vendredi 26 mai 2017

Les SOUFFLOT une famille de Joailliers Français oubliés



Sur Ebay, des milliers d annonces sur l'orfèvre Soufflot, avec des définitions dithyrambiques, les prix aussi, mais qui est Soufflot?

Je me suis souvenu qu 'une grand tante m avait donné il y a plus de quarante ans une tasse avec sa cuillère et sa soucoupe, le temps de vérifier ma mémoire, et c'est bien une tasse dans le style Rococo de Henri Soufflot, elle est poinçonnée .....




Nous verrons plus loin qu'il y eut plusieurs Soufflot de la même famille,  mais celui ci est le plus souvent observé et c'est donc....


Revenons à l 'origine de cette dynastie familiale dont l affaire sera vendue  en 1901 à René Boivin.
François Soufflot naît en 1821, le 8 septembre, à Paris, ou il décèdera le 22 octobre 1902.
Son père était né en 1776 , devenu plus tard Marchand de Vin, et juste pour sourire!!!Sa mère était Marthe Henry qu'il épousa dans son village à Coulanges la Vineuse qui est réputée pour son vignoble
François qui a dû commencer son apprentissage très tôt,  chez Martincourt un joaillier de la rue des Arcis à Paris .
En 1843, François Soufflot reprit la maison de son patron d'apprentissage Henri Martincourt, joaillier rue des Arcis (lequel n'avait aucun lien de parenté avec le bijoutier du même nom) et qui s'adonnait principalement à la petite bijouterie aux « parures » et à la joaillerie à effet, pour laquelle on employait les chatons à arcades très apparentes dénommés « dahlia », en raison de leur similitude avec la fleur de ce nom.(d'après Vever)



Voici les fameux chatons Dahlia  de la maison Martincourt que dirigeait François Soufflot


La fleur inspiratrice de ces chatons

Vraiment "bruts de lime"




C'est mon amie Carine Miller qui m'a trouvé ces photos, une visite régulière s'impose sur son site: https://www.miller.fr/


François le bijoutier se maria avec  Alexandrine Henriette Dumas le 11 octobre 1845 à Paris en l'église Saint Germain l'Auxerrois, ils eurent une fille en premier, et un garçon naquit en 1848 Henri Emile Soufflot.



Grâce à son intelligence, à ses qualités d'ordre et de travail et aux efforts de sa femme, qui appartenait aussi à la profession comme polisseuse et le secondait très bien,  François Soufflot parvint à faire de ce modeste atelier une importante maison de bijouterie et de joaillerie, qu'il transporta successivement, au fur et à mesure des agrandissements nécessaires : en 1846, il est indiqué bijoutier en or,  au 19 rue Quincampoix, puis rue Notre-Dame des-Victoires et enfin, en 1871, rue du Quatre-Septembre.

Peu de renseignements sur François Soufflot, nous savons qu'il obtint une médaille d'argent en 1867,
En 1870 Paul Soufflot avait gagné vaillamment la médaille militaire pendant le siège de Paris, en allant porter un ordre à Epinay, sous le feu de l'ennemi.

Il se retira des affaires en 1873, après avoir fait partie pendant quelque temps du Tribunal de Commerce.



Rond point des Champs Elysées  vers 1872

 Son fils Paul-Justin se marie  le 30-11-1872 .
MC/ET/LII/1013 Mariage entre Paul Justin Soufflot, fabricant joaillier-bijoutier demeurant au 10 rue du 4- Septembre, et Louise Isabelle Duluard demeurant chez ses père et mère au 69 avenue des Champs-Élysées. Archives nationales (France) 26 19 septembre - 30 novembre 1872 Informations complémentaires :
Il avait deux fils : l'aîné, Paul Soufflot, joaillier, fut associé avec son beau-frère, M. Henri Robert, de 1872 à 1892, et le second fils de François , Henri Soufflot devient un orfèvre très apprécie et apparemment titulaire d'une importante  production.





Exposition universelle de 1878 : angle du Palais du Champ de Mars (ingénieur Henri de Dion)
avec la tête de la Statue de la Liberté au premier plan (Bartholdi)

En 1878 Soufflot et Robert obtiennent une médaille d'or à l'exposition universelle.
Paul Soufflot est connu pour un bijou sélectionné par le Musée des Arts décoratifs de Paris.


Photo Jean Tholance



Ce bijou qui se trouve dans la galerie des Bijoux est de Paul Soufflot et Henri Robert, son associé et daterait de 1880



C'est pour l'Exposition Universelle de 1878 que fut construit le premier Palais du Trocadéro



C'est l almanach Officiel  qui le situe au 53 rue de Lisbonne, mais l immeuble n'existe plus.


Août 1892 Paul obtint la légion d Honneur



Les états de service de Paul-Justin Soufflot qui motivèrent sa Légion d'honneur


Il y a peu de bijoux de Paul Soufflot sur le marché, et aussi peu de descriptions





Ce Bracelet en diamant, est de la fin du 19ème siècle, Sotheby's a vendu ce bracelet ligne de diamants ronds décorés de part et d'autre avec des motifs fleur de lys longueur 180 mm, estampillé Soufflot Fils & H. Robert estampillés









1900



1900




1901

Et pourtant !!!le grand Vever juge qu'en 1900 Soufflot n a pas fait beaucoup d'efforts:

En nous rappelant les belles expositions de M. Soufflot en 1878 et en 1889, nous éprouvons une légère déception ; ce n'est pas qu'il ait perdu aucune de ses qualités, on croirait plutôt que c'est volontairement qu'il a restreint sa participation à l'Exposition de 1900. Toutefois nous trouvons, dans sa vitrine, une branche de bégonia fort bien traitée ; voici encore une églantine, qui nous est présentée à quatre états différents de fabrication ; si grand qu'en puisse être l'intérêt pour l'éducation du public, nous aurions préféré avoir l'occasion d'admirer d'autres pièces plus modernes.




Dans la Revue HBJO de 1902 un commentaire dithyrambique sur cette couronne que personnellement je trouve un peu lourde, mais!!!


Revue de la BJO 1902: J'ai plaisir à constater, une fois de plus, que l'étranger vient toujours demander au goût, à l'habileté, au sentiment comme au doigté artistique du joaillier français, ses riches bijoux, ses parures somptueuses, soit qu'il désire faire rayonner les pimpantes toilettes des jolies femmes, soit qu'il aspire à rehausser d'un nouvel éclat les tètes couronnées.
C'est ainsi qu'il m'a été donné récemment de voir un diadème des plus remarquables, créé à Paris,
et destiné à une cour étrangère. Au double point de vue d' une manifestation nouvelle de la suprématie de notre fabrication nationale et de l'importance et de la grandeur de la pièce, je suis heureuse d'en publier une reproduction, qui attirera certainement l'attention des lecteurs de la Revue.

La composition de ce diadème est sobre, elle n'emprunte rien aux subtiles fantaisies du style moderne, qui n'auraient assurément pas été comprises dans le pays où le bijou doit être livré, et j'imagine que le créateur, M. Soufflot, a été bien inspiré en faisant simplement appel, dans la circonstance, aux procédés de l'ancienne joaillerie, mettant bien toutes les pierres en valeur et, malgré l'importance de celles-ci, sachant conserver à l'oeuvre une grande légèreté.
Il est certain que les brillants, les émeraudes et les rubis, mélangés dans ce diadème, produisent un effet des plus intéressants et je trouve qu'il faut louer le joaillier d'avoir vaincu une difficulté qui n'était pas des moindres, celle d'avoir pu présenter ces pierres, de couleurs si différentes, sans aboutir à un jeu criard et disparate.
L'étoile, qui surmonte la pièce, est entourée d' émeraudes calibrées, serties bord à bord ; le centre est un superbe diamant qui pèse, m'a-t-on dit, 45 carats ; l'émeraude principale est du poids de 67 carats; une autre pèse 40 carats; le rubis est de 13 carats; les brillants de 14 à 15 carats chacun ; toutes ces pierres, dans leur ensemble, atteignent le total de 580 carats. La base du diadème, composée de brillants, de rubis et d'émeraudes, mélangés et alternes, est entièrement souple; les ornements qui la surmontent peuvent en suivre tous les mouvements par des brisures habilement dissimulées.
J'ajouterai que cette pièce, si considérable, est néanmoins d'une grande légèreté. Je viens d'indiquer plus haut le poids des pierres précieuses; celui de l'or et de l'argent employés ne dépasse pas, tout compris, 424 grammes. Il me semble que voilà une démonstration parfaite de l'habileté avec laquelle elle a été exécutée ; et on peut ajouter que, toute destinée qu'elle soit à l'exportation, l'oeuvre possède les qualités que le bijou parisien emprunte au style apprécié d'autrefois. Dans cette circonstance, M. Paul Soufflot a donc, — il n'y avait pas d'ailleurs à en douter, — représenté dignement à l'étranger la fabrication française.
C'est signé de Laure Tedesco, Vicomtesse de Réville qui tint plusieurs journaux de mode aux alentours de 1900.



autre pièce de 1902 du Joaillier Paul Soufflot

En dépit des efforts de ses nombreux concurrents, elle tient toujours la première place et, s'il est vrai de dire que, d'une manière générale, l'exportation du riche bijou a quelque peu diminué, il faut en rechercher la raison en dehors de toute considération professionnelle, notre supériorité demeurant incontestée. Mais les graves événements qui se déroulent sur tous les points du globe, les inquiétudes absorbantes des gouvernements et des peuples, ont nécessairement imposé un arrêt à l'expansion de tout ce qui peut être considéré comme somptuaire ou superflu. Ce n'est point dans les périodes troublées que le bijou resplendit; loin de là, il se cache, et je me souviens parfaitement avoir lu qu'après les crises sanglantes de la Ligue, il se passa un certain temps avant que les orfèvres pussent retrouver la faveur et la fortune dont ils avaient joui sous les Valois. C'est à peine si, pendant les premières années du règne d'Henri IV, les femmes osaient montrer leurs joyaux, qui ne retrouvèrent tout leur empire qu'avec Gabrielle d'Estrées.
D'autre part, tous les bijoux que les gouvernements de notre vieille Europe ont accoutumé d'offrir en présents aux chefs de ces peuples, à qui l'on entend porter les bienfaits de la civilisation,
sont fabriqués à Paris; c'est à nos bijoutiers que les ordres des représentants de l'Allemagne, de l'Angleterre, de la Russie, de partout, sont toujours transmis; ce sont eux, eux seuls, qui savent mettre justement au point les bijoux commandés, selon l'importance l'importance ceux à qui ils sont destinés. Le tact et l'esprit français s'imposent partout, comme on le voit, mais, à l'heure présente, ils sont impuissants, au moins au point de vue de la bijouterie.
Ce ne sont plus des bijoux qu'on offre aux peuplades réfractaires au progrès, on leur envoie des coups de canon; et, comme rien n'est, paraît-il, plus persuasif, on n'attendra pas trop longtemps





Notons que la mort du père François Soufflot nous permet d 'apprécier sa réussite  , il possédait à la fin de sa vie , un bel appartement au 86 rue de Monceau à Paris



Une très belle liste de grands joailliers pour le comité d'admission à l Exposition de Saint Louis.



1904 la revue BJO nous permets de revoir des noms illustres de nos métiers


Ainsi que nous avons annoncé, la distribution solennelle des prix et récompenses, décernés par la Chambre syndicale de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, a eu lieu le 27 juillet, dans la salle des Ingénieurs civils, rue Blanche. Cette solennité était présidée par M. Chapsal, directeur du cabinet du Ministre du Commerce et commissaire général du gouvernement français à l'exposition internationale de Liège.

C'est M. Paul Robin, vice-président de la Chambre syndicale, qui entouré de MM. Chambin, Harleux, Radius, vice-présidents, de MM. Frey, M. Robin, Arvisenet, H. Templier, secrétaires, M. Durand-Leriche, trésorier, et des membres de la Chambre syndicale, a reçu M. le délégué du gouvernement et lui a adressé d'éloquentes paroles de bienvenue.

Ma promotion à l'École rue du Louvre en 1960  était la promotion Leon Etienne Arvisenet

M. Paul Robin remplaçait dans la circonstance M. Louis Aucoc, président de la Chambre syndicale, retenu loin de ses collègues, pour cause de santé.

Parmi les membres présents, nous avons remarqué: MM. Massin, Chaveton, Ballin, Bled, Boivin, Bouchevereau, Maurice Brunet, Cartier, Chassaing, F. Desprez, L. Desprez, Deverdun, Écalle, Féau, Froidefon fils, L. Gaillard, H. Gauthier, Granvigne, E. Henry, Jacta, Keller, Languedocq, Leforestier,
Lenfant, Marest, Martial-Bernard, Mellerio, Paul Templier, Pagnon, Picard, Poussielgue-Rusand, A. Rambour, Risler, De Ribes-Christofle, Soufflot, Soyez, Vaubourzeix, etc., etc.
Il nous est malheureusement impossible faute d'espace de reproduire dans leur entier les discours qui ont été prononcés et qui méritaient à juste titre les unanimes applaudissements par lesquels ils furent accueillis. Nous devons ajouter que les nombreuses notabilités qui, en répondant à l'invitation des membres du bureau et des membres du conseil de la chambre syndicale, avaient tenu à prouver l'intérêt qu'elles portent à la corporation, ne furent pas les dernières à manifester leur enthousiasme.



Paul-justin Soufflot  s'était séparé de son beau frère Henri Robert que nous retrouvons installé en 1900 au 53 rue de Rome Il y était depuis 1897.


Le second fils de François Soufflot était orfèvre, et à voir ce qui reste, il a beaucoup produit

Son poinçon en 1884 

Les pièces d'orfèvrerie qui suivent sont bien de Henri Soufflot, mais peu de certitudes sur les dates



Un Samovar de Henri Soufflot qui a été vendu par la maison Aguttes ; Fontaine à thé ou samovar en argent de style Louis XVI. Elle pose sur quatre pieds patins en ivoire tourné. Anses et pieds feuillagés. Le fermoir du robinet en forme de cygne. Poinçon minerve. Orfèvre: Henri Soufflot. H: 37,5 cm - Poids: 1615 g







C'est une théière en argent massif de Henri Soufflot en vente Chez Jacques Boutique "Adrienne" vous pouvez le contacter à  adrienne.h@wanadoo.fr


Pièce de H. Soufflot en vente chez w.sygiel@noos.fr, je crois que les photos appartiennent à Flambeau d’Antan SARL 

 

Pièce  argent massif de H. Soufflot en vente chez w.sygiel@noos.fr


Pièce  argent massif de H. Soufflot en vente chez w.sygiel@noos.fr



Rond de serviette et coquetier assorti cartouche rocaille chiffré ES sur cotes torsadées- argent - travail Henri Soufflot.



Tisanière en argent, avec son réchaud. Maître-Orfèvre Henri Soufflot. Fin du 19ème siècle. Chocs. Poinçon Minerve, Poids : 450 en vente chez maitre Guillomot Richard





C'est un porte stylos en argent massif de Henri Soufflot


Nathalie Bourreau à Grasse , remarquez  le style Rococo et la découpe des motifs 
Nathalie Bourreau ,76, Hautes- Ribes Mas Nausicaa 06130 Grasse



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Cuillère à glace, saupoudreuse,  manche découpé aux initiales, beau travail de H. Soufflot






Henri Soufflot & Cie
L’entreprise prend le nom de Henri Soufflot & Cie, dont l’activité est toujours située 89 rue de Turbigo à Paris. Le symbole du poinçon reste le même " un soleil levant et une étoile". La compagnie reprend des modèles de Cottat, Lenain, Collet, Escroignard, Armand Gross et Ferry et de coutellerie de A. Debain et Murat. Voir site : http://www.ascasonline.org

L’usine était située 143 rue Michel-Bizot. Le poinçon est biffé le 9 novembre 1910, quand Caron reprend l’entreprise.


1910 vendu  par Christie's







Nouveau poinçon de Soufflot et Cie en 1914



Sur cette facture de 1916 on voit nettement que la maison a été reprise par G Olier et E.Caron




En 1923 une dernière rubrique pour le mariage  de la petite fille de Paul Soufflot

J'espère des compléments à cet article et j'espère que des pièces réalisées par Paul Soufflot feront surface,  un commentaire est toujours le bienvenu




lundi 1 mai 2017

Serti Invisible. Quid de cette invention? Chaumet, Langlois, Boucheron, Van Cleef & Arpels, Cartier?



Un ami facebookien "Cedric Sansen" m'a fait part de sa découverte dans un livre allemand à propos d' une invention de serti invisible. Les auteurs de ce livre attribuaient à la Maison Chaumet l'invention en date de 1906.
En réalité cette invention est suivie d un brevet déposé.

CHAUMET


Cliquez sur toutes les photos pour agrandir

Lecture un peu fastidieuse mais elle permet de connaître l'inventeur, du moins le déposant Jean-Baptiste Chaumet, ce brevet est demandé le 17 août 1904, délivré le 21 octobre 1904, et publié le 6 décembre 1904 sous le N° 345614.
Vous ne trouverez pas dans vos lectures sur la bijouterie-Joaillerie  Jean Baptiste Chaumet qui pourtant est le fondateur de la maison Chaumet.




Sur son acte de naissance il est bien noté que l enfant de Jean Chaumet se nomme Jean Baptiste, mais aux environs de l'âge de 25 ans , Jean Baptiste décide de changer de Prénom, pendant un temps, il fut  inscrit "Jean Baptiste dit Joseph" il semble que ce soit après son mariage avec Blanche Marie Morel qu'il change son prénom.
Jean Baptiste (de Bordeaux) rentré comme commis chez le grand Joaillier Morel à Paris va gravir tous les échelons et Mr Morel n'ayant pas de fils va le marier à sa fille, et organiser sa succession en prenant Jean Baptiste comme successeur.




J ai traité l histoire de ce qui sera la maison Chaumet en plusieurs chapitres.





Le titre du Brevet est "Mode de montage des pierres destinées à la fabrication des bijoux ou joyaux de toutes natures" Joseph Chaumet  n' emploie pas le mot invisible,  sauf dans le résumé de son brevet ou une phrase  explique que c'est une "bande destinée à la confection de bijoux et joyaux de tous genres formée par la juxtaposition  de pierres retenues par une ossature métallique a peu près invisible....." c'est tout.

C'est donc bien la première fois que des pierres précieuses ne sont pas tenues par des griffes, des grains, en résumé; par les systèmes classiques pour faire tenir les pierres .
C'est pourquoi je pense qu'on peut attribuer "l idée" du serti invisible à Joseph Chaumet
Je n'ai jamais lu ou vu que la Maison Chaumet du vivant des Chaumet dans l entreprise se soit attribué l invention d'un serti invisible, et Joseph Chaumet dans son livre de 1930 "Une pléiade de Maitres Joailliers" n'ecrit pas sur ce sujet

VAN CLEEF ET ARPELS:



D'après les archives de Van Cleef et Arpels ces dessins gouachés datent des années trente




L'idée a fait son chemin...du moins dans la tête d'Alfred Langlois grand fabricant de Joaillerie spécialisé aussi dans la fabrication de boites précieuses, là aussi, aucune certitude, Langlois travaillait entre autres pour la maison Van Cleef et il semble que vers 1929, Alfred Langlois ait eu l idée de fabriquer des bijoux sur lesquels les pierres ne seraient pas tenues par des sertis classiques qui dissimulent une partie des pierres précieuses.
Van Cleef et Arpels n'ayant pas d'atelier, font travailler des artisans comme cela se pratiquait à l'époque, mais Langlois va fabriquer pour Alfred Van Cleef  des "Vanity Cases" de plus en plus beaux, avec de plus en plus d'accessoires comparé aux autres grands joailliers.
Alfred possède un petit château qu'il a appelé bien avant les bijoux "la Minaudière" mais comment être sûr de l exclusivité?
Alfred Van Cleef  et ses associés vont donc absorber l'atelier Langlois à tel point que Langlois sera aryanisé en même temps que VCA, alors que Langlois n'était pas juif.




Sur la première page du Brevet demandé  par la société Van Cleef et Arpels le 2 décembre 1933 délivré le 19 mars 1934 et publié le 31 mai 1934, vous pouvez lire la dénomination
" Dispositif pour monter les pierres précieuses" et il n'est pas fait mention de serti invisible ou Mystérieux. 
Le serti invisible est réservé aux pierres carrées ou calibrées. Il nécessite la fabrication d’une structure en rails sur laquelle vos diamants viendront se « clipper » après avoir été préalablement incisés sur leur culasse juste sous la couronne (partie médiane de la pierre). Un travail extraordinairement délicat qui se fait en binôme, avec « aller retour » entre le sertisseur qui fixe les pierres et le lapidaire qui les incise et les retaillera pour que les ajustages soient parfaits. source Wikipédia



Le mandataire de la société Van Cleef et Arpels était le cabinet "Assi et Genès" très important cabinet spécialisé dans les dépôts de brevets depuis les années 1880. Il était installé sur le boulevard Voltaire à Paris, puis fin de siècle il déménagera 6 rue du Havre à Paris





C'est en 1929 qu’Alfred Langlois voulut faire breveter la première monture en serti invisible, mais elle n’était pas parfaite, et avec la crise, il fallut plus d’un an pour la voir mise en vente.

Alfred Langlois, fabricant de boîtes et de vanity-cases, tombe sur une micro- mosaïque du XIXe siècle dont l’agencement de mini-tesselles sans joint apparent, lui donne l’idée de transposer ce procédé dans la joaillerie. Langlois procédait comme dans la micro-mosaïque où de petites plaques de céramiques sont tenues en rangées.

Il travaillait pour la maison Van Cleef & Arpels, c'est a dire Alfred Van Cleef et son beau-frère Jules Arpels.agent vivement.

Jusqu’ici les pierres précieuses employées en joaillerie pouvaient toujours être remontées pour recréer un autre bijou, mais avec le serti invisible cela devint presque impossible. C’est en effet une taille spéciale, pierres carrées sur lesquelles on taille un sillon côté culasse pour qu’elles puissent être « serties » par le dessous.
Elles dépendent les unes des autres, que ce soient des rubis ou des saphirs (quelquefois des émeraudes) car elles doivent être assorties, être homogènes en couleur selon les directions par rapport à la lumière. Il y a une élimination importante, lors du choix, pendant et après la taille, et ceci au risque de ne pas être réemployées sur un autre bijou.
En 1932, Monsieur Langlois possède toujours son entreprise de Bijouterie rue Saint- Martin à Paris; ce n’est que le 1er juillet 1932 qu’il sera absorbé par la maison Van Cleef & Arpels. Van Cleef va signer un contrat d’exclusivité avec le joaillier Alfred Langlois qui emploie alors une quinzaine d’artisans boîtiers. En 1933, la maison Van Cleef & Arpels insculpe son poinçon de joaillier : les initiales « VCA » et le symbole de la colonne Vendôme. L’atelier Langlois, qui comprend désormais des artisans boîtiers et des joailliers, se consacre à la fabrication des Minaudières et des pièces de joaillerie, notamment la mise au point du fameux « Serti Mystérieux ».

CARTIER:



Cartier va faire appel au cabinet Armengaud Jeune, fondé en 1836  et grand spécialiste des dépôts de brevets  en son "Office International pour les brevets d'invention"





Grosses différences avec VCA, avec une petite pique sur le mode inventé par Langlois, 
Ce mode de sertissage permet de réaliser un pavage, c'est a dire une juxtaposition de cabochons ou pierres, dans lequel ces derniers sont jointifs et ne sont pas comme dans les pavages existant, séparés par des bandes métalliques que forment les montures visibles.

Il est le premier a employer cette phrase:
extrémité de la monture, de sorte que cette dernière est absolument invisible

Cartier appelle son procédé "Mode de fixation des bijoux sur leur monture"  et nulle trace des termes "Serti invisible"



Cartier se différencie en expliquant qu'on étame les parties et que par simple chauffage on assure les soudures des parties étamées.
Ce ne devait pas être facile, et dans le temps assez risqué en revanche en cas de réparation, c'est plus facile a réaliser que les barres de métal.





Pour ce qui est des pendeloques, apparemment une bonne idée basée sur le même principe par chauffage des parties étamées assurant la soudure, mais je n'en ai pas trouvé dans les archives photographiques existantes. Personnellement mais plus j apprends et plus je sais que je ne sais rien, j'ai toujours vu des briolettes par exemple, percées d'un trou tout en haut de la pierre.


Techniquement oui!!!mais pratiquement? je ne suis pas sur que l étain tienne sur une pierre précieuse polie.

Cette invention a t elle été suivie, réalisée? 
Il faudrait vérifier auprès des services du patrimoine de Cartier, bien que ce service demande six semaines de délais, mais délais ou pas délais, je n'ai jamais eu de réponses a mes questions, pas plus que sur le service ducal de Chaumet!!!


VAN CLEEF ET ARPELS




La société Van Cleef et Arpels ( c'est important, car en 1936 Alfred Van Cleef est toujours le patron) demande l obtention d'un brevet le 29 avril 1936 à Paris; il est délivré le 22 août 1936 et publié le 21 novembre 1936. D'importantes modifications sont apportées au premier brevet. Celui-ci s'intitule "Montage des Pierres Précieuses"




Cette fois ci , le démontage est prévu et possible





La publicité  qui suit en décembre 1936 montre que des bijoux sont fabriqués selon le dessin du brevet ci-dessus. d'ailleurs de nos jours certains existent toujours!


Ce bracelet  dessiné par René Sim Lacaze est désormais la propriété de Van Cleef et Arpels




Ce clip Pivoine date de 1937, mais le plus intéressant...ce n'est qu'une partie du double clip originel


Clip Chrysanthème datant de 1937, une merveille , c'est comme un tableau, il faut le regarder, s'en imprégner pour voir la fleur, et imaginer son odeur, son charme.


Un dessin de René Sim Lacaze aux environs de 1936


René Sim l'avait dessiné en bijoux de cheveux, Renée Rachel Van Cleef sa directrice artistique en 1936 la réalise en broche et boucle d'oreilles






Si les brevets n' emploient jamais le terme invisible ou mystérieux la presse dans les publicités VCA notaient "Serti Mystérieux" 


Par exemple pour cette broche ci-dessus le terme employé est " "la monture est invisible"


MAUBOUSSIN

J ai trouvé dans les archives du journal "L'officiel" de 1936, des bijoux de Mauboussin qui  parlent de serti invisible, mais apparemment Mauboussin n'a pas continué.




En 1936 aussi, j ai découvert dans un journal "Vogue " de l'époque qui dit que "par un procédé spécial breveté, Boucheron a serti cette important masse de saphirs sans que l'or soit apparent"
 (Archives nationales Gallica)
Je n'ai pus trouver de brevet  à l'INPI, chez Boucheron non plus, pas de brevet, pas de correspondance, le service du patrimoine a juste des photos et des dessins, et chez Boucheron cela s'appelait le serti calibré,  pourtant sur cette photo, s'il n'y avait eu qu'une rangée, nous aurions pu employer le nom de serti calibré, mais trois rangées de saphirs calibrés, c'est du serti invisible!!



Nous en arrivons à 1938: 
A partir du dépôt de brevet de 1936, une modification est apportée par Salomon "dit Charles" Arpels qui déposa ce brevet aux États Unis le 31 mai 1938 en tant "qu'advisor" c'est a dire "Conseiller ou mandataire " de VCA.
Autant Salomon Arpels son père eut un rôle important dans l'éducation de Alfred Van Cleef autant Salomon Arpels dit Charles (c'est à l époque de son dossier de Légion d'honneur qu'apparaît le nom de Charles) n'eut pas un rôle aussi important que celui qu'il s'était attribué au sein de la maison VCA. 
a part les dettes!!!!!

Salomon Arpels père était l'oncle d'Alfred et lorsque Salomon Van Cleef  décéda alors que Alfred n'avait que onze ans, c'est Salomon Arples père qui amena Alfred à ce qu'il devint au point de s'associer avec lui.
C'est certainement Salomon Père qui lui trouve un poste d'apprenti, chez David et Grosgogeat (et non David et Grosgeat comme l'ont écrit nombre de Spécialistes de VCA) et que ces derniers se sont aperçus que ce jeune homme avait de grandes qualités.
Mélanie et Thérese Mayer étaient demi-soeurs, le fils de Mélanie Mayer épouse de Salomon Van Cleef épouse la fille de Thérèse Mayer épouse de Salomon Arpels, c'est traditionnel dans la communauté juive.
Alfred Arpels épouse Esther Arpels le 8 juin 1895
Salomon Arpels aide son gendre, et s'associe avec lui en 1896, mais il meurt en 1903, et ses fils, en possession de ses parts rentrent dans la société d'Alfred.







Ce dessin de René Sim Lacaze  se trouve dans la publicité de fin 1936, et fut réalisé en pierre de couleurs et même en émeraudes ce qui est un exploit en soi.




Voici le dessin de 1936 pour cette bague boule   qui se trouve sur la page de publicité "Serti mystérieux"






Mais il n'était pas possible à l époque de réaliser cette bague avec des diamants en serti invisible, les lapidaires n'avaient pas les instruments pour tailler dans le diamant d'aussi fines coupes, alors il fallut attendre 2002 pour que Van Cleef sous l'impulsion de Mr Stanislas de Quercize nous offre cette bague. Il faut reconnaître à Monsieur De Quercize le mérite d'avoir repris la fabrication de belles pièces en "serti mystérieux" ne serait ce que pour conserver notre savoir faire et celui de nos lapidaires comme Grospiron de Paris et nos sertisseurs. 


Je laisse le soin aux spécialistes de la langue anglaise le soin de traduire





Voici en 1939, une belle publicité de bijoux en serti invisible (source BNF Gallica France)

En résumé, s'il apparaît que Jean Baptiste Chaumet en ait eu l'idée, c'est bien la maison Van Cleef qui mit au point la réalisation du serti des pierres précieuses ou il est impossible de voir la technique du sertissage, ce qui adapté a un langage publicitaire ou plus compréhensible par la clientèle donne les appellations de "Serti Invisible" ou "Serti mystérieux"

Un commentaire est toujours le bienvenu, j y répondrais.

Jean Paul Trotain De neuilly à Nonancourt, de Bijoutier à Cultivateur.

Jean Trotain a sa part de mystère, il a produit de nombreux et merveilleux étuis à Cigarettes, à Cigares, etc. Il a commencé sa carrière en ...