vendredi 5 août 2022

Gonon, un joaillier comme tant d'autres, oublié!!

 

Par hazard, j'ai trouvé sur Ebay, une revue avec à intérieur, un reportage intitulé "Des Bijoux qui vivent". Manque la couverture, je la situe vers 1911. Car cette revue "Le mois littéraire et pittoresque" est conservée à la bibliothèque nationale, mais il manque 3 années 1911-12-13 et je n'ai pas trouvé mon joaillier dans celles conservées.

Ce Joaillier n'est pas connu (apparemment) et quel dommage que rien ne subsiste de son travail. Il s'appelait Gonon, mais l'article ne cite pas son prénom. Je n'ai trouvé, malgré mes recherches, qu'un seul joaillier possible.


Ne sait-on jamais ? Quelqu'un lira-t-il un jour ce poinçon ? B.G. Avec un révolver.

Les photos ne sont pas très nettes mais ce sont des bijoux art nouveau. La revue nous indique qu'il était un tout jeune apprenti de Saint Etienne, a 13 ans il ciselait des armes (à coup sûr dans l'une des nombreuses manufactures d'armes de la ville) Il aurait appris à incruster dans les plaques de couches de ces armes, de l'or jaune et de l'or vert. Le soir le jeune apprenti s'amusait à travailler pour lui, il fabriquait des bijoux. 

Puis il aurait fait l'Ecole des Arts de Saint Etienne, puis à Paris, l'école des beaux-arts ou il étudia la gravure en médailles

Mr Gonon, aurait eu un atelier boulevard de Sébastopol à Paris, il semble qu'il ne travaillait que pour des clients privés, sans vitrines d'exposition de ses productions.

L'article dans "Le mois littéraire et pittoresque" précise que Mr Gonon  fabriquait des bijoux personnalisés, créés pour ses clients, et souvent avec l'idée du client, du "dessin gouaché au modelage en cire, de la maquette en métal doré jusqu'à la réalisation en or.

Ce pendentif broche, art nouveau, ne manquait pas d'originalité, peut-être un jour ressuscitera-t-il par le biais d'une vente aux enchères ou chez un antiquaire en joaillerie.



Ce bijou est tout à fait dans le ton "Art Nouveau"







Peut-être qu'un lecteur pourra compléter mon sujet ?





 Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. Marcel Proust dans "Du côté de chez Swann"

samedi 30 juillet 2022

Une erreur recopiée depuis 1902, Fernand Thesmar et Henri Hirné.

 


C'est un bijou magnifique qui m'a beaucoup intrigué, alors j'ai cherché. 

En effet ce bijou se trouve au  Hessischen Landesmuseum de Darmstadt, et je ne l'ai jamais vu, or il est noté comme étant de Fernand Thesmar et Henri Hirné. Je connaissais  Thesmar comme un grand créateur sur émail mais non comme bijoutier.
Aucune trace d'un bijoutier nommé Henri Hirné, pourtant la revue de la Joaillerie Bijouterie Orfèvrerie de 1902 le cite avec cette même définition.

1902 Dans la revue de la Bijouterie Joaillerie Orfevrerie
M. Thesmar, en plus de ses travaux habituels si parfaits, a placé dans sa vitrine l'envoi de M. Hirné, qui se compose de bagues ravissantes et d'une grande broche orchidée, impeccable d'exécution et de modelé. Dans la carène de la fleur, entièrement repercée, une couche d'émail rubescent, tour à tour transparent et sur champlevé, exalte l'harmonie des rouges avec le rubis du pistil. N'oublions pas aussi de fort jolies épingles


Henri Vever collaborait avec la Revue de Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, il n'a pu se tromper. Est-ce une faute de frappe ou de texte à l'imprimerie ? 
D'autant qu'un autre bijou cité par le  Hessisches Landes Museum Darmstadt cite un deuxième bijou de Thesmar et Hirné.


Broche orchidée, vers 1902-05, dessinée par André-Fernand Thesmar, exécutée par Henri Hirné, Paris, or, technique de l'émail à fenêtre, émail translucide, perle, hauteur : 6,8 cm, largeur : 10,8 cm, Hessisches Landesmuseum Darmstadt, inv. KG 65:C330, Photo: Hessisches Landesmuseum Darmstadt.



Au passage je trouve que le bijou émaillé de Thesmar à la même inspiration que celui de Eugène Feuillatre.

M. Thesmar, en plus de ses travaux habituels si parfaits, a placé dans sa vitrine l'envoi de M. Hirné, qui se compose de bagues ravissantes et d'une grande broche orchidée, impeccable d'exécution et de modelé. Dans la carène de la fleur, entièrement repercée, une couche d'émail rubescent, tour à tour transparent et sur champlevé, exalte l'harmonie des rouges avec le rubis du pistil. N'oublions pas aussi de fort jolies épingles.  (1902 Revue de la Joaillerie Bijouterie Orfèvrerie)


Ce bijou est attribué à Feuillâtre, j'aurais aimé connaitre le poinçon de maître, ce bijou est très proche de celui de Thesmar:  broche en or, émail translucide, opale, pierre de lune et diamant en forme de femme papillon. Atelier Eugène Feuillatre (1870-1916). 1900 Parme, collection privée 

Je retrouve aussi cet extrait dans un ouvrage Néerlandais :
Thesmar n'a d'ailleurs réalisé que le travail de l'émail, les montures en or coulé ont été réalisées par le joaillier parisien Hirné. Le moulage a abouti à une construction plus robuste, qui dans de nombreux cas s'est avérée être la préservation de la ...

Alors qui est Fernand Thesmar?

En Europe depuis les années 1860, nombre de ces joailliers se sont mis à faire revivre l'ancienne technique de l'émaillage, dont la forme la plus populaire était le plique-à-jour. Contrairement à l'émail cloisonné où l'émail est coulé dans de minuscules cellules métalliques (cloisons) qui séparent la couleur, en plique-à-jour, les cellules sont construites sans aucun support afin que la lumière puisse illuminer complètement le verre coloré. Cela a permis au joaillier virtuose René Lalique et au brillant émailleur André Fernand Thesmar pour créer de fantastiques libellules ou gerbes florales aux ailes et aux feuilles finement veinées où le jeu de la lumière à travers l'émail donne une impression de mouvement et de luminosité. Deux autres formes d'émaillage qui ont pris de l'importance dans les années 1890 étaient l'émaillage cabochonné (une couche après couche d'émail translucide a été ajoutée pour imiter les pierres de cabochon) et l'émail champlevé (de grandes zones du fond métallique ont été creusées puis remplies d'émail).

André Fernand Thesmar est un peintre et émailleur français Il est né en 1843 à Chalon sur Saone, en 1843 et mort à Neuilly en 1912.


Evelyne Possémé ex conservatrice en chef du département bijou du Musée des Arts Décoratifs nous apprend qu'il était fils de banquier et qu'après après une formation dans une entreprise textile, il vient à Paris en 1860, et entre dans un atelier de dessin industriel, puis dans un atelier de décor de théâtre.
Il fut élève de Tournier et du portraitiste Emmanuel Genty, il travaille à la manufacture de tapisserie
D'Aubusson, puis chez le grand orfèvre industriel Barbedienne en 1872. De même, plus tard il travaillera de pair avec le bronzier Marie Alfred Garnier.




ll débute au Salon, en 1875, avec deux grandes compositions en émail sur cuivre, dont un échassier avec nénuphars et iris, acheté par le Musée national de Sèvres. Dans les années 1880, il s'installe à son compte à Neuilly (62, avenue du Roule puis, en 1903, 11, boulevard Victor Hugo) et se spécialise dans les émaux cloisonnés sur métal précieux. ll participe à l'Exposition universelle de 1873 à Vienne, puis à Paris en 1878, 1889 et 1900, où il est reconnu comme le maître de l'émail. En 1888, il expose ses premiers objets en émail à jour. Dans les années 1890, il développe une nouvelle technique d'émail 
Cloisonné appliqué sur une porcelaine tendre produite par Camille Naudot ou la Manufacture nationale
de Sevres. Ses collaborateurs sont A. Riquet en 1896, Eugène Lagriffoul à partir de 1900 ; enfin, le
nom de M.Hirmé est cité pour une bague en 1902. (D'après Evelyne Possémé dans le dictionnaire international du bijou)
A partir de 1891 et jusqu'en 1912, Fernand Thesmar présente une large collection d'émaux, dont des bijoux émaillés, au Salon de la Société nationale des beaux-arts. Pour la bijouterie, il collabore avec de nombreux bijoutiers dont la maison Vever, et on lui attribue de nombreux pendentifs ou broches Orchidée (agrafe Orchidée au Salon de 1902) en émail opaque ou translucide, réalisés dans les années 1900. Dans ses broches ou pendentifs, il sait allier les émaux translucides sur or aux émaux transparents à jour pour représenter des décors de fleurs ou de papillons.

Donc la conservatrice du département Bijoux, confirme ce nom de Hirné, même s'il est écrit HIRME.

Henri Vever a écrit dans ses livres sur la joaillerie.

 "Dans la même vitrine, une orchidée et des bagues ingénieuses de M. Hirné nous frappent par la beauté de leur coloris et leur exécution irréprochable." et 
"M. Thesmar, en plus de ses travaux habituels si parfaits, a placé dans sa vitrine l'envoi de M. Hirné, qui se compose de bagues ravissantes et d'une grande broche orchidée, impeccable d'exécution et de modelé. Dans la carène de la fleur, entièrement repercée, une couche d'émail rubescent, tour à tour transparent et sur champlevé, exalte l'harmonie des rouges avec le rubis du pistil"

Mais cet artisan n'existe pas, je n'en ai pas trouvé le poinçon, et l'erreur se répète.

Des 1897 cette orchidée est dans la Revue de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie

En revanche j'ai trouvé un dessinateur sculpteur dont le pseudonyme peut expliquer la confusion due peut-être à une erreur de celui qui fit la mise en page de la premiere revue. Ce dessinateur fut Henri Le Riche, élève d'Eustache Bernard pendant trois ans à l'école des beaux-arts de Grenoble, puis entre à l’École des beaux-arts de Paris où est élève de William Bouguereau et de Tony Robert-Fleury.
Lauréat du prix de Rome de gravure en 1888, il a notamment exposé au Salon des artistes français. Il est élu à l'Académie des beaux-arts section gravure en 1935.
Il a utilisé le pseudonyme Hirné pour signer ses sculptures et peintures.

-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-=-==-


Il serait fastidieux pour mes lecteurs d'expliquer toutes mes recherches mais j'ai fini par découvrir ce fabricant :
Dans le dictionnaire de Rémi Verlet, n'a pas trouvé la photo ou le dessin du poinçon mais précise que Hirn est spécialiste de bijoux rehaussé d'émaux de Fernand Thesmar.
Ce ne peut etre Hirné  car il se prénomait bien Henri, et non Alphonse.

Un mail de Rebecca Lloyd Marlow m apporte une précision, je la remercie de m avoir autorisé a publier ce bijou.


Sur ce bijou figure la siganture très nette de HIRNE,  

J'ai repris mes recherches  sur Henri  Le Riche et découvre un créateur important, je lui consacrerais un article.

Grâce à Ari Orivit (aux Etats Unis) j'ai pu obtenir les pages qu'Alastair Duncan a consacré à Fernand Thesmar.


Il semble qu'aux environ de l'année 1908, son fils Emile Thesmar vint le rejoindre dans son affaire et développa des lignes de bijoux émaillés par son père. Emile va présenter des bijoux chaque année à la société nationale des Beaux-Arts.


Maitre ADER, a revendu cette petite broche de Thesmar, dommage que ses experts n'aient pas relevé de poinçon de maître qui nous aurait permis de savoir si cette broche était du père ou du fils ou d'un autre fabricant.


Pendentif "Branche de Gui" et autres présenté au salon en 1909


Salon des Beaux-Arts 1910


Présenté à la société des artistes décorateurs en 1911


Présenté au Salon National des Beaux-Arts en 1911 en collaboration avec la maison Nics Frères qui travaillaient sur du cuivre.

Thesmar défendait aussi les autres : 
Jusque-là, il ne s’agissait que des artistes collaborateurs, c’est seulement dans la seconde séance, que M. Thesmar vint réclamer l’admission des artistes qui font "les pièces de forme galbée, bannies du Grand-Palais réservé aux œuvres de forme plate : plaquettes, tableaux et médailles ". Le retour aux distinctions subtiles entre l'Art pur et celui qu’on appelait inférieur, c’était bien le grief des artistes dont le maître émailleur se faisait l’ardent interprète. Or M. Le Commissaire général ne nourrissait pas le noir dessein de raviver les querelles éteintes, de rompre la paix scellée dans la section des objets d’art au musée du Luxembourg ; il ne le voulait pas, il ne le pouvait pas. 
Devant cette mise en demeure, aussi ferme que courtoise, il fallait enfin prendre un parti. La motion de M. Joindy, qui ne semblait d’abord viser que les artistes sculpteurs, s’était étendue aux collaborateurs de toute sorte : graveurs, ciseleurs et doreurs. Celle de M. Thesmar, que M. Roty venait de reprendre, ouvrait nos portes toutes grandes aux proscrits du Grand-Palais, renfort inappréciable assurément, mais au-dessus des res¬ sources financières du comité. M. Roin dut l’avouer franchement, tristement : il déclara que les orfèvres exposants, fléchissant déjà sous le faix plus lourd qu’il ne l’avait été aux expositions précédentes, ne pouvaient supporter ce surcroît de dépense, et, sur sa proposition, d’accord avec M. Roty qui, d’ailleurs, n’avait jamais eu la pensée de grever notre budget, le comité a émis le vœu « que les artistes d’art décoratif, admis dans la classe 94, fussent exonérés par l’Administration des frais d’installation de leur exposition, cette gratuité ne devant pas être imposée comme charge supplémentaire aux autres exposants de ladite classe ». Disons-le de suite, ce vœu communiqué à M. le Commissaire général fut gracieusement accueilli, et c’est ainsi que les artistes retrouvèrent chez nous les conditions habituelles que M. Roty avait rappelé dans sa chaude allocution, et qui leur étaient dues en toute équité. Tout est bien qui finit bien.



Maitre Tajan a revendu ce pendentif abeille de Emile et Fernand Thesmar avec cette description.
EMILE et ANDRE-FERNAND THESMAR - VERS 1900: PENDENTIF EMAILLE
Il est de forme légèrement triangulaire en pâte de verre translucide de ton beige. En applique trois abeilles les ailes déployées en émaux translucides à paillons et cloisons en or jaune entourent un cabochon de saphir. Monture en or jaune 18K monogrammé AK.
Poids brut : 38 gr. (Chaîne postérieure).
Diamètre : 4,6 cm.
Thesmar Père et Fils, sont les auteurs uniquement de la pâte de verre émaillée réalisée avec brio.




Pendentif Papillons de André Fernand Thesmar, deux papillons au naturel volent dans une architecture de courbes Très fine chainette d'or formée de maillons allongés et circulaires Emaux translucides (papillon grenat) et opaque, en léger relief Au dos du bijou contre émail au fondant, avec une perle baroque en pendeloque, monogramme FT peint derrière le papillon blanc , exposition de 1900.


Vivienne Becker dans son livre sur "l'Art Nouveau" situe la création de ce pendentif en argent et émail de couleur opaque vers 1900, comme étant de Fernand Thesmar, il figure une libellule et une coccinelle posées sur une feuille vert vif. Elle ajoute que la simplicité de la composition témoigne d'une forte influence japonaise.



Dans la revue l'Art Appliqué de 1903 une page consacrée à Thesmar, et aussi un commentaire

Lalique et Feuillâtre reprirent l'idée de Thesmar en lui appliquant judicieusement les procédés industriels modernes. Au lieu d'un cloisonné d'une solidité précaire, les cloisons sont obtenues par reperçage à la scie dans une plaque d'or ou de cuivre suffisamment épaisse ; on a ainsi des cloisons qui sont aussi hautes que celles de Thesmar, mais qui tiennent ensemble parce qu'elles font partie d'une même plaque. Une feuille de platine ou de mica, placée temporairement sous la plaque, permet de couler les émaux.

L'émaillage, qui avait fait la beauté de l'orfèvrerie du moyen âge, et qui, au XVIe siècle, s'alliait à la bijouterie, est encore aujourd'hui le complément nécessaire et précieux de ces deux arts et on ne saurait trop approuver les artistes modernes d'en faire un large emploi.


1903 dans la revue "l'art appliqué"

1893 cette jolie coupe de Thesmar qui se trouve au Musée d'Orsay avait été revendue par la maison Tajan

André Fernand THESMAR (1843-1912) Petite coupe sur talon en émail plique à jour, monture en or, riche décor fleuri en émail de plique à jour polychrome vif et contrasté, révélant de nombreux détails : une coccinelle ou d’élégantes compositions aux étamines, fond jaune doré légèrement granité. Signature du monogramme en plique à jour encadré de trois feuillages stylisés et daté 1906

Créateur sur émail à qui est attribuée la paternité de la technique du "plique à jour" En 1860, après une formation dans une entreprise de textile, il vint à Paris et entra dans un atelier de dessin industriel puis dans un studio de décoration pour le théâtre. Par la suite, il travailla à la Manufacture d'Aubusson puis à la fonderie de Barbedienne. A partir de 1872, il s'installa à son compte à Neuilly et se spécialisa dans l'étude du « cloisonné › émaillé sur métaux précieux. Il participa ã l'Exposition
Universelle de Vienne en 1873 ainsi qu'à l'Exposition de l'Union Centrale des Arts Appliqués à l'Industrie en 1874. Deux objets, montrés lors de l'Exposition Universelle de 1878, furent acquis par le gouvernement japonais. En 1888, il exposa ses premières réalisations en plique à jour et en 1891 montra une large collection d`émaux en cloisonné à l'occasion du Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. En 1895, après deux années passées à Londres, il développa une nouvelle technique d'émail cloisonné translucide appliquée à de la porcelaine en pâte tendre produite par la Manufacture de Sèvres


Vase Saigon 


André-Fernand THESMAR Rare et précieuse petite coupe ronde légèrement évasée montée sur or, en plique à jour, émaillée polychrome d'une coccinelle, de branches fleuries jaune, rouge grenat et bleu translucides, et feuillage vert sur fond blanc légèrement givré. Sous le talon, orné de fleurs de lys comme le col, monogramme de Thesmar et date 1908 Haut. 3.5 cm - Diam. 7 cm - Poids brut : 36 g André-Fernand THESMAR, peintre émailleur français né en 1843, mort en 1913, travailla chez Barbedienne, fit de l'émail sur cuivre, puis se spécialisa dans l'émail plique à jour à partir de 1890. Il collabore avec VEVER et réalise des bijoux au début du XXe siècle   Revendue par la maison Rennes Enchères


C'est un bijou...un joli miroir vers 1904-1905 qui se trouve au Walters Art Museum de Baltimore

L'émail plique-à-jour Art nouveau représente deux cygnes flottant sur un étang au milieu des nénuphars. Le soleil se couche derrière quelques arbres. Cependant, la poignée en bronze doré est de style néo-Louis XVI plutôt qu'Art Nouveau. La composition de la poignée ajourée comprend cinq cercles de taille décroissante et un nœud de ruban à une extrémité et un anneau de suspension à l'autre. Le miroir est livré avec un étui en cuir marocain vert ajusté orné de motifs néoclassiques et porte l'étiquette Lubin Paris. Pierre François Lubin a fondé une maison de parfum à Paris en 1798, qui continue de fonctionner aujourd'hui. En plus du parfum, la firme vendait des accessoires de toilette comme ce miroir


Voici le monogramme de Thesmar sur toutes ses productions

7 œuvres de Thesmar se trouvent au musée de Limoges




Bol Anémones au Toledo Museum of Art.



Thesmar meurt en 1914 :  il meurt subitement dans un autobus rue d'Anjou, il fallut le transferer chez lui.
La fin de sa vie fut difficile je cite un article de l'époque d'Arsène Alexandre :
A faire de belles choses il avait gagné une pauvreté assurée. Tant qu'il fut valide et capable de produire encore des brillantes merveilles il nt la nique à la dèche. Il avait, dans son atelier de NeuiIly, accroché à sa porte une mâchoire ae requin avec cette inscription : « Prière à Messieurs les huissiers de vouloir bien, sans frapper, déposer ici leur carte. » Et la mâchoire plus d'une fois fut pleine ; Mais hélas ! Les douleurs vinrent, la jambe traîna ; la belle humeur était remplacée par ce fantôme de gaité, si terrifiant, que l'on voit chez les anciens vaillants qui sont à bout de leurs forces. Les amis de Thesmar voyaient cela avec peine ; mais comment remonter les courants lorsque tout un pays, (le pays de Bernard Palissy d'ailleurs) s'obstine à ignorer les gens dont plus tard il sera tout prêt à tirer vanité ? 


Voici le projet de monument funéraire pour Fernand Thesmar  par un certain R. Brandom en 1914

Arsene Alexandre lui rendit hommage:
L'ancien petit dessinateur de modèles pour la maison Barbedienne, le nommé Thesmar, fut de ceux dont le Musée Inconnu recueillit les ouvrages. Très habile céramiste, apte à tous les difficiles tours-de-main, et décorateur érudit, presque trop érudit peut-être, Thesmar porta ses efforts vers l'émaillage. Il était épris de ces admirables verreries arabes émaillées (encore un des éblouissements des intrépides explorateurs du sombre local des Champs-Elysées) et il avait aussi remarqué au Louvre les cloisonnés translucides des Egyptiens. Il conçut le rêve, presque insensé, de faire des émaux plus légers de monture, plus transparents de matière que ceux des prodigieux bijoutiers des bords du Nil, et de donner à des émaux de ce genre, l'apparence féerique de ces lampes d'Aladin qui sont les verres de mosquées.

Il chercha longtemps, mais il trouva. Et il trouva à la façon d'un célèbre casseur d'oeufs, un certain Christophe Colomb. Sur une calotte en terre réfractaire, il souda les fines arabesques de ses cloisons ornementales ; il remplit ces cloisons de ses poudres fusibles et vitrifiables. Il emprisonna le tout dans une autre coupole réfractaire ; puis mettant le tout au feu, il laissa la chaleur faire son œuvre. Quand l'émail était refroidi, il n'y avait plus qu'à le déboîter, puis à le polir. Et c'est ainsi qu'on avait ces coupes, ces plateaux, ces tasses, ces vases qui semblaient faits avec des vitraux de quelque cathédrale de Lilliput. Vous voyez combien c'était simple ! Il ne s'agissait pour réussir, que d'être un exceptionnel ouvrier. Le principe était a la portée de tout le monde, l'exécution permise au seul Thesmar.

Pourquoi? Parce qu'il était d'abord, comme je l'ai dit, un ouvrier sans pareil. Et aussi parce qu'il était un homme d'une énergie qui pouvait aller jusqu'à la violence, mais aussi d'une patience que rien ne pouvait abattre ni désarmer. Il était capable, étant de sang bourguignon, de haute stature et de nature peu pliante, d'entrer dans les plus terribles colères ; mais s'il fallait recommencer dix fois une fournée et donner entre ses robustes doigts, le parfait fini à une pièce fragile comme une fleur, il devenait doux et persévérant comme un ange




Au Salon de 1911, Fernand Thesmar présente des bijoux réalisés en collaboration avec son fils Emile. En 1912, le père expose un vase, et le fils, des bijoux. En 1913 et 1914, après le décès de son père, Emile présente seul des bijoux en or, platine et émaux.


1919 le journal "La Presse" cite toujours les bijoux d'Emile Thesmar , avec quel poinçon ??



Un complement, une critique, des photos , m'écrire à richard.jeanjacques@gmail.com

vendredi 15 juillet 2022

Expertise, les bonnes proportions peuvent attirer l'attention

 Je ne veux embêter personne ni les vendeurs ni les acheteurs mais simplement attirer l'attention sur de bonnes proportions qui peuvent mettre en éveil le cerveau de l'expert.

Témoin cette belle broche que j'ai eu à expertiser il y a quelques années pour celui qui l'avait achetée.

Elle a été vendue par une grande maison et qu'indique cette maison ?

BOUCHERON: Important clip «nœud» en platine (950) et or gris 18k (750) serti de diamants de taille baguette sur un ruban articulé pavé de brillants. Signé monture Boucheron Paris. Vers 1940.Haut.: env 8,5 cm  b: 59,4 gr.

Rien à dire, la broche est en platine (d'où son poids) les pierres sont véritables, de qualité, le volume du nœud est parfait et bien rendu, les clips sont en or gris, la façon est excellente, les poinçons sont bons, elle est signée Boucheron avec un N° qui semble correspondre.
Et pourtant, cela me gratte….
Les proportions ...or sur un si beau bijou, le maquettiste aurait-il voulu faire un carré ?
Possible mais cela me gratte, Alors je cherche et ne puis vous expliquer toutes mes recherches, MAIS.


Mes doutes se confirment, il manque 4 morceaux et non des moindres, mais il est confirmé que c'est bien une broche Boucheron, non des années 1940 mais si je me souviens bien de 1952.


En noir c'est ce qui a été vendu, il manque deux très belles poires diamant, un diamant triangle, et un diamant troïdia. Et ce n'est pas rien ?
Mon oeil, n'avait pas été alerté non plus pour rien, Les grecs avaient remarqué qu’une proportion harmonieuse prédomine dans la nature : celle du nombre d’or ou plus souvent pour réussir un bijou, la règle des deux tiers.
Prenez une photo, un jardin avec un escalier, vous avez placé les marches en plein milieu de la photo, pourquoi pas ? Mais essayer de placer cet escalier au tiers de la photo en laissant deux autres tiers pour la verdure ou autres, votre photo n'en sera que plus réussie.


En revanche ma photo est ratée, téléphone d'une main, broche de l'autre...mais cela donne une idée du bijou


En dehors de ce problème de proportions, la broche a beau être signée Boucheron, avoir un N° Boucheron, la maison de la place Vendôme ne la reconnaitra pas et ne la certifiera pas, et si vous lui confiez la refection des chatons et la remise en place des belles pierres disparues elle ne certifiera que la monture (d'après moi...mais...)

Ou sont passées les quatre diamants disparus ? Souvent au gré des héritages, des partages, cela arrive.
Il peut arriver aussi qu'on vende une partie du bijou d'un côté, et les belles pierres de l'autre. La recette sera plus élevée.
Le ou la propriétaire peuvent avoir eu un revers de fortune et vendu la belle pierre d'un bijou !!!!
Remplacer pour des raisons financières un saphir birman, par un australien !!!!

Mais pour acheter un bijou, pensez à tout, à moins que le vendeur (antiquaire ou commissaire-priseur) ne vous ait prévenu.


René BOUVET

Il est des joailliers Français, oubliés, ayant fabriqué pourtant de belles pièces. Mais que reste-t-il de lui? Peut être un manque d'at...