samedi 23 août 2025

VEVER : l’histoire mouvementée d’une dynastie de joailliers

L’histoire de la maison Vever ( à gauche sur la photo) illustre à merveille l’ascension d’une famille partie d’humbles origines pour atteindre les sommets de la joaillerie française. Trois générations se succèdent, chacune marquant de son empreinte une époque et apportant sa vision de l’art du bijou. Pierre, le pionnier, quitte les fourneaux pour s’essayer à l’orfèvrerie. Ernest, son fils, donne à l’entreprise familiale une dimension nouvelle en la transplantant de Metz à Paris. Enfin, Henri, figure emblématique de la Belle Époque, élève la maison au rang d’institution artistique et historique. Ensemble, ils composent une véritable saga où se mêlent persévérance, audace et passion créatrice.

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Photographie de la place de la comédie en 1900 , sous occupation,  puisque la défaite à la guerre de 1870 nous avait fait perdre entre autres, la ville de Metz en Moselle . A droite le cabaret Auberge.

Pierre Vever: Des fourneaux à l'Orfèvrerie

L’histoire commence avec Pierre Vever, né en 1795 dans une famille modeste. 
Son père, ancien cocher du Marquis de Raigecourt, au château de Grosyeux d'Augny, marié en l'église Saint-Martin de Metz, en 1778, à Catherine Claude, originaire de Morhange, qui était elle aussi au service du même Marquis. Il va quitter sa place  de cocher avant même que le marquis de Raigecourt ne quitte la France, pour exil, en 1791. 

Pierre Vever s'installa comme maître rôtisseur, traiteur, cabaretier, aubergiste  au n° 8 place de la Comédie. Il y mourut  le 22 messidor an II (10 juillet 1794) pendant la terreur, alors que la  place était devenue place de l'Egalité, où trônait la guillotine. 

Sa veuve, avait quarante trois ans, elle était  enceinte d'un enfant qui naquit le 3 nivôse an III (23 décembre 1794) et à qui fut donné le prénom de Pierre.

Pierre perd sa mère  en 1809 , il a 14 ans, il ne lui reste que sa soeur ainée pour l'élever, Mme Christiane PIGNON-FELLER historienne,  suggère qu' Anne Madeleine s'étant mariée un an après la mort de leur  mère avec Jean-Jacques Boileau, receveur de la loterie impériale, celui-ci ne fut pas étranger au choix de carrière de Pierre. 

Personne ne sait ou il fit son apprentissage , quel Maître orfèvre l'embaucha? 

À 26 ans, en 1820, Pierre dépose officiellement son poinçon d’orfèvre, 

 " Aujourd'hui, 14 septembre 1820, est comparu Pierre-Paul Vever, orfèvre, bijoutier, joaillier en cette ville, place Saint-Jacques n° 24 lequel a déclaré être dans l'intention de vendre des ouvrages de bijouterie et d'orfèvrerie et se soumettre à exécuter les règlements qui concernent la profession et notamment les règlements sur la garantie des matières d'or et d'argent, lequel a insculpté [...] un poinçon ayant pour empreinte les lettres initiales de son nom PV"

D'après Henri Vever Il va d'abord en 1821 faire construire au centre ville de Metz Rue Fabert (actuellement voie piétonne)  un immeuble avec magasin et atelier  


3 Rue des Petites Tappes

Il installe son atelier place Saint-Jacques en étage,  on ne sait qui l aida dans une réussite aussi rapide car il acquiert , le 4 mai 1822, la maison du n° 3, rue des Petites Tappes  et la reconstruit en 1823  ? .

En 1823, il épouse Antoinette Pesteturenne, fille d’un rentier, et fonde une famille.

Deux fils naissent de cette union : Ernest, destiné au métier, et Félix, promis à l’armée. Félix, brillant et courageux, meurt tragiquement en Crimée, frappé par un boulet à Sébastopol. 

Il dépose un deuxième poinçon en 1835 portant une ancre entre les initiales P.V. et le dépôt d'un troisième en 1840 pour cause d'usure 

 

5 Rue des Clercs a Metz

En 1835 il acquiert l'immeuble n° 5 rue des Clercs  et le fait reconstruire en 1846 . il mourut en 1853, au 5 rue des Clercs, entouré de son épouse et de ses deux fils.

Ernest, «fut préparé, dès sa sortie du lycée  à devenir bijoutier. Son apprentissage terminé et après être revenu faire un stage très profitable chez son père, il résolut d'aller se perfectionner en Allemagne et en Autriche. Plein d'ardeur, il partit à pied, sac au dos et visita les centres de fabrication les plus importants »  (Henri vever dans ses livres sur la bijouterie française au XIX eme)

1852 :  La section tient à vous rappeler aussi qu'elle doit ses plus beaux succès au zèle de MM. Baudot et,Th. Gallyot, qui ont pris part à la direction des choeurs, de M. Pierné, qui avait accepté la responsabilité de toute la partie vocale des réunions, et de M. Mouzin, qui a continué à remplir ses lourdes fonctions de chef d'orchestre avec une rare intelligence. Vos commissaires n'ont fait qu'aller au-devant de votre désir lorsqu'ils ont offert à ce dernier, en récompense de ses utiles services, un bâton d'honneur, charmant ouvrage d'un autre artiste qui honore l'orfévrerie messine, M. Ernest Vever; les applaudissements réitérés d'un nombreux auditoire, qui n'était pas plus que lui dans le secret de cette surprise, ont dû rehausser encore aux yeux de M. Mouzin le prix de ce solennel témoignage de gratitude et d'estime.  (Journal des Arts)



1876 :  La mère d'Ernest meurt a 75 ans , elle était née à Colmar et meurt 14 rue Saint Ferdinand en son domicile à Paris

Poinçon de Ernest Vever  (minitere de la Culture)


Poinçon biffé le 7 mars 1912

 On distingue mieux cette très grande ancre de marine et les lettres PV.

Ernest Vever : L'artisan voyageur et l'essor de la maison familiale

Ernest Vever, né en 1823, se forme d’abord chez son père, 

Henri Vever dit de lui  «fut préparé, dès sa sortie du lycée  à devenir bijoutier. Son apprentissage terminé et après être revenu faire un stage très profitable chez son père, il résolut d'aller se perfectionner en Allemagne et en Autriche. Plein d'ardeur, il partit à pied, sac au dos et visita les centres de fabrication les plus importants »

 Il fréquente  l’école de Hanau, réputée pour l’enseignement des arts du métal. Entre 1842 et 1843, à Hanau, il fréquenta probablement la célèbre Staatliche Zeichenakademie Hanau, une des plus vieilles écoles de formation à l'art des métaux précieux d'Europe . Cette Académie avait été fondée en 1772 à l'initiative des fondeurs d'or et d'argent de Hanau. De la Zeichenakademie Hanau sortirent notamment Eugène Fabergé, Christian Dell, August Gaul, Gustav Elsass, Richard Wilm... Ernest rapporta de ce voyage un carnet de croquis réalisés à Hanau (Se trouve au Musée des arts décoratifs, Paris).

À Vienne, il affine son style et revient à Metz en 1848, prêt à reprendre l’atelier familial.

A son retour, il s'occupa des affaires de son père pour lui succéder .Cette même année, il épouse Barbe Gabrielle Daras, issue d’une lignée de potiers d’étain. Le mariage scelle l’union de deux traditions artisanales. Ernest transforme l’atelier de la rue Fabert en un véritable laboratoire de création : bijoux, objets religieux, pièces d’orfèvrerie de table… tout y est façonné avec minutie et inspiration.


L'Orfèvre du Sabre et du Goupillon.

Ernest ne se contente pas de créer des bijoux. Il devient un artisan au service de l’armée et de l’Église. Il fabrique des breloques miniatures pour les officiers : canons, fusils, mortiers, tous fonctionnels à l’échelle lilliputienne. Ces objets séduisent les militaires et deviennent des pièces de collection.

En parallèle, il fabrique  des objets religieux somptueux : bénitiers, calices, anneaux épiscopaux. Son travail orne les chapelles et les cathédrales, notamment sous l’épiscopat de monseigneur Dupont des Loges. Il devient l’orfèvre attitré de l’évêché.

Un des premiers actes publics qu'accomplit notre orfèvre bijoutier joaillier fut d'orner « d'attributs et d'élégantes ciselures » le bâton offert au chef d'orchestre messin Edouard Mouzin en 1851. Reconnu dès lors comme un « artiste désintéressé, homme de goût et d'imagination », il se lance dans la fabrication de petits bijoux d'or ou d'argent à suspendre aux chaînes de montre une expression du réalisme de l'époque et un débouché certain dans le marché captif d'une ville de garnison.  Ces objets, à peine plus grands qu’un pouce, tirent réellement, leurs roues tournent, leurs coffres s’ouvrent. Un artisanat d’orfèvre, au service du sabre.

 « Ces petits canons de campagne, ces pièces de sièges, ces caissons, ces mortiers, ces fusils, ces gabions obtinrent un succès des plus vifs. Ces chefs-d'œuvre de patience et d'adresse se étaient la reproduction à une échelle minuscule et avec tous les détails du matériel d'artillerie alors en usage. Bien qu'ayant à peine trois centimètres de longueur, affût compris, ces canons lilliputiens pouvaient tirer, leurs roues tournaient, les coffres à munitions des avant-trains s'ouvraient... Les officiers de l'Ecole d'application, artilleurs ou sapeurs, séduits par ces petites merveilles les acquéraient pour eux-mêmes et en avaient offert des spécimens au musée des modèles de leur école ». Henri Vever

Mais aussi des breloques moins militaires



Ernest Vever : Le patriote à l'Atelier et au front

Dans les années 1850, Ernest Vever est bien plus qu’un artisan : il devient une figure locale, un homme de goût et d’engagement. En 1851, il cisèle un bâton de chef d’orchestre pour Édouard Mouzin, geste qui marque le début de sa reconnaissance publique. 

1851 Naissance de Paul Vever

Parallèlement, l’Église messine connaît un renouveau. Sous l’épiscopat de monseigneur Dupont des Loges, les chapelles se parent de calices, ostensoirs et bénitiers ciselés par Vever. En 1851, il réalise un bénitier en argent surmonté d’un petit Saint Louis recueilli devant la Couronne d’épines, chef-d’œuvre de finesse gothique. . En 1865, il cisèlera  l’anneau épiscopal du prélat, orné d’une émeraude entourée de brillants. L’orfèvre devient alors un pilier du patrimoine religieux local.


L'Exposition de 1861 : L'Art messin à son apogée

En 1861, Metz organise une grande exposition industrielle sur l’Esplanade. Ernest Vever y expose ses plus belles créations : objets religieux, bijoux en or et diamants, coffrets d’ébène et d’argent. Il insiste pour que ses pièces soient surveillées la nuit, tant leur valeur est élevée. Contrairement à ses concurrents parisiens qui misent sur la reproduction en série, Vever défend l’art unique, la pièce précieuse. Il est récompensé par la médaille d’argent grand module, surpassant même les maisons Christofle et Barbedienne. Mais l’exposition ne marque pas seulement un triomphe artistique. Elle ouvre la voie à une nouvelle forme de patriotisme messin, où l’art devient vecteur de fierté locale.

Le Capitaine des francs tireurs

En 1863, Ernest fonde la société de tir de Metz, qu’il préside avec ferveur. Il y voit un moyen de canaliser l’ardeur patriotique des jeunes Messins. En 1868, la loi Niel transforme ces sociétés en compagnies de francs-tireurs, civils engagés dans la défense nationale. Vever, animé d’un esprit frondeur, équipe sa troupe à ses frais : uniformes dessinés par lui-même, fusils Chassepot commandés à Saint-Étienne, poudre achetée en supplément.

Lorsque la guerre éclate en 1870 et que Metz est assiégée, Vever se jette dans la bataille. Il monte la garde au château de Grimont, harcèle l’ennemi, participe à la bataille de Vany. Son fils Paul Vever , âgé de 19 ans, le suit dans cette aventure. L’atelier est déserté, les ouvriers partis au front. Seuls restent Ernest et ses fils, qui fabriquent des étoiles d’argent pour les généraux promus sur le champ de bataille.

Paris : L'Orfèvrerie messine à la conquête du monde

Après la guerre de 1870 et l’annexion de Metz par les allemands, Ernest Vever dut s'expatrier comme 200.000 autres Messins. Il quitte sa ville natale avec sa famille pour s’installer à Paris.

Qu'écrivit son fils Henri Vever a ce propos:

Dès 1868, l'élite de la jeunesse messine, profitant des dispositions de la loi sur la Garde mobile, s'était constituée en une compagnie de francs-tireurs et avait nommé pour capitaine Ernest Vever, depuis longtemps adonné avec succès à la pratique du tir. Aussitôt ce choix officiellement ratifié par le maréchal Niel, alors Ministre de la Guerre, le nouveau commandant mena si bien l'instruction militaire de sa compagnie, qu'en 1870 elle fut à même de prendre part aux différentes opérations du siège et d'accomplir utilement son devoir. Cette troupe, composée d'environ deux cents jeunes gens appartenant aux meilleures familles de Metz, resta aux avant-postes sans discontinuité, depuis le début des opérations jusqu'au moment de la capitulation, et se distingua particulièrement au combat livré le 9 septembre, autour du village de Vasny, dont elle délogea à la baïonnette, et malgré des pertes sensibles, les Allemands très supérieurs en nombre. Le lendemain même, Ernest Vever, qui avait fait preuve d'autant de coup-d'œil que d'intrépidité, reçut pour lui la croix de la Légion d'honneur et, pour ses blessés et les plus remarqués de ses francs-tireurs, des médailles militaires vaillamment gagnées. Le maire de la ville vint de son côté, assisté d'une délégation du conseil municipal, le féliciter de sa conduite et de celle de sa compagnie.

Après une fuite rocambolesque vers Luxembourg, à la fin de l'année 1870 (peut-être légèrement romancée par son fils), Ernest Vever opta définitivement pour la France le 30 août 1872, entraînant sa famille (agrandie de sa belle-famille Daras) dans ce choix. La sépulture des Vever elle-même fut ouverte et les morts emportés en terre française. Le caveau vide fut donné plus tard afin qu'on y inhumât les officiers français morts pendant le siège. (Christiane Pignon-Feller)


Dés son arrivée a Paris , il demanda a être décoré de la Légion d honneur, au titre de Capitaine de la compagnie des francs tireurs de Metz. ce que lui accorda le ministre de la guerre des le 3 mai 1871.

Installé 19 rue de la Paix  la maison Vever se fait rapidement remarquer.

1871 : Ernest Vever acquiert la maison Marret & Baugrand, rue de la Paix à Paris ; joaillier de l'impératrice Eugénie et des têtes couronnées d'Europe, mort pendant le siège de Paris. Coup de maître car au 19 rue de la Paix, il profita de la réputation du célèbre joaillier . Il succéda aussi à Baugrand comme juge au tribunal de Commerce de la Seine, fut choisi comme Président de la chambre syndicale de la bijouterie, enseigna à l'école de cette même chambre syndicale et composa une méthode élémentaire de dessin.

1872 : Paul Vever rentre à l'Ecole Polytechnique.


Papier à lettres du 19 rue de la Paix
 Henri entre comme apprenti bijoutier chez Loguet Frères (94, rue du Temple) sous la direction de Barberel, futur chef d'atelier chez Louis Aucoc, et devient ouvrier. Il poursuit ensuite son apprentissage en tant que joaillier sertisseur chez Hallet (95, rue des Petits-Champs) 
Henri VEVER suivait chaque soir les cours de dessin, de modelage et de composition d'ornement à l'Ecole des Arts décoratifs où professaient alors Cabasson, Etex, Rouillard, Aimé Millet, Victor Ruprich Robert.
En 1873  Il est admis après concours à l'Ecole nationale des Beaux-Arts, que dirigeait alors M. Guillaume, il y entra dans l'atelier de Jean Léon Gérome (  né à Vesoul le 11 mai 1824 et mort à Paris le 10 janvier 1904, est un peintre, sculpteur et graveur français. Membre de l'Académie des beaux-arts), Henri obtint, de nombreuses récompenses.

1874 : Henri et son frère Paul (né en 1851 )entrent comme collaborateurs dans l'entreprise familiale. En 1874, on trouve son nom dans le Livre d'or des souscripteurs ayant contribué à la reconstitution du palais de la Légion d'honneur détruit le 23 avril 1871(Voir son dossier de Légion d'Honneur).

1875 : devient membre de la Société des artistes français.

1878 : Exposition universelle de Paris, hors concours ; Henri Vever est impliqué dans la conception des œuvres destinées à cette manifestation. Ses confrères l'ayant habilement nommé membre du jury de l'Exposition universelle de 1878, il ne put y concourir bien qu'il y présentât une vitrine remarquable remplie d'objets exceptionnels. 
la joaillerie a occupé une place importante à l’Exposition universelle de Paris de 1878. Voici un aperçu utile :- Contexte général : l’Exposition de 1878 mettait en valeur le savoir-faire industriel et artistique de la France et des pays participants. La joaillerie y était présentée à la fois comme industrie (fabrication, nouvelles techniques) et comme art de luxe (haute joaillerie, pierres précieuses).
- Styles et techniques visibles : on y voyait des pièces d’inspiration historiciste (révivals Renaissance, antique), des motifs naturalistes, et les premières influences de la mode orientale et du Japon (Japonisme). Techniques mises en valeur : sertissage fin, émaillage, travail de l’or et des pierres, ainsi que des pièces résultant de procédés industriels permettant une production plus large.

 Alors que lors de la vente de ses immeubles en 1872 (La Vacquinière) et en 1879 (13 rue Fabert) Ernest se faisait représenter par des mandataires, il revint, en 1880, dans Metz annexée pour régler les affaires de son épouse. Après ce dernier contact avec Metz, il décéda en 1884. (Christiane Pignon-Feller)

1880 : Paul s'associe à son père


Broche de la maison Vever fin XIX eme 


Photo de la maison Sothebys qui a revendu ce bijou, elle permet de voir la taille de cette broche de corsage mobile, et avec trembleuse
Un bracelet victorien en or de Vever, vers 1880, orné en son centre d’une pierre sanguine sculptée par le graveur Henri Auguste Burdy. La gemme représente Bacchus, avec visage jovial, barbe et couronne de vigne et de raisins. Le bracelet ajouré en or présente un motif de volutes, rehaussé de diamants taillés en rose, et s’ouvre par une charnière dissimulée.

Henri Vever : L'Apogée de l'Art nouveau

1881 : Henri Vever, né à Metz en 1854, reprend l’affaire familiale avec son frère Paul. Tandis que Paul sorti de l’École polytechnique gère les finances, Henri se consacre à la création. Visionnaire, il s’entoure des plus grands artistes de son temps : Eugène Grasset, Alfons Mucha, Eugène Lalique à ses débuts… Ensemble, ils façonnent des bijoux somptueux, emblèmes de l’Art nouveau. La maison Vever est sise 19, rue de la Paix ; Henri Vever épouse Jeanne Monthiers dont il aura une fille unique, Marguerite, née en 1882.
1884 :Mort d'Ernest Vever
1885 : Henri: achat de sa première peinture. 
Passionné par la peinture française, Henri Vever acquiert dès 1885 auprès de Paul Durand-Ruel (1831-1922) des toiles des peintres de l’école de 1830 avec Jean-Charles Cazin (1841-1901), Jean-François Raffaëlli (1850-1924) et Corot (1796-1875) dont Eurydice blessée (cat. no 20) ou Route ensoleillée(cat.no 26) ; les maîtres impressionnistes dont neuf Monet (1840-1926) avec Sainte-Adresse (cat. no 79) ou La Berge, à Lavaucourt  ou encore Alfred Sisley (1839-1899) et Camille Pissarro (1830-1903) ainsi que Ludus pro Patria de Puvis de Chavannes (1824-1898).



                                            1889 : Exposition universelle de Paris, Grand prix

1894:   Journal Le Lorrain :Historique du monument de l'Est à Metz, pour les soldats français morts en 1870. — Pour bien fixer les responsabilités |et les mérites de chacun nous avons demandé à la personne la plus autorisée des renseignements précis : elle a bien voulu nous les donner par sa lettre suivante dans laquelle la distinguée signataire associe heureusement de bien chers souvenirs.  Dans le courant de l'année 1890, Mme E. Winsback ayant appris que la concession de la famille Vever était libre, eut l'idée de demander si elle ne consentirait pas à la donner à la ville de Metz pour y réunir les corps des soldats français, enterrés dans des fosses isolées, au cimetière commun de l'Est ; Mme Bezanson leur avait fait mettre des croix en fonte cédées à prix contant par la maison de Wendel. Etant à Paris au mois de novembre 1890, je ne me suis décidée qu'au mois de janvier 1891 à faire cette demande à Mme Vever, le 3 février suivant ses fils et elle en faisaient la donation à la ville de Metz. Une condition avait été imposée, celle de laisser sur le monument la plaque commémorative de M. Joseph-Félix Vever,(Frere d'Ernest) lieutenant au deuxième grenadiers de la garde impériale, tué le 16 août 1855 devant Sébastopol. Quand on s'est décidé à mettre des plaques de bronze, Mme Vever a donné, pour remplacer la plaque de marbre par une de bronze. Les inscriptions, sur marbre noir, de tous les membres da cette famille sont déposées dans les fours de la concession...............


Photographie de HenriVever lors de son voyage en Russie sur la route de Géorgie

1891 : voyage en Russie et dans le Caucase ;Henri et Jeanne Vever vont voyager pendant trois mois du Caucase, à Bakou, Boukhara et Samarcande,  participation à l'Exposition française de Moscou

En 1891, fut organisée à Moscou cette Exposition française qui devait avoir des résultats politiques si importants, et que l'on peut considérer à bon droit comme le prélude de l'alliance franco-russe. MM. Vever répondirent avec empressement à l'appel qui fut fait alors au patriotisme des industriels français, et envoyèrent dans la vieille ville des Tzars une vitrine plus riche encore que celle exposée par eux en 1889. Délégué par le Comité, Paul Vever alla procéder à l'installation de la classe, et les deux frères profitèrent successivement de cette occasion pour étudier, non seulement les chefs-d'œuvre de la bijouterie et de l'orfèvrerie russes réunis au Kremlin et dans les « sobors » et les « lavras » des principales villes de Russie, mais aussi les richesses d'art oriental qui composent le trésor impérial de Constantinople. Henri Vever, après avoir visité le Caucase, poussa même jusqu'à Boukhara et Samarkand, d'où il rapporta des documents professionnels intéressants. Paul Vever reçut la croix de la Légion d'honneur à la suite de cette Exposition de Moscou,

1892  Paul Vever obtint la légion d'Honneur

Vers 1892 : Henri rejoint Les Amis de l'Art Japonais et participe à leurs dîners

À partir de 1892, il devient un familier des dîners du marchand d'art et mécène Siegfried Bing

1893 : Exposition internationale de Chicago, commissaire rapporteur du comité 24 (bijouterie-joaillerie) Henri visitera  différents fabricants de joaillerie dont la maison Tiffany
1894 : premier don au musée du Louvre : quarante estampes japonaises
1894-1896 : adhérent de la Société des amis des monuments parisiens


Henri Vever peigant en 1895

1895 : Exposition internationale de Bordeaux, président du Jury
1896-1904 : maire de Noyers dont est originaire Jeanne Vever

Henri fut un grand collectionneur d'estampes et d'objets japonais, de manuscrits islamiques, de livres rares et anciens. Membre d'au moins quatre sociétés de bibliophiles, il finança l'édition de livres d'art et leur reliure. Il fréquenta les gens de lettres à la mode, les japonistes du café Riche et du magasin Bing, les Goncourt, Barrés, François de Curel (né à Metz) et leurs semblables et, dans ces cercles de bibliophiles, permit l'édition des poètes symbolistes et décadents Montesquiou , Huysmans, Sully-Prudhomme, Samain... Il écrivit de nombreuses préfaces de catalogues.

1897 : Exposition universelle de Bruxelles, grand prix ; vente de la collection Henri Vever, Galerie Georges Petit, 1-2 février 1897 Paris, Sa collection composée de 188 tableaux et sculptures sera vendue en février 1897 chez le marchand d’art Georges Petit (1856-1920), accompagnée d’un luxueux catalogue richement illustré.


C'est aussi en 1897 qu'Henri Vever obtint la Légion d Honneur


                                                 1890 dans la Revue du XX eme siècle

Il publie dès les années 1890 dans diverses revues (Art et DécorationRevue des Arts décoratifsRevue de la Bijouterie, Joaillerie, Orfèvrerie), mêlant comptes rendus d’expositions, réflexions sur la fonction des bijoux et défenses du « style moderne » (Art nouveau), souvent sous le pseudonyme féminin de Maud Ernstyl pour exercer une critique plus libre. Admirateur de René Lalique et d’Eugène Grasset, il insiste sur l’influence de l’art japonais et sur l’importance de lier esthétique et utilité.

Collectionneur éclectique, il réunit des ensembles remarquables d’estampes japonaises (près de 8 000 pièces), de miniatures persanes et mogholes (environ 500 œuvres), de reliures précieuses et d’art contemporain, qu’il prête volontiers aux musées et expositions. Son intérêt pour l’art l’amène à publier des préfaces, études et catalogues, et à promouvoir la reconnaissance des arts décoratifs au même rang que les beaux-arts.

1897 vente vente de la collection de Henri Vever.

C'est dans ces années là  qu'ils ont recours en plus d'Eugene Grasset, à Henri Vollet, Lucien Gautrait, Etienne Tourette, René Rouzet , René Lalique  Georges Fouquet et d'autres

1898 dans la revue des arts décoratifs Vever écrit sur l'Art Chinois

Stand de Vever



1898 Aux Etats unis , la Free Gallery of art et les Arthur M. Sackler gallery Archives de la Smithsonian institution à Washington détiennent des cahiers que Henri Vever tenait a remplir chaque jour, de son emploi du temps, de ses réflexions, de ses rencontres Mme Willaz Silverman les a édités pour l'année 1898. En vente entre autres chez Amazon , un livre à posséder.

1899 : membre du conseil d'administration de l'Union Centrale des Arts décoratifs jusqu'en 1919.
1899-1938 : nombreux dons et ventes d'objets variés au musée des Arts décoratifs

Stand de Vever a l exposition de 1900 au fond , celui de Lalique

1900 : Exposition universelle de Paris, Grand prix ; rejoint la Société franco-japonaise

À l’Exposition universelle de 1900, Henri Vever remporte la plus haute distinction. Ses créations — broches florales, peignes en corne sculptée, pendentifs inspirés du Japon et de l’Orient — séduisent les élites du monde entier. Il devient le joaillier des esthètes, des poètes et des mécènes.

Les merveilles s'enchainent pour cette exposition.
















Toutes ces photographies sont tirées de la revue de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie de janvier 1901 dans un long article  signé Maud ERNSTYL (pseudonyme de Henri). Le N°de cette revue à l'époque, valait 2francs

Notez que Henri Vever signalait les bijoux composés par E.Grasset

1901 


Vever ayant racheté des diamants à la vente de bijoux de la couronne de France, crée ce bijou


1901 "Les guêpes " d'henri Vever

1902 : succède à Frédéric Boucheron à la présidence de la caisse de retraites La Fraternelle, fondée en 1875
1903-1908 : publie son ouvrage majeur : La bijouterie française au XIXe siècle en 3 volumes




1904 : Exposition internationale de Saint-Louis, vice-président du Comité d'admission, groupe 31, joaillerie et bijouterie

1904 Vever déménage du 19 au 14 rue de la Paix, au 16 se trouve Mellerio, installé de ce coté de la rue de la Paix car au 9, le propriétaire , Le marchand de Tableaux Mr Seligman,  a l obligation de reconstruire l immeuble vétuste. Lire : https://www.richardjeanjacques.com/2013/08/mellerio-joaillier-l-histoire-du-9-rue.html


Le collectionneur et le bibliophile

Mais Henri Vever ne se limite pas à l’orfèvrerie. Il est aussi un collectionneur compulsif : estampes japonaises, manuscrits islamiques, livres rares, peintures impressionnistes… Il fréquente les cercles littéraires, finance des éditions de luxe, et devient membre de plusieurs sociétés de bibliophiles.

Il publie entre 1906 et 1908 une œuvre monumentale : La Bijouterie française au XIXe siècle, référence incontournable pour les historiens de l’art. Ce livre consacre la maison Vever comme un pilier de l’histoire joaillière française.Les spécialistes de la bijouterie-joaillerie reconnaissent unanimement le monumental ouvrage d’Henri Vever, La Bijouterie française au XIXe siècle, comme une référence incontournable. Vever fait partie de cette génération de fabricants et d’amateurs du XIXe siècle qui, dans le sillage des initiatives de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, ont documenté et chroniqué leur art — à l’instar des importantes contributions d’Eugène Fontenay (1824-1887), Germain Bapst (1853-1921), Henri Bouilhet (1830-1910) ou Lucien Falize (1839-1897). Cette pratique se prolongea au XXe siècle, notamment lorsque Georges Fouquet (1862-1957) dirigea l’ouvrage La bijouterie, la joaillerie, la bijouterie de fantaisie au XXe siècle, publié en 1934.


Collection personnelle

Mais avant cette oeuvre, Henri Vever avait  publié tel un feuilleton en plusieurs parties dans la Revue de la Bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, en commençant par ces mots en 1903 : « Écrire l'histoire du bijou en France pendant le XIXe siècle serait une entreprise considérable, qui nécessiterait un gros volume et beaucoup de temps pour être menée à bonne fin. Nous laissons à de plus vaillants le soin de la tenter, et de traiter avec tout le développement qu'il mérite un sujet aussi intéressant. »



Cependant : Henri Vever fut aussi un historien et chroniqueur passionné de la bijouterie. Dans L’Histoire de la bijouterie française (1906-1909), il adopte une méthode moderne : croisement de sources écrites, iconographiques et orales, visites d’ateliers, analyses socio-économiques et techniques, portraits de maisons célèbres, tout en restant objectif sur sa propre entreprise.


1902 composition du bureau


1902  Hommage de Henri Vever à Frédéric Boucheron


1903 L exposition universelle de Saint LOuis


1903 Henri Vever membre des amis du Louvre


1907 : la maison Vever installe magasins et ateliers dans un nouvel immeuble 14, rue de la Paix


1907 dans le Journal Les Modes




1908 Henri est admis comme membre de "l'Automobile Club"


1909 dans la presse




Il nous faudrait les originaux pour mieux apprécier


          Robert de Montesquiou en 1910 dédicaça son livre "Les Paroles Diaprées" pour Henri Vever

1910


1910


1910


1911: 
L un des plus généreux et des plus récents, Mr Henri Vever à l'occasion de l inauguration s'est séparé en faveur du Musée du Louvre de Portrait d'Hokusaï par lui-même, on l'a mis en place et il le méritait bien


DIADÈME ART NOUVEAU EN DIAMANTS, HENRI VEVER
Diamants anciens, simples et taille rose, platine (poinçons français), peigne en plastique ajouté ultérieurement, 21,5 cm, vers 1910, signé Vever, 'Paris' "revendu par Sotheby's)


Le poinçon des frères VEVER en 1912 en effet les frères Vever utilisaient toujours le poinçon de leur père qui était décédé en 1884




1912 Carte de visite d'Henri Vever


Le retour du patriote


Journal le temps du 18-05-1915

Pendant la Première Guerre mondiale, Henri perd son frère Paul , le 13 mai 1915 mais continue à soutenir les artistes et relieurs dans le besoin. En 1918, il renoue avec Metz, sa ville natale, en réalisant le bâton de maréchal offert à Pétain.


Bâton du Maréchal Pétain


Après la guerre, en 1918, Il se souvint qu'il était Messin de souche et comme la ville de Metz voulait offrir au Maréchal Pétain son bâton de Maréchal le 8 décembre 1918 lors du premier voyage officiel dans le territoire libéré,  il fut choisi pour fabriquer ce Bâton ..  le président Poincaré déclara à cette occasion: « Recevez du gouvernement de la République, en présence de vos aînés, le maréchal Joffre et le maréchal Foch, l'honneur que l'ancienne monarchie française a conféré jadis au maréchal Fabert. Vous êtres digne de votre devancier ».

Très intéressantes montres de Henri Vever par rapport à la date de 1918


Le 18 avril 1918 Le fils de Paul Vever, Pierre épouse la fille de Ernest Linzeler


1919

Magasin du 14 rue de la Paix , a gauche en 1919

Après la guerre, « Henri Vever se souvenant à propos qu'il était Messin » c'est ainsi que le décrivit le journal "L'Illustration au mois de juillet 1919"

Il semblerait que les Messins auraient reproché aux Vever d'avoir fui  "la Lorraine" en 1871

Une succursale est installée 15 place de la madeleine à Paris


Epilogue d'un esthète

Henri Vever et Metz : un lien de mécénat et de mémoire.


Epée d'honneur à une garde se terminant par une personnification de la Victoire, avec 7 étoiles en pierres brillantes. La poignée est en forme de statue de la déesse de la guerre, Athéna. Le pommeau est constitué de 7 poilus et un cavalier, le tout surmonté d'un casque Adrian. Sur une demi-coquille, le blason de la ville de Paris avec sa devise. Sur l'autre, 2 femmes tiennent un listel '1914-1918' sur une couronne de laurier. Sur la lame, 7 étoiles. L'épée est conservée dans une boîte en bois recouverte de papier marron, doublée de tissu jaune avec la marque de fabrique en doré.
Sur la lame : AU MARECHAL FOCH-LA VILLE DE PARIS



En 1920, la ville de Metz rendit hommage à Henri Vever, maître joaillier dont le ciseau délicat avait façonné les œuvres offertes aux maréchaux Foch et Pétain. En reconnaissance, l’Académie de Metz lui décerna l’honorariat. Depuis son domicile parisien de la rue de la Boétie, Vever répondit par une lettre empreinte de sensibilité, touché par la marque d’estime de ses compatriotes.

1921 : Henri Vever se retire des affaires ; Ses neveux André et Pierre et jean prennent la direction de la maison familiale Henri Vever ne rentre pas dans cette nouvelle société  et a 61 ans veut s'occuper de ses autres passions

1922

Mr et Mme Vever offrent au musée du Louvre un paravent peint par Hokusai vers 1804

1922




Intérieur du Magasin de Vever publié dans la Renaissance des Arts en 1923.

1923

1923


1923


1923


1924 au 14 rue de la Paix dans le journal "Les Modes"


C'est là que les deux fils de Paul Vever,  André et Pierre, quatrième génération de bijoutiers dans la famille, soutiennent une renommée plus que centenaire, en s'inspirant de l'exemple et des traditions de leurs prédécesseurs. Paul Vever n'est plus. Mais M. Henri Vever, collectionneur passionné et zélé propagateur de l'Union Centrale des Arts Décoratifs, est resté attaché au bel art où il avait débuté comme petit apprenti, il y a près d'un demi-siècle, et dont il a retracé magistralement les annales dans son livre essentiel de la Bijouterie française au XIXe siècle. Mai 1923 dans la revue "Renaissance de l'art Français"


1920 André et Pierre Vever sont admis à la chambre syndicale de la bijouterie, joaillerie Rue du Louvre à Paris

En 1924, Henri fait don au musée des Arts décoratifs de sa collection de 350 bijoux dont une soixantaine provient de la maison Vever.


Ce bracelet célèbre attribué à VEVER avec lequel il a obtenu un grand prix à l exposition de 1925 a été fabriqué par Geoffroy & Eisenmann.

Il entreprend des voyages d’étude, et applique à ses écrits des principes scientifiques d’historien. Retiré des affaires en 1925, il continue de publier sur ses confrères, illustrant son engagement constant pour un art national raffiné et moderne.


                                                                                1925


1926 la Maion Vever  propose un très beau collier , dans le Journal "Les Modes"

En 1926, Henriexprima sa gratitude de façon plus concrète. Lors d’une séance de l’Académie, on annonça qu’il faisait don d’un capital de 10 000 francs, dont la rente annuelle serait destinée à une œuvre choisie par l’institution. Cette donation donna naissance au prix Vever, une récompense annuelle attribuée à une personne originaire de Metz ou de la Moselle, de moralité irréprochable, exerçant ou se préparant à exercer un métier d’art. Ce geste marquait une avancée importante : la reconnaissance des arts appliqués au même rang que les arts libéraux.

Le mécénat de Henri Vever ne s’arrêta pas là.
En 1927, il offrit au musée de Metz une collection de cent cinquante figurines en bronze, représentant soldats et pièces d’artillerie, et contribua à l’acquisition du linteau de l’église de Rozérieulles. L’année suivante, en tant qu’exécuteur testamentaire de Maurice Barrès, il finança une édition limitée de Colette Baudoche, illustrée par le graveur Paul-Adrien Bouroux. Ce geste, empreint de nostalgie, témoignait de son attachement à une Metz idéalisée, celle de son père et de son grand-père, déjà disparue.


1928  dans la revue la Renaissance , belle brochettes de personnalités dans le Jury,  dont Henri Vever


1930 : Henri Vever est nommé membre du Conseil des Musées Nationaux en remplacement de Gaston Migeon


                                             1930 Henri Vever généreux donateur d'Estampes


En 1933, la ville remit à sa famille un brevet de patriotisme messin, tout en reconnaissant officiellement le poinçon d’orfèvre des Vever. Puis, en 1935, Henri fit un ultime don au musée : un bric-à-brac militaire hérité de son père. Parmi les pièces figuraient des fusils Chassepot, des épées et sabres d’officier, un clairon des francs-tireurs de Metz, ainsi que trois baguettes de nettoyage. À ces armes s’ajoutaient deux souvenirs plus intimes : le buste en bronze d’Ernest Vever, capitaine des francs-tireurs de 1870, et son portrait peint par le célèbre artiste Edouard Detaille.


Facture de 1936 au 14 rue de la Paix

1937 : Exposition internationale des Arts et Techniques dans la vie moderne, Paris, vice-président de la classe 53 

1938 Il est promu officier de la Légion d’honneur en octobre 1938 

1939 : mort de Marguerite Vever


1939 Henri Vever habite 59 rue de la Boétie, déjà Chevalier de la légion d honneur il va devenir Officier

1941: Un tache sur l histoire



Lequel des deux Vever est nommé administrateur de l aryanisation de l entreprise Juive Worms le 4-juin-1941 au journal officiel de la république Française?
Cotes : MC/ET/CXVI/1837
17 décembre 1941

Bail avec promesse de vente et sous condition suspensive d'un fonds de commerce de bijouterie-joaillerie situé 8, rue Royale, par la société "Worms et Fils" représentée par sa gérante, Giselle Marguerite Balabaud, épouse "non juive" de M. G. Flament, demeurant à Colombes (Seine) et assistée de Pierre Vever, négociant demeurant 14, rue de la Paix, administrateur provisoire du fonds de commerce, à la société "Franor", représentée par Charles Lafond, son gérant et négociant demeurant rue Lecourbe, n°88.

C'est donc Pierre.  Cotes tirée des archives nationales Françaises.

René Lazare Worms était en France depuis 5 générations, engagé pour la durée de la guerre en 1914, titulaire de la médaille militaire, de la croix de guerre , de la croix du combatant volontaire en 39-40 blessé le 17-05-1940, amputé de l index et pourtant le gouvernement Pétain aryanisera son affaire et l'enverra a Auschwitz.


le 4 juin 1941 Pierre Vever au journal Officiel est nommé administrateur de l'Aryanistion de Worms et Fils..en 1921 : Henri Vever était retiré des affaires ; ses neveux André et Pierre avaient pris la direction de la maison familiale.


Personne ne fut obligé d'accepter d'être administrateur de biens juifs, et un premier administrateur fut nommé pour plusieurs affaires juives  dont Worms & Fils

Mais Pierre Vever insista pour être nommé a sa place et le fut par  Der Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF) commandé par Otto Von Stulpnagel.


Walther von Brauchitsch et Otto von Stülpnagel (à droite) à Paris

 Le Commandant militaire en France (MBF) était le chef de l'administration militaire dans la zone occupée de la France suite à l' accord d'armistice entre le Reich allemand et la France le 22 juin 1940 .
Le quartier général du commandant militaire en France se trouvait à l' hôtel Majestic , avenue Kléber à Paris .Le commandant militaire était responsable de cinq circonscriptions administratives militaires dont les quartiers généraux étaient à Saint-Germain-en-Laye , Angers , Dijon , Bordeaux et Paris Le commandant militaire était responsable de cinq circonscriptions administratives militaires dont les quartiers généraux étaient à Saint-Germain-en-Laye , Angers , Dijon , Bordeaux et Paris.


Pierre Vever va essayer de revendre l affaire à Verger le célèbre Horloger  Joaillier



Verger, par plusieurs lettres démentit avoir voulu acheter Worms




le 12 juin 1944 décès de Samuel Worms.


Le 23 -05-1945 dans le journal le Populaire  la famille cherche à avoir des nouvelles de René Lazare Worms qui était interné à Drancy.


Malheureusement il avait été déporté, en partance de la gare de Bobigny, Les internés de Drancy, rassemblés en cet endroit en vue de leur déportation vers Auschwitz, partaient en réalité non pas de cette gare même mais de la halle aux marchandises qui est située en face de la gare. Les 42 convois de déportation de Drancy partis du 27 mars 1942 au 23 juin 1943 sont partis de la gare du Bourget. Les 21 convois du 18 juillet 1943 au 17 août 1944 partent de Bobigny. Au total, environ 63 000 juifs ont été déportés depuis Drancy entre 1942 et 1944 selon les calculs de Serge Klarsfeld.

Les administrateurs de l 'aryanisation des affaires juives, ont ils pensé un (court) instant aux conséquences de leur collaboration active avec les Nazis et les services du Maréchal Pétain.?
Par exemple pour la Joaillerie: Maurice Mellerio (rue de la Paix)administrateur de l'aryanisation  pour Ostertag, René Bry (Rue Sainte Anne et de la Paix) pour Van Cleef & Arpels, Pierre Vever (14 rue de la Paix) pour Worms, et tous les autres,  


1940 Henri Vever n'exerce plus  mais la presse en parle:
« M. Henri Vever. « Ce qui frappait le plus en Vever, c’était son activité. « Né en 1854, Henri Vever était fils d’Ernest Vever alors à la tête d’une bijouterie de famille fondée à Metz en 1821, qui dut s’expatrier en 1870 —non sans danger — car, ardent patriote, il avait pris une part très active à la défense de Metz comme commandant d’une compagnie de francs-tireurs organisée par lui. « La Maison Vever une fois établie à Paris, Henri Vever qui devait en prendre la direction avec son frère Paul en 1880, fréquenta pendant ses années d’apprentissage les cours divers des Arts décoratifs et entra à l'École des Beaux-Arts que dirigeait M. Guillaume : il avait déjà acquis à cette époque ses premiers Rembrandt sur sa bourse d’étudiant. « La Maison Vever ayant participé aux expositions universelles de Moscou (1891) et de Chicago (1893), Henri eut l’occasion de visiter la Russie, la Perse, l’Afghanistan et aussi tout le continent américain nord. Ces voyages développèrent encore son goût inné du beau aussi bien dans ses formes générales que dans ses applications. Ceux d’entre nous qui ont eu le bonheur de fréquenter 1’ « Atelier » de la rue de La Boëtie n’oublieront jamais ses médailles grecques, ses laques et ses bronzes japonais et chinois, ses miniatures persanes, ses peintures et ses estampes extrême-orientales ni, dans les productions de notre civilisation européenne ses cartons de Durer et de Schongauer, de Rembrandt, ses albums de Watteau, (société des amis du livre Paris") ses Lepère, ses Besnard — sans parler de l’œuvre d’artistes qu’il avait pour ainsi dire créés, comme Chadel — et ses livres. « La passion du livre illustré fut pour lui l’aboutissement graduel, logique de l'amour raisonné de la gravure. Et la reliure harmonieuse, élégante ou riche n’est-elle pas fille de l’orfèvrerie? « Vever aimait à dire qu’il n’était pas collectionneur, mais amateur. En fait, il aimait le beau dans des branches si diverses qu’il était devenu collectionneur multiple sans spécialisation. « Amateur donc  puisqu’il se baptisait ainsi, collectionneur, il était en plus mécène et initiateur. Nous trouvions chez lui un accueil instructif et sans réticences : on pouvait « toucher » — en l’écoutant tout à loisir — les Grolier et les Legrain. A ce contact familier, certains de nos illustrateurs doiveut Je meilleur de leur talent. Pour ceux qui peinaient, il était compréhensif et bon. Faut-il rappeler l’aide qu’il apporta aux relieurs pendant la guerre 1914-1918 en leur faisant exécuter ce qu’il appela ses « cent reliures » ? « 11 était gai, savait apprécier un plat copieux arrosé d’un cru fameux... Ose-t-on rappeler aujourd’hui de tels souvenirs? Mais il le faut, sans cela ce portrait d’un vrai bibliophile ne serait pas complet.

Henri Vever s’éteignit en 1942 dans son château de Noyers, dans l’Eure. Son entreprise, déjà reprise par ses neveux à sa retraite, perdura encore quelques décennies avant de disparaître en 1982. Aujourd’hui, son nom demeure associé non seulement à l’orfèvrerie et à la joaillerie, mais aussi à un large éventail de passions : collectionneur, historien, voyageur, bibliophile, amateur d’art, mécène et généreux donateur..




Ce Chateau est à l abandon par suite de la défection d'un Emir qui ne se serait pas adapté au climat Normand, madame le maire de Noyers me l'a confirmé.

Bonjour monsieur, le château de Noyers ancien établissement l' Hostréa un bien de la Sécurité Sociale qui se trouve dans l'Eure 27720 et non pas l'heure (temps) et n'est pas hanté. Il est actuellement à l'état d'abandon et à vendre. Voilà ce que je peux vous dire et vous invite à venir nous voir en mairie à partir du 25 aout 2025 si vous souhaitez des photos.
Bonne journée et cordialement à vous.
Madame Boudin Nathalie maire de Noyers

1960 Jean Vever, le petit fils de Paul Veverprend la direction de la maison Vever

1974 : première vente des collections d'estampes de Vever : Sotheby's, Londres, 26 mars 1974, puis 26 mars 1975, 24 mars 1977, 22 mars 1978 et 30 octobre 1997

1982 :   le "L'esprit et le talent Vever " n'est plus et les ateliers et la Maison ferment



Depuis 2021 des descendants de Pierre Paul Vever veulent relancer le nom, la marque, de qui descendent ils ? du sous lieutenant de cavalerie? 

Du modeste atelier messin de Pierre Vever aux chefs-d’œuvre Art nouveau d’Henri, la maison Vever s’est imposée comme un symbole de raffinement et d’innovation. Plus qu’une entreprise, elle incarne une tradition familiale où le talent et la vision se transmettent de génération en génération. Aujourd’hui encore, l’héritage des Vever demeure vivant à travers leurs bijoux, leurs écrits et leur contribution majeure à l’histoire de la joaillerie française.

Les papiers d'Henri Vever, datant de la période 1875-1932, sont conservés à Washington à la Freer Gallery of Art et aux Arthur M. Sackler Gallery Archives : on y trouve six journaux, un grand livre d'acquisitions d'art, des peintures à l'huile par Vever, et des photographies" https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Vever


 

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