150 ans , déjà!!
Que penserait il de cet anniversaire , ce passionné de travail, qui a gravi les échelons en commençant apprenti?
Frédéric Boucheron, est né en 1830, il a commencé son apprentissage chez Jules Chaise, à Paris, un excellent bijoutier que connaissait le père de Frédéric.
Je l'imagine, avec le peu que je sais de lui, allant faire les courses pour l'atelier, si je le vois dans ma tête,c'est que je l'ai vécu.
les plaisanteries dans le genre "tout petit, tu va chez le droguiste...tu nous ramène une lime à épaissir et un marteau à bomber les vitres," rien qu'en regardant les trognes des ouvriers , il savait que c'était l'une des nombreuses blagues d'initiation de l'apprentissage, mais s'il savait à quoi s'en tenir , combien d'apprenti de 13 ou 14 ans partaient, confiants dans leur listes de courses, pour ne rentrer à l'atelier qu'avec les rires et les quolibets des commerçants.
A l'époque , et même il y a quarante ans, l'apprenti devait le Samedi astiquer le matériel, nettoyer entres autres, les "tas" de tous ses voisins d'atelier, faire diverses corvées,les courses, mais c'était comme une initiation à la vie, oui , un parcours initiatique, dont toute la vie sera imprégnée, en bien ! car l'homme finalement conserve surtout le souvenir des bons moments.
année 1920
Ainsi, l'atelier ou j'ai travaillé et qui m'a le plus marqué se trouvait rue Richelieu, Candas..mais il y avait aussi Soulène et Halpern, pas loin de la Bourse à Paris, mes anciens (je veux parler de tous les ouvriers joailliers ) travaillaient beaucoup( 8 à 10 heures par jour plus le Samedi matin), alors des pauses étaient nécessaires.
Donc, tous les matins, vers dix heures, et l'après midi vers 16H30, 17 heures; je devais me rendre chez "le Bougnat" de la rue des petits champs, derriere la bibliothèque nationale. Dès l'entrée du "bougnat" une odeur vous pénétrait, une bonne odeur, surtout le matin, une odeur de cochonailles ,de pain frais, de vin, de bois, je l'ai encore dans "les trous ce nez" cette odeur. Il avait tout du Bougnat cet homme, le tablier bleu, le ventre "imposant" les moustaches...,sa boutique était sombre, au nord, et tous les matins je passais la même commande, 9 sandwiches, en faisant bien attention, de ramener le bon nombre au paté de campagne ,ou au jambon, et il y avait ceux qui voulaient des cornichons et d'autres les oignons, et 6 bouteilles de cotes du Rhone,(pour 9) j'attendais un peu, puis je repartais avec mes courses, il y avait des jours ou le patron en voulait aussi, et sur le chemin du retour, on aurait cru à me voir, le livreur de Nicolas.
Ce n'est pas tout, pendant que j'allais acheter ces victuailles les autres jouaient pendant la pose (choisie par eux) au 421 pour savoir qui paierait l'addition, c'était pareil le midi pour l'apéro au bistrot d'en face, et comme le patron était là, je ne sais pas comment, mais il perdait tout le temps! Cela n'a pas empeché l'un d'entre nous André Conte de faire la maquette de la fameuse bague Cabochon de Boucheron qui a servi pour la bouteille de parfum.
Je pourrais parler des autres clients , van Cleef, Gubelin, Meister, etc
Quel quartier!!, souvent je m'y égarais volontairement, pas loin de la place Vendôme et de la rue de la paix, quelle ambiance! je suis sur que Frederic Boucheron a connu ces instants de purs bonheurs, avant de rentrer dans la vie plus active que l apprentissage.
Je suis sur qu'il en a monté des étages notre Frédéric Boucheron, les ateliers parisiens ont toujours cherché la luminosité, alors monter au 7 eme étage d'un immeuble de la rue Lafayette, pour redescendre chez "La cheville" chercher des outils, des fraises, non pas les gariguettes, mais les fraises pour travailler dans le platine, puis revenir chez un diamantaire au 4 eme étage nord (de la luminosité , mais pas de soleil direct) repasser chez le fondeur, et chez chacun, regarder...apprendre....Je me souviens d'un patron, dur, Mr Huot, chez "Chevrier, Huot , Didelot" qui m'avais dit avec son air renfrogné "Arrête de me poser des questions..regarde et retiens....ce métier, on le vole", J'ai compris , et même de nos jours toutes les choses que je vois , je les vole pour mieux apprendre.Ce patron à l'ancienne nous payait à la pièce, il pesait l'or avant....et après ...avec la limaille, gare à la perte. Plus vache , il fallait lui demander la clef des cabinets, qui se trouvait sur le palier, à l'étage...et il notait l'heure de départ et l'arrivée. Gare aux constipés...ce n'est pas très classe mon propos, et pourtant! Revenons vite à notre sujet.
Car plus tard, Frédéric Boucheron devint commis chez Tixier-Dechamps, au Palais Royal, en 1850 c'était noir de monde, avant que les colonnes de Buren barrent le passage et nous fassent croire que l'art c'est cela.Mais pour ceux qui s'y aventurent, quel espace protégé, fermé au bruits de la circulation, avec des boutiques d'un autre âge, je m'émerveillais devant une boutique" au cadran...." de je ne sais plus quoi, qui vendait des montres anciennes, mais je suis sur que Frédéric Boucheron a connu le Grand Vefour
Quand j'avais 19 ans , c'était Raymond Oliver qui tenait ce temple de la bonne Cuisine , chef couronné de trois étoiles , connu aussi pour avoir animé pendants des années la première émission sur la cuisine, en compagnie de notre célèbre première speakerine de la télé, Catherine Langeais . Même le Président Mitterand en avait été amoureux;
et puis autour , il y avait la Comédie Française...., l'appartement de Colette, Cocteau.le Théâtre du Palais Royal....l'herboristerie... le conseil d'état, le Conseil constitutionnel, et le Louvre, maintenant vous pourrez peut être croiser Jack Lang qui habitait ce merveilleux jardin au ministère de la Culture.
Le patron de Frédéric Boucheron,Mr Tixier-Deschamps, avait dit lorsqu'il est parti en retraite " M. Frédéric est un excellent commis, mais il n'a pas l'étoffe nécessaire pour faire un patron…" et bien , cela n'empêcha pas Frederic Boucheron de s'installer place Vendôme en 1893 , avec un flair extraordinaire, celui ce croire en la réussite de ce quartier. et 150 ans après son installation , ses successeurs nous offrent entres autres , cela...
Allez sur le site: www.boucheron.com/les instantsprécieux
en dehors d'un renouveau fabuleux de création, vous découvrirez les esquisses de bijoux
les dessins, l'important de la création, ce qui part du cerveau du dessinateur, qui traverse le corps pour arriver à la main, cette main qui trace sur une feuille blanche ce que le cerveau lui dicte, mais la raison de la main rectifie ses ordres pour parfaire le travail et arriver à cela.