1925 "L'EXPOSITION DES ARTS DECORATIFS"
C'est cette parure que Cartier présente à l'exposition des arts décoratifs, avec au centre ce bijou d'épaule original et d'une grande technicité.
Olivier Bachet dans son livre
" Au commencement était le trait" que je recommande, tellement ce livre est intéressant, nous montre ce dessin de la moitié du collier en grandeur nature. A droite l'émeraude qui prendra le nom de "Taj Mahal"
voir plus loin.Un bijou futur commence sa vie le plus souvent à partir d'un dessin, une fois assimilé ce qui va le composer, dans ce cas pour ce collier trois émeraudes importantes de 88,60carats et 153,40 carats et celle du centre de 141,22 carats, il y aura une maquette puis la fabrication.
Dans les archives de la Maison Cartier figure la photographie du collier en entier , je la dois à l'excellent livre de Judith Ann Rudoe qui est conservatrice au British Museum et spécialiste de l' histoire de la joaillerie . Son livre a un grand mérite, elle nous indique les poinçons de Maîtres des fabricants ayant fabriqué les bijoux de ce livre , la date de production etc, c'est tellement rare!
C'était une succession de maillons d'émail noir en losange et en triangle tous décorés d'une perle au centre et cloutés de diamants. Au centre de la pièce une grosse émeraude hexagonale avec de part et d'autre des motifs articulés de feuilles stylisées, en diamants . Sur chaque épaule, une importante émeraude également flanquée de motifs en diamants (au centre du dessin, on aperçoit celle destinée à l'épaule droite). La bande se poursuivait derrière les épaules et dans le dos pour se terminer par
deux longs glands de perles, d'émeraudes et de diamants. Dans le registre, la piéce est appelée
« collier-bijou d'épaules ››, ce terme visant a expliciter la manière dont il devait se porter.
Lors de l'Exposition de 1925, Cartier la présenta sur un mannequin spécialement conçu pour elle, avec une glace à l'arrière pour rendre tout le tour visible Le mannequin portait également un diadème et une grande broche, tous deux sertis de diamants et d'émeraudes avec, au centre de la broche, un énorme
bouton de perle destiné à rappeler celui du bijou d'épaules
Cette spectaculaire présentation inspira une illustration en couleurs parue dans le numéro spécial de la Gazette du ban ton consacré au pavillon de 1”Élégance lors de l'Exposition Le journal ayant surnommé cet ensemble "Bérénice ", le nom est depuis resté au collier et au diadème.
Le dessin du collier servit de cadre au texte publié sur la page en vis-à-vis de l”illustration.
Ces trois pièces du mannequin « Bérénice ›› utilisent des émeraudes indiennes dont plusieurs, par leur qualité exceptionnelle, suffisent à les rendre remarquables. Le diadème, ainsi, est orné de rangées verticales d'anciennes émeraudes indiennes taillées en melon, de grosseur irrégulière, avec un motif de lotus égyptien à chaque bout. Selon Nadelhoffer (1984, p. l93), il avait été dessiné par Henri Chenaud, spécialiste dans la création d”ornements de tête qui avait rejoint la maison Cartier en l908. On ne sait cependant pas s'il fut aussi le créateur du collier. Henri Chenaud (né en 1876, élève du décorateur "Rémond" travaille dans la tapisserie et la broderie avant d'entrer chez Cartier en 1908
Les trois grosses émeraudes gravées sont de merveilleux exemples de décoration florale .
Le diadème Bérénice aurait été fabriqué dans l'atelier Renault d'après Hans Nadelhoffer.
Lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925 à Paris, les joailliers exposaient sous la verrière du Grand Palais
La décoration de Eric Bagge.
Pavillon de l'élégance à l exposition de 1925
"Cartier" exposa lui au Pavillon de l'élégance:"
"Qui de Jeanne Lanvin ou de Louis Cartier à la brillante idée d'exposer au Pavillon de l'Elegance, plutôt qu'au grand Palais avec les autres Joailliers" ainsi que nous le rappelle Hans Nadelhoffer?

Stand de Cartier au Pavillon de l'élégance en 1925
Cette émeraude au centre du collier de 141 carats 22, fut retirée du collier en avril 1926 après l'exposition, et elle fut remontée en broche-pince en septembre 1927, elle fut vendue a Mr Montagne Stanley Napier:
Cette émeraude a probablement été gravée en Inde sous le règne de l'empereur moghol Shah Jahan (1592-1666). Depuis, elle a été exposée dans de prestigieux musées, notamment au Grand Palais à Paris et au Victoria & Albert Museum à Londres.
Une histoire vertigineuse ! Née dans les mines de Chivor, Muzo ou Coscuez – berceaux d’émeraudes – en Colombie et extraite par les Conquistadors, au XVI ème, elle fut acheminée à Séville, transita par Lisbonne, fit escale à Goa – comptoir des Indes – pour parvenir à Jaïpur au Rajasthan afin d’ y être gravée dans les ateliers royaux. Ses motifs évoquent la flore du Cachemire découverte par les Monghols, les feuilles d’acanthe font soupçonner une inspiration jésuite.
Elle aurait appartenu à l’empereur Chah Djahan – l’amoureux éternel qui fit construire le mausolée du Taj Mahal à la mémoire de son épouse très aimée – C'était un grand collectionneur de pierres vertes.
Sa trace fut perdue jusqu’en 1925 où elle fut présentée pour la première fois à l’exposition des Arts décoratifs de Paris, montée par Cartier façon plastron. Elle fut achetée en 1927 et disparut .. sans parer, ni paraître. En 2009, Christie’s la vend aux enchères pour 794500 dollars à un illustre inconnu. Aujourd’hui, retour chez Cartier !

Baptisée « Émeraude du Taj Mahal » en raison de ses gravures florales rappelant les incrustations de pierres colorées du Taj Mahal. Extrêmement créatif, ce bijou fut largement médiatisé et parut dans plusieurs publications. Il a été acquis pour la collection de bijoux Qatar Royal Al-Thani et transformé en broche.
Les pièces invendues de l'Exposition furent redessinées par Cartier et les pierres précieuses utilisées pour créer de nouveaux bijoux. Ce fut le cas du « Collier Bérénice ». L'emplacement de ce trésor de la nature resta inconnu pendant la majeure partie du XXe siècle, jusqu'à sa redécouverte dans les années 1990.
En nombre 1928 l'émeraude d'épaule gauche fut elle aussi démontée, Cartier la remonta avec une monture très simple.
En 1929 invendue, elle fut transformée suite à une demande en pendant de collier, de feuilles d'émeraudes gravée et de boules de rubis.
L'émeraude de droite fut démontée en novembre 1928 réutilisée et retransformée en 1930 avec monture en diamants.
Cartier ne put la vendre et la démonta à nouveau en janvier 1938 Qu'est elle devenue???
Restait la bande en losange, une partie des glands et la plupart des diamants restants furent d'après
Judy Rudoe, remontés pour réaliser une ceinture à la demande de son Excellence Thami Ben Mohamed El Glaoui le pacha de Marrakech .
Il est rare que Hans Nadelhoffer nous ait donné une information inexacte :
29. L'ornement d'épaule en perles, diamants, émeraudes et onyx est orné de trois émeraudes gravées
de 153 carats, 58 carat et 141 carats. Il est transformé en trois broches dont l'une est achetée par Le
Glaoui du Maroc.
Cartier exposa 149 autres pièces de joaillerie à l exposition de 1925
J ai tiré ces trois photos dans la revue Vogue a partir d'Avril 1925
Expositions : La pierre et ses parures ont été présentées dans des musées prestigieux, notamment le Victoria & Albert Museum (Londres, 2015), le Grand Palais (Paris, 2017) et le Métropolitan Museum of Art (New York, 2014).
Anecdotes :L'émeraude Bérénice est réputée pour ses vertus ésotériques : elle favoriserait l'espérance, la sagesse et les entreprises amoureuses, tout en protégeant des maléfices. Cependant, elle pourrait adopter les qualités et défauts de celle qui la porte, ajoutant une dimension mystique à son histoire.
**Le "Bon Ton " publié par Lucien Vogel, important éditeur de l'époque qui publia en 1906 la revue : Fémina : plus tard l'illustration des Modes qui devient le Jardin Des Modes, de 1912-à-1915 Le Bon Ton et à partir de 1928 VU un hebdomadaire à partir duquel Life se développe en 1936
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