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mercredi 28 juin 2023

Alfred Georges LANGLOIS: le réalisateur des Minaudières et du Serti Mystérieux de Van Cleef & Arpels.

Sujet difficile, une famille qui a travaillé pour les plus grands joailliers détaillants, mais en restant complètement dans l' ombre de ceux-ci jusqu'a même être absorbée par  Alfred Van Cleef  et ses associés,  à tel point que Langlois sera aryanisé en même temps que VCA, alors que Langlois n'était pas juif.

Tout commence par une jeune fille dont on ignore son origine, rien ne signale l'existence de ses parents.

Elle se nomme Augustine, Ernestine Langlois

Rue Cardinale

Elle a 19 ans, elle est enceinte, elle travaille comme relieuse et habite au 6 rue Cardinale à Paris dans le 6 ème arondissement, dans l' immeuble sur la gauche de cette photographie. Très petite rue, créée en 1699 sur un terrain qui appartenait au cardinal de Furstemberg, abbé de Saint-Germain des Prés.

C'est une sage femme nommée Dame Penaud qui va procéder à l'accouchement, elle a trente ans et habite rue de l'école de Médecine à Paris, donc a coté de la rue Cardinale. Le père est inexistant, la famille est absente, seuls un concierge "Theodore" et une employée "Many" ont bien voulu témoigner et signer l'acte de naissance. Alfred Georges Langlois est donc né le 30 juin 1876 à 5 heures du soir.


Que s'est il passé, elle ne reconnaitra son enfant que le 14 avril 1881 soit cinq ans après.

Qui va lui apprendre le métier? en faire un aussi bon joaillier et boitier? Je me fais souvent la reflexion de tous ces ouvriers et artisans modestes qui ont appris un métier du luxe, et souvent réussir une ascension sociale extra-ordinaire, sans avoir eu de jalousie vis a vis de ceux pour qui ils créeront et travailleront.

Ce que je peux ecrire c'est qu'a 20 ans il est déclaré "Orfèvre" sur son dossier militaire, et le terme doit être plus juste  que "Bijoutier", car il excellera dans les boites, les poudriers, les étuis à cigarettes. Lorsque j'étais à l'école de BJO de la rue du louvre en 1960, il y avait les Bijoutiers, les Joailliers, et les orfèvres, sur le même étage, j'admirais leurs techniques de planage, de recuit etc que nous, élèves en Joaillerie, ne connaissions pas.

L armée enregistra qu'il avait les cheveux chatains ainsi que les yeux et les sourcils, un nez moyen ainsi que la bouche , il était grand, 1 mètre 74. Nous apprenons aussi qu'il avait le niveau 3 d'instruction c'est à dire qu'il sait lire, ecrire et compter.


Ce n'est pas de la Joaillerie, mais j'ai pensé utile de publier ce tableau de niveau, et la statistique  en 1905 sur l'instuction d 'une classe militaire aux alentours de 20 ans. 


En fevrier 1901 une jeune fille  tente de se suicider à Paris en se jetant dans la seine  elle s'appelle Georgette Bourassier. Est ce celle que Alfred épousera 10 mois plus tard? les dates coincident.

Le samedi 14 décembre 1901 Alfred épouse Georgette Bourrasier. Alfred demeure au 12 rue Veronèse, sur son acte de mariage, il est déclaré "fils majeur naturel reconnu de Anne Ernestine Langlois présente et consentante et de père inconnu" Georgette est née a Lyon le 14/06/1882 et elle est corsetière, demeurant aussi au 12 rue Véronèse, elle est fille mineure naturelle de Amelie Bourrasier  Couturière. Un témoin présent Eugene Kern  est bijoutier, et un autre, Louis Carragual est orfèvre


De 20 à 26 ans , je n'ai rien trouvé, il insculpe son poinçon de Maître le 9 octobre 1902.  Poinçon losange vertical avec comme symbole une Lance et les initiales A.L.
Alfred Langlois pendant une trentaine d'années va travailler sur commande, à façon mais très souvent sous son nom, avec son poinçon. 

Le 30/12/1907, Georgette et Alfred auront une fille , qu'ils prénomment Odette (C'est important car c'est elle qui va succeder à son père)  A cette date, ils habitent au 3 rue de Normandie à Paris.


En 1913 d'après le maison Sotheby's  Langlois livre cet étui à cigarettes rectangulaire aux angles arrondis, le couvercle et la base à rayures d'émail noir sur fond d'or poli, le poussoir serti de diamants gradués, l'intérieur muni d'un compartiment vesta avec percuteur, poinçon de maître, poinçon de contrôle français 1838-1919, signé Cartier Paris, numéro de série 5113  Cet étui mesure 9cm 4 dans sa longueur.

1920 env.Une trousse de toilette en or et émail ornée de bijoux, Alfred Langlois pour la Maison Janesich, Paris,   5,4 cm, 2 1/8 po de haut, de forme carrée, le couvercle et la base à motif stylisé en zigzag bleu, les côtés rayés bleu et or, petit poussoir serti de diamants, l'intérieur doublé d'or muni d'un poudrier, d'un porte-rouge à lèvres et d'un miroir, signé Janesich, numéro de série 12710, poinçon de maître, marque de contrôle de la tête d'aigle post-1919 sur la base et chaque partie du support de rouge à lèvres, contrôle post-1905 pour l'argent et l'or mélangés sur le support du miroir



A cette époque la "minaudière" n'existe pas, on dit trousse de toilette mais pour faire chic, cela devient des "Vanity Cases" Ce necessaire de 1923 est en or, platine, diamants taillés en roses, émail noir, à l'intérieur de l ivoire, une glace et un crayon à mine de plomb. Fabriqué pour Van Cleef & Arpels


On pourrait penser qu'a cette époque Langlois ne fabriquait que des "Boites"mais cette paires de Pampilles, qu il livra à Van Cleef & Arpels, est en platine, une monture avec mise à jour perlé, diamants tailles brillant, baguette et trapèze émeraude qui ont été taillés en cabochons N° 22644



Il travaille pour tous les grands joailliers détaillants, ainsi cette merveille japonisante à été réalisée pour Lacloche vers 1925 , mais aussi Cartier et Boucheron

Cette autre merveille fut aussi fabriquées par Langlois pour la maison Lacloche, vers 1925

ALFRED LANGLOIS : ÉTUI À CIGARETTES revendu par Bonhams Londres
Tricolore, à décor d'oiseaux en vol, les flancs à motif de clé grecque, poinçon de maître Alfred Langlois, poinçons français, dimensions 9,3cm x 7,6cm x 0,9cm



Ce vanity case qui suit est signé Lacloche, les plus grands se fournissaient chez Alfred Langlois


LACLOCHE FRERES Boîte de beauté. En or jaune 18k, rectangulaire, laquée rouge, le couvercle appliqué de gradins en or gris et de diamants taillés en baguette et en rose, comme un des poussoirs, le pourtour à décor de carreaux filetés, l'intérieur comprenant trois compartiments, un étui à rouge à lèvres, et une montre à cadran carré, fond ivoire, chiffres arabes pour les heures, mouvement mécanique
Vers 1925-1930 Signée
Dim.: 10 x 4 x 1.5 cm, Poids brut: 244.10 g


Montre à l'Intérieur, Revendu par la maison Artcurial


7 Rue Villedo Paris 1er


Alfred Georges n'est membre de la Chambre Syndicale de la Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie que depuis 1926. Son adresse est 7 rue Villedo à Paris ; il est à cette adresse depuis le 30 janvier 1914

L' autre Langlois au 23 rue étienne Marcel, est un joaillier Emile Langlois qui s'est établi en 1888. Ce sera André et Maurice Langlois en 1924 puis Langlois & Cie qui succèderont en 1952, très bonne maison aussi.


1927: Necessaire de beauté, or diamants taillés en rose, émail, marqueterie de nacre teinté. Quelle maitrise pour qu'avec la "chauffe" le métal ne se déforme pas.


1928 Base platine, or jaune, sertiperlé, émail, diamants taillé en rose et sertis à grain, Jaspe  9 cm 6 sur 4 cm 3 Collection Van Cleef & Arpels


Paris 1928, or diamants taille brillants et baguettes, émail motif central ét cotés en Lapis Lazuli


Trousse de toilette le Cyprès, 1928; Vendu par Van Cleef & Arpels (Paris, France); Fabriqué par Alfred Langlois Or, émail, diamants, onyx, platine, verre miroir. Photographie de Doug Rosa



Boitier avec Le Paon: Alfred Langlois French 1930's Art Deco Gold and Email Cigarette Case


MARCHAK, BOÎTIER ÉMAIL ET OR ART DECO, a gauche  BOÎTIER JANESICH ART DECO ÉMAIL, DIAMANTS ET OR à droite
De contour rectangulaire, émail noir et bleu, or jaune 18 carats (poinçon français), vers 1930, signé Marchak, poinçon de maître (Alfred Langlois), numéroté ; de contour rectangulaire, émail bleu, violet, rose et crème, diamants taille rose, or jaune 18 carats (poinçon français), vers 1930, signé Janesich, poinçon de maître (Alfred Langlois), numéroté, boîtier Janesich rouge Taille/Dimensions : boîtier
Poudrier en or de trois tons et pierres précieuses par Boucheron, Paris, 1930, Long. 5,3cm ; 2 1/8 po
Le couvercle gravé au centre d'un cimier et devise sur un fond formant des maillons, l'intérieur contenant un miroir et un compartiment, le poussoir en émeraudes de taille carrée , poinçon de maître d'Alfred Langlois, inscrit: Boucheron Paris


Il y a la "Légende" fabriquée par Jacques Arpels, attribuer a chaque frères Arpels une invention. Je doute que Charles ( qui s'appelait en réalité Salomon Arpels), ait inventé la "Minaudière" C'était un vendeur qui n'avait pas apppris le métier manuel de la Joaillerie, qui ne savait pas dessiner.
Pour surmonter les techniques qui amènent à cette capacité de "faire" une boite parfaite en métaux précieux, il faut 20 ans de métier.

Intérieur de Vanity case précédent

Toutes les grandes maisons vendaient à l'époque des "Vanity Cases" les chef d'ateliers savaient faire-faire.
Mais Alfred Van Cleef et surtout sa fille Renée Rachel observaient depuis si longtemps les capacités d'Alfred Langlois à fabriquer des boites. 

C'était une boite en or à complications, sans aucunes charnières visibles, avec des fermoirs à déclic cachés, des petits compartiments pour recevoir un briquet, un poudrier, une glace, un face à main, un baton de rouge à lèvres, un petit peigne, ou tout autre accessoire féminin.
Les matières employées étaient nouvelles, telles que la laque, des incrustations de pierres et perles, des éléments qui pouvaient se détacher pour être portés en bijoux.
Chaque "Minaudière" était une pièce unique, sauf....sauf....
Une commande pour un émir de trente minaudières richement empierrées, mais rigoureusement semblables, pour que ses femmes ne soient pas jalouses l'une de l'autre.


Ce n'est qu'en 1932 qu'il ajoutera un poinçon carré pour le doublé avec ce mot dans le poinçon ou pas.
Fabricant doublé or laminé: Lieu d'activité 213 rue st Martin, Paris (75) Symbole (pour les orfèvres) Une lance avec mention doublé or laminé. Date d'insculpation (pour les orfèvres)
Ce poinçon fut surtout pris pour poinçonner les Minaudières en STYPTOR.
En effet le Stryptor était un alliage d'argent et d'étain


Cette minaudière fut certainement une des premières en Stryptor, elle fut confectionnée et achetée par le Maharadjah de Rajpipla


En 1932, Monsieur Langlois possède toujours son entreprise de Bijouterie rue Saint-Martin à Paris; ce n’est que le 1er juillet 1932 qu’il sera absorbé par la maison Van Cleef & Arpels. Van Cleef va signer un contrat d’exclusivité avec le joaillier Alfred Langlois qui emploie alors une quinzaine d’artisans boîtiers. 
Quand je dis "Absorbé" c'est a dire que VCA prenait 95 % des ateliers et Langlois 5 %
En 1933, la maison Van Cleef & Arpels insculpe son poinçon de joaillier : les initiales « VCA » et le symbole de la colonne Vendôme. L’atelier Langlois, qui comprend désormais des artisans boîtiers et des joailliers, se consacre à la fabrication des Minaudières et des pièces de joaillerie, notamment la mise au point du fameux « Serti Mystérieux ».



1934 cette minaudière était fournie avec un sac-étui en feutre, en or guilloché, or gravé, diamants taille brillant, émeraudes taillées en carré, serties à grain, une glace à l'intérieur15 cm de long 12 cm de large epaisse de 2cm2.


Une minaudiere et un poudrier fabriqués par Langlois or, laque, platine diamants pour Van Cleef & Arpels en 1935


J'ai retrouvé cet article de 1935 dans le journal "Vogue" et je pense que cette définition de la "Minaudière" est la bonne , et non celle de Jacques Arpels qui disait qu'on l 'avait appelée ainsi parce qu'Estelle faisait tout le temps des minauderies

Déjà ce surnom d'Estelle n'a jamais été employé par elle, mais je ne vois pas Esther Van Cleef qui en 1914 était dans des hôpitaux  soigner des blessés ou des gazés dans un état très  grave, entrain de passer son temps à "Minauder"
Lire ou relire : http://histoiredesvancleefetdesarpels.blogspot.fr/2011/01/estelle-vancleef-de-paris-ne-sest.html

Cet article dans vogue annonçait en 1935, 
"Van Cleef et Arpels ont lancé, voici un an, au lieu de l'éternel sac du soir, une boîte métallique, nette, nue, sans poignée.A cause de la matière, des pierres un travail, c'est un bijou précieux aussi ."
La suite sur

L'idée a fait son chemin...du moins dans la tête d'Alfred Langlois grand fabricant de Joaillerie spécialisé aussi dans la fabrication de boites précieuses, là aussi, aucune certitude, Langlois travaillait entre autres pour la maison Van Cleef et il semble que vers 1929, Alfred Langlois ait eu l idée de fabriquer des bijoux sur lesquels les pierres ne seraient pas tenues par des sertis classiques qui dissimulent une partie des pierres précieuses.
Alfred Van Cleef possède un petit château qu'il a appelé bien avant les bijoux "la Minaudière" mais comment être sûr de l exclusivité?
Alfred Van Cleef  et ses associés vont donc absorber l'atelier Langlois à tel point que Langlois sera aryanisé en même temps que VCA, alors que Langlois n'était pas juif.

1936 Bracelet or platine rubis en serti mystérieus de Alfred Langlois

C'est en 1929 qu’Alfred Langlois voulut faire breveter la première monture en serti invisible, mais elle n’était pas parfaite, et avec la crise, il fallut plus d’un an pour la voir mise en vente.
Alfred Langlois, fabricant de boîtes et de vanity-cases, tombe sur une micro-mosaïque du XIXe siècle dont l’agencement de mini-tesselles sans joint apparent, lui donne l’idée de transposer ce procédé dans la joaillerie. Langlois procédait comme dans la micro-mosaïque où de petites plaques de céramiques sont tenues en rangées.
Jusqu’ici les pierres précieuses employées en joaillerie pouvaient toujours être remontées pour recréer un autre bijou, mais avec le serti invisible cela devint presque impossible. C’est en effet une taille spéciale, pierres carrées sur lesquelles on taille un sillon côté culasse pour qu’elles puissent être « serties » par le dessous.
Elles dépendent les unes des autres, que ce soient des rubis ou des saphirs (quelquefois des émeraudes) car elles doivent être assorties, être homogènes en couleur selon les directions par rapport à la lumière. Il y a une élimination importante, lors du choix, pendant et après la taille, et ceci au risque de ne pas être réemployées sur un autre bijou.


Le très célèbre clip "Chrysanthème" , en or,  platine ,diamants taillés en baguette, et rubis en serti mystérieux Longueur 8cm8


1937 Le Clip Pivoine en or platine, diamants taille brillant et baguette, serti mysterieux en rubis et rubis facettés, à l origine ce clip était un élément d'un double clip!! Ou est le deuxième??,

Il m'est imposible de publier toutes les fabrications de Alfred Georges Langlois, donc je ne publie que celles qui sont marquantes en rapport avec les dates de création.



1938: Cette boite me parait très interessante, La boite Colibri, en or diamants tailles brillants serti mystérieux, rubis et saphirs, elle fit partie de la collection de la Reine Nazli d'Egypte. Sobiété, relief des motifs, poussoir intégré.......


1938 L exemple type : La minaudière avec le clip Camélia en or guilloché grain d'orge, rubis facettés serti mystérieux, ecaille, glace à l intérieur, le clip est amovible pour être porté , elle fait 15 cm de long sur 12,5 cm de large et est épaisse de 3 cm. Le clip a un N° différent de la minaudiere, N° 48152 pour le clip et 49008 pour la minaudière.


1939 Ces pièces sont étonnantes, surtout venant de Van Cleef & Arpels à cette époque, c'est une demie parure appelée "Pylones" en or jaune et saphirs carrés. Serti Mystérieux fabriqués par Langlois
Les ateliers Langlois,  augmentent  leur personnel rapidement parvenant à employer trente personnes environ.


1942 Clip Fourragère réalisé par Alfred LAnglois

1942  Les Arpels sont aux Etats unis, Esther Arpels, Jacques Arpels, Lea Arpels se cachent dans le midi  de la France, René Lacaze est chez Mauboussin, Roger Levy Debled, conseiller juridique et financier , juif chassé de la maison par l'administrateur René Bry erre dans la france occupée et la France Libre, il aura la chance de revoir sa patronne Renée Rachel Puissant Van Cleef, en 1942, avant qu'elle ne meure.
La maison Van Cleef est aryanisée, plusieurs articles que j ai écris sur: 

Van Cleef & Arpels ayant racheté les ateliers Langlois, les allemands au travers de René Bry, l 'administrateur de l aryanisation de VCA, aryaniseront aussi les ateliers d'Alfred Langlois alors qu'il n'était pas juif.
Mais Mr le comte de Leseleuc, repreneur de la maison VCA  aryanisée, reprend de fait les ateliers Langlois


Ces trois feuilles émanent du Rapport de la Treuhand Allemande pendant la guerre 39/45


L organisation des stocks Van Cleef & Arpels avant et début de la guerre


D'après les allemands, le rapport de la Treuhand, donne des informations interessantes.
Les biens ennemis, juifs ou non, le produit des ventes et liquidations était versé à la Treuhand und Revisionstelle, installé dans les locaux de la Barclay’s Bank.

René Robert  est nommé directeur artistique et chef d'atelier de VCA pendant la guerre

Les clips " Fourragère"  auront été fabriqués sous sa direction ainsi que "l Oiseau de Paradis."


1944 Le clip "Pax"  en or platine, diamants taille brillant, rubis taille cabochon, émail, il appartint à Barbara Hutton , très bonne cliente de Van Cleef & Arpels , grande habituée du Ritz, même pendant l' occupation.  

En 1935 Barbar Hutton avait commandé ce bracelet chez VCA: Au fil des ans, et outre un héritage important qui comprenait des toiles de maîtres et d'importantes sculptures, elle se constitua elle-même une magnifique collection regroupant le spectre des arts, de la porcelaine, des bijoux de valeur, y compris des pièces historiques sophistiquées ayant appartenu à Marie Antoinette et à l'impératrice Eugénie et d'importantes pièces de Fabergé et Cartier. Parmi ses pièces de joaillerie, on trouvait le Pasha Diamond de 40 carats, qu'elle acheta dans une taille brillant octogonale inhabituelle mais fit retailler en brillant rond, ce qui le fit descendre à 36 carats24.En 1936, elle achète la parure d'émeraudes (diadème, collier, pendentifs, bracelet) offert par Napoléon III à la comtesse de Castiglione, à Ganna Walska. (Wikipedia)

La deuxieme pièce fabriquée pour elle aussi par Langlois date de 1945. C'est le clip "Cage" beaucoup de maisons ont réalisé des bijoux semblables. Il est en or, platine  diamants taille brillant, rubis cabochon.


1948 Très difficile ajustage pour ce poudrier dodécagonal en or, platine, diamants taille brillant miroir à l'intérieur.

Je crois que Alfred Langlois cesse de travailler en 1948, bien que sa présence soit notée dans les procès verbaux de la maison, comme accompagnant sa fille Odette aux réunions. Il a 72 ans

Sa fille reste comme gérante des ateliers Van Cleef& Arpels, c'était une femme très secrète. 
Ceux qui l'ont connue et qui ont bien voulu m'en parlé me l'on decrite comme "Une vielle fille " acariâtre et peut être aigrie "Et elle tenait vraiment à ce qu’on dise. Mademoiselle et pas madame. Femme pas très sympathique dans mes souvenirs "
Elle n'aimait pas qu'on lui demande "Comment allez vous?" disait aussi "Je ne pars jamais en vacances" Très capable, ayant été élevé dans la maison dès sa plus tendre enfance.

Le 05/08/1948, Alfred Langlois  se remarie avec Jeanne Hannequin

Alfred Georges Langlois décède  le 03/08/1958 à Lizy sur Ourq  qui fut un lieu regroupant des protestants, Alfred n'est pas la seule célébrité de Lisy, Pierre LeCoultre (de la future famille horlogère Jaeger-LeCoultre), lors des persécutions religieuses, fuit le village pour la Suisse, au milieu du XVIe siècle. Il s'établit dans la Vallée de Joux, dans le Jura suisse.
Claude Grostête de La Mothe (1647-1713), pasteur protestant de Lizy-sur-Ourcq avant la Révocation de l'Édit de Nantes.
André-Charles Caron, maître horloger, créateur de la première montre-squelette et père de Beaumarchais, est né à Lizy le 26 avril 169887. il était installé à Paris rue Saint Denis né en 1722 mort en 1775, il fut l'horloger de Louis XV et sa fille Françoise épousa en 1756 Jean Antoine Lépine.


Cimetière regroupant de nombreuses tombes des gens du cirque, dont celle de la famille Bouglione


Odette Langlois va décéder le 6/12/1993, elle habitait a ce moment dans le 16 eme arrondissement

Je suis preneur de tout complément (texte et photos) m'écrire à : richard.jeanjacques@gmail.com  :


mardi 22 juin 2021

Robert EHRET, le joaillier qui dessina la FRANCISQUE du Maréchal Pétain

 


Robert Léon Ehret est né  le 13 mars 1891 à Paris 2e, rue Saint-Antoine, Son père  Gustave Ehret est à cette époque Sommelier et sa mère  Marie-Thérèse Talivey est domestique,  quatre années après la naissance  de Robert, son père va enfin le reconnaitre et épouser sa mère, est-ce lui qui a placé sa jeune femme?  Toujours est-il qu'au mariage, elle indique comme profession: cuisinière.



Acte de naissance de Robert Ehret

En 1911, il est appelé au service militaire. Sa fiche matricule nous apprend qu'il réside alors à Paris 2e, 46 rue d'Agout,  la petite rue qui longe l'école de Bijouterie Joaillerie Orfèvrerie, devenue depuis la  Haute École de Joaillerie. Sa profession : ouvrier lapidaire.
Robert Ehret incorporé le 1er octobre 1912 et, comme la guerre mondiale éclate avant la fin de son service militaire, il reste sous les drapeaux jusqu'au 22 août 1919. Il eut une conduite exemplaire,  cité quatre fois à l'ordre du jour de la division, blessé à deux reprises, on l'a cru disparu en mars 1918. En réalité, il a été fait prisonnier et interné à Karlsruhe d'où il est libéré après l'armistice de 1918. 
Au cours des sept années passées sous l'uniforme, Robert Ehret monte en grade : brigadier en 1913, maréchal des logis en 1914, adjudant en 1915, sous-lieutenant en 1916, lieutenant en 1919.  il devient capitaine de réserve en 1935. En 1920, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en reconnaissance de ses mérites militaires.




Acte de mariage de Robert Ehret, en 1922, il se déclare  "Lapidaire", l un de ses témoins est Pierre Basset, joaillier a Neuilly, l autre témoin est ingénieur, tous trois sont médaillés de guerre et Pierre Basset a reçu lui aussi la légion d'honneur.  A cette date, Robert a 31 ans habite toujours chez ses parents rue d'Argout,   et est certainement salarié d 'une entreprise, mais je ne pense pas que ce soit chez Van Cleef & Arpels qui n'avaient pas d'atelier.
Ce n'est que dix ans plus tard que Van Cleef & Arpels, vont "annexer" un atelier qui travaillait déjà pour eux, mais aussi  pour Janesich, Lacloche, Boucheron, Ostertag , Mauboussin....
C'est donc Alfred Langlois  un grand "Boitier" qui va signer un contrat d'exclusivité  avec Van Cleef. A cette époque Langlois avait 15 employés.
Van Cleef & Arpels  donnaient aussi du travail à Strauss-Allard et Meyer,  Desmares, Frey, Verger, Rubel, Lenfant, Péry, Mirra, Boisson, Dumont et selon madame Sylvie Raulet, l'atelier Ehret.
Donc il est plus conforme à la réalité de dire que Robert Ehret ne travaillait pas Chez Van Cleef & Arpels, mais en tant qu'artisan, installé à son compte, pour Van Cleef & Arpels


D'ailleurs si je me fie au livre Van Cleef & Arpels de Sylvie Raulet écrit en 1986, on peut voir que deux bagues  sont dessinées par Renée Rachel Puissant Van Cleef et que ces dessins font partie de la collection de l atelier Ehret.
Ce qui veut dire que l'Atelier Ehret a exécuté ces modèles pour VCA et a gardé les dessins gouachés.

D'après Mr Jean Claude Streicher, En septembre 1940, le commandant Bonhomme, officier d'ordonnance du Maréchal Pétain et ami du capitaine Ehret, présente ce dernier au docteur Bernard Ménétrel, médecin et proche conseiller du Maréchal. Apprenant sa qualité de joaillier, Ménétrel lui demande de concevoir un insigne symbolisant l' "unité française aux ordres de son chef, le Maréchal Pétain. Il s'agissait donc de remplacer l'effigie de Marianne et les lettres RF, symboles républicains devenus caducs.
Cette dernière phrase démontrant le début du culte de la personnalité.





 On ne pouvait reprendre, en effet, l'ancien fanion tricolore frappé des lettres RF, ni la Marianne "franc-maçonnique" puisque la République avait été suspendue. A partir d'une suggestion du Dr Ménétrel, médecin personnel et secrétaire particulier du Maréchal, le façonnier de bijoux proposa alors un emblème composé d'un bâton de maréchal bleu aux dix étoiles, « aux extrémités d'or et accosté de part et d'autre d'une francisque d'argent », la hache de guerre des anciens Francs. Ces deux lames se voulant le symbole des deux grandes victoires remportées contre l'Allemand, Tolbiac et Verdun. L'idée plut et a été aussitôt adoptée².
 D'abord emblème personnel du Maréchal, la francisque gallique est devenue sa distinction personnelle, nouvelle Légion d'honneur, par la loi du 16 octobre 1941 en vue d'honorer tous ceux « qui se sont donnés à lui, (comme) lui-même a fait don de sa personne à la France ». Elle sera remise à 2 626 récipiendaires, dont 3 femmes, pour seulement 15 radiations.(jean claude Streicher)


Journal Le Matin de mars 1942 et la suite ci-dessous




Nous avons aussi le récit d'un intime du Maréchal, Henri du Moulin de la Barthète, chef de son cabinet civil.
« L'institution de la francisque, écrit-il dans ses mémoires, à laquelle s'attachait aussi un serment de fidélité, m'apparut dès ses débuts comme un monument de puérilité. On a voulu voir dans cet insigne un critère de sélection, un modèle de récompense pour les bons serviteurs de l'Ordre nouveau.
« La vérité fut beaucoup plus simple. Un officier de réserve, dessinateur de son métier et façonnier chez Van Cleef, le bon capitaine E... (il l'anonymise, puisqu'il le raille), s'essayait dans les bureaux du docteur Ménétrel, à découvrir un motif ornemental qui pût servir de thème aux armoiries du chef de l'Etat. Au sein des pires catastrophes, il se trouve toujours de paisibles esprits pour taquiner l'encre de Chine et s'engager dans des fantaisies héraldiques. La chose en soi n'était pas grave. Mais le capitaine E..., en exhumant de quelque vieux recueil la double hache de la francisque gallique, s'avisa de substituer au manche de l'arme le bâton de maréchal et de dessiner, sur les tranchants des cercles tricolores... Que représentait, au juste, cet insigne ? A mes objections, l'on répondait toujours : il faut que les fidèles du Maréchal puissent se compter. »



 Nouveau drapeau de "l'Etat Français" dessiné par Robert Ehret


D'après Wikipédia: les Ateliers Ehret à Paris auraient eu l'exclusivité de la fabrication des francisques en or et de celles en or et diamants, alors que les insignes en bronze et émail étaient fabriqués par les établissements Arthus-Bertrand et Augis.
Quelles sont les sources de cette information?




Le Maréchal décore François Mitterrand de la Francisque , c'est donc François Mitterrand qui en a fait la demande et a signé son allégeance au Maréchal  en 1942. Il y eut aussi parmi tous les décorés, Maurice Couve de Murville, Edmond Giscard d'Estaing, Raymond Marcellin, Antoine Pinay....troublant!!




En revanche Mr  Streicher indique dans son ouvrage: 
 Mais Louis-Dominique Girard apporte un autre détail qui a son importance. A l'en croire, le capitaine Ehret était le « conservateur de la fortune des (Van Cleef & Arpels), joailliers israélites réfugiés aux Etats-Unis pour la durée de l'occupation. (Et c'est justement) pour lui faciliter la garde d'un trésor convoité par les Nazis (que le Maréchal) l'avait pris à son secrétariat particulier. »¹ Cette indication doit être prise au sérieux, car l'ancien chef de cabinet, toujours d'une extrême rigueur, est difficile à prendre en défaut. Sur son blog, Jean-Jacques Richard, l'historien des Van Cleef & Arpels, confirme effectivement, documents originaux à l'appui, que les joailliers parisiens ont pu déménager tous leurs stocks de bijoux, d'or et de matières précieuses en zone libre dès le mois de juin 1940, puis deux mois plus tard transférer leurs parts à deux associés et des membres de leur personnel, avant de se réfugier à New York. En juin 1942, une enquête de la Treuhand und Revisionsstelle a donc conclu pour leur entreprise familiale à une « aryanisation non sincère », qui ne pouvait être homologuée.


1944


1944

Je ne sais comment interprêter ce texte, certains a partir de ce texte citent Ehret comme le sauveur de la fortune des Van Cleef & Arpels. Mais jamais la famille Arpels ou d autres n'ont cité Ehret!!!
Personne n'a répondu à une question que j ai souvent posée: Où sont passés les stocks et l' argent liquide de Renée Rachel Puissant Van Cleef  lorqu'elle est décédée  en décembre 1942 à Vichy?

Radiation de Robert Ehret en 1946

Je pense que le Colonel Marty, bras droit et cousin de René Bousquet  vu son poste d intendant de la police de Vichy , avait fait le ménage après la mort de René Rachel  Van Cleef et qu il avait rendu de la marchandise aux Arpels à leur retour en France, sinon comment expliquer pourquoi à sa libération de prison pour collaboration, il ait été engagé par les Arpels.?

Sans doute la Treuhand n'a-t-elle rien pu y changer, car le 19 octobre 1944, donc au lendemain de la libération de la capitale, Claude Arpels et Paul de Leseleuc, seuls gérants de l'entreprise familiale, certifient à Paris que René Bry, leur commissaire-gérant depuis 1940, leur a tout restitué « sans manquant »


 En réalité le 4 septembre 1943, le directeur général de l aryanisation économique au secrétariat général de l'Aryanisation  confirme que René Bry  administrateur de Van Cleef & Arpels, au 19 avenue de l'Opéra (en 1940 artisan en étage rue Sainte Anne), est relevé de ses fonctions, mais il faudra attendre le 19 octobre 1944 (Claude Arpels est venu des Etats unis fin aout 1944) pour que René Bry obtienne le quitus des comptes gérés par lui   pendant cette aryanisation.
Théoriquement,  c'était à l acheteur qui avait repris la maison Van Cleef & Arpels, Mr De Leseleuc de lui donner ce quitus des 1943, mais comme ce fut une aryanisation Bidon!!!!!

Cette autre phrase est difficile a accepter: Les données manquent sur le devenir de Robert Ehret après l'écroulement du régime de Vichy, à l'exception de sa nomination au grade d'officier de la Légion d'Honneur en 1963. Cette promotion écarte tout soupçon de collaboration que sa présence auprès de Pétain aurait pu susciter.

Pour ce qui est de sa promotion dans l ordre de la légion d honneur, ce n'est pas une preuve car par exemple ce fameux colonel Marty déjà Officier de la légion d’Honneur demande en 1970 à être « Commandeur » et il a été nommé !!! L’enquête de gendarmerie n’a rien trouvé ….en 1971..Il a été nommé après sa mort en plus. Il a gardé toutes ses relations.

Comme quoi un homme qui était le bras droit de René Bousquet, qui a été l un des organisateurs de la rafle de Marseille, qui fréquentait Bonny et Lafont, qui  a fait aussi décorer de la Légion d'honneur, les sadiques du SRAMAN (service de répression des menées antinationales)  etc...etc, peut  non seulement ne pas être radié de l'ordre, mais monter en grade dans l ordre

Après la guerre, que devient Robert Ehret, je n ai pas trouvé s' il avait été inquiété, en tous cas il avait continué son atelier.  1947-48 Ehret est joaillier fabricant  28 rue saint Roch,  son poinçon déclaré à la garantie est   R.E. avec pour symbole  un pierrot.

Ce fut une période si trouble!!!!!

Le personnel politique de l'État français n'était pas homogène . On y trouvait des nationalistes farouchement anti-Allemand, des technocrates peu engagés politiquement, des arrivistes (où classer Mitterrand par exemple) et des collaborationnistes proches de l'idéologie nazie, des petits malins qui profitaient de la situation. Robert Ehret était  depuis la guerre 1914-1918  accablé par la défaite de 1940, avait été fait prisonnier donc il était anti-Allemand,  il avait  confiance dans le héros de Verdun, le Maréchal Pétain .
Pourtant, tous, ils ont su que des gens étaient déportés, raflés, ils ont signé des ordres qui n'auraient pas du être appliqués, et  alors que Mitterrand vire de bord en 1943, Robert Ehret, lui,  est attaché au secrétariat personnel du Maréchal Pétain et confirmé dans ses fonctions le 4 fevrier 1944 soit  4 mois avant le débarquement.
En  1945 , il habite à Saint Mandé 1 bis avenue Victor Hugo (Val de Marne) mais c'est à Montreux en Suisse que Robert Ehret meurt le 17/08/1968 à l'àge de 77 ans 

Contrairement à Mr Jean-Claude STREICHER, j ai pu accéder au  dossier de Légion d' Honneur de Robert Ehret, y figure bien sa décoration comme Chevalier à titre militaire, mais comme Officier en 1963, il n y a aucun apport dans le dossier sur le pourquoi il a demandé à y être élevé et l' a obtenu.

Un commentaire est toujours le bienvenu:  richard.jeanjacques@gmail.com

Samuel et René WORMS, Pierre VEVER, FRED, RAMBAUD, Histoires de perliers et MAURICE WORMS

           1934 Worms 7 Rue Royale Paris. L aventure a commencé bien avant 1900, avec Samuel Worms . En France la maison Worms est l'une...