Sotheby's a revendu cette boucle de cape d' Edouard de Martilly, Une des pièces de jade porte la signature manuscrite Martilly. Une pièce Art Nouveau admirable de ce dessinateur français, Vivienne Becker cite son nom sans autres précisions qu'une date 1903. Mais qui était-il?
Nom : JUHELLE dit de MARTILLY : Prénom : Edouard Profession : Artiste Sculpteur : Date de naissance : 20/03/1877
Lieu de naissance : Beauvais, Oise, France Lieu de résidence : Paris, Paris, France Adresse : 26 Avenue de Breteuil
Année d'inscription sur les listes : 1936.
LA COUR :
Considérant qu’il n’y a lieu de s’arrêter à cette circonstance que Juhellé de Martilly ait reconnu la cession par lui faite à la maison Collin du modèle de manche d’ombrelle dont il est l’auteur et dont il poursuit la contrefaçon ; qu’il appert des documents de la cause que la maison Collin s’est seulement réservée, au regard de Juhellé de Martilly, la vente de ce modèle, dont la propriété même et le droit de reproduction doivent être réputés appartenir à Juhellé de Martilly ;
Considérant que le modèle est constitué par un oiseau les ailes éployées, abaissant ses plumes, posant ses griffes et allongeant le cou sur le manche de l’ombrelle, qu’il a été exposé au musée Galliera avec d’autres œuvres du même artiste ; que cet objet présente manifestement un caractère artistique, tant par la forme qu’il revêt, que par l’exécution même du travail ; qu’il n’importe que le motif dont il s’inspire ait reçu des applications antérieures, alors qu’il présente, dans l’agencement des détails, une certaine originalité ; que de même l’utilisation pratique du modèle n’empêche qu’il puisse être considéré comme un objet d’art et ne suffit pas à lui donner le caractère industriel ;
Considérant dans ces circonstances qu’on ne saurait assimiler la création de Juhellé de Martilly à un modèle de fabrique, que rien n’autorise non plus à considérer l’auteur comme un fabricant ; que, par suite, il n’y a lieu de subordonner la régularité de la poursuite en contrefaçon du dépôt préalable de l’invention aux archives des conseils de prud’hommes aux termes de la loi du 18 mars 1806 (art. 57), que Juhellé de Martilly invoque à bon droit la protection de la loi du 19 juillet 1793 et n’a pas besoin de se prévaloir de la loi…
1):Juhellé de Martilly était encore actif et présent à Paris au moment de l’audience le 7 juillet 1903, puisque la Cour parle de lui comme auteur et acteur dans une affaire en cours.
2):La décision apporte une justification artistique au manche d’ombrelle — spécifiquement, une sculpture en forme d’oiseau — et le reconnaît comme œuvre d’art protégé sous la loi de 1793, non comme simple modèle industriel.
3):Même s’il avait cédé la vente du modèle à la maison Collin, la propriété intellectuelle et le droit de reproduction lui sont restés reconnus, ce qui légitime pleinement la poursuite en contrefaçon.
1903 revue de la BJO.
1904 De Martilly, Mangeant, Boutet de Monvel exposent pour la quatrième fois leurs bijoux à "L'art Moderne"
Né au début des années 1890 comme un cri de protestation contre les dérives aveugles de l'industrialisation mais aussi contre les reproductions stériles du style Grand Siècle, le mouvement Art nouveau a eu l'éclat puissant mais éphémère d'une étoile filante. Vingt ans à peine après son apparition, il était balayé par l'Art déco auquel la postérité a fait meilleur accueil. Pourtant, cet art total et mondial, qui avait l'ambition de mettre en place un univers favorable à l'épanouissement de l'individu, a séduit les meilleurs artistes de son temps. On pense bien sûr à Louis Comfort Tiffany, à René Lalique, à Henri Vever. Ces trois personnalités dominaient de leur gloire une myriade de joailliers, pour la plupart injustement oubliés, dont le talent est attesté par des bijoux qui reviennent parfois sur le devant de la scène à la faveur d'une vente aux enchères : Marcel Bing, Édouard Colonna ? qui a d'ailleurs travaillé pour Tiffany ?, Georges de Ribeaucourt, Édouard de Martilly, Georges Le Turcq, Aimé Arnould, la liste est longue. Ce cri de protestation, il faut le signaler, était la somme revendiquée d'un travail collectif où se conjuguaient l'énergie des joailliers, des dessinateurs et des artisans. Ainsi, Georges Fouquet associait volontiers son ouvre à celle de Charles Desrosiers et d'Alphonse Mucha, tandis que les frères Vever mettaient publiquement en avant la virtuosité de leurs dessinateurs mais aussi celle de leur émailleur, M. Tourette. (1903 revue de la BJO)
À Paris, il suit brièvement des cours d’académie, mais abandonne vite l’enseignement formel, préférant travailler seul. Ses débuts l’amènent à s’essayer à l’art industriel et particulièrement à la joaillerie, discipline exigeante où l’exécution implique de nombreux artisans. Il y développe patience et rigueur, apprenant à harmoniser matériaux et couleurs dans un espace réduit, tout en préservant le caractère de parure de ses bijoux.
Après son succès en joaillerie, M. de Martilly s’intéresse aux innovations dans l’éclairage électrique et à la sculpture, en particulier l’étude des visages humains, qu’il considère comme le reflet des émotions et de l’âme. Il admire également l’art japonais pour sa vivacité et son lien avec la nature.Son appartement de la rue Fabert reflète son univers artistique unique, alliant anciens éléments décoratifs et objets créés par lui-même, témoignant de sa personnalité et de sa vision de l’art.
En 1917, attiré par le nouvel art cinématographique, Martilly collabore en tant que scénographe à la comédie dramatique « Par La Vérité ». Un critique de cinéma contemporain l’a décrit comme un « maître » de l’art.
Bases cinéma / archives — plusieurs fiches et bases répertorient le film Par la vérité (1917) et listent Edouard de Martilly comme artiste/décorateur / direction artistique , et la Ciné-ressources La Cinémathèque semblent posséder des fiches relatives au film et à Martilly (entrée « Décorateur : années 1910 »)
J ai écrit à la Cinémathèque française / Ciné-Ressources et à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé. J espère une réponse sur ce film et mettrais a jour.
Edouard Juhellé dit De Martilly, est décédé au 33 rue Olivier de Serres paris 15eme ou se trouvait à l'époque l'Hôpital Saint Michel.
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