lundi 30 septembre 2013

1914-1918: La Bague du Poilu, le Centenaire de la Boucherie


La bague du poilu c'est aussi l'histoire de la bijouterie !
En 2014, le centenaire du début de la terrible Guerre, celle ou chaque Pays disait avoir Dieu de son côté.....même "Mein Gott ist mit uns"

Brave poilu fabriquant ses bijoux dans la tranchée de Souaine

Lorsque nos vaillants soldats de la guerre de 1914-1918 avaient un moment de répit entre deux attaques ou bombardements, ils fabriquaient des bagues, qu'ils soient Joailliers, agriculteurs, garagistes ou tous autres artisans suffisamment adroits

Cette bague ci-dessus comme la plupart des bagues est en aluminium, nous verrons pourquoi ! 
Quant à l 'insigne d'artilleur, je pense que cela venait d'un découpage de boutons d'uniforme en cuivre.



Il suffit de cliquer pour agrandir cette image et toutes celles de l'article, qui explique que ces bagues étaient faites en aluminium. A l'époque nous étions parait-il, Les seuls à extraire de nos sols la bauxite car nous avions de nombreux gisements dans le Var.  C'est un Chimiste allemand qui en fit la découverte en 1827, mais comme d'habitude , l'Allemagne était mieux organisée que nous et produisait l'aluminium à meilleur marché que nous, malgré les frais de transport pour le faire venir chez elle.

L'aluminium rentrait dans la composition des fusées d'obus, ces fusées qui déclenchaient l'explosion de l'obus, avec des systèmes plus ou moins sophistiqués.

L'aluminium est un métal malléable, ductile, il fonda 650°, il se moule aisément, il est peu oxydable. En somme une excellente matière première.



La maison Allemande AEG, (Allgemeine Elektricitats Gessschaft) fabriqua la fusée en photo ci-dessus et vous verrez plus loin que les Allemands mettaient dans les différentes pièces de ces fusées, plus d'aluminium que les français ou les Anglais.
Nos pauvres soldats en prenaient plein la G..... En 1914, et l'un d'entre eux eut l'idée de récupérer ces fusées.
Quand une salve d'obus était tirée sur nos lignes, dès la fin de l'envoi, nos poilus sortaient de leurs abris et creusaient la terre pour récupérer les fusées des Obus.
(Le mot « poilu » à l’époque dans le langage familier ou argotique quelqu’un de courageux, de viril (cf. Par exemple l’expression plus ancienne « un brave à trois poils », que l’on trouve chez Molière) Wiki, ou l’admiration portée à quelqu’un « qui a du poil au ventre ». En clair le "combattant" courageux par rapport à "l'embusqué".
Pour bien comprendre la différence observez ci-dessous.

Collection personnelle

Fusée N°80 V
Fusée à double effet, en laiton et alu, graduée de 0 à 22 secondes et de la croix romaine pour fonctionnement percutant.
D'abord dédiée aux obus des canons de campagne de 13 pdr et 18 pdr, elle fut ensuite adoptée pour la plupart des autres calibres. C'est la fusée anglaise classique de 14-18. Anecdote alimentant les partisans de la thèse de la guerre fomentée par l'internationale des industries de l'armement : le design est allemand (Krupp).Après-guerre, Vickers, entreprise anglaise qui fabriqua ces fusées, paya à Krupp 40 000 £ de royalties... Allez savoir pourquoi ?????

Il suffit de lire toutes les marques, ce qui permet d'apprendre que celle-ci a été fabriquée en mai 1917


Un fois démontée on peut voir qu'il y a moins d'aluminium que sur celle des Allemands. Si cela vous intéresse, un excellent site sur ces fusées d'obus.



Un encrier fabriqué avec une fusée allemande

http://www.bijouxregionaux.fr/fr/contenu.php?idcontenu=49

Il fallait dessertir la partie en aluminium, puis la fondre dans un creuset, souvent improvisé, une marmite en fonte ou un vieux casque pris à l'ennemi.
Comme il fond à 650°, il suffisait d'un bon foyer de charbon qu'on alimente avec un soufflet ou plus rudimentaire, en soufflant avec la bouche.
A l'époque, les poilus n'avaient pas les moyens de souder et souvent ces bagues étaient simples de forme et fondues, quoique...certains assemblaient des motifs en les soudant avec une soudure faite à partir des vieilles boites à sardines ou de conserves qui pullulaient sur le front. Peut-être aussi avec de l'étain ?
Mais il faut d'abord fondre le métal et nos poilus ne manquaient pas d'idées et les matériaux les plus hétéroclites pouvaient servir : pommes de terre, brique, craie, pierre à bâtir, terre argileuse !!

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1916 Objets fabriqués par les poilus dont le nom est cité



Ces deux-là, ci-dessus, sont en train de couler du métal dans une patate, au milieu ils ont dû mettre un morceau de bois pour faire le doigt.


Cette bague, comme plusieurs autres vient du site d'un charmant Néozélandais, Marc Faygen,  qui vit et exerce en France 

Cette bague est une fonte très sommaire, la fonte est pleine de trous.


Autre méthode extraite du "Magasin Pittoresque" de 1916, un petit cylindre, douille d'un petit obus ? Un bout de bois au centre et on remplit à la cuillère !

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Nos poilus observent une fusée

Archives Delcampe
Le motif soudé sur cette bague en alu est une représentation d'une croix de guerre.


Sur celle-ci notre joaillier a serti des verres ou des doublets (Expo de Palavas)


Le matériel est sommaire, qu'importe, nos p'tits gars du 118 sont enterrés dans une tranchée sur le front en Champagne


Cette bague qui est en vente à la maison DELCAMPE comporte une boussole, pas bête pour monter à l'assaut.


Encore une photo de grande qualité sur nos bijoutiers des tranchées, a l'époque , on fractionnait le travail en spécialités et en un même point on pouvait trouver des fondeurs, mouleurs, ébaucheur, découpeur,finisseur, ciseleur et graveur.


Et comme tous n'étaient pas manuels par exemple mes grands-pères, mais tous s'y mettaient comme les poètes, qui vantaient toute cette industrie sous toutes sortes de vecteurs ; et de nombreuses chansons furent composées et chantées sur place, mais aussi à l'arrière en famille ou aux théâtres.


Des bijoutiers Artilleurs, on voit l'un d'eux forger sa bague sur un triboulet, Photo de Edouard Brissy qui fit don de ses archives au ministère de la culture


Une autre bague avec la croix de guerre. Certains généraux, obtus comme un général, ont respecté les ordres du général en chef, interdisant face à l'ennemi "tout autre travail que celui qui ne coopère pas directement à œuvre militaire" 
Nos poilus se sont mis a faire sécher (par exemple) entre les feuillets de leur livrets militaires, les fleurettes écloses sur les parapets des tranchées", Ils ont fait du tricot, d'autres se sont mis a lire furieusement les journaux envoyés par les parents.



Certains ont de l humour, car la "Gerbe d'Or était une bijouterie célèbre à Paris

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                                          Publicité de la Gerbe d'or pendant la guerre 14-18



Témoins ce jeton distribué par la maison, il est en vente actuellement chez Poinsignon


Encore une photo de ces bijoutiers au travail dans les tranchées, voir ce site

Le général Pétain n'était pas encore général en chef, il parait qu'il fut présenté comme "l'artisan du redressement du moral des troupes après les mutineries de 1917", quel héros " Êtes-vous heureux ?"  "non" "fusillez en encore quelques-uns....."
Les poilus se tournèrent vers d'autres formes d'occupations, avec les branches de bois, ils firent des cannes sculptées, avec les boites de "Singe" ils ont fait des instruments de musique, ils travaillaient le cuir de vieilles sacoches et en faisaient des portes monnaies ou portefeuilles.


Début 1918, il n'y avait plus de quoi faire des bagues selon le journal "Les Annales Africaines"


Sur cette bague le poilu à serti une médaille en or.



Il y avait aussi des bagues plus petites qui étaient faites non avec des têtes d'obus, mais avec des balles et vous avez ci-dessus une assez bonne explication de la manière d'opérer.



J'ai trouvé cet article savoureux du journal " le flambeau" sur un poilu, apparemment imberbe qui offre une bague de sa fabrication, à une élégante Parisienne.


Même le Journal l'Illustration en parlait, un site a voir.



Cette bague en l'honneur du meilleur des canons, le 75 français, que les Allemands redoutaient, est en or, là c'est du travail de pro, car très vite, les bijoutiers se mirent à vendre des bagues de tranchées


Couverture du Journal "Les Bons Moments"


Il y avait les bijoutiers qui s'étaient mis à vendre des bagues et objets de tranchées, mais autour des gares, de petits marchands permettaient aux poilus de ramener aussi des souvenirs à la maison et en particulier les "bagues de tranchées"


Ces objets étaient réalisés par des fabricants pour ces petits marchands

Illustrike Zeitung de Novembre 1916




Les Allemands n'étaient pas en reste et la publicité s'en était vite emparée.


Il y eut beaucoup d'autres objets fabriqués dans les tranchées, ainsi ce briquet conservé au Musée de l'Armée.



En revanche, je n'ai pas trouvé de renseignements sur les motifs en laiton soudés sur ces briquets ?



Car ce briquet de ma collection personnelle a le même motif que celui conservé au Musée de l'Armée !


Voici des vases fabriqués avec des douilles d'obus, quand j'étais gamin, il y en avait beaucoup sur les buffets et plus tard aux marchés aux puces.


Beaucoup de médailles comme celle-ci (collection personnelle) avec un tour en émail bleu et la devises Nationale "On les Aura"





Médaille publicitaire du "Bon Marché" à Paris, "la Justice poursuivant le crime" fabriqué par Paris Art, d'après Prudhon (collection personnelle)


Un grand nombre de couteaux et de poignard furent fabriqués, le plus souvent avec des baïonnettes.



Celui ci a une forme de pistolet (collection personnelle)


Extraordinaire coupe papier fabriqué par un poilu représentant le Kaiser Guillaume tirant la langue


Le Kaiser Guillaume II déclencha cette guerre, parce qu'il estimait ne pas avoir eu sa part dans le partage de l'Afrique...

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Et puis, quatre ans après, terrible réflexion dans le journal "Le Rire" (collection personnelle) du 24-08-1918 ou on voit cet empereur "délaissé" par son Dieu qui lui pose une question.

Dès le début de la guerre, le Royaume-Uni fut considéré par l’Allemagne comme son principal ennemi. Durant toute la durée du conflit, un slogan devait concrétiser cette détestation du Royaume-Uni : Gott strafe England ! – Que Dieu punisse l’Angleterre ! Mais pour les Anglais "Dieu sauve le Roi "et les Français chantent Sauvez, sauvez la France – Au nom du Sacré-Cœur Tous les pays ont Dieu de leur côté, les Turcs en 1915 massacrent les Arméniens Catholiques au nom de la guerre sainte, et ces pauvres Arméniens demandent à Dieu de les protéger !


Avec deux balles soudées ensembles voici un stylo et porte mines.


Un chef d'oeuvre Kitch, une théière faite avec des morceaux de guerre et un stylo porte-mine, photographie de l'agence Meurisse conservée à la BNF



Bien évidemment, de nombreuses montres, mais là ce n'est plus fabriqué dans les tranchées


Il était prévu de refaire beaucoup d'enfants pour sauver la France


Le célèbre "Lefebvre" grand fabricant de bijoux et d'orfèvrerie se mit à vendre des objets patriotiques





Tout le monde participait au soutien des Poilus même en décalcomanie (collection personnelle)


C'est un concours de dessins d'enfants organisé par la ville de Paris, ce petit gobelet s'appelait un "Quart"
A l’armée, le « quart » faisait deux quarts soit 50 cl, ce gobelet était en aluminium




Quand j'étais très jeune, j'allais en vacances l'été chez mon grand-père en Bretagne et dans ma chambre il y avait une très grande armoire et elle était remplie de la collection complète du journal "Les Trois Couleurs" et j'ai dû tout lire. Des histoires merveilleuses d'une France martyrisée par les "boches" les "schleus" etc, des exploits ou les français étaient toujours plus intelligents que les Allemands, et finalement gagnaient toujours !!! Dommage qu'on ait mis quatre ans pour récupérer l'Alsace et la Lorraine


Décembre 1915, un petit cadeau s'imposait, la bague du Poilu !

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Le troisième en partant de la gauche, c'est mon grand-père, nous sommes en décembre 1914, il se trouve au port du Légué Plérin, tout près de Saint- Brieuc. Il était parti de Chalons en Champagne le lundi matin 2 septembre, un quart d'heure avant que les Allemands n'y entrent. A l'époque, on reculait.
Ils n'arrivèrent à Saint Brieuc que le dimanche suivant, après 144 heures de voyage, il écrivait beaucoup (philosophie, histoire, etc) et j'ai gardé ses "Memoires". A Saint Brieuc il avait 33 ans et fit la connaissance d'une jeune fille qui devint plus tard sa deuxième femme , ma grand mere.15 jours après il fut envoyé à la bataille de la Croix sur Meuse" Grand père décrivait cette jeune fille d'une manière merveilleuse, il eut des ennuis à cette bataille qui fut gagnée, mais il fut évacué à nouveau vers le Légué Plérin pour être mis au repos, mais avant de repartir à nouveau au front, il avait ramené une bague faite par un poilu , et il offrit cette bague à ma grand-mère le dimanche 13décembre 1914 avec en plus une médaille qu'il avait acheté à Saint Brieuc le samedi 12, il note dans ses mémoires "Une vierge à l'enfant, médaille reproduisant le merveilleux chef d'oeuvre de Botticelli"
Grand père fut grièvement blessé au ravin des Eparges le 18/03/1915 et fit le tour de 14 hôpitaux pour finir en convalescence à Nice en aout 1915.
Il épousa grand mere le 22 septembre 1915.
Qu'est devenue sa bague ????

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