L’histoire de la maison Vever ( à gauche sur la photo) illustre à merveille l’ascension d’une famille partie d’humbles origines pour atteindre les sommets de la joaillerie française. Trois générations se succèdent, chacune marquant de son empreinte une époque et apportant sa vision de l’art du bijou. Pierre, le pionnier, quitte les fourneaux pour s’essayer à l’orfèvrerie. Ernest, son fils, donne à l’entreprise familiale une dimension nouvelle en la transplantant de Metz à Paris. Enfin, Henri, figure emblématique de la Belle Époque, élève la maison au rang d’institution artistique et historique. Ensemble, ils composent une véritable saga où se mêlent persévérance, audace et passion créatrice.
Cliquez sur toutes les photos pour les agrandir
Pierre Vever: Des fourneaux à l'Orfèvrerie
L’histoire commence avec Pierre Vever, né en 1795 dans une famille modeste.Pierre Vever s'installa comme maître rôtisseur, traiteur, cabaretier, aubergiste au n° 8 place de la Comédie. Il y mourut le 22 messidor an II (10 juillet 1794) pendant la terreur, alors que la place était devenue place de l'Egalité, où trônait la guillotine.
Sa veuve, avait quarante trois ans, elle était enceinte d'un enfant qui naquit le 3 nivôse an III (23 décembre 1794) et à qui fut donné le prénom de Pierre.
Pierre perd sa mère en 1809 , il a 14 ans, il ne lui reste que sa soeur ainée pour l'élever, Mme Christiane PIGNON-FELLER historienne, suggère qu' Anne Madeleine s'étant mariée un an après la mort de leur mère avec Jean-Jacques Boileau, receveur de la loterie impériale, celui-ci ne fut pas étranger au choix de carrière de Pierre.
Personne ne sait ou il fit son apprentissage , quel Maître orfèvre l'embaucha?
À 26 ans, en 1820, Pierre dépose officiellement son poinçon d’orfèvre,
" Aujourd'hui, 14 septembre 1820, est comparu Pierre-Paul Vever, orfèvre, bijoutier, joaillier en cette ville, place Saint-Jacques n° 24 lequel a déclaré être dans l'intention de vendre des ouvrages de bijouterie et d'orfèvrerie et se soumettre à exécuter les règlements qui concernent la profession et notamment les règlements sur la garantie des matières d'or et d'argent, lequel a insculpté [...] un poinçon ayant pour empreinte les lettres initiales de son nom PV"
D'après Henri Vever Il va d'abord en 1821 faire construire au centre ville de Metz Rue Fabert (actuellement voie piétonne) un immeuble avec magasin et atelier
Il installe son atelier place Saint-Jacques en étage, on ne sait qui l aida dans une réussite aussi rapide car il acquiert , le 4 mai 1822, la maison du n° 3, rue des Petites Tappes et la reconstruit en 1823 ? .
En 1823, il épouse Antoinette Pesteturenne, fille d’un rentier, et fonde une famille.
Deux fils naissent de cette union : Ernest, destiné au métier, et Félix, promis à l’armée. Félix, brillant et courageux, meurt tragiquement en Crimée, frappé par un boulet à Sébastopol.
Il dépose un deuxième poinçon en 1835 portant une ancre entre les initiales P.V. et le dépôt d'un troisième en 1840 pour cause d'usure
5 Rue des Clercs a Metz
En 1835 il acquiert l'immeuble n° 5 rue des Clercs et le fait reconstruire en 1846 . il mourut en 1853, au 5 rue des Clercs, entouré de son épouse et de ses deux fils.
Ernest, «fut préparé, dès sa sortie du lycée à devenir bijoutier. Son apprentissage terminé et après être revenu faire un stage très profitable chez son père, il résolut d'aller se perfectionner en Allemagne et en Autriche. Plein d'ardeur, il partit à pied, sac au dos et visita les centres de fabrication les plus importants » (Henri vever dans ses livres sur la bijouterie française au XIX eme)
1852 : La section tient à vous rappeler aussi qu'elle doit ses plus beaux succès au zèle de MM. Baudot et,Th. Gallyot, qui ont pris part à la direction des choeurs, de M. Pierné, qui avait accepté la responsabilité de toute la partie vocale des réunions, et de M. Mouzin, qui a continué à remplir ses lourdes fonctions de chef d'orchestre avec une rare intelligence. Vos commissaires n'ont fait qu'aller au-devant de votre désir lorsqu'ils ont offert à ce dernier, en récompense de ses utiles services, un bâton d'honneur, charmant ouvrage d'un autre artiste qui honore l'orfévrerie messine, M. Ernest Vever; les applaudissements réitérés d'un nombreux auditoire, qui n'était pas plus que lui dans le secret de cette surprise, ont dû rehausser encore aux yeux de M. Mouzin le prix de ce solennel témoignage de gratitude et d'estime. (Journal des Arts)
Ernest Vever : L'artisan voyageur et l'essor de la maison familiale
Ernest Vever, né en 1823, se forme d’abord chez son père,
Henri Vever dit de lui «fut préparé, dès sa sortie du lycée à devenir bijoutier. Son apprentissage terminé et après être revenu faire un stage très profitable chez son père, il résolut d'aller se perfectionner en Allemagne et en Autriche. Plein d'ardeur, il partit à pied, sac au dos et visita les centres de fabrication les plus importants »
Il fréquente l’école de Hanau, réputée pour l’enseignement des arts du métal. Entre 1842 et 1843, à Hanau, il fréquenta probablement la célèbre Staatliche Zeichenakademie Hanau, une des plus vieilles écoles de formation à l'art des métaux précieux d'Europe . Cette Académie avait été fondée en 1772 à l'initiative des fondeurs d'or et d'argent de Hanau. De la Zeichenakademie Hanau sortirent notamment Eugène Fabergé, Christian Dell, August Gaul, Gustav Elsass, Richard Wilm... Ernest rapporta de ce voyage un carnet de croquis réalisés à Hanau (Se trouve au Musée des arts décoratifs, Paris).
À Vienne, il affine son style et revient à Metz en 1848, prêt à reprendre l’atelier familial.
A son retour, il s'occupa des affaires de son père pour lui succéder .Cette même année, il épouse Barbe Gabrielle Daras, issue d’une lignée de potiers d’étain. Le mariage scelle l’union de deux traditions artisanales. Ernest transforme l’atelier de la rue Fabert en un véritable laboratoire de création : bijoux, objets religieux, pièces d’orfèvrerie de table… tout y est façonné avec minutie et inspiration.
L'Orfèvre du Sabre et du Goupillon.
Ernest ne se contente pas de créer des bijoux. Il devient un artisan au service de l’armée et de l’Église. Il fabrique des breloques miniatures pour les officiers : canons, fusils, mortiers, tous fonctionnels à l’échelle lilliputienne. Ces objets séduisent les militaires et deviennent des pièces de collection.
En parallèle, il fabrique des objets religieux somptueux : bénitiers, calices, anneaux épiscopaux. Son travail orne les chapelles et les cathédrales, notamment sous l’épiscopat de monseigneur Dupont des Loges. Il devient l’orfèvre attitré de l’évêché.
Un des premiers actes publics qu'accomplit notre orfèvre bijoutier joaillier fut d'orner « d'attributs et d'élégantes ciselures » le bâton offert au chef d'orchestre messin Edouard Mouzin en 1851. Reconnu dès lors comme un « artiste désintéressé, homme de goût et d'imagination », il se lance dans la fabrication de petits bijoux d'or ou d'argent à suspendre aux chaînes de montre une expression du réalisme de l'époque et un débouché certain dans le marché captif d'une ville de garnison. Ces objets, à peine plus grands qu’un pouce, tirent réellement, leurs roues tournent, leurs coffres s’ouvrent. Un artisanat d’orfèvre, au service du sabre.
« Ces petits canons de campagne, ces pièces de sièges, ces caissons, ces mortiers, ces fusils, ces gabions obtinrent un succès des plus vifs. Ces chefs-d'œuvre de patience et d'adresse se étaient la reproduction à une échelle minuscule et avec tous les détails du matériel d'artillerie alors en usage. Bien qu'ayant à peine trois centimètres de longueur, affût compris, ces canons lilliputiens pouvaient tirer, leurs roues tournaient, les coffres à munitions des avant-trains s'ouvraient... Les officiers de l'Ecole d'application, artilleurs ou sapeurs, séduits par ces petites merveilles les acquéraient pour eux-mêmes et en avaient offert des spécimens au musée des modèles de leur école ». Henri Vever
Mais aussi des breloques moins militaires
Dans les années 1850, Ernest Vever est bien plus qu’un artisan : il devient une figure locale, un homme de goût et d’engagement. En 1851, il cisèle un bâton de chef d’orchestre pour Édouard Mouzin, geste qui marque le début de sa reconnaissance publique.
1851 Naissance de Paul Vever
Parallèlement, l’Église messine connaît un renouveau. Sous l’épiscopat de monseigneur Dupont des Loges, les chapelles se parent de calices, ostensoirs et bénitiers ciselés par Vever. En 1851, il réalise un bénitier en argent surmonté d’un petit Saint Louis recueilli devant la Couronne d’épines, chef-d’œuvre de finesse gothique. . En 1865, il cisèlera l’anneau épiscopal du prélat, orné d’une émeraude entourée de brillants. L’orfèvre devient alors un pilier du patrimoine religieux local.
En 1861, Metz organise une grande exposition industrielle sur l’Esplanade. Ernest Vever y expose ses plus belles créations : objets religieux, bijoux en or et diamants, coffrets d’ébène et d’argent. Il insiste pour que ses pièces soient surveillées la nuit, tant leur valeur est élevée. Contrairement à ses concurrents parisiens qui misent sur la reproduction en série, Vever défend l’art unique, la pièce précieuse. Il est récompensé par la médaille d’argent grand module, surpassant même les maisons Christofle et Barbedienne. Mais l’exposition ne marque pas seulement un triomphe artistique. Elle ouvre la voie à une nouvelle forme de patriotisme messin, où l’art devient vecteur de fierté locale.
En 1863, Ernest fonde la société de tir de Metz, qu’il préside avec ferveur. Il y voit un moyen de canaliser l’ardeur patriotique des jeunes Messins. En 1868, la loi Niel transforme ces sociétés en compagnies de francs-tireurs, civils engagés dans la défense nationale. Vever, animé d’un esprit frondeur, équipe sa troupe à ses frais : uniformes dessinés par lui-même, fusils Chassepot commandés à Saint-Étienne, poudre achetée en supplément.
Lorsque la guerre éclate en 1870 et que Metz est assiégée, Vever se jette dans la bataille. Il monte la garde au château de Grimont, harcèle l’ennemi, participe à la bataille de Vany. Son fils Paul Vever , âgé de 19 ans, le suit dans cette aventure. L’atelier est déserté, les ouvriers partis au front. Seuls restent Ernest et ses fils, qui fabriquent des étoiles d’argent pour les généraux promus sur le champ de bataille.
Paris : L'Orfèvrerie messine à la conquête du monde
Après la guerre de 1870 et l’annexion de Metz par les allemands, Ernest Vever dut s'expatrier comme 200.000 autres Messins. Il quitte sa ville natale avec sa famille pour s’installer à Paris.
Qu'écrivit son fils Henri Vever a ce propos:
Dès 1868, l'élite de la jeunesse messine, profitant des dispositions de la loi sur la Garde mobile, s'était constituée en une compagnie de francs-tireurs et avait nommé pour capitaine Ernest Vever, depuis longtemps adonné avec succès à la pratique du tir. Aussitôt ce choix officiellement ratifié par le maréchal Niel, alors Ministre de la Guerre, le nouveau commandant mena si bien l'instruction militaire de sa compagnie, qu'en 1870 elle fut à même de prendre part aux différentes opérations du siège et d'accomplir utilement son devoir. Cette troupe, composée d'environ deux cents jeunes gens appartenant aux meilleures familles de Metz, resta aux avant-postes sans discontinuité, depuis le début des opérations jusqu'au moment de la capitulation, et se distingua particulièrement au combat livré le 9 septembre, autour du village de Vasny, dont elle délogea à la baïonnette, et malgré des pertes sensibles, les Allemands très supérieurs en nombre. Le lendemain même, Ernest Vever, qui avait fait preuve d'autant de coup-d'œil que d'intrépidité, reçut pour lui la croix de la Légion d'honneur et, pour ses blessés et les plus remarqués de ses francs-tireurs, des médailles militaires vaillamment gagnées. Le maire de la ville vint de son côté, assisté d'une délégation du conseil municipal, le féliciter de sa conduite et de celle de sa compagnie.
Après une fuite rocambolesque vers Luxembourg, à la fin de l'année 1870 (peut-être légèrement romancée par son fils), Ernest Vever opta définitivement pour la France le 30 août 1872, entraînant sa famille (agrandie de sa belle-famille Daras) dans ce choix. La sépulture des Vever elle-même fut ouverte et les morts emportés en terre française. Le caveau vide fut donné plus tard afin qu'on y inhumât les officiers français morts pendant le siège. (Christiane Pignon-Feller)
1875 : devient membre de la Société des artistes français.
1878 : Exposition universelle de Paris, hors concours ; Henri Vever est impliqué dans la conception des œuvres destinées à cette manifestation. Ses confrères l'ayant habilement nommé membre du jury de l'Exposition universelle de 1878, il ne put y concourir bien qu'il y présentât une vitrine remarquable remplie d'objets exceptionnels.- Styles et techniques visibles : on y voyait des pièces d’inspiration historiciste (révivals Renaissance, antique), des motifs naturalistes, et les premières influences de la mode orientale et du Japon (Japonisme). Techniques mises en valeur : sertissage fin, émaillage, travail de l’or et des pierres, ainsi que des pièces résultant de procédés industriels permettant une production plus large.
Alors que lors de la vente de ses immeubles en 1872 (La Vacquinière) et en 1879 (13 rue Fabert) Ernest se faisait représenter par des mandataires, il revint, en 1880, dans Metz annexée pour régler les affaires de son épouse. Après ce dernier contact avec Metz, il décéda en 1884. (Christiane Pignon-Feller)
1880 : Paul s'associe à son père
Un bracelet victorien en or de Vever, vers 1880, orné en son centre d’une pierre sanguine sculptée par le graveur Henri Auguste Burdy. La gemme représente Bacchus, avec visage jovial, barbe et couronne de vigne et de raisins. Le bracelet ajouré en or présente un motif de volutes, rehaussé de diamants taillés en rose, et s’ouvre par une charnière dissimulée.
Henri Vever : L'Apogée de l'Art nouveau
1881 : Henri Vever, né à Metz en 1854, reprend l’affaire familiale avec son frère Paul. Tandis que Paul sorti de l’École polytechnique gère les finances, Henri se consacre à la création. Visionnaire, il s’entoure des plus grands artistes de son temps : Eugène Grasset, Alfons Mucha, Eugène Lalique à ses débuts… Ensemble, ils façonnent des bijoux somptueux, emblèmes de l’Art nouveau. La maison Vever est sise 19, rue de la Paix ; Henri Vever épouse Jeanne Monthiers dont il aura une fille unique, Marguerite, née en 1882.1889 : Exposition universelle de Paris, Grand prix
1894: Journal Le Lorrain :Historique du monument de l'Est à Metz, pour les soldats français morts en 1870. — Pour bien fixer les responsabilités |et les mérites de chacun nous avons demandé à la personne la plus autorisée des renseignements précis : elle a bien voulu nous les donner par sa lettre suivante dans laquelle la distinguée signataire associe heureusement de bien chers souvenirs. Dans le courant de l'année 1890, Mme E. Winsback ayant appris que la concession de la famille Vever était libre, eut l'idée de demander si elle ne consentirait pas à la donner à la ville de Metz pour y réunir les corps des soldats français, enterrés dans des fosses isolées, au cimetière commun de l'Est ; Mme Bezanson leur avait fait mettre des croix en fonte cédées à prix contant par la maison de Wendel. Etant à Paris au mois de novembre 1890, je ne me suis décidée qu'au mois de janvier 1891 à faire cette demande à Mme Vever, le 3 février suivant ses fils et elle en faisaient la donation à la ville de Metz. Une condition avait été imposée, celle de laisser sur le monument la plaque commémorative de M. Joseph-Félix Vever,(Frere d'Ernest) lieutenant au deuxième grenadiers de la garde impériale, tué le 16 août 1855 devant Sébastopol. Quand on s'est décidé à mettre des plaques de bronze, Mme Vever a donné, pour remplacer la plaque de marbre par une de bronze. Les inscriptions, sur marbre noir, de tous les membres da cette famille sont déposées dans les fours de la concession...............1891 : voyage en Russie et dans le Caucase ;Henri et Jeanne Vever vont voyager pendant trois mois du Caucase, à Bakou, Boukhara et Samarcande, participation à l'Exposition française de Moscou
En 1891, fut organisée à Moscou cette Exposition française qui devait avoir des résultats politiques si importants, et que l'on peut considérer à bon droit comme le prélude de l'alliance franco-russe. MM. Vever répondirent avec empressement à l'appel qui fut fait alors au patriotisme des industriels français, et envoyèrent dans la vieille ville des Tzars une vitrine plus riche encore que celle exposée par eux en 1889. Délégué par le Comité, Paul Vever alla procéder à l'installation de la classe, et les deux frères profitèrent successivement de cette occasion pour étudier, non seulement les chefs-d'œuvre de la bijouterie et de l'orfèvrerie russes réunis au Kremlin et dans les « sobors » et les « lavras » des principales villes de Russie, mais aussi les richesses d'art oriental qui composent le trésor impérial de Constantinople. Henri Vever, après avoir visité le Caucase, poussa même jusqu'à Boukhara et Samarkand, d'où il rapporta des documents professionnels intéressants. Paul Vever reçut la croix de la Légion d'honneur à la suite de cette Exposition de Moscou,
Vers 1892 : Henri rejoint Les Amis de l'Art Japonais et participe à leurs dîners
À partir de 1892, il devient un familier des dîners du marchand d'art et mécène Siegfried Bing
1893 :
Exposition internationale de Chicago, commissaire rapporteur du
comité 24 (bijouterie-joaillerie) Henri visitera différents fabricants de joaillerie dont la maison Tiffany
1894 :
premier don au musée du Louvre : quarante estampes
japonaises
1894-1896 :
adhérent de la Société des amis des monuments parisiens
1895 :
Exposition internationale de Bordeaux, président du Jury
1896-1904 :
maire de Noyers dont est originaire Jeanne Vever
1897 : Exposition universelle de Bruxelles, grand prix ; vente de la collection Henri Vever, Galerie Georges Petit, 1-2 février 1897 Paris, Sa collection composée de 188 tableaux et sculptures sera vendue en février 1897 chez le marchand d’art Georges Petit (1856-1920), accompagnée d’un luxueux catalogue richement illustré.
Il publie dès les années 1890 dans diverses revues (Art et Décoration, Revue des Arts décoratifs, Revue de la Bijouterie, Joaillerie, Orfèvrerie), mêlant comptes rendus d’expositions, réflexions sur la fonction des bijoux et défenses du « style moderne » (Art nouveau), souvent sous le pseudonyme féminin de Maud Ernstyl pour exercer une critique plus libre. Admirateur de René Lalique et d’Eugène Grasset, il insiste sur l’influence de l’art japonais et sur l’importance de lier esthétique et utilité.
Collectionneur éclectique, il réunit des ensembles remarquables d’estampes japonaises (près de 8 000 pièces), de miniatures persanes et mogholes (environ 500 œuvres), de reliures précieuses et d’art contemporain, qu’il prête volontiers aux musées et expositions. Son intérêt pour l’art l’amène à publier des préfaces, études et catalogues, et à promouvoir la reconnaissance des arts décoratifs au même rang que les beaux-arts.
1897 vente vente de la collection de Henri Vever.
C'est dans ces années là qu'ils ont recours en plus d'Eugene Grasset, à Henri Vollet, Lucien Gautrait, Etienne Tourette, René Rouzet , René Lalique Georges Fouquet et d'autres
1898 dans la revue des arts décoratifs Vever écrit sur l'Art Chinois
1898 Aux Etats unis , la Free Gallery of art et les Arthur M. Sackler gallery Archives de la Smithsonian institution à Washington détiennent des cahiers que Henri Vever tenait a remplir chaque jour, de son emploi du temps, de ses réflexions, de ses rencontres Mme Willaz Silverman les a édités pour l'année 1898. En vente entre autres chez Amazon , un livre à posséder.
1899-1938 : nombreux dons et ventes d'objets variés au musée des Arts décoratifs
À l’Exposition universelle de 1900, Henri Vever remporte la plus haute distinction. Ses créations — broches florales, peignes en corne sculptée, pendentifs inspirés du Japon et de l’Orient — séduisent les élites du monde entier. Il devient le joaillier des esthètes, des poètes et des mécènes.
Les merveilles s'enchainent pour cette exposition.
Toutes ces photographies sont tirées de la revue de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie de janvier 1901 dans un long article signé Maud ERNSTYL (pseudonyme de Henri). Le N°de cette revue à l'époque, valait 2francs
Notez que Henri Vever signalait les bijoux composés par E.Grasset
1901
Vever ayant racheté des diamants à la vente de bijoux de la couronne de France, crée ce bijou
1901 "Les guêpes " d'henri Vever
1902 :
succède à Frédéric Boucheron à la présidence de la caisse de
retraites La Fraternelle, fondée en 1875
1903-1908 :
publie son ouvrage majeur : La
bijouterie française au XIXe siècle en
3 volumes
1904 : Exposition internationale de Saint-Louis, vice-président du Comité d'admission, groupe 31, joaillerie et bijouterie
Mais Henri Vever ne se limite pas à l’orfèvrerie. Il est aussi un collectionneur compulsif : estampes japonaises, manuscrits islamiques, livres rares, peintures impressionnistes… Il fréquente les cercles littéraires, finance des éditions de luxe, et devient membre de plusieurs sociétés de bibliophiles.
Il publie entre 1906 et 1908 une œuvre monumentale : La Bijouterie française au XIXe siècle, référence incontournable pour les historiens de l’art. Ce livre consacre la maison Vever comme un pilier de l’histoire joaillière française.Les spécialistes de la bijouterie-joaillerie reconnaissent unanimement le monumental ouvrage d’Henri Vever, La Bijouterie française au XIXe siècle, comme une référence incontournable. Vever fait partie de cette génération de fabricants et d’amateurs du XIXe siècle qui, dans le sillage des initiatives de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, ont documenté et chroniqué leur art — à l’instar des importantes contributions d’Eugène Fontenay (1824-1887), Germain Bapst (1853-1921), Henri Bouilhet (1830-1910) ou Lucien Falize (1839-1897). Cette pratique se prolongea au XXe siècle, notamment lorsque Georges Fouquet (1862-1957) dirigea l’ouvrage La bijouterie, la joaillerie, la bijouterie de fantaisie au XXe siècle, publié en 1934.
Cependant : Henri Vever fut aussi un historien et chroniqueur passionné de la bijouterie. Dans L’Histoire de la bijouterie française (1906-1909), il adopte une méthode moderne : croisement de sources écrites, iconographiques et orales, visites d’ateliers, analyses socio-économiques et techniques, portraits de maisons célèbres, tout en restant objectif sur sa propre entreprise.
1907 : la maison Vever installe magasins et ateliers dans un nouvel immeuble 14, rue de la Paix
DIADÈME ART NOUVEAU EN DIAMANTS, HENRI VEVER
Diamants anciens, simples et taille rose, platine (poinçons français), peigne en plastique ajouté ultérieurement, 21,5 cm, vers 1910, signé Vever, 'Paris' "revendu par Sotheby's)
Pendant la Première Guerre mondiale, Henri perd son frère Paul , le 13 mai 1915 mais continue à soutenir les artistes et relieurs dans le besoin. En 1918, il renoue avec Metz, sa ville natale, en réalisant le bâton de maréchal offert à Pétain.
Après la guerre, en 1918, Il se souvint qu'il était Messin de souche et comme la ville de Metz voulait offrir au Maréchal Pétain son bâton de Maréchal le 8 décembre 1918 lors du premier voyage officiel dans le territoire libéré, il fut choisi pour fabriquer ce Bâton .. le président Poincaré déclara à cette occasion: « Recevez du gouvernement de la République, en présence de vos aînés, le maréchal Joffre et le maréchal Foch, l'honneur que l'ancienne monarchie française a conféré jadis au maréchal Fabert. Vous êtres digne de votre devancier ».
Très intéressantes montres de Henri Vever par rapport à la date de 1918
Magasin du 14 rue de la Paix , a gauche en 1919
Après la guerre, « Henri Vever se souvenant à propos qu'il était Messin » c'est ainsi que le décrivit le journal "L'Illustration au mois de juillet 1919"
Il semblerait que les Messins auraient reproché aux Vever d'avoir fui "la Lorraine" en 1871
Une succursale est installée 15 place de la madeleine à Paris
Epilogue d'un esthète
Henri Vever et Metz : un lien de mécénat et de mémoire.
Epée d'honneur à une garde se terminant par une personnification de la Victoire, avec 7 étoiles en pierres brillantes. La poignée est en forme de statue de la déesse de la guerre, Athéna. Le pommeau est constitué de 7 poilus et un cavalier, le tout surmonté d'un casque Adrian. Sur une demi-coquille, le blason de la ville de Paris avec sa devise. Sur l'autre, 2 femmes tiennent un listel '1914-1918' sur une couronne de laurier. Sur la lame, 7 étoiles. L'épée est conservée dans une boîte en bois recouverte de papier marron, doublée de tissu jaune avec la marque de fabrique en doré.
En 1920, la ville de Metz rendit hommage à Henri Vever, maître joaillier dont le ciseau délicat avait façonné les œuvres offertes aux maréchaux Foch et Pétain. En reconnaissance, l’Académie de Metz lui décerna l’honorariat. Depuis son domicile parisien de la rue de la Boétie, Vever répondit par une lettre empreinte de sensibilité, touché par la marque d’estime de ses compatriotes.
1921 : Henri Vever se retire des affaires ; Ses neveux André et Pierre et jean prennent la direction de la maison familiale Henri Vever ne rentre pas dans cette nouvelle société et a 61 ans veut s'occuper de ses autres passions
1922
1922
C'est là que les deux fils de Paul Vever, André et Pierre, quatrième génération de bijoutiers dans la famille, soutiennent une renommée plus que centenaire, en s'inspirant de l'exemple et des traditions de leurs prédécesseurs. Paul Vever n'est plus. Mais M. Henri Vever, collectionneur passionné et zélé propagateur de l'Union Centrale des Arts Décoratifs, est resté attaché au bel art où il avait débuté comme petit apprenti, il y a près d'un demi-siècle, et dont il a retracé magistralement les annales dans son livre essentiel de la Bijouterie française au XIXe siècle. Mai 1923 dans la revue "Renaissance de l'art Français"
1920 André et Pierre Vever sont admis à la chambre syndicale de la bijouterie, joaillerie Rue du Louvre à Paris
En 1924, Henri fait don au musée des Arts décoratifs de sa collection de 350 bijoux dont une soixantaine provient de la maison Vever.
Ce bracelet célèbre attribué à VEVER avec lequel il a obtenu un grand prix à l exposition de 1925 a été fabriqué par Geoffroy & Eisenmann.
En 1926, Henriexprima sa gratitude de façon plus concrète. Lors d’une séance de l’Académie, on annonça qu’il faisait don d’un capital de 10 000 francs, dont la rente annuelle serait destinée à une œuvre choisie par l’institution. Cette donation donna naissance au prix Vever, une récompense annuelle attribuée à une personne originaire de Metz ou de la Moselle, de moralité irréprochable, exerçant ou se préparant à exercer un métier d’art. Ce geste marquait une avancée importante : la reconnaissance des arts appliqués au même rang que les arts libéraux.
Le mécénat de Henri Vever ne s’arrêta pas là.
En 1927, il offrit au musée de Metz une collection de cent cinquante figurines en bronze, représentant soldats et pièces d’artillerie, et contribua à l’acquisition du linteau de l’église de Rozérieulles. L’année suivante, en tant qu’exécuteur testamentaire de Maurice Barrès, il finança une édition limitée de Colette Baudoche, illustrée par le graveur Paul-Adrien Bouroux. Ce geste, empreint de nostalgie, témoignait de son attachement à une Metz idéalisée, celle de son père et de son grand-père, déjà disparue.
1930 : Henri Vever est nommé membre du Conseil des Musées Nationaux en remplacement de Gaston Migeon
1937 : Exposition internationale des Arts et Techniques dans la vie moderne, Paris, vice-président de la classe 53
1938 Il est promu officier de la Légion d’honneur en octobre 1938
1939 : mort de Marguerite Vever
1941: Un tache sur l histoire
Lequel des deux Vever est nommé administrateur de l aryanisation de l entreprise Juive Worms le 4-juin-1941 au journal officiel de la république Française?
Bail avec promesse de vente et sous condition suspensive d'un fonds de commerce de bijouterie-joaillerie situé 8, rue Royale, par la société "Worms et Fils" représentée par sa gérante, Giselle Marguerite Balabaud, épouse "non juive" de M. G. Flament, demeurant à Colombes (Seine) et assistée de Pierre Vever, négociant demeurant 14, rue de la Paix, administrateur provisoire du fonds de commerce, à la société "Franor", représentée par Charles Lafond, son gérant et négociant demeurant rue Lecourbe, n°88.
C'est donc Pierre. Cotes tirée des archives nationales Françaises.
Henri Vever s’éteignit en 1942 dans son château de Noyers, dans l’Eure. Son entreprise, déjà reprise par ses neveux à sa retraite, perdura encore quelques décennies avant de disparaître en 1982. Aujourd’hui, son nom demeure associé non seulement à l’orfèvrerie et à la joaillerie, mais aussi à un large éventail de passions : collectionneur, historien, voyageur, bibliophile, amateur d’art, mécène et généreux donateur..
Ce Chateau est à l abandon par suite de la défection d'un Emir qui ne se serait pas adapté au climat Normand, madame le maire de Noyers me l'a confirmé.
Bonjour monsieur, le château de Noyers ancien établissement l' Hostréa un bien de la Sécurité Sociale qui se trouve dans l'Eure 27720 et non pas l'heure (temps) et n'est pas hanté. Il est actuellement à l'état d'abandon et à vendre. Voilà ce que je peux vous dire et vous invite à venir nous voir en mairie à partir du 25 aout 2025 si vous souhaitez des photos.Bonne journée et cordialement à vous.
Madame Boudin Nathalie maire de Noyers
1974 : première vente des collections d'estampes de Vever : Sotheby's, Londres, 26 mars 1974, puis 26 mars 1975, 24 mars 1977, 22 mars 1978 et 30 octobre 1997
1982 : le "L'esprit et le talent Vever " n'est plus et les ateliers et la Maison ferment
Du modeste atelier messin de Pierre Vever aux chefs-d’œuvre Art nouveau d’Henri, la maison Vever s’est imposée comme un symbole de raffinement et d’innovation. Plus qu’une entreprise, elle incarne une tradition familiale où le talent et la vision se transmettent de génération en génération. Aujourd’hui encore, l’héritage des Vever demeure vivant à travers leurs bijoux, leurs écrits et leur contribution majeure à l’histoire de la joaillerie française.
Les papiers d'Henri Vever, datant de la période 1875-1932, sont conservés à Washington à la Freer Gallery of Art et aux Arthur M. Sackler Gallery Archives : on y trouve six journaux, un grand livre d'acquisitions d'art, des peintures à l'huile par Vever, et des photographies" https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Vever
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N hésitez pas a laisser des commentaires, même anonymes et je répondrai