajah Duleep Singh, dernier dirigeant de l'empire sikh  mais les circonstances entourant le don ont toujours été un peu floues  ,cet article de journal date de 1947. 
Par la suite, des nationalistes hindous demandent à plusieurs reprises le retour du diamant en Inde, notamment en 1953, le jour du couronnement d’Elizabeth II. Nehru refuse alors, arguant avec intelligence du principe que l’Inde démocratique n’a plus besoin de joyaux impériaux.
Le Pakistan à son tour réclame le joyau en 1976, doublé par l’Iran qui revendique aussi le précieux diamant. Le Premier ministre anglais se tire d’affaire en assurant les deux pays rivaux que le diamant ne sera rendu à aucun…
En 2002, pour les funérailles de la Reine mère, le Koh-I-Noor réalise sa dernière sortie officielle. Toujours enchâssé dans la couronne ayant servi au couronnement de la mère d’Elizabeth II, il est posé au centre du cercueil de sa dernière dépositaire.( Plume d histoire)
Le diamant est aujourd’hui exposé à la Tour de Londres avec les autres joyaux de la Couronne.


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