Reprenons cette histoire des Mellerio; Des colporteurs italiens prétendent avoir sauvé le Roi Louis XIII d'un complot.
Quel complot?, j'ai cherché et je n'ai pas trouvé de complot contre le Roi Louis XIII, en dehors de celui ce 1642 du marquis de Cinq-Mars et c'était surtout contre Richelieu.
Aucune
recherche historique sérieuse n’a pu prouver l’existence d’un
complot de conjurés mis au jour par des Lombards.
Or dans le Livre de Joseph Mellerio qu'il écrit en 1893 et sur qui les communicants de la Maison Mellerio s'appuient il est bien écrit :
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Les Conspirateurs furent arrêtés et exécutés: Lesquels? ou?
Émilie Bérard et Marie-Émilie Vaxelaire peuvent -t-elles nous éclairer?
En 1613 , d'après les mémoires de Joseph Mellerio
Le Roi , leur donne un privilège car ces ramoneurs ne peuvent vivre décemment avec leur métier de fumiste, mais il ne les autorise qu'a vendre "du Cristal taillé, quincaillerie et autre menue marchandise meslée "
Donc Joaillier depuis 1613 est une affirmation tendancieuse.
Les Mellerio peuvent donc colporter de menus ouvrages, d'autant qu'en 1721 sont mis dans les menus ouvrages les "croix, tabatieres, etuys, boucles, boutons, et boites de montre en or".
Un arrêt du Roi en 1755 confirme que Jacques Mellerio est toujours colporteur en menus objets de bijouterie, donc commerçant ambulant en bijouterie oui! ...joaillier non.
Une historienne de nos métiers, Jacqueline Viruega est en désaccord avec les historiennes maison, je la cite.
« François Mellerio (1772-1843), venu en France en 1784, reste à Paris sous la Révolution, s’engage dans l'armée républicaine, est en 1796 commis chez un bijoutier milanais. En 1801, il ouvre rue du Coq-Saint-Honoré une maison modeste mais qui réussit bien. Présenté à Joséphine, il fait des affaires avec les bonapartistes et devient le fournisseur de l’impératrice. En 1815, il s’installe avec son frère Jean-Jacques Mellerio au 22, rue de la Paix, sous la raison sociale Mellerio dits Meller frères ».
Je suis du même avis, dans ce cas c'est 200 ans.
Or fait nouveau, en 2013, la presse dans son entier, commente les dépèches que lui adresse le service de presse de la maison Mellerio, ce qui donne:
Blouin Art Info
L'activité
de joaillerie de l'entreprise familiale débute en 1613 après que
Marie de Médicis a accordé à Jean-François Mellerio, ainsi qu'à
la colonie lombarde, le privilège de vendre des cristaux taillés
sur le territoire de France. Les livres de comptes de l'époque
révèlent une clientèle hors norme dont la reine Marie-Antoinette.
- See more at:
http://fr.blouinartinfo.com/news/story/971404/les-400-ans-de-mellerio-dits-meller-le-joaillier-des-reines#sthash.MaCpIFDQ.dpuf
Le journal Le Point entres autres Royal
Marie
Antoinette achète au joaillier en 1781 un bracelet composé de
camées et de rubis.
Il serait judicieux de demander à Catherine Pégard qui fut une éminente journaliste du Journal Le Point, et une de mes clientes, de faire des recherches maintenant qu'elle est conservatrice au Chateau de Versailles
Que disent les mémoires de Joseph Mellerio?
On parle de dame d'honneur, et de jeune Marchand
Alors d'ou vient ce bracelet photographié en 1935 et attribué comme Bracelet de la Reine Marie Antoinette vendu par Mellerio?
Ce document sur lequel est photographié ce bracelet "de bien moyenne facture" est un amalgame, car il ne concerne en rien Marie Antoinette, Mellerio, ou ce bracelet, cette lettre patente porte sur la suppression des lapidaires en pierres précieuses qui vont devoir être rattachés à la corporation des Joailliers
Le 31/3/1935 a lieu une exposition dans la galerie Mellerio au profit des "Enfants paralysés de France" comme en témoigne le journal "La Croix" qui historiquement est le journal qui rend compte le plus des activités de la famille Mellerio.
Comme l'article publié dans la Croix et repris dans les archives de "Gallica" n'est pas très net, je vous en recopie le texte
Exposition
rétrospective du « Bijou d'autrefois» C'est une Exposition très
curieuse, au profit de l'œuvre L'aide aux enfants paralysés. Elle
est, faite dans la galerie de Mellerio, dit Meller, 9, rue de la
Paix, à Paris, sous la direction de M. Camille Gronkowski,
conservateur honoraire des musées de la Ville de Paris. Non
seulement Exposition curieuse, parce qu'on y trouve nombre de choses
bizarres et fantaisistes, mais surtout Exposition émouvante.
Car
les siècles, ici, défilent devant
nous, dans une absolue authenticité, depuis le sévère diadème
mérovingien jusqu'à des souvenirs de la Révolution
française, .sanctifiés par
le martyre. La miniature que Marie-Antoinette donna à la princesse
de Lamballe avec une mèche de ses cheveux, le crayon de Louis XVI et
le yo-yo en or avec lequel Ii petit
dauphin jouait au Temple. Le dernier cadeau de Napoléon à
SainteHélène à son fidèle Montholon. un splendide envoi du baron
Maurice de Rothschild le collier de Charles-Qulnt, et une adorable
Annonciation, bijou merveilleux, clou de l'Exposition, et dont les
lucides émaux ont l'éolat d'un vitrail de Bourges, et les vieux
bijoux de nos ancêtres.
Tout
cela, et bien d'autres choses encore. sans compter les calices
anciens, les croix ouvragées, les vieux reliquaires et une
orfèvrerie pleine d'histoire. Il y a là une
heure exquise à passer devant des choses artistiques, historiques et
très précieuses, reunies en une
Exposition unique et qu'on ne
reverra jamais plus. L'entrée est gratuite et l'Exposîtion durera
jusqu'au samedi 6 avril, de 10 heures du matin à 6 h. du soir.
Et c'est donc ce même Mr Camille Gronkowski qui publie aussi un article que reprend Mellerio
Là aussi, je crois bon de vous restituer le texte qui nous intéresse,
"Cette journée faste nous apporta encore une nouveauté qui vient de s'ajouter aux souvenirs de Marie Antoinette , de Louis XVI et du Dauphin. C'est un bracelet formé par une suite de Camées reliés par une monture de Rubis , La Reine le portait fréquemment et il est toujours resté dans la famille De Castelbajac"
Sur ses deux articles, Mr Camille Gronkowski ne cite pas Mellerio comme fabricant, mais on extrapole jusqu'à l affirmer.
Or si Louis XIII, XIV, XV, ont beaucoup aimé les Camées, j'aimerais qu'on me trouve un camée de Marie Antoinette, pour moi les camées, ce n'était pas son quatre heures, mais...je n'ai peut être pas les bonnes sources?
Si les historiens de la revue HISTORIA, pouvaient nous trouver le coffre fort ou il est enfermé ce bracelet...nul doute que les poinçons nous aideraient surtout que ce doivent être des poinçons de l'ancien régime, avant la révolution!
Le Couturier JC de Castelbajac pourrait il nous aider, je le lui ai demandé. Mais il y a de nombreuses branches...., famille extraordinaire d'ailleurs
Certains renchérissent.
Mellerio : « Mon joaillier Meller », disait Marie-Antoinette.
Article publié dans le magazine Histoire d'entreprises.
Même en le photographiant sur une copie d'un papier de 1781, cela ne donne pas de paternité a ce bracelet, la lettre patente du 17-3-1781 n'ayant rien à voir.
Ce qui est étonnant , à propos de l'article de Mr Gronkowski (qui ne dit pas que c'est Mellerio qui a fait ou vendu ce bracelet! ) c'est qu'en cherchant des articles de l'époque 1935 sur cette exposition, aucun (mais je n'ai peut être pas bien cherché), aucun ne parle du bracelet de Marie Antoinette ou Castelbajac, or cela aurait été un évènement!!!
J'en publie quelques uns
Ci dessous le texte concernant l expo dans le journal femme de France
Ci dessous , le journal Vogue de Mars 1935
visitant l'exposition et de gauche à droite, la Comtesse Charles-Louis de Vogué, Miss Ann Jephson, Mlle Floriane de Kergorlay, Mlle de Lévis Mirepoix, dans VOGUE 1935
Dans
la galerie accueillante et d'harmonieux esprit moderne de Mellerio
dits Meller, sous ce titre" L'Orfèvrerie et le Bijou
d'Autrefois ", une bien captivante rétrospective s'est ouverte
le mois dernier, organisée sous le plus brillant patronage, au
profit d'une œuvre du plus haut intérêt, L'Aide aux Enfants
Paralysés
Elle
nous a permis d'admirer un étonnant ensemble de pièces
d'orfèvrerie, de bijoux, de boîtes, de pendentifs, de colliers,
prêtés par des collectionneurs et dont l'attrait artistique se
doublait souvent d'un grand intérêt historique.
On
reconnaîtra, sur la page opposée, visitant l'exposition et de
gauche à droite, la Comtesse Charles-Louis de Vogué, Miss Ann
Jephson, Mlle Floriane de Kergorlay, Mlle de LévisMirepoix, et l'on
admirera quelques uns des joyaux parmi les plus remarqués : à
gauche, le grand collier de Charles-Quint, en or, somptueusement orné
de perles, de rubis, de brillants, avec son pendentif présentant une
femme assise sur un trône et portant deux enfants ; au-dessus un
pendentif du xvie siècle orné de rubis et de perles, tous deux de
la collection du baron Maurice de Rothschild ; tandis qu'au centre un
très beau collier en brillants à pampilles, d'époque Louis XIV,
fait partie de la collection du Marquis des Isnards, et qu'à droite
un charmant collier en or émaillé blanc avec petits rubis,
accompagné de son pendentif, appartient à Mme Lucien Sauphar. Le
diadème en émeraudes et brillants exécuté pour le mariage de la
Comtesse Lebzeltern, en 1824, est de la collection de la Princesse de
Robech, de même que le léger bouquet de corsage en turquoises et
brillants également reproduit ; la charmante broche aux trois
couleurs enfin, en émaux et turquoises, signé Mellerio, époque
1830, appartient à Mlle de Soubeyran.
Le Journal des Débats de 1935
Il y a donc des mystères dans l histoire des Mellerio.
J'ai d'ailleurs reçu le commentaire d'un grand antiquaire parisien en bijouterie joaillerie, son avis mérite d'être publié
"Mon sentiment est que ce bracelet date plutôt de la première moitié du
19e siècle que du 18e siècle...Il est raide et la facture n'est pas
digne d'un grand joaillier travaillant pour une commande royale ! Il me
semble qu'il s'agit de grenats plus que de rubis... Sinon, les camées
pourraient être de la fin du 18e (mais plus probablement de la première
moitié du 19e...) Les sujets des camées ne s'accordent guère au goût de
Marie-Antoinette..."
Je suis en accord avec lui sur les grenats et la datation.
Cet autre commentaire d un spécialiste des bijoux royaux
Si je vous ai bien lu, l'appartenance à la famille Castelbajac repose
sur l'affirmation d'un obscur journaliste de La Croix... Les
journalistes étaient-ils plus fiables jadis qu'ils ne le sont
aujourd'hui... ?Ce qui me surprend davantage encore, c'est que je n'ai jamais lu que
Marie-Antoinette avait compté parmi ses proches un/une Castelbajac. Or
ceux qui ont reçu des bijoux de sa part étaient ses intimes : sa soeur
Marie-Caroline ou la comtesse de Sutherland par exemple.
Pour le reste, le récit très "fleur bleue" d'une rencontre fortuite
entre le jeune et pauvre marchand et la puissante reine devant les
grilles de Versailles, me paraît correspondre à cette légende que les
Mellerio ont façonné très tôt pour asseoir leur notoriété. Je ne leur en
veux pas, car c'est de bonne guerre. Mais je ne tombe pas dans le piège
pour autant.
Au sujet de la différence entre les camées en pierre dure et les
camées "coquillage", je ne suis pas sûr de vous suivre. Je manque de
connaissances en la matière. Sans abuser de votre temps ou de votre
patience, puis-je vous demander de m'éclairer davantage ?
Bien à vous,
Camille Gronkowski, auteur de l article a été longtemps conservateur du petit Palais à Paris, il est mort en 1949, il a écrit de nombreux ouvrages dont:
Titre
Exposition Rétrospective: L'Orfèvrerie et le bijou d'autrefois .
Auteurs
Camille Gronkowski, H. R. H. Princess Isabelle Duchesse de Guise
Éditeur Galerie Mellerio, 1935 Longueur 65 pages
Je ferais un article sur les camées, très bientôt pour vous répondre.
Bonsoir Jean-Jacques,
J'admire vos qualités de chercheur. Je serais curieux de savoir comment vous avez découvert que le bracelet appartient aux Castelbajac.
Ainsi que vous l'avez peut-être remarqué, ce bracelet ne figure pas dans l'album dédié aux joyaux de la Couronne de France. Moi aussi, j'ai eu des doutes sur la certitude de sa provenance
Mais peut-être vos prochaines aventures me feront changer d'avis ! Je ne demande pas mieux, à vrai dire.