Difficile de savoir de qui Charles Boutet de Montel descendait.
D'ailleurs madame Evelyne Possémé (conservatrice en chef des joyaux du musée des arts décoratifs) n'avait pu trouver son état civil entièrement.
Boutet
de Monvel (CHARLES)
Peintre
et graveur français (Paris, 1855-), domicilié
18, rue Tronchet, à Paris, adresse du magasin
La Maison moderne (erratum, c'est le magasin "l Art moderne), qui édita ses bijoux dès 1899.
Il suit les cours de Gérôme à 1'Ecole nationale
des beaux-arts dès 1874,et étudie la gravure sur
métal avec le médailliste Hubert Ponscarme (1827-1903). Il participe aux salons dès 1885 avec
des portraits et des paysages, et ne commence
à réaliser des bijoux qu'à partir de 1898. (Evelyne Possémé)
Considéré comme l'un des artistes français les plus célèbres de son temps, Jean-Léon Gérôme est l'un des principaux représentants de la peinture académique du Second Empire. Après avoir connu un succès et une notoriété considérables de son vivant, son hostilité violente vis-à-vis des avant-gardes, et principalement des impressionnistes, le fait tomber dans l'oubli après sa mort. Son œuvre est redécouverte à la fin du xxe siècle et rencontre une postérité inattendue en devenant, entre autres, une source d'inspiration pour le cinéma.
J'ai pu retrouver grâce à de patientes recherches les actes de naissance, mais ils ne sont pas consultables sur internet, j'ai en revanche trouvé son acte de mariage, qui permet de remonter à sa naissance et à sa famille.
Charles Boutet de Monvel est né à Paris le 9/12/1854, il est le fils de Jean Marie Paul Boutet de Monvel et de Julie Laure Sandoz. il est décédé en janvier 1940.
Son père était né en 1812 décédé après 1877 à Paris, 75, Paris il était Horloger à Paris en 1864. Domicilié en 1877 rue Louvois N°36 à Paris.
Son grand père était Noel Boutet de Monvel, Né le 4 septembre 1768 - Marseille (13) Décédé en 1847 - Orléans (45) , à l’âge de 79 ans il était le Secrétaire de Cambacérès, chevalier de l'Empire.
1891
Charles Boutet de Monvel a commencé une carrière de peintre, témoin ce tableau "la femme élégante" il est apparemment le cousin de Bernard Boutet de Monvel (né en 1881) qui fut l'incarnation du chic jusque dans les circonstances de sa mort**. Il est décédé en 1949 lors d'un accident, au-dessus des Acores, dans l'avion qui ramenait aussi de New York à Paris l'amoureux d'Edith Piaf, le boxeur Marcel Cerdan. Cet artiste oublié, en dehors des initiés de la période des Années folles, avait acquis ses lettres de noblesse par ses portraits mondains, et son oeuvre reste, alors que celle de Charles est méconnue.
Charles est cependant issu d'une famille de Peintres et de Portraitistes.
** Noel Barthelemy Boutet de Monvel et Cécile Anselme sont : les grands-parents de Charles Louis Marie Boutet de Monvel: les arrières grands-parents de Charles louis Alexandre "Bernard" Boutet de Monvel. François le grand-père de noel Barthélémy a probablement été anobli par Stanislas 1er Duc de Lorraine et roi de Pologne, à confirmer.
Cordialement Patrick Gabriel Chailly
Mais je n'ai pu confirmer ces données.
1l réalise des bijoux en or ou en argent, très influencés par 1”art japonais, avec un répertoire naturaliste très étonnant, voire même extravagant - Hibou, cygne, caméléon, serpent, hippocampe, pieuvre, coquillage, algues, insectes, (collier Toile d'araignée, auquel s'ajoute un traitement très rude de la matière et bien éloigné des harmonies émaillées des autres bijoutiers de l'Art Nouveau....
Citation de Mme Evelyne Possémé dans le dictionnaire international du Bijou
1898 Couverture de L"Art et décoration" qui consacrera plusieurs articles à Charles Boutet de Monvel.
"L'art Nouveau" est un court moment de l’art décoratif (1895-1910) mais il constitue une période très importante dans le domaine de la bijouterie, tout particulièrement à Paris. En particulier le triomphe de René Lalique, mais les grands bijoutiers français de la fin du XIXe siècle – les Falize, les Fouquet, les Vever et Lucien Gaillard, comme de bijoutiers moins célèbres ; Edmond Henri Becker, Charles Boutet de Monvel, Paul Follot et bien d’autres qui ont donné un élan considérable aux métiers du secteur de la Joaillerie Bijouterie, ils ont renouvelé les techniques de l'émail, mais surtout apporté de nouvelles matières comme la corne, l'ivoire, le bois.
Cité dans "l oeuvre d'art" revue de 1898
En 1900 la revue Art et Décoration, cite bien son magasin 18 rue tronchet, comme étant "L'Art Moderne" cependant vous le découvrirez plus loin dans ce texte, il avait un atelier de fabrication à façon sous son nom au 71 rue Vandamme à Paris et ce dès 1900.
1900 chez Sotheby's cette boucle de ceinture
Composée d'une coquille d'huître en nacre,
centrée sur un serpent serti de péridots et de pâte verte, avec
une tête de citrine taillée en coussin et deux cabochons yeux
rubis, au peigne en écaille de tortue, monté en argent, vers
1900,
Signé Boutet de Monvel pour Charles Boutet
de Monvel revendue par Christie's
Boucle en argent sertie de quatre cabochons de pierre de lune en
forme de pieuvre 4 5 / 8in.11. 8cm.revendue par Christie's.
1900 Art et décoration
Le bijou a tenté un nouveau venu, M. Charles de Monvel, et parmi les objets divers, édités par l'Art Moderne (les maisons d'art commencent à ne pas nous manquer) il faut mettre au premier rang sa boucle de ceinture, formée d'un cygne volant et disposée de façon très personnelle. Un manche d'ombrelle ou de stick, formé d'un hippocampe aux yeux de pierreries, constitue aussi un joli motif ornemental. Ailleurs, la distribution des tons d'émaux n'est pas encore parfaite chez M. de Monvel, et la pieuvre, dont l'aspect a toujours quelque chose de repoussant, joue un rôle un peu trop important .
Dans ses objets de parure ; mais ces premiers essais ont déjà donné de bons résultats.
Ce bouton en argent à décor d'algues, centré d'une perle et incrustation de
pâte de verre verdâtre (émail plique à jour) Diam_3.6 cm - Poids
brut_14,8 g Ce bouton passe de salle des ventes en salle des ventes aussi ne citerais-je pas de nom de vendeur
Revendu par la galerie Tadéma de Londres cette bague opale et diamants sur or jaune, je souligne une fois de plus l'importance des poinçons, l'écrin certainement d'époque indique la Maison Lautier à Toulouse, j'ai écrit à la Maison Lautier qui m'a aimablement répondu.
Bonjour,
Effectivement notre boutique existe depuis 1806 .
J’ai racheté ce magasin en 1986 donc aucun historique
Sur les ventes préalable, l’informatique n’existant pas à cette époque.
Bien cordialement,
Déro joaillier
73 rue de la pomme
31000 Toulouse
Bague revendu la Tadéma Gallery à Londres
Charles de Monvel aurait pu livrer un bijoutier qui s'intéressait à de nouvelles formes, mais l 'écrin ne constitue pas une preuve. Une famille aurait pu mettre la bague dans un écrin de chez Lautier, ou même un professionnel de l'occasion, je l'ai déjà vu.
Critique dure dans la Revue
de la Bijouterie Joaillerie Orfevrerie en aout 1901:
Les
bijoux lourds et tourmentés, d'aspect barbare et d'une exécution
si sommaire, de M. Charles de Monvel, embelliront-ils jamais une
jolie femme ? Assurément non. Ils semblent avoir été grossièrement
fondus et être restés ainsi sur la fonte, sans qu'une main
secourable soit venue les dégrossir, leur donner une caresse de
ciselure. Pourquoi affecter tant de maladresse si l'on peut faire
autrement ? Cela paraît bien inutile et n'ajoute aucune qualité aux
objets.
Sotheby's a noté pour ces deux pièces, une épingle à chapeau représentant une forme féminine ailée décorée d'émail plique-à-jour, poinçons d'état français ; une épingle à chapeau représentant des branches stylisées décorées avec un émail plique-à-jour, signée CM, pour Charles Boutet de Monvel, des marques de titrage et des marques de fabricant français ?? lesquelles ? ou c'est une mauvaise lecture de son poinçon qui avait comme initiales "C.B.?
S'il est vrai que beaucoup retiennent ses themes organiques inhabituels, Charles obtint un grand succès au premier salon "Studio International exhibition" de Londres, il fut même cité par les anglais comme l'un des principaux rivaux provenant des ateliers du continent" et s'il est vrai que ses thèmes sont décrits comme étant d'une saisissante extravagance" ce jeune dessinateur permit de montrer au monde que des bijoux pouvaient être créés sans se vautrer dans "l'opulence" que les joailliers avaient affichée dès le début de l'Art Nouveau. Plus de 100 ans après, la leçon pourrait être retenue de nos jours afin de retrouver une bijouterie Joaillerie raisonnable plus accessible à tous.
Vide-poche en bronze à patine brune orné d'un bombyx en relief. Signé en toutes lettres en bordure. 5,3 x 23,3 x 10,7 cm revendu par Lucas chez Proantic
Signature agrandie de Charles
1901 Boucle de ceinture "Grue"
1901
la revue illustrée
Les
objets d'art, d'un intérêt si grand pour tous les amateurs et les
femmes de goût, sont très entourés, surtout la vitrine de Lalique
qui contient des trouvailles d'une délicatesse extrême, véritables
merveilles. Celle de Charles Boutet de Monvel est remplie de bijoux d'art, que je recommande spécialement à l'attention des
femmes élégantes, elles y trouveront des colliers, des boucles de
ceinture, des peignes en matières précieuses, d'un dessin très
original et très personnel, véritables trouvailles d'artiste tout à
fait séduisantes.
Revue
BJO 05-1902
Dans
les salles de peinture, disposées d'une façon plus agréable que
naguère, M. Lalique remporte un succès qui ne faiblit pas. Sa
vitrine, très entourée, offre aux belles admiratrices des joyaux
d'un goût apprécié, donnant l'impression d'un incessant renouveau.
Les
frères Falize , dans une autre gamme, sensiblement empreinte de la
jeunesse qui s'allie à leur expérience reçue et acquise,
retiennent également la foule. Le grand et somptueux surtout de
table de M. Rozet, d'une harmonieuse et gaie tonalité,
magistralement exécuté par la maison Christofle, est aussi très
regardé.
Que
ce soit dans l'un ou dans l'autre Salon — qui semblent aujourd'hui
bien près de fusionner, tellement entre eux la similitude est grande
— le public s'intéresse très sérieusement aux choses de nos
industries. Il entre maintenant dans ses mœurs de connaître les
noms des artistes, leur genre, leur note personnelle ; il recherche
certaines vitrines et disserte parfois fort judicieusement sur les
progrès réalisés. C'est ainsi que l'on peut entendre des
conversations très instructives devant les oeuvres, plus
particulièrement charmantes cette année, de M. Lucien Gaillard, de
M. Georges Fouquet, de M. Feuillâtre, l'émailleur ; de MM. Joe
Descomps, Falguières, Becker, Bonny, Mangeant, Thesmar, Jacquin,
Vernier, Hirtz, Grandhomme, Tourrette et de tant d'autres qui
seraient également à citer.
M.
Dubret expose la plaque de collier avec sirène dont il avait
présenté l'intéressante maquette l'année dernière. M. Charles
Boutet de Monvel est très en progrès. M. René Foy a envoyé des
dentelles et très peu de bijoux, pour ainsi dire en manière de
carte de visite. M. de Ribaucourt, lauréat du 1er prix au concours
de dessinateurs organisé récemment par la Chambre syndicale,
présente des oeuvres délicates et raffinées. Les émaux exécutés
par M. Alexandre Riquet, d'après les dessins de Bracquemond, ont un
réel succès.
En
somme, le progrès de l'art du bijoutier, de l'orfèvre et de
l'émailleur est certain. On sent que les oeuvres exposées ont été
plus étudiées, mieux réfléchies ; elles révèlent plus de
sagesse et de pondération et font espérer que bientôt les
excentricités — il y en aura toujours — n'existeront plus qu'à
l'état exceptionnel.
8 aout 1901 Charles se marie avec Melle Arbogast
1902 dans la revue Arts et décoration des boutons dessinés par Charles
A cette époque , la critique n'est pas très bienveillante avec ses oeuvres, témoin la Revue de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie de 1902 juin:
"Ce que je dis pour M. Mangeant, je le répète pour M. Boutet de Monvel. Son exposition de l'année est absolument supérieure à la précédente ; il me parait un artiste très heureusement doué ; il travaille, cela se voit ; il veut arriver, cela se sent ; son effort est considérable et rien ne le révèle mieux que son collier pectoral or, argent, opales, perles, brillants, émaux et insectes. Mais quels insectes ! les mouches, passe encore ! Mais les araignées ? Pourquoi les araignées, ces vilaines bêtes repoussantes pour tout le monde? Les voyez-vous sur la poitrine d'une femme ? Pourquoi, avec son talent, M. Boutet de Monvel recherche-t-il d'aussi repoussantes étrangetés ? Mon Dieu, que n'entend-t-il, lui aussi, les femmes qui regardent sa vitrine, cela le ferait sans doute réfléchir, et il renoncerait aux toiles d'araignées. Au point de vue métier, bien qu'habilement composée, l'oeuvre est lourde, presque brutale ; la délicatesse japonaise aurait elle-même de la peine à la faire accepter ; comment, en dépit du talent qu'il a dépensé, M. Boutet de Monvel peut-il espérer plaire avec un sujet aussi peu sympathique par lui-même ?
Mais, je le répète, M. Boutet de Monvel est en progrès et c'est avec plaisir que nous constatons plus de recherche, moins de bizarrerie et une entente réelle de la décoration.
A part la critique formulée plus haut, l'exécution est en général meilleure. J'aime beaucoup le pendant, oiseau aux vastes ailes déployées, dont la forme simple et décorative est très réussie. La série des bagues est également à louer, ainsi que l'ornement de corsage, composé de linéaments à l'extrémité desquels viennent pendre de longues grappes de perles. Certains bijoux me paraissent encore trop plats et gagneraient à être un peu plus poussés de ciselure. Nous avons bon espoir que M. Boutet de Monvel tiendra tout ce qu'il promet et que, tout en conservant sa personnalité, il deviendra en quelque sorte plus bijoutier, plus ciseleur."
1902 pendentif et sautoir en Vermeil et émail plique à jour (site Artnet)
1902 dans la chronique des arts
Une Grue en boucle de ceinture
Cette boucle a été achetée par le Musée des Arts décoratifs en 1991, Patrick Mauriès et Evelyne Possémé, dans leur livre paru récemment "Faune" (collection Galerie des Bijoux Musée des Arts décoratifs) écrivent a propos de cette boucle.
"C'est avec l'Art nouveau et le japonisme que la grue fait son apparition dans le bestiaire de la bijouterie à la fin du XIX eme siècle.
Réputée au japon pour vivre près de Mille an, elle est symbole de longévité. Elle est l'un des motifs, -avec la Carpe, la vague, et le mont Fuji- les plus utilisés par les artistes décorateurs européens. La Boucle de ceinture de Charles Boutet de Monvel est un parfait exemple d'adaptation du décor à la forme, suivant en cela le modèle des gardes de sabres japonaises"
1902-01
Les arts décoratifs
Les
bijoux de M. Charles Boutet de Monvel sont mastoc. Les métaux sont
employés avec lourdeur et leurs lignes peu
en rapport avec la finesse et la richesse des matériaux. Nous
préférons à tout le reste de l'envoi les parures de boutons
Oiseaux et le pendentif Masque, d'une exécution poussée et dont le
regard ne manque point de mystérieuse attirance
Maitre Colin du Bocage a revendu cette broche, Charles
Boutet de Monvel
Broche en argent 800 millièmes, stylisant une
oie sauvage, les ailes recourbées en émail plique à jour, le corps
orné d'une perle de culture baroquée d'eau douce probablement
rapportée. Signée. L'épingle en métal. (en l'état)
Poids
brut: 21 g
Dans Art et Décoration de 1902 une critique très critique
Quoi qu'il en soit, et en dehors de toutes considérations générales, M. Boutet de Monvel a beaucoup de talent, et un talent personnel.
Dans sa composition du bijou il utilise fréquemment des unions d'or mat et d'or vert il se sert des variations de couleur de la perle, il affectionne le décor de la feuille, dont il suit les nervures avec des fils d'or remplissant les intervalles de cette fine armature avec des émaux translucides. Dans le collier que nous reproduisons, les petites perles foncées plus chaudes des reflets d'or ......
Contrastent agréablement avec l'éclat plus pale des grosses perles qui se détachent du collier. Dans de nombreux bibelots M Boutet de Monvel déploie une ingéniosité délicate : voici un héron dont les ailes s'éploient pour rejoindre paradoxalement, et qui surmonte bien les dents d'un peigne, une chouette aux ailes étendues, et ces ailes se terminent par un détaillage amusant des pennes sur le centre ornemental d'un pendentif. Dans cette vitrine de curieux boutons, ou des grues hiératiques, des poissons aux yeux de rubis, des chouettes ou des corbeaux, d'amusants dessins.
A cote de ces bijoux ingénieux Mr Boutet de Monvel expose un collier, dont il entend bien qu'on parlera. Il pose en effet dans l'art décoratif, la vieille question du romantique.
M. Boutet de Monvel dessine, théoriquement, le collier de là femme fatale, et même l'exécute en belles matières. Il ne voit point trop l'intérêt de sa tentative, encore qu'elle porte une marque de travail artiste.
Il est fort possible qu'une femme en risque le paradoxe. Il est admissible que ça devienne un bijou vie théâtre, quoiqu'en ce cas les délicatesses n'en seraient guère visibles. L'aspect de nouveauté de l'oeuvre de M Boutet de Monvel est bien atténué par l'utilisation précédente du poulpe comme ornement de coffret, et le plus clair de son affaire est certes d'avoir considéré l'araignée comme un ornement de cou. N'importe ! On peut admettre que la question de la définition du Beau soit à donner en art décoratif, M Boutet de Monvel aura des imitateurs et il pourra arguer de l'éternelle présence du serpent dans les bagues et dans les bracelets. On devra seulement lui faire observer qu'homme de goût et artiste ingénieux, il se livre là sur une voie ou il sera suivi d'imitateurs qu'il ne prévoit pas.
Au sortir du coup de fouet illustré des années récentes, l'art décoratif n'avait pas besoin de celte turbulente initiative.
M. Boutet de Monvel dérange cette idée nette, qu'un collier est une parure, et ne prouve pas qu'il puisse être une arabesque réaliste, et qu'en tant qu'arabesque réaliste serait trop rudimentaire a cause de la stylisation un peu maigre de ses éléments….
1903 dans le journal Le Rappel
1903 Salon des Beaux-Arts compte rendu de J.L. Bertrand
J'arrive tout droit devant la vitrine de M. Ch. Boutet de Monvel, un artiste que j'ai conscience d'avoir fortement critiqué. Il faut dire que lui-même, à mon sens, ne s'est pas toujours montré très tendre à l'égard des bijoux, ces choses charmantes et délicates, à qui le laid et la violence font peur. Je ne méconnais point le talent de M. Ch. Boutet de Monvel, et j'avoue, car il faut toujours être sincère, que son exposition de cette année offre à
L'appréciation du public des objets très intéressants et très recommandables.
Son grand pendant de col, formant plaqué de corsage, me paraît être une oeuvre digne, d'attention, quoique critiquable assurément ; mais ce sont bien des anémones de mer et des algues,' rattachées par des ors légers et délicatement traités, à un gros saphir, qui joue le rôle d'un petit rocher. Car c'est souvent au monde de la mer que M- Ch. Boutet de Monvel demande ses décorations, et il a bien raison ; il y a là une mine inexplorée et les merveilles marines sont infinies. Sa boucle de ceinture est curieuse ; ses peignes, infusoires et plantes marines, me paraissent un peu lourds, bien que d'une recherche intéressante ; malgré tout, ils ont un cachet très particulier et sont d'une belle allure.
1903 Peigne infusoires et plantes marines
Qu'écrivait la revue "L'illustration en 1903?
"Les bijoux n'étaient, il y a quelques années, qu'une marque de vanité; depuis que l'art les a transformés, ils sont devenus une marque de goût.
Des ciseleurs exquis, des dessinateurs de grand talent se sont appliqués à faire de véritables merveilles des objets que nous touchons ou que nous regardons à tous instants. Là où les fabricants s'attardaient dans une routine entêtée, ils ont créé des merveilles de ligne et d' élégance; les formules nouvelles ont jailli comme par enchantement, on a maintenant une broche vraiment à soi, une bague personnelle comme un tableau ou une sculpture.........
En passant dans les galeries, nous avons remarqué et noté les merveilles que nos gravures
reproduisent : le pendant d'un travail si simple et si délicat, le peigne et la salamandre en
broche de Boutet de Monvel; la libellule en plaque de cou et la poignée d'ombrelle de
Martilly.
Le public stationne devant les oeuvres de Mrs Monod et Rivaud. Il règne dans cette section du Salon un silence religieux que coupent seulement des petits murmures étouffés et extasiés... Ici l'on regarde... et l'on ne regarde pas toujours les toiles exposées à côté. Ici les réflexions sont justes... et Goncourt a pu dire non sans raison que rien n'entendait plus de sottises qu'un tableau, un jour de vernissage. C'est que la femme, si elle ne comprend ni n'aime toujours la peinture, comprend et aime immanquablement le bijou.
1903 Peigne infusoires et plantes marines
Bague Eva, bague symboliste avec le serpent, de Charles Boutet de Monvel . Les Cobras à
capuchon s'agrippant à un cabochon «monde» bleu-vert, à l'or, avec émail , lapis et malachite. Signé 'B. de
Monvel ', français, vers 1900.
Ce Collier de Boutet de Monvel date de 1903
Un ami allemand, m'adresse le 17/04/2021 4 planches de 1903 consacrées a Charles Boutet de Monvel
Grand collectionneur de dessins de bijoux, il suit mes travaux et quand il trouve, ....il envoie
1903
1903
Tadéma Gallery Londres
Pour comparer, voici à la même date un ensemble de bijoux, de Albert Oppenheim de Francfort.
Belle broche de Fred à Barnstapple dans le Devon en Angleterre
Revue l'Art Appliqué de 1904, bijoux de Charles Boutet de Monvel
Revue l'Art Appliqué de 1904, bijoux de Charles Boutet de Monvel
1903-1904 boucle de ceinture, libellule argent et vermeil, cabochons en émail plique-à-jour et opale et chrysoprase
Photographie de Charles Boutet de Monvel en 1908 il a 54 ans
Revue l'Art Appliqué de 1904 bijoux de Charles Boutet de Monvel
1904 pour comparaison, a date égale, bijoux de Georg Jensen
1904 bijoux de Fahrner à Pforzheim
1904 bijoux de Georg Jensen de Copenhague
Revue l'Art Applique de 1904 bijoux de Charles Boutet de Monvel
1904 Objets sélectionnés pour "La Maison Moderne"
La maison Moderne citée sur la photo précédente était à l'instar de la galerie de Boutet de Monvel, une très belle galerie d'exposition et de vente à Paris au début du XX ème siècle Merveilleuse affiche de Orazi
Bijoux dessinés par Fr Boeres à Stuttgart et réalisés par Farnher
Bijoux de Fred à Barnstapple dans le Devon en Angleterre
Bijoux de l'école d'art à Prague
Revue l'Art Applique de 1904 bijoux de Charles Boutet de Monvel
Bijoux 1-4-et 5 de Charles Boutet de Monvel
1904 Les arts et la vie
Bijoux de 1904 de Rivaud qui fut souvent cité aux cotés de De Monvel, Monot,Chopart et Laporte.
Charles Boutet de Monvel
1905 Collier symboliste qui cristallisera beaucoup de critiques
Cambriolage de sa galerie en 1905
Vever l'a peu cité et a publié ce pendant de cou dans son livre sur la joaillerie française
1907 la revue "Les Modes" citent Lalique et Charles Boutet de Monvel
1907 dans le journal "Le Matin"
Charles Boutet de Monvel fabriquait il ses bijoux ??
Peu d'indications, mais dans un article de 1908, il était écrit: "c'est toujours un émerveillement que de visiter nos expositions de la rue Tronchet ou d'être admis dans l'atelier ou s'élaborent tant de bijoux......"
Bien que j'aie déjà consulté plusieurs fois la base des poinçons au ministère de la Culture, j'y suis retourné et cette fois ci, j'ai trouvé le poinçon de notre artiste bijoutier
Il a donc créé son atelier le 8 décembre 1900, en tant que fabricant orfèvre à façon, son symbole est "Une palette de peintre" il était donc établi en 1900 entre la Gare et le Cimetière Montparnasse.
Au vu des pièces réalisées, je pense que Charles se servait de moules en sable après avoir modelé une figurine en cire, puis , puisqu'il avait une formation de ciseleur, il pratiquait une ciselure sur fonte, à l'aide de rifloirs, pour reprendre les coutures et les défauts de la fonte et de lui donner ainsi, ce que ne rendent ni la terre, le sable, la cire ni le marbre c'est à dire la chairté de la peau, la maille du tissu, les nervures des feuilles, le guillochis de l'écorce, bref de donner à la pièce, sa parure de surface tout en gardant et respectant la forme.
1908 dans Art et décoration
1908 boucle de ceinture dans Art et Décoration
1908
1908 dans le journal Comoedia
1908
Art et décoration
Les
progrès de M.Charles Boutet de Monvel sont constants. Puisse-t-il se
débarrasser définitivement du goût qu'il ressent pour ce qui est
étrange et compliqué, et faire des bijoux simples, harmonieux et
construits. Nous aurons alors, à n'en pas douter, des oeuvres
vraiment intéressantes, car M. Boutet de Monvel est un
artiste intelligent et doué, qui a ce rare mérite de ne devoir rien
à personne.
Sa présence en 1908 à l'exposition du musée Galliéra
Dans la revue "L'art et les artistes"
1908 à propos de l'exposition à Galliéra
A propos de sa galerie du 18 rue Tronchet à Paris
1909
Art et décoration
"Chez M.Boutet
de Monvel, je ne puis retrouver l'équilibre de composition que je louais chez M. Rivaud. L'artiste, ici, se complaît i à
l'étrange, ce qui est parfois dangereux. . L'imagination chez lui
est cependant féconde ; et parmi les pièces qu'il expose, une
bague, où des insectes soutiennent une perle, est à remarquer."
Art et décoration, 1909
1912 dans les Musées municipaux
Je n'ai pas trouvé d'activités au-delà de 1914 de la part de Charles Boutet de Monvel
1940 Décès à Nice de Charles Boutet de Monvel , il a 85 ans.
Charles était le cousin de Bernard Boutet de Monvel, Sotheby's a revendu son auto portrait :
On connait de nombreuses représentations du peintre par lui-même. Dès 1908, il se peignait sous les traits du dandy, dans Esquisse pour un portrait, arborant monocle vissé sur l’œil, redingote, pantalon à rayures et chapeau haut de forme, et dans un fameux autoportrait exposé à la Société Nationale des Beaux-Arts en sportsman, flanqué de deux lévriers dans la campagne de Nemours .L’été 1932, Bernard Boutet de Monvel devant réunir en novembre suivant un ensemble de portraits récents à la Reinhardt Galleries, New York, il décida de peindre deux autoportraits, comme deux facettes d’un même personnage : l’un en dandy, devant la place Vendôme, l’autre, en artiste, sa palette à la main, présenté dans la vente lot 36.de sotheby's
Saisi de trois-quarts, pincé dans une veste de flanelle parfaitement ajustée, les attributs du dandy à la main - canne, gants beurre-frais et chapeau melon - une marguerite à la boutonnière, il fixe le spectateur d’un regard d’acier. Le peintre choisit de situer ce portrait iconique à l’hôtel Ritz, Paris, nous offrant une vue plongeante sur la place Vendôme, célèbre depuis toujours pour ses joailliers et immédiatement identifiable partout dans le monde comme centre du luxe et de l’élégance française. Membre de l’élite, habitué de l’hôtel Ritz et, à partir de sa création en 1921, du Café Parisien - le bar de l’hôtel - il s’y représente à plusieurs reprises, comme il dessine fréquemment la place Vendôme, notamment pour Harper’s Bazaar.
Dans cet autoportrait, on ne pourra qu’être saisi par l’opposition entre la représentation de la figure du peintre, d’une objectivité exacerbée, proche du photoréalisme, et celle des voitures et des façades de la célèbre place, ébauchées à la manière d’un dessin d’architecte.
Texte interessant de Vivienne Becker dans son livre "Bijoux Art Nouveau"
Les insectes, les animaux, les oiseaux furent les motifs chéris du glossaire des bijoux Art Nouveau, les insectes - particulièrement la libellule et le papillon - furent les sujets les plus
Caractéristiques du nouveau langage décoratif. Ceci marqua une nouvelle désertion du style victorien.
Des insectes réalistes mais peu imaginatifs avaient longtemps été les motifs favoris de
Broches pour dames, en dépit de la répulsion qu'ils inspiraient dans la réalité. Dans les
Années 1870, une invasion de coléoptères allant des roses aux énormes lucanes,s”abattit
sur les chapeaux et les voiles ; ces cloportes et des perce-oreilles s'accrochèrent aux parasols, aux colliers et aux boucles d'oreilles. Mrs Mary Haweis sévère critique de mode de l'époque, condamna dans son livre The Art of Beauty (1878) la présence de limaces et d'escargots à des endroits ou ils ne seraient pas tolérés s'ils étaient vivants.
Toutefois, les insectes de la bijouterie Art Nouveau devinrent des créatures imaginaires, parfois troublantes, souvent d'une exceptionnelle et sensuelle beauté. Le papillon anodin, libéré de sa vitrine, fut métamorphosé en une libellule dont les ailes sont si réelles que l'insecte pourrait s'animer et s'envoler d'un moment à l'autre. La tête de la libellule semblait souvent avoir un sourire accroché comme un masque de cauchemar, mais à y regarder de plus près, elle se révélait être le visage d'une jeune fille. Les images fantastiques et cauchemardesques, particulièrement les métamorphoses (celle de la chrysalide en papillon par exemple) coïncidaient avec les nouvelles théories de Freud qui préconisaient l'exploration du subconscient riche en images parfois sinistres.
Les motifs les plus communs, le papillon et la libellule se prêtaient à des variations infinies. Le corps mince et serpentin, la subtilité et la variété des marques et des veines sur les ailes furent très attirants pour le bijoutier Art Nouveau. L'insecte planant au-dessus de l'eau était un motif emprunté aux Japonais. Sur une magnifique libellule du bijoutier belge Philippe Wolfers, le jeu magique de la lumière à travers les ailes en émail arachnéen est capté par de l'émail translucide plique à jour. Les ailes sont bordées de rubis, et pour recréer l'éclat de la lumière à travers elles, les ailes du dessous sont teintées d'une lueur rose. Souvent le mouvement de planeur était accentué par des ailes tremblantes mécaniquement. Le motif de l'insecte ailé renfermait toutes les caractéristiques de la bijouterie Art Nouveau : il fut immédiatement purement décoratif, un prodige d'adresse technique, un support pour l'émail plique à jour, et imprégné d'une certaine symbolique.
Les autres insectes souvent utilisés comprenaient la sauterelle, représentée avec une
antenne stylisée, très japonaise, magnifiquement exploitée par Lalique et Gaillard ; le
scarabée, symbole égyptien du cycle de la vie, porté à l'attention des artistes par l 'engouement pour l'Egypte des années 1870, interprété par l'allemand Georg Kleeman ; la cigale, autre motif oriental, souvent utilisée pour des bijoux par des artisans qui se plaisaient à explorer la transparence de la corne et la subtilité de l'émail pour ses ailes repliées ; enfin l'araignée, généralement dans sa toile, utilisée pour des bijoux Art Nouveau plus tardifs, par Charles Boutet de Monvel par exemple, qui produisit un extraordinaire collier araignée, exposé au Salon de 1902.
Merci à la galerie Tadéma, à la Bibliothèque Nationale Française, HPrints, si vous avez un commentaire, un document, mon mail: richard.jeanjacques@gmail.com