mardi 7 janvier 2014

Mellerio Joaillier Paris! Un faux en écriture du Général De Galliffet en 1862


L' histoire ne figure pas dans le livre  sur Mellerio, pourtant elle ne manque pas de piquant, puisqu'elle relate une "Blague" du Général, Comte de  Galliffet.




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Gaston (Galliffet) eut une carrière fulgurante sous Napoléon III, mais il n'aimait pas le Colonel Stoffel qui lui aussi faisait une carrière tout aussi fulgurante.
Gaston restera dans l histoire, il se distingue en 1871 par sa férocité envers les insurgés de la "commune" et gagne le surnom du « Marquis aux talons rouges » ou « Massacreur de la Commune » ou "boucher de la commune" lors de la tragique Semaine Sanglante.

Regardant passer les prisonniers communards se dirigeant sur Versailles, « la badine à la main, il sélectionne ses victimes d'une manière absolument arbitraire, sur leur mine ». Un jour, il ordonne : « que ceux qui ont des cheveux gris sortent des rangs ! » 111 captifs s'avancent « Vous, leur dit-il, vous avez vu juin 1848, vous êtes plus coupables que les autres ! ». Il les fait mitrailler dans les fossés des fortifications (wiki) 10 137 condamnations dont 93 à mort, 251 aux travaux forcés, 4 586 à la déportation

Mais l histoire de la fausse facture Mellerio nous ramène à Napoléon III, empereur en exercice.




Napoleon III  avait besoin de symboles et voulait situer le site archéologique d'Alesia, il "mit le paquet" et désigna le Colonel Stoffel  pour superviser ces fouilles.



Le Colonel fouilla en particulier Gergovie et Alesia et quand Napoleon III engage les fouilles à Alesia en 1861, Stoffel est nommé chef des fouilles, parvient à situer le camp de César et découvre un merveilleux vase en argent doré
un "Canthare" un vase à boire




Ce serait parait il,  un Skyphos, je ne me risquerais pas sur ce sujet, qui dès le départ créa de nombreuses polémiques. A commencer par ce  site d'Alésia, ou chacun allait de sa théorie  et cela continue.

Si Salomon Reinach n'avait écrit les confidences de Gaston Galliffet, nous aurions une polémique en moins, 


Salomon Reinach n'est pas n'importe quel archéologue, de 1902 à sa mort, il dirige le Musée des Antiquités Nationales de Saint Germain en Laye, il devient membre de l'Académie des inscriptions et des belles lettres Il crée en 1902 le cours d'histoire générale de l'art à L'Ecole du Louvre, conservateur des musées nationaux directeur de la Revue archéologique avec Georges Perrot, puis avec Edmond Pottier etc etc.
Il lui arrive de se tromper....., en 1896 il recommande l'achat pour 200.000 francs or.... par le Musée du Louvre de la tiare de Saïtapharnès qui se révélera être un faux.

Mais il connait aussi une anecdote vacharde sur le pauvre Colonel Stoffel que lui a racontée Gastounet Galiffet.


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J'en reproduis le texte fidèlement ci-dessous

Dans la nécrologie du colonel Stoffel, publiée ici il y a deux ans (Revue, 1907, I, p. 330), j'écrivais ce qui suit « Stoffel, officier d'ordonnance de l'empereur, eut désormais la direction des recherches (à Alise Sainte-Reine). Bertrand m'affirmait qu'il les avait dirigées d'un peu loin, préférant à la plaine des Laumes le séjour de Dijon ou de Semur. Ce qui est certain, c'est que le fameux vase d'argent d'Alésia fut découvert en son absence (septembre 1862). Comme cette trouvaille semblait faire honneur au flair archéologique de Stoffel, elle éveilla des jalousies qui se traduisirent par une légende malveillante. Stoffel aurait acheté lé vase en question à Paris. » Et j'ajoutais en note « Je connais à ce sujet une histoire piquante, mais que je ne puis encore raconter ».
Je tiens cette histoire du général de Galliffet, qui vient de mourir dans sa quatre-vingtième année (1830-1909). Il ne m'avait pas recommandé le secret mais j'ai cru plus convenable, après l'avoir notée à l'époque, de ne la point divulguer de son vivant.

Vase d'argent d'Alésia

« Stoffel, me dit le général à la date du 18 juin 1899, était détesté de ses camarades, parce qu'il se poussait par tous les moyens. Je ne l'aimais pas non plus et, quand il eut découvert son vase d'argent, je résolus de lui faire une bonne farce.
 J'allai chez l'orfèvre Mellerio et je lui dis « Vous me connaissez  bien, n'est-ce pas ? Faites-moi le plaisir de me donner une facture acquittée en  blanc. » Mellerio me la donna. j'y fis écrire par mon ordonnance « Reçu du capitaine Stoffel la somme de 2.000 francs pour un vase d'argent imitation « antique » -et je la perdis sur un billard à Compiègne! Le bruit se répandit que !e vase était faux, Stoffel fut furieux. » On l'eût été à moins.
Quand j'entrai au Musée de Saint-Germain, en 1886, Alexandre Bertrand me dit qu'il croyait le vase d'Alésia parfaitement authentique, mais qu'au moment de la découverte on avait fait courir de mauvais bruits à ce sujet. Le général de Galliffet m'en donna l'explication. Resté très enfant, à soixante-neuf ans, il riait aux éclats en me racontant ce " tour de page "; il en avait bien d'autres à son compte et ce n'est pas seulement à cause de sa brillante valeur à la guerre qu'on l'avait surnommé « le lieutenant Qu'a-t-il fait ».

Au fond, le Bracelet de Marie Antoinette, c'était  peut être une "blagounette" de....., Mr le Comte De Gallifet.

A lire ou a relire


http://richardjeanjacques.blogspot.fr/2010/03/rififi-chez-mellerio-ou-lenlevement.html


Un commentaire, une précision, richardjeanjacques@wanadoo.fr  Discrétion assurée

vendredi 3 janvier 2014

Mellerio, Bracelet de Marie Antoinette! un autre mystere .





Reprenons cette histoire des Mellerio; Des colporteurs italiens prétendent avoir sauvé le Roi Louis XIII d'un complot.
Quel complot?, j'ai cherché  et je n'ai pas trouvé de complot contre le Roi Louis XIII, en dehors de celui ce 1642 du marquis de Cinq-Mars et c'était surtout contre Richelieu.
Aucune recherche historique sérieuse n’a pu prouver l’existence d’un complot de conjurés mis au jour par des Lombards.
Or  dans le Livre de Joseph Mellerio qu'il écrit en 1893 et sur qui les communicants de la Maison Mellerio s'appuient il est bien écrit :


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Les Conspirateurs furent arrêtés et exécutés:  Lesquels? ou?
Émilie Bérard et Marie-Émilie Vaxelaire peuvent -t-elles nous éclairer?

En 1613 , d'après les mémoires de Joseph Mellerio



Le Roi , leur donne un privilège car ces ramoneurs ne peuvent vivre décemment avec leur métier de fumiste, mais il ne les autorise qu'a  vendre "du Cristal taillé, quincaillerie et autre menue marchandise meslée "

Donc Joaillier depuis 1613 est une affirmation tendancieuse.

Les Mellerio peuvent donc colporter de menus ouvrages, d'autant qu'en 1721 sont mis dans les menus ouvrages les "croix, tabatieres, etuys, boucles, boutons, et boites de montre en or".
Un arrêt du Roi en 1755 confirme que Jacques Mellerio est toujours colporteur en menus objets de bijouterie, donc commerçant ambulant en bijouterie oui! ...joaillier non.

Une historienne de nos métiers, Jacqueline Viruega est en désaccord avec les historiennes maison, je la cite.


« François Mellerio (1772-1843), venu en France en 1784, reste à Paris sous la Révolution, s’engage dans l'armée républicaine, est en 1796 commis chez un bijoutier milanais. En 1801, il ouvre rue du Coq-Saint-Honoré une maison modeste mais qui réussit bien. Présenté à Joséphine, il fait des affaires avec les bonapartistes et devient le fournisseur de l’impératrice. En 1815, il s’installe avec son frère Jean-Jacques Mellerio au 22, rue de la Paix, sous la raison sociale Mellerio dits Meller frères ».

Je suis du même avis, dans ce cas c'est 200 ans. 

Or fait nouveau, en 2013, la presse dans son entier, commente les dépèches que lui adresse le service de presse de la maison Mellerio, ce qui donne:

 Blouin Art Info
L'activité de joaillerie de l'entreprise familiale débute en 1613 après que Marie de Médicis a accordé à Jean-François Mellerio, ainsi qu'à la colonie lombarde, le privilège de vendre des cristaux taillés sur le territoire de France. Les livres de comptes de l'époque révèlent une clientèle hors norme dont la reine Marie-Antoinette. - See more at: http://fr.blouinartinfo.com/news/story/971404/les-400-ans-de-mellerio-dits-meller-le-joaillier-des-reines#sthash.MaCpIFDQ.dpuf

Le journal Le Point entres autres  Royal
Marie Antoinette achète au joaillier en 1781 un bracelet composé de camées et de rubis.
Il serait judicieux de demander à Catherine Pégard qui fut une éminente journaliste du Journal Le Point, et une de mes clientes, de faire des recherches maintenant qu'elle est conservatrice au Chateau de Versailles
Que disent les mémoires de Joseph Mellerio?


On parle de dame d'honneur, et de jeune Marchand



Alors d'ou vient ce bracelet photographié en 1935 et attribué comme Bracelet de la Reine Marie Antoinette vendu par Mellerio?




Ce document sur lequel est photographié ce bracelet "de bien moyenne facture" est un amalgame, car il ne concerne en rien Marie Antoinette, Mellerio, ou ce bracelet, cette lettre patente porte sur la suppression des lapidaires en pierres précieuses qui vont devoir être rattachés à la corporation des Joailliers


Le 31/3/1935 a lieu une exposition dans la galerie Mellerio au profit des "Enfants paralysés de France" comme en témoigne le journal "La Croix" qui historiquement est le journal qui rend compte le plus des activités de la famille Mellerio.
Comme l'article publié dans la Croix et repris dans les archives de "Gallica" n'est pas très net, je vous en recopie le texte

Exposition rétrospective du « Bijou d'autrefois» C'est une Exposition très curieuse, au profit de l'œuvre L'aide aux enfants paralysés. Elle est, faite dans la galerie de Mellerio, dit Meller, 9, rue de la Paix, à Paris, sous la direction de M. Camille Gronkowski, conservateur honoraire des musées de la Ville de Paris. Non seulement Exposition curieuse, parce qu'on y trouve nombre de choses bizarres et fantaisistes, mais surtout Exposition émouvante.
Car les siècles, ici, défilent devant nous, dans une absolue authenticité, depuis le sévère diadème mérovingien jusqu'à des souvenirs de la Révolution française, .sanctifiés par le martyre. La miniature que Marie-Antoinette donna à la princesse de Lamballe avec une mèche de ses cheveux, le crayon de Louis XVI et le yo-yo en or avec lequel Ii petit dauphin jouait au Temple. Le dernier cadeau de Napoléon à SainteHélène à son fidèle Montholon. un splendide envoi du baron Maurice de Rothschild le collier de Charles-Qulnt, et une adorable Annonciation, bijou merveilleux, clou de l'Exposition, et dont les lucides émaux ont l'éolat d'un vitrail de Bourges, et les vieux bijoux de nos ancêtres.
Tout cela, et bien d'autres choses encore. sans compter les calices anciens, les croix ouvragées, les vieux reliquaires et une orfèvrerie pleine d'histoire. Il y a là une heure exquise à passer devant des choses artistiques, historiques et très précieuses, reunies en une Exposition unique et qu'on ne reverra jamais plus. L'entrée est gratuite et l'Exposîtion durera jusqu'au samedi 6 avril, de  10 heures du matin à 6 h. du soir.

Et c'est donc ce même Mr Camille  Gronkowski qui publie aussi un article que reprend Mellerio




Là aussi, je crois bon de vous restituer le texte qui nous intéresse, 

"Cette journée faste nous apporta encore une nouveauté qui vient de s'ajouter aux souvenirs de Marie Antoinette , de Louis XVI et du Dauphin. C'est un bracelet formé  par une suite de Camées reliés par une monture de Rubis , La Reine le portait fréquemment et il est toujours resté dans la famille De Castelbajac"



Sur ses deux articles, Mr Camille  Gronkowski ne cite pas Mellerio comme fabricant, mais on extrapole jusqu'à l affirmer.




Or si Louis XIII, XIV, XV, ont beaucoup aimé les Camées, j'aimerais qu'on me trouve un camée de Marie Antoinette, pour moi les camées, ce n'était pas son quatre heures, mais...je n'ai peut être pas les bonnes sources? 

Si les historiens de la revue HISTORIA, pouvaient nous trouver le coffre fort ou il est enfermé ce bracelet...nul doute que les poinçons nous aideraient surtout que ce doivent être des poinçons de l'ancien régime, avant la révolution!
Le Couturier JC de Castelbajac pourrait il nous aider, je le lui ai demandé. Mais il y a de nombreuses branches...., famille extraordinaire d'ailleurs


Certains renchérissent.

Mellerio : « Mon joaillier Meller », disait Marie-Antoinette.
Article publié dans le magazine Histoire d'entreprises.


Même en le photographiant sur une copie d'un papier de 1781, cela ne donne pas de paternité a ce bracelet, la lettre patente du 17-3-1781 n'ayant rien à voir
.







Ce qui est étonnant , à propos de l'article de Mr Gronkowski  (qui ne dit pas que c'est Mellerio qui a fait ou vendu ce bracelet! ) c'est qu'en cherchant des articles de l'époque 1935 sur cette exposition, aucun (mais je n'ai peut être pas bien cherché), aucun ne parle du bracelet de Marie Antoinette ou Castelbajac, or cela aurait été un évènement!!!
J'en publie quelques uns



Ci dessous le texte concernant l expo dans le journal femme de France





Ci dessous , le journal Vogue de Mars 1935


visitant l'exposition et de gauche à droite, la Comtesse Charles-Louis de Vogué, Miss Ann Jephson, Mlle Floriane de Kergorlay, Mlle de Lévis Mirepoix, dans VOGUE 1935

Dans la galerie accueillante et d'harmonieux esprit moderne de Mellerio dits Meller, sous ce titre" L'Orfèvrerie et le Bijou d'Autrefois ", une bien captivante rétrospective s'est ouverte le mois dernier, organisée sous le plus brillant patronage, au profit d'une œuvre du plus haut intérêt, L'Aide aux Enfants Paralysés
Elle nous a permis d'admirer un étonnant ensemble de pièces d'orfèvrerie, de bijoux, de boîtes, de pendentifs, de colliers, prêtés par des collectionneurs et dont l'attrait artistique se doublait souvent d'un grand intérêt historique.
On reconnaîtra, sur la page opposée, visitant l'exposition et de gauche à droite, la Comtesse Charles-Louis de Vogué, Miss Ann Jephson, Mlle Floriane de Kergorlay, Mlle de LévisMirepoix, et l'on admirera quelques uns des joyaux parmi les plus remarqués : à gauche, le grand collier de Charles-Quint, en or, somptueusement orné de perles, de rubis, de brillants, avec son pendentif présentant une femme assise sur un trône et portant deux enfants ; au-dessus un pendentif du xvie siècle orné de rubis et de perles, tous deux de la collection du baron Maurice de Rothschild ; tandis qu'au centre un très beau collier en brillants à pampilles, d'époque Louis XIV, fait partie de la collection du Marquis des Isnards, et qu'à droite un charmant collier en or émaillé blanc avec petits rubis, accompagné de son pendentif, appartient à Mme Lucien Sauphar. Le diadème en émeraudes et brillants exécuté pour le mariage de la Comtesse Lebzeltern, en 1824, est de la collection de la Princesse de Robech, de même que le léger bouquet de corsage en turquoises et brillants également reproduit ; la charmante broche aux trois couleurs enfin, en émaux et turquoises, signé Mellerio, époque 1830, appartient à Mlle de Soubeyran.



Le Journal des Débats de 1935

Il y a donc des mystères dans l histoire des Mellerio.

J'ai d'ailleurs reçu le commentaire d'un grand antiquaire parisien en bijouterie joaillerie, son avis mérite d'être publié 

"Mon sentiment est que ce bracelet date plutôt de la première moitié du 19e siècle que du 18e siècle...Il est raide et la facture n'est pas digne d'un grand joaillier travaillant pour une commande royale ! Il me semble qu'il s'agit de grenats plus que de rubis... Sinon, les camées pourraient être de la fin du 18e (mais plus probablement de la première moitié du 19e...) Les sujets des camées ne s'accordent guère au goût de Marie-Antoinette..." 

Je suis en accord avec lui sur les grenats et la datation.
Cet autre commentaire d un spécialiste des bijoux royaux

Si je vous ai bien lu, l'appartenance à la famille Castelbajac repose sur l'affirmation d'un obscur journaliste de La Croix... Les journalistes étaient-ils plus fiables jadis qu'ils ne le sont aujourd'hui... ?Ce qui me surprend davantage encore, c'est que je n'ai jamais lu que Marie-Antoinette avait compté parmi ses proches un/une Castelbajac. Or ceux qui ont reçu des bijoux de sa part étaient ses intimes : sa soeur Marie-Caroline ou la comtesse de Sutherland par exemple.
 Pour le reste, le récit très "fleur bleue" d'une rencontre fortuite entre le jeune et pauvre marchand et la puissante reine devant les grilles de Versailles, me paraît correspondre à cette légende que les Mellerio ont façonné très tôt pour asseoir leur notoriété. Je ne leur en veux pas, car c'est de bonne guerre. Mais je ne tombe pas dans le piège pour autant.

Au sujet de la différence entre les camées en pierre dure et les camées "coquillage", je ne suis pas sûr de vous suivre. Je manque de connaissances en la matière. Sans abuser de votre temps ou de votre patience, puis-je vous demander de m'éclairer davantage ?

Bien à vous,

Camille Gronkowski, auteur de l article a été longtemps conservateur du petit Palais à Paris, il est mort en 1949, il a écrit de nombreux ouvrages dont:

Titre 
Exposition Rétrospective: L'Orfèvrerie et le bijou d'autrefois .
Auteurs
Camille Gronkowski, H. R. H. Princess Isabelle Duchesse de Guise
Éditeur Galerie Mellerio, 1935 Longueur 65 pages

Je ferais un article sur les camées, très bientôt pour vous répondre.

Bonsoir Jean-Jacques,

J'admire vos qualités de chercheur. Je serais curieux de savoir comment vous avez découvert que le bracelet appartient aux Castelbajac.
Ainsi que vous l'avez peut-être remarqué, ce bracelet ne figure pas dans l'album dédié aux joyaux de la Couronne de France. Moi aussi, j'ai eu des doutes sur la certitude de sa provenance
Mais peut-être vos prochaines aventures me feront changer d'avis ! Je ne demande pas mieux, à vrai dire.



lundi 30 décembre 2013

Broche Bouquet de Mathilde Bonaparte: Fester ou Mellerio ou ?


Pour certains bijoux célèbres français, le parcours est connu, une simple vérification du poinçon d'état nous permet de connaître le titre du métal, mais aussi la ville ou ce bijou a été poinçonné, et le poinçon de Maître du fabricant, c'est à dire ses initiales et le sigle qu'il a choisi. Ajoutez une signature et un N° et vous pourrez vérifier l'origine du bijou, mais!!!!!




Pour cette broche,deux descriptions, deux dates, deux poids deux mesures, alors?

En 2004, une vente de la Maison Christie's propose une broche qui aurait appartenu à la Princesse Mathilde Bonaparte (ayant vécu de 1820 à 1904)et cette célèbre maison Christie's renommée pour son sérieux nous indique que son fabricant est Théodore Fester.

En 2013



Vincent Meylan choisit cette broche pour la couverture de son livre sur Mellerio et l'attribue à Mellerio. Personne n'avait relaté cette commande de broche.
Marie Emilie Vaxelaire qui avait réalisé une thèse de doctorat sur Mellerio, ne connaissait pas cette broche, et" n'en a pas eu connaissance"
Dommage , elle nous aurait certainement éclairés.

D'un coté l' expertise de plusieurs personnes au niveau historique, reprises par Christie's et confortées je le pense par leurs propres experts en Joaillerie.
Bernard Morel, les joyaux de la couronne française fonds Mercator à Bilbao
1988 page 36C Hans Nadelhoffer, Cartier : Jewelers extraordinaire
Harry N Abrams, inc publishers New York 1984 page 47


De l autre, un document fournis par la Maison Mellerio à Monsieur Meylan journaliste de "Point de Vue Images du Monde"

Des différences très sensibles apparaissent:


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Qui est la Princesse Mathilde?

Mathilde en 1853

Fille de Jerome Bonaparte ex-roi de Westpalie, et de sa deuxième épouse,Catherine de Wurtemberg la princesse Mathilde est élevée à Rome et à Florence où ses parents sont en exil.
En 1835 elle est fiancée à son cousin Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoleon III. Elle a alors 15 ans. Son père, veuf depuis peu, a été privé d'une grande partie de ses ressources qui venaient essentiellement de son beau-père, le roi de Wurtemberg. En vue du mariage, Jérôme Bonaparte a acheté à crédit, pour le jeune couple, le château de Gottlieben, voisin d'Arenenberg où séjournent la Reine Hortense et son fils. Cependant, les fiançailles restent sans suite, en partie parce que le roi de Wurtemberg, beau-père de Jérôme, désapprouve l'union (en raison du passé de carbonaro de Louis-Napoléon) mais aussi pour des objections financières, soulevées par Louis Bonaparte, père de Louis-Napoléon.




Mathilde par le célèbre photographe Nadar



Quel est le cheminement de ce bijou extraordinaire?
Cette broche a appartenu à la Princesse Mathilde, qui est décédée en 1904.


Ses biens furent mis en vente, par la galerie Georges Petit à Paris en 1904 du 26 mai au 4 juin .



Ce fut le célèbre joaillier français, art déco "Janesich", qui l'acheta et la revendit à Louis Cartier qui la revendit a Mme Cornelius Vanderbilt, la «Reine de la haute société New-Yorkaise ".



Hans Nadelhoffer, le grand historien de la maison Cartier a, dans son livre sur Cartier (réédité recemment) publié cette photo de madame Vanderbilt avec son grand collier de diamants que lui avait fourni Cartier et sur le devant de corsage, elle porte cette fameuse Broche de Mathilde , ce qui permet de se rendre compte de la taille très importante de ce bijou.
Mme Vanderbilt avait amassé une collection de bijoux d'une grande importance.La broche Mathilde fut rachetée par un collectionneur privé qui la revendit le 27/04/1972 par l intermédiaire de la Maison Christie's 28.682$

La Maison Mellerio qui jusqu'ici n'avait jamais été cité dans l' histoire de cette broche, produit dans le livre de Vincent Meylan une page, du compte de la Princesse Mathilde, de 1864 sur laquelle est inscrit la vente d'une monture

 

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Il n'est pas spécifié le nom du fabricant, à cette époque il ne semble pas que les Mellerio avaient un atelier où un poinçon déposé .





Madame Viruega dans une thèse sur la bijouterie nous indique cette réflexion des Syndicats.

Mais la Maison Christie's nous précise que:

Le catalogue de la vente mentionne "un jet de corsage sous la forme d'une rose entièrement ouverte et deux boutons de rose, avec onze feuilles réglé entièrement dans de très beaux brillants brésiliens"Elle mesure environ 11.5 cm sur 14.5 cm.
Il s'agit de la broche magnifique, créé par le joaillier parisien Théodore Fester
Cette même maison Christie's nous donne les sources littéraires qui lui permettent d'affirmer que c'est cette broche.
Bernard Morel, Les Joyaux de la Couronne française, les objets des couronnements des rois et reines de France suivie d'une Histoire des Joyaux de la Couronne françaises de François Ier jusqu'à l'heure actuelle , Fonds Mercator, Bilbao, 1988, la page 360 Hans Nadelhoffer, Cartier: Jewelers extraordinaire , Harry N. Abrams, Inc. Publishers, New York, 1984, p 47

Photo Christie's

Alors, Fester? Mellerio? Mary Popins?
Fester en tant que fabricant pour le compte de Mellerio?
Mellerio en tant que vendeur?
Broche réalisée en 1855 ou 1864?

A cette vente de 1904, 70 broches appartenant à la Princesse Mathilde furent dispersées, y eut il une ou plusieurs broches roses?
La Princesse adorait les Roses et s'était fait construire une très importante serre pour "ses roses" en son château de Saint Gratien.

En attendant que la maison Mellerio nous apporte des précisions historiques, en effet dans le livre de Vincent Meylan à la page 209, figure une photo reproduisant une page du catalogue de la vente de 1904,cette fameuse broche doit y figurer, un lecteur possede peut etre ce catalogue?


Mathilde en 188 parée de ses bijoux

Qui était Fester? A t'il existé? Etait il Joaillier?

Vever nous indique que Fester en 1848 succéda à Viennot Ainé, qui était fabricant joaillier au 156 rue Saint Honoré à Paris.
Au passage une info pour les manuels du métier, le Grand Joaillier Massin, ecrivit qu'en 1852, Beltête, ouvrier joaillier chez Fester, à qui la confection des chatons causait de grandes douleurs dans les doigts, inventa un procédé mécanique pour faire des chatons découpés et estampés. Ce fut une véritable révolution dans la fabrication. Pour les pièces soignées, il était nécessaire de retoucher ces
chatons, pour lesquels le prix de façon était minime et le déchet nul. Mais, dans les pièces destinées à l'exportation, on les employait tels qu'ils sortaient de chez 'estampeur.

Plusieurs fabricants en ont fait et se sont disputé la priorité de cette invention, entre autres Bouret et Ferré qui du reste la perfectionnèrent, mais c'est bien à Beltête qu'elle appartient..
J'ai consulté les annuaires de 1854, Fester a déménagé et à la veille de la grande exposition universelle de 1855 , est installé rue Vivienne à Paris



Mellerio s'était aussi installé rue Vivienne

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En 1852, Beltête, ouvrier joaillier chez Fester, à qui la confection des chatons causait de grandes douleurs dans les doigts, inventa un procédé mécanique
pour faire des chatons découpés et estampés. Ce fut une véritable révolution dans la fabrication. Pour les pièces soignées, il était nécessaire de retoucher ces chatons, pour lesquels le prix de façon était minime et le déchet nul. Mais, dans les pièces destinées à l'exportation,on les employait tels qu'ils sortaient de chez l'estampeur.
Plusieurs fabricants en ont fait et se sont disputé la priorité de cette  invention, entre autres Bouret et Ferré qui du reste la perfectionnèrent, mais c'est bien à Beltête qu'elle appartient.. 

Napoléon III épouse le 29 janvier 1853 la jeune Eugénie de Montijo, contesse de Teba. Le mariage civil se déroule aux palais des tuileries. Le lendemain, 30 janvier 1853, Napoléon III épouse devant Dieu la belle espagnole à Notre-Dame de Paris


Vever nous fait part des réfléxions de Massin a propos du métier et de Theodore Fester avant que l expo de 1855 ne change la mode:


Nous avons vu que, jusqu'aux premières années du Second Empire, la joaillerie était restée stationnaire. On continuait à fabriquer, sans grandes modifications, les lourdes rivières banales et les parures à feuillages et chatons espacés, qui arrachaient ce cri éloquent à Massin, le maître joaillier qui devait, vers le milieu du règne, porter le coup fatal à cette mode lamentable : « J'ai vu en 1851, que dis-je, j'ai fait plus que voir, j'ai pratiqué comme ouvrier cette joaillerie détestable, dont on ne mourait pas, mais dont on ne vivait pas non plus, et lorsque je m'étonnais devant mon patron Fester de ce délabrement de toutes choses, il me disait : « Que voulez-vous y faire ? Pourvu que je fasse des feuillages pointus avec des fleurs rondes ou des feuillages ronds avec des fleurs pointues, beaucoup de chatons, le tout à trente sous la pierre, c'est tout ce qu'on me demande! »

Et cependant Fester était un artiste capable des meilleures choses en joaillerie. Ainsi, feuillages pointus, fleurs rondes et chatons, voilà le plus clair de l'esthétique de la joaillerie à l'époque. Dans ces conditions, il est évident que l'on ne pouvait chercher d'autres progrès que ceux de la plus stricte économie dans la main-d'œuvre et on alla très loin dans cette voie. J'ai souvenance de macarons ornements, fondus tout d'une pièce, dorés en dessous pour économiser la doublure d'or, et que l'on sertissait de diamants !

En 1855 Napoleon III voulant éblouir le monde à l'occasion de  l exposition Universelle qui se tint au Palais de l'Industrie aux Champs Elysées, décida d'y exposer les diamants de la Couronne, il commanda ainsi un certain nombre de bijoux qui furent éxécutés partiellement avec les diamants de la couronne par huit bijoutiers réputés.





Théodore Fester a bien exposé à la grande exposition universelle de 1855 un bouquet de Brillants 

Germain Bapst, dans son ouvrage :Histoire des Joyaux de la Couronne, écrivit
« C'est ainsi que Lemonnier,Baugrand, Mellerio, Kramer, Ouizille, Lemoine,Viette et Fester exécutèrent la couronne impériale et les décorations de l'Empereur, la couronne de l'Impératrice,le diadème, la ceinture, les broches, le bouquet, la coiffure et l'éventail. »
Daniel Alcouffe dans la revue du Musée du Louvre de février 1988, cite Fester pour son Bouquet en diamants et Mellerio fut chargé de la monture d'un éventail en diamants, dentelle d'Alençon, ivoire et peintures.



Le grand Vever, voisin rue de la Paix de Mellerio, cite dans l un de ses livres cette broche de Fester.
A toutes les époques les joailliers se sont inspirés les uns des autres



D'ailleurs Mellerio publie dans le livre de Meylan, un dessin de même inspiration



Et Christie's a vendu récemment cette broche trembleuse argent sur or et diamants.vers 1860, dans son écrin d'origine griffée Daubrée à Nancy, possibilité de porter les deux fleurs en petites broches ou montées sur des épingles à cheveux ou de porter la partie supérieure de la broche seule.
Quant au bracelet que Mellerio aurait fourni à Marie Antoinette, ce doit être la tradition orale, car son ancêtre ne donne aucun détail sur l'objet qui aurait été vendu à une servante de la Reine, le mieux serait de publier le poinçon de celui qui a fabriqué l objet, le nom de la personne qui l aurait reçu en cadeau , une bonne expertise en somme.


Dans les mémoires de Joseph Mellerio, ouvrage de référence à l' usage de la famille et dont les Mellerio se servent pour leur Storytelling  il est écrit:


Extrait des mémoires de Joseph Mellerio

Que dit le Larousse: Achat d'objets ou de marchandises d'un usage courant : Faire des emplettes.

Des commentaires, des précisions, richard.jeanjacques@gmail.fr réponse assurée

KIRBY BEARD des origines aux superbes bijoux des années 1940

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