mercredi 23 octobre 2019

Lacloche, un Livre et une exposition du 23/10 au 20-12-2019



Le livre sur Lacloche est l'un des livres que j'aurais aimé écrire, mais les éditeurs veulent que celui qui écrit, soit "sponsorisé"...
Il n'empêche j'ai enfin ce livre dans les mains et c'est un bon et beau livre et je dis rarement cela au sujet des livres de joaillerie. La plupart ne sont des livres d'images qui ne nous apprennent rien de l Histoire


Laurence Journaliste, spécialiste des antiquités et du marché de l'art,  anime la rubrique consacrée aux collectionneurs dans Madame Figaro et collabore régulièrement à la revue Architectural Digest. Elle est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur les collections et l’art de collectionner.
Elle a écrit ce livre à quatre mains, avec Véronique Ristelhueber avec laquelle , Laurence avait déjà  écrit " Raymond Templier, le bijou moderne"première monographie consacrée au Joaillier et bien d'autres ouvrages. Ce livre ainsi que le "Lacloche" ont été publiés aux éditions Norma.




"Lacloche" c'est un ouvrage de 336 pages avec près de 500 illustrations, au format de 246X305 m/m .Il est en français et en Anglais pour le travail que cela représente , le prix de 60 € est plus que raisonnable. 
Publié aux éditions Norma avec le soutien de l'école des Arts Joailliers de Van Cleef.



Ce livre est le premier à retracer l ascension fulgurante de la famille Lacloche, car c'est en 1892 que  Léopold et Jules Henri, tous deux bijoutiers vont   le 15 novembre 1892, déposer et créer la Société en nom collectif "Lacloche Frères",  rue de Chateaudun Paris.
J' avais il y a quelques temps, en 2016, travaillé sur le sujet Lacloche.

Travail difficile, famille complexe, documentation très rare. L internet permet de toucher un grand nombre de gens, des amateurs de bijoux aux marchands, des commissaires priseurs aux conservateurs de Musée. 

Mais un site internet ne permet pas de garder sous la main la lecture d' un  article. Un bon livre donne envie de le relire encore et encore, il est disponible de suite, on le possède, on l aime et on le feuillette.
le livre sur un joaillier est une oeuvre d’art au même titre que l’estampe, c’est une pièce de collection.





Francis Lacloche lors de ma rencontre avec lui à Paris

Françis Lacloche est le fils de Jacques Lacloche, le dernier des Lacloche Joailliers qui cessera d exercer  en 1967, c'est une chance de pouvoir échanger avec lui , ce que Laurence n'a pas manqué de faire.

Je me souviens de ce que m avait écrit Francis il y a 3 ans:
J’ai commencé à compléter les archives que je possédais, loin de ressembler à celles des grandes maisons encore en activité comme VCA ou Cartier. Entre les documents que je possédais (inventaire, dessins) et les catalogues de ventes, l’entreprise était ambitieuse mais possible sinon facile.
Ensuite, je me suis focalisé sur la vie même de mes grands-parents et parents, par intérêt pour le siècle qu’ils avaient traversé, ses drames, ses génies et ses à-côtés culturels, mondains et balnéaires, enfin sa modernité galopante ; un galop qui fini en catastrophe en 1940.
Revenu du pire, reparti dans le tourbillon excitant de la Libération et de ses BOF, mon père a fini par s’en lasser et créé une galerie d’art en 1960, ouvrant un nouveau chapitre de sa vie à laquelle je fus étroitement mêlé...........................

En 1944, mon père est passé de très peu à coté d’un séjour rapide à Drancy et d’un convoi pour les camps ; 
Certains membres de la famille tentèrent de se trouver une autre lignée que ce bon Lebe Elias et tous les Levy, Cohen et autres Walewyk qui peuplent la famille, .........
Chemin faisant, d’autres épisodes méritaient d’être racontés :
- La vie d’une famille de joailliers s’émancipant de la situation de petits commerçants hollandais puis belges en draps et trousseaux, pour entrer peu à peu dans l’univers de la bijouterie puis de la haute joaillerie française, rejoignant les grands noms de la place de Paris.
- La vie d’un joailler parisien entre Paris, Londres, Deauville et Cannes entre 1920 et 1940,
- La période de la guerre, à Cannes principalement dans une sorte d’annexe de Paris culturel, mondain, juifs (Cannes devenant Khan selon le bon mot de Tristan Bernard ou d’un autre), puis devenu le théâtre du pire en 1943 et 1944. A ce sujet j’ai lu le paratexte de votre livre sur les Van Cleef que je souhaite acquérir : je ne vais pas me lancer dans une sombre histoire dont je n’ai pas les éléments précis mais les relations entre les Arpels et mon père ne furent peut être pas simples. En 1944, c’est en cherchant Jacques Arpels que la Gestapo met la main sur Jacques Lacloche, le soupçonnant d’être juif et surtout intéressant à piller (ce qu’ils ne manqueront pas de faire, le « ils » ne désignant probablement pas des Allemands mais de braves gestapistes locaux dont l’épuration ou le retournement de veste décidera du sort en 1945).



Mais pour la sortie de ce livre, il est organisé une superbe exposition par l'École des Arts Joailliers avec le soutien de Van Cleef & Arpels.
Le commissariat scientifique est dû à Laurence Mouillefarine.
L exposition a lieu du 23 octobre au 20 décembre 2019, l entrée est libre du lundi au samedi de 12 heures à 19 heures et c'est au 31 rue Danièle Casanova à Paris dans le 1 er arrondissement



Je ne voudrais pas vous enlever la fraîcheur et l originalité de ce livre que les amoureux de la grande Joaillerie Française se doivent d' avoir dans leur bibliothèque, juste vous dire que vous retrouverez les modèles des Lacloche mais aussi leurs fabricants:




Derrière toutes ces belles devantures il y a surtout d’habiles et talentueux fabricants qui dessinent et réalisent pour les grandes maisons. Certains – Verger, Janesich – ont aussi pignon sur rue. Verger par exemple disposera d’un stand à l’exposition de 1925 aux côtés des Boucheron, Van Cleef, Linzeler, Cartier, Lacloche.
Les fabricants de Lacloche Frères sont Girard, Halluin & Metlinger (de merveilleux étuis à cigarettes), Georges Meyer, Louis Pery et ses fils, G Lenfant, les frères Rubel, Wakefield, Leblanc.. Qui dessine ? Jeanne Toussaint, René Révillon, Suzanne Jacqueau…
Les boites et les vanity sont réalisés dans les ateliers de Strauss, Allard & Meyer (qui travaillent aussi pour Cartier) installés place des Vosges. Louis Kuppenheim, Lavabre, Chaillouc, Bock, Yahr & Ouchinnikov, Renaud travaillent surtout pour Cartier comme Bachaumont qui sera intégré dans l’atelier maison.




Les pendules sortent des ateliers de Bredillard, de Dagoneau, de Prevost pour les mouvements, de Dubret pour les boîtiers en émail, de Bako pour les boîtiers en cristal, de Haas & Neveux pour les ornementations des cadrans,  de Maurice Couët qui est horloger ; ils sont installés rue des Petits-Champs, rue d’Hauteville, boulevard de Sébastopol, rue Saint Martin.
Verger réalise des pendules mystérieuses dont Georges Rémy ou Fourrier conçoit les boîtiers. Verger travaille d’ailleurs pour toute la place : Cartier, Lacloche, Chaumet, Van Cleef, Boucheron, Janesich, Gubelin et Ostertag




Parmi ces artisans de grands talents on trouve des arméniens – Mezbourian, Esmerian, Sirakian, Kelekian (ce dernier installé au 12, rue de la Paix, vend des objets égyptiens), Kalebdjian (2, place Vendôme), des Juifs, des Vietnamiens comme Phung Dinh Van spécialiste des laques.


Mes articles sur Lacloche en 2016
https://www.richardjeanjacques.com/2016/03/lacloche-de-l-histoire-et-de-la-famille.html

https://www.richardjeanjacques.com/2016/03/lacloche-grand-joaillier-francais-suite.html



Questions et commentaires : richard.jeanjacques@gmail.com

mercredi 9 octobre 2019

Gaston-Eugene-Omer- LAFITTE joaillier Art Nouveau


Le Joaillier qui a dessiné et réalisé cette merveille qui apparaît dans la presse en 1904, est Français. 
Et pourtant nous ne savons presque rien sur lui. Il est né en 1866, et aurait été l'élève de Victor Heng qui fut un grand dessinateur. Ainsi dans l'une des rares revues de joaillerie d'avant 1870 on peut lire cette critique





En 1867 : Vever le cite dans son histoire de la joaillerie

Un élève de Joseph Legrand, Victor Heng, mérite aussi d'être cité comme un dessinateur remarquable, qui gravait et dessinait également très bien. Vers 1855, Heng entra chez Marret et Jarry ; mais, sur les sollicitations pressantes des principaux joailliers, il abandonna complètement la gravure pour se consacrer exclusivement au dessin de bijouterie. Sa clientèle ne cessant d'augmenter, il ouvrit un atelier où se groupèrent de nombreux élèves, qui l'aidaient dans ses travaux. Baugrand, Bourdier, beaucoup d'autres bijoutiers encore, eurent souvent recours à son talent. Du reste, en 1867, Heng fut récompensé comme collaborateur.


Conçue comme une figure féminine ailée, les ailes appliquées avec de l’émail plique-à-jour orange à vert, rehaussé de diamants taille rose, le pendentif serti d’un vieux diamant taille européenne et d’une perle mesurant environ 8,6 x 6,6 mm., marques de dosage françaises. Revendue par Sotheby's

Mais revenons à l'élève de Mr Heng, Gaston Laffitte.  Mr Heng eut une certaine célébrité avant 1870, en particulier de 1863 à 1869 mais Gaston Laffitte doit avoir été son élève vers 1885-86.
Madame Evelyne Possémé  nous indique l'existence de Gaston Laffitte de 1900 à 1905 et Vivienne Becker elle, écrit que Gaston Laffitte exerce à partir de 1900 et s'arrête en 1904. En 1900 il aurait eu 34 ans, qu'a t'il fait avant ? Ouvrier ou chef d'atelier dans une autre maison ?
En 1904 il va présenter au salon de Paris des bijoux en collaboration avec Léopold Lacloche.

Une amie allemande d'internet, lectrice de mes blogs, Antonia Kolb, aidée par une autre amie a trouvé et m'a adressé l'acte de mariage de Gaston Laffitte avec, Albertine Camille MASLE née le 13 décembre 1871 à Jouy le Moutier (Seine-et-Oise) 
Ils se sont mariés le 13 avril 1896. 



Evidemment cela me permet de trouver l'acte de naissance de Gaston le trente avril 1866, il n'avait pas comme second prénom Omar (que j'ai trouvé dans tous les livres, dictionnaire international du bijou, art nouveau de V Becker) mais Omer prénom d'origine du Nord, 




 Ce qui fait que pour le peu de bijoux de Gaston Laffitte qui soient passés en vente publique, les commissaires-priseurs donnent ses bijoux comme ayant été fabriqués vers 1900

Pourtant Gaston Laffitte prend poinçon en 1896, il avait donc 30 ans


orfèvre
auteur
Laffitte, Gaston
patronyme(s)
prénom (état civil)
Gaston
profession
Fabricant bijoutier
initiales
symboles
une palette traversée par un crayon
n° de garantie
B953
n° de préfecture
11384
date d'insculpation
11 août 1896
date de biffage
28 juin 1932
lieu(x) d'activité
75

Paris
adresse de l'atelier
34 rue de la Grande-Truanderie




Son poinçon une palette de peintre traversée par un pinceau, initiales G.L.



Sa marque : initiales G.L. entrelacées

La date de biffage "1932", la date où son poinçon est "supprimé" par les services de garantie dans l'inventaire des bijoutiers français en exercice, il avait 66 ans ? Age tout a fait logique pour arrêter d'exercer.


Ce bijou " Aigle a été revendu par Antique Jewelry Company.com à Londres qui note : Une broche d'aigle en or 18 carats rare et finement réalisée par le célèbre fabricant Gaston-Eugene-Omar-Laffitte et réalisée vers 1880-1900. Lafitte est également connu pour ses techniques d’émail plique-à-jour. Les figures féminines ailées étaient une spécialité. Il expose régulièrement aux Salons de Paris. Cette broche a un ajustement de broche amovible car elle peut également être portée en pendentif. L'aigle tient dans ses griffes un diamant taille ancienne. C'est dans un serti en platine que les Français ont commencé à utiliser le platine environ vingt ans plus tôt que les bijoutiers anglais.  

Cette broche "Aigle " n'était certainement pas rare vu le nombre que j'ai connu, Antique Jewelry indique 1880-1900, ce ne peut être avant 1896 pour la fabrication de Gaston Laffitte, bien que "La Mode et Le bijou" signale en 1900 :
En Amérique les lourdes broches « Chimère », les bagues, boutons et épingles à la mode l'an passé, restent encore en faveur, mais on leur préfère cependant, les bijoux légers, médailles et breloques, créés par le génie de Roty, Chéret, Vernier et autres artistes de goût. Au-dessus de tous, le bijou genre ou style « Jeunesse » obtient les faveurs des élégantes et s'est fait une place, très rapidement, dans cette partie essentielle de la Mode. Les sujets ou motifs, presque tous empruntés au royaume végétal, artistement enchâssés en argent ou en or, sont d'une grâce et d'une fraîcheur remarquables. Les couleurs variées des fleurs, feuilles et boutons, donnent aux bijoux une originalité charmante, et nous sortent entièrement des styles Renaissance, Louis XV, Louis XVI, auxquels nous étions si accoutumés. Ces nouveautés artistiques prennent aux fleurs, aux oiseaux et aux insectes même, leurs formes les plus variées et les plus gracieuses : papillon d'acier noirci avec perles ou diamants, vautour aux ailes déployées en perles et turquoises, peignes d'écaille enrichis de perles, etc. Outre les bijoux, le « style Jeunesse » nous offre encore des spécimens de vases, objets de bureau ou d'étagère, du goût le plus fin et le plus charmant.
Ce qu'on appelle « Style Jeunesse » en Amérique, est notre « Style Moderne ». Si les journaux techniques américains rappellent le goût des élégantes, c'est pour encourager leurs artistes et leurs fabricants à imiter les nôtres ; nous pensons que ce doit être pour la fabrication française un avertissement qu'elle ne doit pas négliger.
Cet avertissement doit nous paraître d'une importance d'autant plus grande que l'importation de la Bijouterie en Amérique, a baissé d'une façon considérable ainsi qu'on peut le voir par le petit tableau suivant, emprunté littéralement au leveller's Circular :





Boucle de ceinture de Gaston Laffite or et émail





Bague Art Nouveau française en or 18 carats avec émail vert de mer, diamants et perles de Gaston Lafitte. La bague, qui présente un motif croisé délicat composé de deux feuilles d’émail doré et vert, est couronnée de trois perles de graduation d’un côté et de trois diamants taille ancienne de taille européenne de l’autre. Les diamants ont un poids total approximatif de 0,20 carat. Le style de cette bague est typique de l'élégance raffinée du travail de Lafitte. Macklowe Gallery New York


Email plique à jour, or, perles et diamants taille ancienne




En 1901 dans l'almanach du commerce et de l'industrie Gaston Eugène Omar Laffitte est joaillier rue de la grande truanderie et il a le téléphone...

La première explication de ce nom de rue défendue par Sauval et Cenalis qui pensent que le nom de « truanderie » viendrait du mot truand qui signifie en vieux langage et en terme populaire « fainéant, vaurien, mendiant, gueux… ». 
La seconde, défendue par Jaillot qui pense que le nom viendrait de « truage », qui signifie impôts. En effet, il y avait, rue de la Grande-Truanderie, un bureau ou l'on percevait les droits d'entrée des marchandises entrant dans Paris, de toutes façons…les deux se valent, truanderie privée ou d'état ???
Quant au téléphone ? Le téléphone a été exploité commercialement aux États-Unis dès 1877 et, en France dès 1879. En 1912, on compte 12 millions de postes téléphoniques dans le monde dont 8 millions aux États-Unis. Il y avait en cette même année un abonné pour 12 habitants aux États-Unis, 1 pour 71 en Grande-Bretagne et dans l'Empire allemand et 1 pour 183 en France.




1901 : Ainsi que je le dis souvent, en l'absence de factures, il nous reste la presse de l'époque, ainsi ce bracelet dont le dessin est de Wasley et la fabrication et la vente de Gaston Lafitte, la photo a été publiée en 1901.


1901, que se produisait-il en France ? 

Le bracelet et les pendants d'oreilles, feuilles et grappes de raisin, de M. Lionel Le Couteux, manquent eux aussi de nouveauté. Ils gagneraient, croyons-nous, à être exécutés avec un peu plus de finesse.
M. Quénard a des bagues d'or, des épingles de cravate, des pendentifs à sujets : Amour vainqueur, Le Repos du modèle, Lutinerie, etc. ; des boucles de ceinture argent : Le Chêne et le Roseau, Crécerelle et serpent, etc. Tout cela est plein de bonnes intentions, mais c'est d'une exécution petite et maigre. Dans le même genre, M. Archambaut a fait des femmes libellules et des anges respirant des fleurs ; M. Sturbelle, qui procède plutôt de l'art du médailleur que de celui du bijoutier, puisqu'il présente des plaques estampées et découpées dont il reste à parachever la monture, monture, aussi toute une série de broches, pendants, boucles, intitulés Charmeuse, Rêverie, L'Aube, Floréal, Salammbô, etc. M. Haas a une vitrine pleine de montres et de breloquets ciselés et émaillés qui dénotent une certaine recherche de composition. M. Gaston Laffitte, en collaboration avec M. A. Fourié, a exposé un pendentif représentant deux femmes nues avec des liserons, d'une forme générale assez banale et d'une exécution lourde. Le centre du bijou, qui est occupé par les chevelures des nymphes, manque d'intérêt. Je lui préfère de beaucoup la grande boucle d'argent à décor de chardons, très habilement traitée par M. Wasley, un autre collaborateur de M. Laffitte, qui a également modelé la boucle d'orchidées, trop allongée et trop grande à mon avis, mais très intéressante, qui l'avoisine.
M. Henri Dubret a envoyé, de Dijon, des bijoux découpés dans du métal très mince et très plat, qui semblent, pour ainsi dire, des préparations pour de la joaillerie, sans accent comme sans caractère. Malgré l'intention louable de nous intéresser avec le collier aux petits fruits de corail, nous y restons indifférents. M. Dubret doit être plutôt sculpteur que bijoutier, car l'esquisse de collier avec une sirène accompagnée d'algues, d'anémones de mer, de perles et de pierreries, nous plaît davantage — mais il faut en attendre l'exécution.
Le peigne aux violettes de M. J. Cherrier est assez gracieux ; la bague Astarté qu'il a exécutée pour Mme Héglon est élégante. Les bijoux de Mme Jeanne-P. Selmersheim sont intéressants, et Mme J. Guffroy a composé un joli ornement de cou, une sorte de plaque rectangulaire en argent, dont les lignes et la patine sont très distinguées. Le décor, fort bien agencé, est composé de fleurs dites « boules-de-neige » que quelques petites opales viennent égayer avec leurs couleurs irisées. M. Lelièvre, à côté de belles pièces d'orfèvrerie dont il est parlé dans un autre article, a exposé, entre autres bijoux, un délicieux petit coupe-papier à lame de jade dont la ciselure d'or fin est une merveille de composition et d'exécution.
Je laisse l'auteur libre de ses critiques !!!!!




Vers 1902, il fabriqua de petits bijoux, en argent destinés à être suspendus à des colliers tels que des petites boites d'allumettes et des miroirs tous travaillés selon la technique du repoussé et finement gravés Là c'est une médaille en émaux cloisonnés et or, des petits livres en or a l'intérieur desquels il pouvait être gravés des messages affectueux
Christie's a noter: Deux pendentifs Art Nouveau de Gaston Laffitte, un pendentif en émail et deux breloques.
L'un est conçu comme un fer à cheval avec une figure centrale et treize sertis de diamants taille rose gravés de myosotis gravés en bas, l'inverse signé G. Laffitte ; l’autre de forme circulaire avec centre en émail plique à jour bleu et motif graine de sycomore dans la légende je Porte Bonheur, (j’apporte le bonheur) ; un pendentif circulaire en émail plique modelé comme un vitrail; et deux breloques en or, chacune modelée comme un livre avec des couvertures de fleurs émaillées et de diamants taille rose, suspendue à une chaîne de cou 



1902 cette broche reproduite dans un livre de Roberta Wadell "Art et décoration"



1902 Superbe motif de collier "Les trois Muses" apparemment un péridot, or et émaux avec des diamants. 
 Walter Crane, l’un des acteurs principaux du mouvement Arts & Crafts, soulignait l’importance de la ligne mélodieuse : « La ligne est tout ce qui compte. Laissons donc le dessinateur penché sur la ligne déterminante, la ligne emphatique, la ligne délicate, la ligne expressive, la ligne qui contrôle et qui fait l’unité ».



1903


1900 env Broche Trembleuse "Libellule avec une opale, 1 émeraude diamants taille ancienne or 750/1000° Revendue par Aguttes



Revue : "L'Art appliqué" de 1903



Cette page de "l'art appliqué" prouve que Gaston Laffitte des 1902 fabriquait aussi bien de petits bijoux, (médaillons, épingles à chapeau) emboutis ou repoussés, que des bijoux émaillés et précieux



Au moins cette broche pendentif et collier peut être datée avec sureté de 1903.
Gaston Lafitte s'est entouré de bons dessinateurs "Fourié et Wasley"




1903 Gaston Laffitte



1903 Tadéma Gallery


Broche de Laffitte or et perles feuilles émaillée 1904
Le 8 aout 1904, la revue de la bijouterie joaillerie orfèvrerie écrivait :

Voilà un fervent disciple de l'art nouveau qui va toujours consciencieusement chercher ses inspirations dans la Nature et certes, cette grande inspiratrice est bienveillante pour M. Gaston Laffitte qui nous montre vraiment de très jolis bijoux. J'ai remarqué déjà ses oeuvres aux Salons précédents et je les ai signalées avec un grand intérêt. Sa plaque de cou violettes émail, au feuillage émail translucide, de même que la plaque bleuets or ciselé et émail translucide, sont deux ornements dont toute femme élégante aimera se parer. Il me plaît aussi beaucoup, son pendentif femme-papillon et émaux translucides qui est réellement des plus séduisants et des plus gracieux.
M. Gaston Laffitte, en outre, a groupé dans un cadre un certain nombre de dessins de bijoux. Ces ingénieuses compositions font partie d'un album Documents du bijou art moderne, qu'il vient de publier ; j'imagine que cet ouvrage de l'habile artiste sera intéressant à consulter.
Je vous assure qu'en parcourant cette galerie extérieure où règne en maîtresse la section des Arts décoratifs, je me suis demandé plus d'une fois, comment il se faisait qu'un tas de bibelots plus ou moins bizarres et n'ayant d'artistique que le qualificatif qu'on leur en donne, viennent détourner l'attention que méritent tant d'oeuvres sérieuses, laborieusement étudiées, dues en réalité à de véritables artistes. J'ai éprouvé cette impression, que je note en passant, avant de m'arrêter à la vitrine de M. Péghoux où je contemple des bijoux en matière diverses, dont la main d'oeuvre me paraît remarquable et soignée.



Le meilleur moyen de dater un bijou si on a la chance qu'il soit passé dans la presse de l'époque. Et Cette broche qui fait aussi collier a été publiée dans la revue de la bijouterie Joaillerie en 1904




UNE BROCHE DORÉE ET ÉMAIL ART NOUVEAU, DE GASTON LAFITTE c'est ce qu'a noté la maison Christie's
Conçue comme des ailes de papillon « en plique-à-jour » avec détail en diamant sur la figure féminine drapée au centre tenant un diamant en forme de navette dans sa main gauche, vers 1904, largeur 8,1 cm, avec Marque française de dosage d'or, signé GL pour Gaston Lafitte






Cette plaque de cou est notée aussi bien par Vever, dans son livre que dans "la revue de la bijouterie joaillerie "en 1904


Toujours dans cet esprit de femmes lascives ou dénudées, la galerie Macklowes
http://www.macklowegallery.com/   qui vaut le détour au moins mensuel pour leurs trouvailles, m'a adressé des photos de bijoux de G Laffitte qu'ils avaient déjà vendues. Cette Galerie se trouve 445 park Avenue à New York





Ils ne se sont pas aperçus qu'ils avaient laissé dans le mail qu'ils m'ont adressé, une phrase : On Mon, Oct 7, 2019 at 10:12 AM Benjamin Macklowe <ben@macklowegallery.com> wrote:
This guy is a Joey historian. Provide him with any photos we have had current and past. Je vous laisse traduire, c'est plutôt flatteur pour l'amateur que je suis.


Macklowes Gallery




C'est en 1904 que Gaston Laffitte édite un recueil de dessins de bijoux, intitulé "Documents du bijou art moderne" il est toujours installé au 34 rue de la grande truanderie














La revue de la Bijouterie Joaillerie de 1904 nous permet de situer ce "Document du Bijou Art Moderne" de Gaston Laffitte dont j'ai publié quelques pages, ci-dessus.


1904 dans la revue de la Bijouterie Joaillerie


D'après le site de vente "Arnet" : date 1905 


1905 Gaston Laffitte


1905



1905 Le Rappel

En 1905 Gaston Laffitte exposa aussi au Salon du Mobilier, salon important.


1 er aout 1905 journal la liberté "LE SALON DU MOBILIER"
Cet après-midi, à deux heures et demie, a eu lieu, au Grand-Palais, sous la présidence de M. Bérard, sous-secrétaire d'état aux postes et télégraphes, l'inauguration du deuxième Salon du Mobilier.
Les ministres de la guerre, de l'instruction publique, et le sous-secrétaire d'état aux beaux-arts étaient représentés à cette cérémonie, à laquelle assistaient en outre : MM. F. Pérol, président de la Chambre syndicale de l'ameublement ; L. Aucoc, président de la Chambre syndicale de la Bijouterie ; L'Harand, président d'honneur de la Chambre de la Céramique ; P. Louchet, président de la Réunion des fabricants de bronze ; R. Maupas, secrétaire. Général, etc.
M. Bérard et les personnes présentes ont défilé devant les différents stands dont la plupart contiennent des œuvres véritablement remarquables.

Après une courte visite au Palais des Illusions, réduction de celui que nous avons vu à l'Exposition de 1900, un lunch a été offert à M. Bérard et plusieurs allocutions ont été prononcées.

Le lunch, terme venant de l'anglais "luncheon", est un repas froid présenté sous forme de buffet et composé de plats salés et sucrés, la plupart du temps servi à la fin d'une célébration ou pour une réception.



1905 Tadéma Gallery Londres

Or, saphir et perle :  2,70 cm de long : Marque du fabricant 'GL' & palette. Tête d'aigle. Numéroté '2378' État très bien Poids 4,40 grammes



1905 Opale, or jaune 750/1000° perle, rose diamant, émail plique à jour


Puis à partir de 1905, plus rien, ni publicités, expositions, presse ?
Il n'a pas suivi le mouvement, n'a donc apparemment rien produit pour l'exposition de 1925




J'ai déjà expliqué la difficulté pour dater un objet : cet ensemble, est daté par Christie's et Dupont & associés "vers 1900"


Or l'adresse sur l'écrin ne peut dater de 1900. Bien qu'en général un écrin ne soit une certitude, cet écrin a été réalisé pour cet ensemble





 Ensemble présenté dans son écrin d'origine marqué G. Laffitte joaillier 28, rue Louis Le Grand Paris, complété de la mention manuscrite "il se trouve sous la plaque de velours 2 fermoirs indépendants en tout il y en a 3".


es fermoirs décrits dans l'écrin, permettaient d'assembler différents morceaux du bijou pour passer d'un bracelet à un ras de cou ou à un collier
 Revendu par Dupont et associés : https://www.morlaix-encheres.com/26 bis, allée Saint François. Saint Martin des Champs - Morlaix




1911 : Laffitte est 28 rue louis le grand à Paris peut-être y était-il avant ? je n'ai pas trouvé et à partir de cette date, on s'aperçoit qu'il a totalement changé de style




1912



Antique Art Nouveau a revendu ce pendentif de Laffitte




Dans ces années 1910 Gaston Laffitte va vendre une quantité de ces médailles souvenir, signes du zodiaque, talismans, médaille d'amour…on peut noter qu'il se présente désormais comme "éditeur" en vente chez tous les bijoutiers.


Il y a quatre fleurs en émail plique-à-jour, chacune avec une perle naturelle et au centre, deux inséparables perchés sur une branche, ainsi que la phrase française « Le plus doux des bonheurs » qui se traduit par « Les plus doux plaisirs » et « Etre Aime Quand on Aime » qui se traduit par « Sois aimé quand tu aimes».Fabriqué en or jaune 18 carats, le pendentif mesure de gauche à droite un diamètre de 34,5 mm et une largeur de 40,6 mm du bas au sommet de la bélière.
Revendu par https://www.kalmarantiques.com.au




Ces deux publicités datent de 1912




En 1912 il se confirme que Gaston Laffitte est bien au 28 rue louis Legrand



1912 dans "l Écho de Paris"


Dans "Le Journal"


1913 dans l'Écho de Paris"


1914 dans "La mode du temps"


1914 "La mode du temps"


1914 dans le journal "Le Matin" pour un grand concours sur "les sept merveilles du monde "



1914 dans le journal "Le Matin"


1915  Dans "Le Figaro"


1922


1927 dans  L'intransigeant

En 1928 la maison Laffitte a dû déménager, car l'ensemble immobilier où se trouvait l'atelier de Gaston a été détruit. Était il encore aux commandes de son entreprise ? Qui était Mr Boyer ?



L'entrée de la Rue Louis le Grand est au centre de cette carte postale a l'endroit du kiosque, on voit aussi le pavillon de Hanovre au riche passé. En 1929 ce quartier fut détruit mais le Palais de Hanovre fut démonté pierre par pierre.
Le Pavillon de Hanovre tient son nom du commandement que prit le maréchal Richelieu lors de la campagne dans le Hanovre (1756/1757), pendant la Guerre de Sept Ans. Selon Marcel Pollitzer « les adversaires de Richelieu prétendirent avoir un motif [...] de le dénigrer, en considérant la conduite qu'il tint pendant son séjour dans les territoires occupés par son armée ; on dit qu'il rançonna et razzia le Hanovre et les pays voisins, autorisa le pillage et pilla pour son propre compte. » " Lorsqu'au retour de campagne, le maréchal eut la fantaisie de faire construire cette petite « folie », la rumeur se répandit qu'elle était payée avec les contributions levées pendant la guerre et les Parisiens lui donnèrent par dérision le nom de « Pavillon de Hanovre "



Il a été édifié de 1758 à 1760 par l'architecte français Jean-Michel Chevotet (1698-1772) dans les jardins de l'hôtel d'Antin, rue Neuve-Saint-Augustin (actuellement boulevard des Italiens).




Rue Louis Le Grand, Gaston Laffitte se situait sur le côté droit, au milieu de cette rue. Christofle est à gauche.

En 1841, l’orfèvre Christofle s’y installe. Le pavillon Hanovre est démonté en 1932 pour permettre la construction d'un immeuble de bureaux, le palais Berlitz, et remonté dans le parc de Sceaux.
Ma grande tante, chez qui je logeais à Paris de 1960 à 1964, m'a souvent amené au parc de Sceaux

Après, qu'est devenu Gaston Laffitte, ou s'est-il installé après la destruction de l'immeuble ? a t-il eu un successeur ? Question que nous pose son dossier à la garantie qui nous indique que son poinçon a été biffé en 1932. 

En conclusion, dans l'annuaire spécialisé pour les métiers de la BJO, l'"AZUR" en 1933, dans toutes les rubriques, plus rien au sujet de Gaston Laffitte, même à l'adresse de la rue Louis Le Grand.


Des documents, un commentaire, des photos : richard.jeanjacques@gmail.com

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