vendredi 14 mai 2021

En 1925 , que vendaient les bijoutiers joailliers détaillants dans leur boutique.

Une question qui me turlupine, le style qui triompha à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui eut lieu à Paris en 1925, était- il une évolution collective ou celle d'une élite? 
De fait , le Musée des Arts Décoratif présente cet évènement comme un succès public incontestable, l’Exposition suscite pourtant une profonde déception auprès des artistes et des amateurs. Les reproches les plus importants qui lui sont faits, sont son ostentation luxueuse, l’absence de programme social, le caractère éphémère des constructions et donc des dépenses, la déconnexion avec la vie contemporaine et ses nouvelles conditions techniques, industrielles et sociales.



Boucheron, Vever, Paul Piel, Mauboussin; et Marzo parmi d autres


Il est possible de dire que  l' art Déco (expression datant des années 1960)  découle de l'art Nouveau , mais autant les lignes de l'art nouveau  étaient mouvantes, ondoyante, courbes, avec un rappel presque constant à la nature, autant les lignes de l art déco devenaient épurées, géométriques, en somme la traduction du développement industriel et d une nouvelle société.
Cette "évolution" se faisait elle pour tous?  ou n'était elle que l apanage d'une clientèle fortunée? 
Et, si l architecture, le mobilier, et certaines industries voyaient évoluer leur production depuis la fin de la première guerre mondiale, la bijouterie dans son ensemble suivait-elle ce mouvement??
En somme que produisaient les professionnels de nos  métiers fin 1924 pour être revendu à la veille de cette belle exposition




Depuis plusieurs années sous l'égide de la Chambre Syndicale de la bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, publiait un catalogue des fabrications de ses adhérents pour les revendeurs et bijoutiers détaillants français et étrangers, j en possède des années 20, il est donc interessant de voir ce qui était proposé à nos revendeurs bijoutiers.




A l' heure actuelle l'immeuble de la Chambre Syndicale de la bijouterie joaillerie 58 rue du Louvre, je ne sais , mais ce doit toujours être ? Les trois derniers étages sont consacrés à l école de BJO que j ai fréquentée en 1960-61.  Ce n'était pas la "Haute Ecole de Joaillerie" nous n'étions pas aussi nombreux, l apprentissage était important dans les entreprises de BJO Il y avait un atelier pour les 1 ère année et 2 eme année, un atelier d élève orfèvres, et encore un atelier pour les diamantaires, mais il n' y  avait plus qu' un élève.
Il fallait commencer assez tôt car a 19 ans et demi, comme il n y avait pas de bourses ou de sursis, nous devions faire notre service militaire vu la guerre d'Algérie.



Cliquez pour agrandir l'image

Il existait un "Bureau des acheteurs"  cette page indiquait qu il y avait de nombreux bureaux meublés avec tout le confort moderne .....de fin 1924!!!!!
Un secrétaire était à vos ordres et vous aviez la possibilité de convoquer les commerçants "qu'il vous plaira de recevoir"

Ainsi donc, nous pouvons au travers de ce catalogue , connaitre ce que les bijoutiers, joailliers de l époque achetaient pour revendre dans leur magasin, je trouve, mais c'est un avis personnel, que cela n'a rien a voir avec ce que nous avons retenu de cette année 1925. Et cela n a rien à voir avec les Templier, Lacloche, Van-Cleef, Cartier, Marchak, Linzeler , etc etc 


Je ne vais pas légender toutes les photos, mais vous laisser juger. Certains fabricants tentaient de vendre le style émergeant après l art nouveau , mais très timidement
Ces sacs étaient très "mode"  d ailleurs des sacs de 1925 sont en vente régulièrement de nos jours, salle des ventes ou antiquaires, mais .....s'ils sont signés d'un grand nom 




Arthur Israel était une vieille Maison des années 1900, membre de la Chambre Syndicale depuis 1920, Entres autres il vendait des chronomètres de la maison Antoine
Etymologiquement, un chronomètre est un appareil à mesurer le temps. L'usage en a fait une montre de haute précision, affichant la seconde, dont le mouvement a été testé durant plusieurs jours dans différentes positions et à différentes températures par un organisme officiel neutre. Seules les mécanismes ayant satisfait aux critères de précision édictés par la norme ISO 3159, ou équivalente, reçoivent un certificat officiel de chronomètre.
Même si un chronographe sert à chronométrer, il ne peut se prévaloir de l'appellation chronomètre que s'il a obtenu un certificat officiel.
Cependant ses modèles de montres sur bracelets cuir ou soie, étaient très élégants



Sur cette page , un essai, ce bracelet Egyptien qui bientôt sera à la mode


Ces catalogues étaient de grandes tailles, celui ci de 1920 mesurait 35 cm de haut sur 26 cm




La maison Brunet Rue Rambuteau , maison datant d'avant 1900, produit des colliers de style Louis XVI


Si on regarde les magazines de l'époque 1924-1925-1926 , on y retrouve partout des colliers de perles, matière très peu employée par les créateurs de l'art déco.




Fin 1924 des publicités nombreuses pour l'Oreum, était ce une bonne idée? elle ne prit pas




Je crois que c'est Jean Dunand qui le plus, en fit usage (comme cette boite d'allumettes avec coquilles d'oeufs écrasées) mais il fabriqua aussi de très beaux colliers, etc,  En octobre 1922, Bourgeois et Nappey obtiennent l'exclusivité pour la France d'un nouvel alliage imitant l'or (l'Oréum), de la société Marret-Bonnin-Lebel, la seule à fabriquer le bronze V.B.F. Le matériau, difficile à travailler, sera abandonné en 1928.




Quel en était le degré d'oxydation? dommage ce fut une belle idée pour faire baisser les prix




Quelques essais timides de pendentifs perles  très mode


En 1925 une maison comme Kahn n'avait pas encore franchi le cap



Des mailles de bracelets, somme toutes assez modernes


Les Pendants d'oreilles de Lespous étaient très mode aussi.




1918 une maison qui voulait rester au plus près de la mode;




La maison Capy en 1893 se trouvait 51 rue Turbigo; une concession à l art décoratif, la broche en Onyx du haut.



Autres petits colliers Louis XVI. Nombreux étaient ceux qui les fabriquaient.




Dans la revue française Vogue en 1924



Des fermoirs de sacs


Orfèvrerie Frionnet en 1924


Les établissements Georges Meyer dont bientôt la marque sera UTINAM, puis UTI



Jean Desmares qui était joaillier, publiait une assez belle page en fin 1924  avec une boite sur la quelle se trouvait un motif représentant un éléphant, dont nous aurions aimé connaître les matières qui la composaient.






Puis il y eut la crise de 1929, lire:


J ai sorti de mes collections des numéros de la "France horlogère" de 1925 j ai consulté aussi les années suivantes et même en 1928 les publicités et les articles n'avaient pas évolués. La révolutions Art Déco, ne se retrouvait pas dans les bijouteries.


Couverture de la France Horlogère de 1925 le format était très grand 38 cm X 30 cm



Ce sont bien les modèles proposés par la Chambre Syndicale de la BJO






1925 des publicités pour adapter des montres de gousset en montres bracelet.


La Maison Meyer "Uti"


Lip avait adopté ce nouveau métal maintenant oublié








Des pièces Art Déco????






Je trouve surprenant de voir le nombre de publicités dans la presse de ces époques, pour encourager les HBJO a vendre des machines à coudre.






Qu 'en pensez vous? des commentaires ? richard.jeanjacques@gmail.com

vendredi 7 mai 2021

Le Glaive Impérial de Napoleon et le "Régent"


Le Glaive de Napoleon est représenté sur ce tableau de Ingres

J ai été surpris de constater que les révolutionnaires avaient conservé non seulement les joyaux royaux, mais aussi ceux qu' ils avaient confisqués aux nobles disparus ou saisis lors de leur fuite.
Surpris encore plus de constater que les Robespierre, Danton etc, se servaient de ces joyaux pour les faire démonter et en faire recréer d 'autres pour les offrir  aux chefs d'état avec qui ils  souhaitaient  contracter des alliances, par exemple le Sultan de l empire Ottoman ou les Bey de ce même empire et autres
La révolution n'avait pas guillotiné le Joaillier de Louis XVI , devenu le citoyen "Mesniere" ni  le citoyen Nitot , pas plus que Bapst.

Les révolutionnaires demandèrent des inventaires précis de ces biens confisqués, s'en servirent,  puis vint Napoleon  qui se servit aussi de tous ces diamants et pierres de couleur pour constituer des collections de joyaux à offrir à sa famille, et à ses fidèles. Mais comme toujours, ces pièces admirables furent très souvent démontées pour refaire d autres joyaux.

Parmi elles le Glaive de Napoleon de 1812.


Lors de son sacre, le 18 Mai 1804, Napoléon 1er arbore le Régent sur la garde de son épée, mais cette épée fut démontée le 15 juin 1812 pour faire le glaive impérial lors du couronnement de l'Empereur.
En 1811 Napoléon voulut détruire l' épée du sacre et c'est Vever à nouveau qui nous explique ce qu'elle devint:

"Quoi qu'il en soit, pour ce qui concerne l'épée, Napoléon ordonna en 1811 qu'elle fût démontée et que le Régent, ainsi que les autres diamants qui l'enrichissaient, fussent employés pour faire un nouveau glaive.

C'est alors que F.-R. Nitot fils, successeur d'Étienne Nitot, qui était mort en 1809, demanda et obtint de conserver cette épée au lieu de la détruire, et qu'il remplaça les pierres fines par des imitations. Un procès-verbal du 15 juin 1812 constate la remise qui en fut faite au joaillier, pour la valeur de l'or à fondre, soit 900 francs, que l'on porta en déduction sur la facture de 82.910 francs, dont il est question plus loin.



En 1811  , Pierre comte de Montesquiou, comte de Montesquiou-Fezensac. est le grand Chambellan de Napoléon , c'est lui qui va confier ce travail à François Régnault Nitot et ses fils , joailliers de "l' empereur et l' impératrice , et des Enfans de France, du Roi et de la Reine de Westphalie"
Sur le tableau ci-dessus, figurent les diamants nécessaires à la fabrication du Glaive de Napoléon , avec l emplacement ou ils se trouvent, par exemple le plus beau "Le Régent"  comme vous pouvez le lire, sur le pommeau , pesait 136 Karats (écrit avec un K)

Le Régent fut porté pour la première fois par Louis XV lors de la réception de l'ambassade de Turquie en 1721. Il fut ensuite provisoirement serti sur la couronne du sacre de Louis XV, le 25 octobre 1722. Peu après son mariage avec Marie Leczinska le 5 septembre 1725, le roi commença à porter le diamant sur son chapeau, habitude qu'il conserva jusqu'à la fin de son règne. Pour le sacre de Louis XVI, le 11 juin 1775, on réalisa une nouvelle couronne semblable à celle de Louis XV et ornée du Régent en face frontale. Tout comme son grand-père, Louis XVI arbora le diamant sur son chapeau. Volé en 1792 puis retrouvé en 1793 caché dans une charpente, il fut mis plusieurs fois en gage par le Directoire puis le Consulat avant d'être définitivement récupéré par Napoléon Bonaparte en 1801. Il fut alors utilisé pour embellir l'épée du Premier consul réalisée par les orfèvres Odiot, Boutet et Nitot. En 1812, Le Régent devint un des ornements du glaive de l'empereur Napoléon Ier, réalisé par Nitot. Suivant les changements de régime, il fut serti sur les couronnes de Louis XVIII, Charles X et Napoléon III puis sur le diadème grec de l'impératrice Eugénie.

13 diamants importants démontés de l ancienne épée de l Empereur furent remontés sur le glaive.




Le Glaive de Napoleon Par Nitot

Mais on découvre aussi l inventaire des diamants figurant sur les différents ornements.

C'est à dire 2994 diamants brillants, plus 21211 roses en diamants (les roses étaient appelées Roses de Hollande)
Le rapport précise que 371 diamants , sortis du trésor provenaient de la couronne de Rubis démontée.(je pense que c'est celle de Joséphine de Beauharnais)




L' intendance générale qui commanda l'expertise le 13/11/1812, en dehors de l or fourni, note les droits de garantie, la façon du bijou d'or et la ciselure, la façon des diamants au nombre de 5531 pierres( était- ce le prix du serti? ou d une retaille des diamants?) le prix de la lame du glaive, la monture du glaive et de l'étui.



Il fallait un Baudrier, pour suspendre le tout à l épaule et à la ceinture de Napoléon, ce Baudrier était en velours blanc, brodé en or enrichi de diamants et de brillants taillés en rose.
et 9 diamants.




Le prix de façon (puisque les matières sont fournies) est de 300 frs pour le travail de l'or et la façon sur diamants est de 2600 frs (qu'entendait il ? retaille de diamants où sertissage?)  reste la broderie sur l'étui pour 800 frs  Le prix total estimé du Glaive de Napoléon est de 82.910 frs 14 centimes. ce qui ferait de nos jour (quoique les sites de conversion de francs en Euros ne soient pas très justes) environ 250.000€




Joseph Chaumet dans ses mémoires nous explique :
Le RÉGENT, cette fois, a pris place au pommeau du glaive. De grosses roses qui ornaient le baudrier, brodé de lauriers et d'abeilles d'or, provenaient de l'épée du sacre de Louis XVI. La fusée n'était qu'une mosaïque de diamants disposés en palmettes autour de deux brillants, un
sur chaque face. La garde rappelait la forme du glaive que l'Empereur portait le 2 décembre 1804 à Notre-Dame et que David a reproduit, avec, sur la face, une aigle éployée et couronnée, enserrant des foudres, au-dessus d'un écusson blasonné de l"N" majestueuse. Elle se terminait aux  extrémités par deux motifs de diamants. Au revers, les mêmes palmettes sur la fusée et, sur la garde, une guirlande de lauriers; à l'écusson, les armes de l'Empire.
Le fourreau portait une sobre décoration a compartiments géométriques, cercles encadrant des étoiles alternées avec des abeilles, hexagones allongés cernant des foudres, le tout endiamanté å l'avers, ciselé au revers. Le briquet était d'or ciselé au revers et rehaussé de diamants å la face.
La lame, enfin, latte å gouttières, était damasquinée au droit de lauriers et d'aigles et, au revers, de la devise << Honneur et Patrie >>.
La facture de Nitot, datée du 16 novembre 1812, conservée aux Archives Nationales, s'élève, pour le glaive et son fourreau, å 74.036 fr. 69, et pour le baudrier à 8.874 fr 32, soit ensemble 82.91 1 fr 01, -les pierres ayant été fournies par la Couronne.

Qu'est devenu ce GlaiveAu début de 1814, la France est envahie dans le sud et à l'est par une alliance composée de la Grande-Bretagne, la Russie, la Prusse, d'autres états allemands de la Confédération du Rhin et l' Autriche. C'est la 6e coalition.
Quand l' impératrice Marie Louise se rendit compte que les alliés approchaient, Marie Louise et  sur ordre de Napoléon, elle quitta Paris avec son fils et se réfugia à Blois.

C'est là qu'avant de continuer un voyage plein de périls, Marie Louise prit le parti de porter sur elle le plus possible des diamants de la Couronne, afin de les sauver des cosaques qui infestaient la région.
La pièce la plus importante de ces joyaux était le glaive impérial, sur la poignée duquel le Régent se trouvait monté et dont la lame embarrassante était très difficile à dissimuler. M. de Méneval, qui, comme MM. d'Haussonville et de Gontaut, avait suivi l'Impératrice dans sa fuite, fut chargé par Marie-Louise de démonter cette épée.
Il raconte, dans ses Souvenirs, qu'il dut se résoudre, pour pouvoir l'emporter, à séparer la lame de la poignée. N'ayant aucun instrument à sa disposition, il mit la lame sous un des chenets de la cheminée de l'appartement de l'Impératrice, et, faisant une pression, il parvint facilement à la briser, car elle était en laiton. M. de Méneval put ainsi cacher sous son vêtement cette poignée qui représentait une valeur de plus de douze millions, et rejoindre l'Impératrice, qu'il accompagna jusqu'à Orléans.
Autre source, Henri Vever précise "la version que M. Paul Bapst m'indique comme étant celle qu'il a toujours entendu raconter dans sa famille, est un peu différente. D'après lui, ce serait le roi Jérôme qui, après avoir inutilement tenté de faire sauter le Régent avec son couteau, aurait brisé la poignée du glaive."
Le père de Marie Louise, François Ier, empereur d'Autriche restituera ensuite le Régent à la France et à Louis XVIII .



Francois Régnault Nitot mourut  au 15 place Vendôme  là ou se trouve l'hoôel Ritz de nos jou

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