vendredi 11 novembre 2016

Joaillerie dite CHAUMET des origines à "l'Affaire": 1 ère époque : Les Nitot : 1780 à 1815

La Maison Chaumet peut-elle s'enorgueillir d'exister depuis 1780? Peut elle affirmer?
"C’est dans cette tradition que se distingue à la fin du XVIIIème siècle le fondateur de Chaumet, Marie-Etienne Nitot."
Non, il n'y a aucun lien entre M-E Nitot, les Fossin,  les Morel, et ce n'est que parce que Joseph Chaumet épouse la fille de son patron qu'il en vient à créer la saga Chaumet en 1875.



Chaumet Joaillier,

C'est une vielle Maison, plus de 250 ans , c'est pourtant une histoire qui a connu de nombreux épisodes, de nombreux rebondissements. 

Peu de textes, de grandes inconnues, à part la fin de l affaire familiale en 1987 et ses rebondissements juridiques.
Peut on dire comme le site internet de "Chaumet "l'affirme?: 
Joaillier parisien depuis 1780, Chaumet réalise au cœur de la place Vendôme des diadèmes, des pièces de haute joaillerie et des garde-temps d’exception.
Joseph Chaumet (par mariage) n'arrive qu'en 1885  chez Morel , et s'installe  place vendome en 1905 et il n'y a aucun lien de parenté entre Nitot, père et fils ou Fossin Père et fils, et Chaumet .Il était donc intéressant de démêler cet écheveau.



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Le premier de la Saga Chaumet est Marie Etienne Nitot, il naît le 2 avril 1750. Il fait son apprentissage chez Auber le Joaillier de Marie Antoinette.

Reçu Maître*,  c'est en 1780 qu'il ouvre  un petite bijouterie  Rue Saint Honoré. de l horlogerie, de la bijouterie mais pas de joaillerie. 
Pour se re-situer en 1780 le Marquis de La Fayette embarque pour les États Unis après avoir persuadé le Roi Louis XVI de fournir une aide militaire et financière  pour soutenir les troupes de Georges Washington. Louis XVI est encore puissant, mais va être affaibli en 1785 par l'affaire du collier de la Reine.
Pourtant, Marie Etienne Nitot va garder sa fidèle clientèle aristocratique jusqu'à la Révolution Française de 1789.  C'est quelques temps après que Nitot prend son envol .
* voir en fin d article



De la difficulté de dater les objets: Cette tabatière en or revendue par Christie's dont les experts ont relevé les marques présentes sur cette pièce.
Cette boite aurait été fabriquée par Adrien -jean-Maximilien Vachette (1779-1839; poinçons de la période 1798-1809 au titre de 20,5 carats gravée du nom du revendeur  avec un "N° 229 Etienne Nitot et fils Jouailliers bijoutiers de SM l'impératrice et Reine à Paris.)
Re poinçonnée plus tard après 1838, et le tout avec une miniature en émail de Jean Petitot à Paris circa 1670.



Nitot est signalé participer à l'inventaire des pierres et bijoux de la  Couronne 

Par les décrets des 26, 27 mai et 22 juin 1791 l'assemblée constituante décide de faire dresser l'inventaire des diamants et pierreries de la Couronne. L'inventaire compte 9 547 diamants, 506 perles, 230 rubis et spinelles, 71 topazes, 150 émeraudes, 35 saphirs et 19 pierres. Le prix des joyaux est estimé à 23, 922, 197 livres. Le "Régent" est estimé à 12 millions, le "bleu de France" à 3 millions, et le "Sancy " à 1 million. Marie Etienne Nitot fera partie du comité qui fera cet inventaire  qui sera déposé en 1793. 




Magasin de Nitot place du Carroussel

Il changea de domicile professionnel à plusieurs reprises,  il  se transporta place du Carrousel, n° 36. Sur la façade de l'établissement, on pouvait lire l'inscription suivante :


 « Boutique de M. Nitot, bijoutier-joaillier de sa Majesté l'impératrice. ›




Peu de bijoux de Nitot de cette époque subsistent , voici une tabatière rectangulaire avec sur le couvercle  un camée ovale réprésentant le Dieu Esculape que Joséphine de Beauharnais offrit à Jean Nicolas Corvisart médecin personnel de Napoléon Ier, le plus célèbre clinicien du premier Empire.
Musée : Rueil-Malmaison, châteaux de Malmaison et Bois-Préau

Nitot  s'établit aussi rue de Rivoli n° 2 et 4, puis, vers 1813, au n° 15 de la place Vendôme;



J ai eu du mal a trouver la preuve de son installation au 2 rue de Rivoli. La voici

Il se trouvait à l'emplacement actuel du CIC

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Sur cette vue "Aérienne" on peut distinguer 3 emplacements des magasins de Nitot
1: Place du Carrousel
2: Rue de Rivoli
3: place Vendôme

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Lors des travaux de la rue de Rivoli, certains immeubles furent réalignés, dont le N° 2 et 4 ou se trouvait Nitot .

Vever le considéra comme un des joailliers les plus importants du premier Empire .
Bonaparte voulait donner de l'éclat à son règne et lorsqu'il voulut se faire sacrer Empereur en 1804 , il décida (sur les conseils de Nitot) d'utiliser les pierreries de l' ancienne Couronne.

Lorsque Bonaparte prit le pouvoir , tous les diamants royaux confisqués par les révolutionnaires devinrent propriété de  l'état, mais petit à petit la presque totalité avaient servis de gage et étaient partis à l'etranger . Par exemple le célèbre "Regent"  servit de gage en 1796 à Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul, pour financer la campagne d'Italie.
Bonaparte fit rembourser toutes les avances d'argent consenties par les prêteurs sur cette merveilleuse collection. Tout n'était pas revenu et Bonaparte fit acheter des pierres en vue des cérémonies du sacre.

Germain Bapst dans le livre qu'il avait consacré  à l histoire du vol des diamants de la couronne  avait raconté comment les Voleurs les avaient dérobés  au Garde Meuble National, l'actuel Hôtel de la Marine place de la Concorde , certains joyaux comme le "Régent" avaient été cachés au domicile des voleurs et le reste enfouis dans les Champs.....Elysées qui n'étaient à l'époque qu'un terrain vague.




Une broche émeraudes et diamant de 1802 par Nitot revendue par Christie's dans son écrin rouge d'origine, écrin orné d'une couronne.
Massin qui tenait du petit fils de Salomon Halphen à l'époque associé de Nitot raconta comment Bonaparte fit connaissance de Etienne Nitot
" Un soir que Bonaparte se rendait au Théâtre-Français, les chevaux de sa voiture prirent peur, s'emportèrent et vinrent s'abattre rue St-Honoré, juste en face de la boutique de Nitot, lequel, voyant ce qui se passait, se précipita au secours du Premier Consul, le fit entrer chez lui et lui prodigua des soins dont le vainqueur et héros impassible de tant de batailles avait, paraît-il, grand besoin. Remis de la secousse éprouvée, Bonaparte remercia Nitot, promettant de se souvenir de lui, ce qu'il fit » Le 18 mai 1804, le Sénat offrait le titre d'empereur des Français au Premier Consul. Tout aussitôt on parla du Sacre, et Nitot, qui avait plus de titres à la gratitude de Napoléon que de connaissances en joaillerie, conçut néanmoins l'ambition de fournir les insignes du Sacre. C'est alors qu'il s'entendit
avec Salomon Halphen, joaillier négociant à Paris, dont l'expérience pouvait lui donner les moyens de réussir.




Palais des Tuileries avant d'être incendié en 1871 par 2 communards

Les deux associés arrêtèrent leur plan et se rendirent aux Tuileries, dont les portes s'ouvrirent toutes grandes au nom de Nitot."
"Voici nos solliciteurs en face du maître de l'Europe ! Nitot, balbutiant et tremblant, expose sa requête. Il demande tout simplement l'honneur de fournir les insignes impériaux.
A cette demande, l'Empereur, qui connaît Nitot et n'a qu'une confiance médiocre dans ses capacités artistiques, fait une moue un peu dédaigneuse, ce que voyant celui-ci s'enhardit.
Il présente alors son ami comme l'homme le plus entendu en joaillerie et prêt à le seconder dans la tâche à remplir. « Soit, dit alors l'Empereur, c'est accordé, seulement le temps presse, tu vas commencer immédiatement ! »"

L'affaire aurait pu capoter à cet instant  car Etienne Nitot n'avait pas les moyens de démarrer les travaux.
 “ Sire, nous voulons  bien, mais nous n'avons pas le sou. ”
L Empereur  n'hésita pas et  signa sur le champ l'ouverture d'un crédit de 2, 500,000 francs sur le Trésor, première avance sur des fournitures qui devaient s'élever de quinze à dix-huit millions.


L épée du Sacre avec sur la garde le "Régent"

Napoléon n'était pas sûr des capacités de Marie-Etienne Nitot pour mener à  bien ces commandes.
Mais en 1801 il lui avait pourtant confié la monture d'une épée ornées de diamants dont le Régent.
Cette épée fut réalisée par Nitot assisté de Odiot orfèvre et de Boutet de la manufacture d'armes de Versailles elle fut a cette époque le symbole du pouvoir Consulaire 
Portée par Napoléon lors de la cérémonie du sacre, le 2 décembre 1804, La poignée en jaspe et or est rehaussée de quarante-deux brillants dont le Régent, pierre de 136 carats. Les brillants sont remplacés par des pierres d'imitation en 1812, lorsqu'une nouvelle arme de cérémonie est réalisée avec ceux de l'épée consulaire. Malgré ce changement, elle reste l'un des objets intimement liés au pouvoir de Napoléon. Vever explique "que le fourreau est en écaille, avec un ornement d'or au tiers supérieur et à l'extrémité inférieure. La lame en acier, triangulaire et évidée à gouttière, porte la marque « Boutet,
manufacture à Versailles ». Elle est ornée, dans la partie qui avoisine la poignée, de damasquine représentant, en dessous, un trophée avec drapeaux, guirlandes, etc., et dessus, des rayons ou "gloires "



Grand Croix de la Légion d'honneur fabriquée par ME Nitot pour Napoléon


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Le 2 décembre 1804, Nitot, après avoir fourni l'épée consulaire , va livrer la Couronne créée pour le sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris le 2 décembre 1804
 C”est une pièce d'orfèvrerie un peu archaïque en forme 
de cercle d'où se détachent huit arcs qui se

rejoignent au sommet, sous un orbe surmonté de la croix. L'ensemble de la pièce est décoré de
pierres dures gravées et de camées pour lesquels, dit-on, Napoléon avait une véritable passion. Cette couronne dite « de Charlemagne ›› avait un rôle symbolique puisqu”elle devait établir le lien entre la monarchie nouvelle et l”Empire d'0ccident consacré par le pape Léon III.





Juste avant d'entrer dans la Cathédrale pour le couronnement, Napoléon porta à son coté ce Glaive  qu'il avait fait réaliser par Nitot . Ce glaive est chargé de symboles.


Glaive du Sacre de Napoléon 1811
Par François Régnault  Nitot

 

Pour le sacre du 2 décembre 1804 Napoléon avait commandé à Nitot, le diadème qui figure sur le tableau du couronnement de David.
Ce qu'on sait moins c'est qu'il en fit fabriquer un pour Joséphine , mais Vever le souligne dans son livre.


Celui ci est une copie exécutée plus tard par Bapst, et du Diadème de Napoléon  ne reste aujourd'hui qu'une feuille de Laurier.


Feuille de Laurier restant du Diadème de Napoléon



Napoléon a tenu à offrir au Souverain Pontife une tiare magnifique en remerciement de la bénédiction du Pape  à son sacre. Napoléon  charge Marie Etienne Nitot, assisté du ciseleur Auguste, de confectionner cette pièce que Nitot livrera à Rome en 1805. De cette collaboration, naît un objet d°art qui constitue encore aujourd'hui l'un des trésors pontificaux.
Un mot de Henri Auguste , fils du grand orfèvre Robert Joseph Auguste  créera le style Empire en matière d'orfèvrerie ,  témoin sa soupière d’argent celle qu’offrira la Ville de Paris à Napoléon, à l’occasion de son sacre.
"Auguste appliqua délibérément les techniques nouvelles. Il fut le premier à poser à froid, par écrous et vis, les « accompagnements » des pièces : anses, versoirs et becs. Ces procédés permettaient des amplifications dimensionnelles auxquelles ne pouvait songer l’orfèvre de tradition. Il put, de la sorte, réaliser des ouvrages tels que la toilette de l’impératrice et la garniture d’autel qu’offrit Napoléon à l’église de Saint-Denis en 1806. L’effet général en est solennel, mais les ornements appliqués sur le corps des pièces apparaissent comme étrangers." G.E. Larousse





Article de la Revue de l'Art Français paru en 1907 source BNF



Ce collier et boucles d'oreilles font partie d'une Parure de bijoux plus importante. On pense que l'empereur français Napoléon Bonaparte et son épouse Joséphine l'ont offerte à leur fille adoptive, Stéphanie de Beauharnais, sur son mariage arrangé à l'héritier du grand-duc de Baden en 1806. Fabriqué par Nitot & Fils,  Les grosses pierres et la simplicité de la conception sont typiques de bijoux favorisée à la cour de Napoléon. Les gouttes d'émeraude à l'arrière du collier peuvent être détachées et portées comme des boucles d'oreilles.Elle ont été fabriquée plus tard (V& A muséum de Londres)




Nommé en 1807 Joaillier de l Impératrice Joséphine, Nitot père et fils  lui fournissent une parure de diamants et en 1809 une parure de Rubis et diamants et ce Diadème fut fourni à Joséphine par Nitot
"actuellement dans la collection de la maison Chaumet"

A ce titre de Joaillier de l'impératrice , Etienne Nitot fut sollicité pour choisir des Camées Antique pour l 'Impératrice en 1808, 
Tiré d' un livre de 1838 :Histoire du cabinet des médailles, antiques et pierres gravées : avec une notice sur la Bibliothèque royale, et une description des objets exposés dans cet établissement / par Marion Du Mersan,...qui nous expose:

1808.

Napoléon eut à cette époque la fantaisie de faire présent à l'impératrice Joséphine, qui aimait beaucoup les pierres gravées d'une parure de ce genre. En effet, d'après l'ordre de l'empereur, le maréchal Duroc et M. Nitot, joaillier de la couronne, se présentèrent au Cabinet, en mars 1808, pour choisir parmi les camées et les intailles les pierres qui pouvaient orner un diadème, un collier, une ceinture et des bracelets. Ils emportèrent quarante-six camées et trente-six intailles; en tout quatre vingt-deux pierres, parmi lesquelles il s'en trouvait des plus intéressantes pour la science et pour l'art, entre autres le Mécène de Divscoride  et Ménèlas relevant le corps de Patrocle 


Le "Menelas" est toujours au Cabinet des Médailles en 2016

.Les intailles. étaient assurément peu convenables pour l'usage qu'on voulait en faire. Au surplus, ces pierres ne furent point employées ; elles restèrent au Garde-Meubles , et lors de la restauration , furent inventoriées avec les objets du domaine.
Après de nombreuses réclamations, qui restèrent longtemps inutile
Ces pierres enfin restituées au Cabinet le 28 août I832, d'après la loi du 2 mars de la même année sur la liste civile ; mais vingt-quatre charmants camées représentant des sujets ne furent pas retrouvés, et on ignore complètement ce qu'ils peuvent être devenus.



Sa réputation dépasse les frontières de la France et secondé par son fils François Régnault Nitot, il  va fournir a partir d'un dessin de Percier la Couronne de Maximilien 1er Roi de Bavière.



Photo de Jebulon sur Wikipédia

La couronne des Reines de Bavière, par Marie-Étienne Nitot (1750-1809), joaillier, Jean-Baptiste Leblond et Martin Guillaume Biennais  (1764 - 1843), orfèvres. Paris, 1806-1807, modifiée en 1867. Schatzkammer, Residenz, Munich, Bavière, Allemagne. 

L impératrice Joséphine fit la fortune des "Jouailliers" de l époque  et d'après la Revue de la Bijouterie Orfèvrerie Joaillerie:
Les dettes s'augmentèrent si vite et si bien que l'Empereur fut obligé, de temps en temps, de combler le déficit. A une de ces liquidations de dettes, il fallut débourser à peu près trois millions et demi.
« Ce chiffre serait inexplicable, même avec la prodigalité la plus folle, dit M. Frédéric Masson 1, si les bijoutiers ne figuraient pas dans le compte de la Toilette : les bijoux achetés représentent, dans les dépenses acquittées par Joséphine, 1.625.644 francs 60 centimes — près de la moitié — et autant dans les dettes payées par l'Empereur. Tous les grands bijoutiers de Paris — et même d'ailleurs — ont cette étonnante cliente : Biennais, Depresle, Friese, Marguerite, Foncier, Fister, Nitot, Pitaux, Cablat, Belhate, Perret, Tourner, Messin, les frères Marx, Conrado, Hollander, Lelong, Meller, Mellerio-Meller et les horlogers Bréguet, Lépine et Mugner, et Capperone et Teibaker, marchands de camées, et Oliva et Scotto, marchands de coraux ! »

En 1809, Marie-Etienne Nitot décède. Son fils François-Regnault, s'installe 15 place Vendôme en 1812. Ils étaient installés avant, au 4 rue de Rivoli.






Le 15 place Vendôme, plus tard fut  transformé en hôtel de voyageurs en 1897-1898 par l'architecte Charles Mewes pour César Ritz, son nom actuel est hôtel Ritz, Paris.

1808: ce n'était pas toujours facile d'être payé!!! ci dessous cette lettre savoureuse.
Note de portraits faits par le s. Isabey à l'époque du mariage de S. A. I. Madame la princesse Stéphanie-Napoléon de Bade.
Savoir :
En mars 1806 : un portrait de Sa Majesté l'Impératrice et Reine pour le vice-roi d'Italie 600 fr. 
En mars 1806 : un de Sa Majesté l'Empereur pour la princesse Augusta 600 
En avril 1806 : un portrait de la princesse Stéphanie pour la tabatière du prince de Bade ... 600 — Un portrait du prince de Bade pour la Margrave ... 600 
Un portrait de la princesse de Bade pour la Margrave . 600
Total ..... 3,000 fr.
N'ayant point porté ces portraits sur les notes des bijoux où ils ont été employés et ces mémoircs étant soldés, il nous est impossible de revenir sur cet objet et de payer à M. Isabey la somme qu'il réclame et que nous n'avons point reçue.

A Paris, le 5 janvier 1808.

Ou encore

Ce 3 mai 1808. adressé a Monsieur Isabey, peintre,
Monsieur,
Vous nous feriez assigner encore une fois que nous ne pourrions vous répondre que ce que nous avons eu l'honneur de vous dire, savoir que nous avons monté tous les portraits portés sur votre note de mars et avril 1806; que les bijoux sur lesquels ils étaient ont été fournis par nous pour Sa Majesté l'Empereur; mais que n'ayant pas été prévenus que nous devions les comprendre dans nos mémoires, nous n'en avons pas touché le montant et ne pouvons par conséquent pas vous payer. Quant à la manière dont nous étaient commandés ces objets à cette époque, nous vous dirons, et vous le savez comme nous, que jamais nous n'avons reçu d'ordres par écrit. Quelquefois Sa Majesté l'Impératrice, de la part de l'Empereur, faisait l'honneur à notre sieur Regnault Nitot de lui dire : « Vous ferez un bijou de tel prix, M. Isabey vous remettra le portrait; ou vous demanderez tel ou tel portrait à M. Isabey. » Et, pour assurer que ces bijoux et ces portraits ont été réellement livrés, nous pouvons, quand vous l'exigerez, vous montrer nos livres portant les mêmes portraits que vous énoncez, et on verra par notre déclaration que ces portraits ont été livrés, mais n'ont pas été compris dans les payements qu'on nous a faits.
Nous avons l'honneur d'être, Monsieur, vos très humbles serviteurs.
M .-E. NITOT et fils.
NITOT et fils.



Tabatière de présentation en or de deux couleurs et émail, fabriquée par Etienne-Lucien Blerzy, pour Nitot Paris, 1806-1808, sertie d'une miniature du général Rivaud de la Raffinière, vers 1825
,
Napoléon n'avait pas d'héritier, dès 1808 il évoquait le divorce d 'avec l impératrice.
Octobre 1808, à Erfurt, Napoléon Ier évoqua son divorce avec Talleyrand. : « Ma destinée l'exige et la tranquillité de la France me le demande. Je n'ai point de successeur. Joseph n'est rien, et il n'a que des filles. C'est moi qui dois fonder une dynastie ; je ne puis la fonder qu'en m'alliant à une princesse qui appartienne à une des grandes maisons régnantes de l'Europe. L'empereur Alexandre a des soeurs il y en a une dont l'âge me convient. Parlez de cela à Romanzoff ; dites-lui que dès que je suis débarassé de  mon affaire d'Espagne  j'entrerai dans toutes ses vues pour le partage de la Turquie, et les autres arguments ne vous manqueront pas ; car je sais que vous êtes partisan du divorce ; l'impératrice Joséphine le croit aussi, je vous en avertis. » [Mémoires du Prince de Talleyrand, ]
Le 22 novembre 1809, Napoléon Ier dicta à Champagny une lettre pour Caulaincourt, qu'il chargeait d'évoquer avec Alexandre Ier un mariage entre Napoléon Ier et l'archiduchesse Anne, alors âgée de 14 ans.
Le 11 mars 1810, l'archiduchesse Marie-Louise épousa Napoléon Ier par procuration, l'archiduc Charles représentant Napoléon. 



1809:  Parure fabriquée par François Regnault Nitot composée d'un collier, d'une paire de bracelets et de boucles d'oreilles ; offert par Napoléon Ier à l'archiduchesse Marie Louise comme présent de mariage 28 février 1810.







Cette tabatière revendue par Christie's est datée 1810 environ, , c'est une date moyenne qu'attribue les experts en rapport avec la carrière des Nitot. C'est donc plus ou moins 1810 .....sauf...si on peut se référer à certains ouvrages , vous trouverez en fin de ce chapitre des inventaires , il faudrait en trouver d'autres.
Christie's attribue a Nitot et fils cette tabatière et comme sous traitant de Nitot, Etiénne Lucien Blerzy aux environs de 1810.
De forme Ovale la base et les côtés sont finement peints des paysages en émail , le couvercle finement ciselé avec Anthemia et acanthe, avec le monogramme sertie de diamants ML, les bords en émail bleu sont marqués à l' intérieur de la base, la couverture, le côté, et la lunette; la lunette extérieure avec décharge et gravé Etienne Nitot et Fils "Jouailliers "Bijoutiers ordinaires de Sa Majesté l'impératrice et Reine, à Paris





Cette boite or est au Victoria & Albert muséum, Napoléon connaissait la valeur politique d'une cour brillante.
Le don d'une boîte de tabac à priser comme une marque de faveur est devenu aussi naturel pour lui qu'il l'avait été pour les rois de France.





Rare montre de présent au monogramme de Caroline Murat, reine de Naples et sœur de l’empereur Napoléon Ier.
Monogramme « C » couronné en perles, entouré de lauriers sur fond émaillé vert, intérieur de la couronne émaillé rouge ; au revers, sous un verre cerclé d’or et de perles, on découvre un cadran émaillé à chiffre arabes avec mouvement à coq signé Le Roy.

Ce modèle de montres, de Nitot et fils, eut les faveurs de l’empereur Napoléon Ier et de l’impératrice Marie-Louise. Le 4 septembre 1811 : « Vingt-six petites montres de col divers, en or émaillé, avec entourages, chiffres, emblèmes superbes et accompagnées de leurs chaînes et clefs » furent commandées au célèbre joaillier par l’empereur.
En 1810, François Regnault Nitot, reçoit la plupart des commandes officielles, il va donc devoir faire sous traiter avec d'autres Joailliers de la place. Napoléon épouse Marie-Louise. Une nouvelle impératrice pour qui Nitot fils réalise quelques-unes des plus belles parures telles qu'un assemblage de diamants et émeraudes ou les célèbres bracelets acrostiches.




Diadème de l Impératrice Marie Louise

Créé en 1810 par François-Regnault Nitot, cadeau de mariage de Napoléon à Marie-Louise d'Autriche.
Il fait partie d'une parure complète comprenant également un collier, des boucles d'oreilles et un peigne.
Après la chute de Napoléon, Marie-Louise retourne à Vienne avec ses bijoux. Le diadème (et le reste de la parure) reste dans la famille Habsbourg jusqu'en 1953, quand Van Cleef & Arpels achète le diadème, remplace les 79 émeraudes par des turquoises et le vend à Marjorie Merriweather Post (riche héritière américaine et philanthrope). qui en fera don à la smithsoniam institute de Washington.






Cette parure de 1810 en Diamants et émeraudes présente une qualité caractéristique de la période.
l’Impératrice ayant quitté Paris le 29 mars 1814, elle léguera cette parure d’émeraudes à sa tante du côté des Habsbourg, l’archiduchesse Élise. En 1953, les descendants la céderont à Van Cleef & Arpels.







1810 Composée d'un collier, d'une paire de bracelets et de boucles d'oreilles ; offert par Napoléon Ier à l'archiduchesse Marie Louise comme présent de mariage 28 février 1810) ; F-R Nitot Photo RMN






1810 Insigne des dignitaires de la Couronne de fer par FR Nitot






1811: Diadème "épis de blé balayés par le vent "de l'impératrice Marie-Louise - diamants, or et argent (c.  par Nitot - coll. Chaumet) 



En 1811 Napoléon voulut détruire l' épée du sacre et c'est Vever à nouveau qui nous explique ce qu'elle devint:

"Quoi qu'il en soit, pour ce qui concerne l'épée, Napoléon ordonna en 1811 qu'elle fût démontée et que le Régent, ainsi que les autres diamants qui l'enrichissaient, fussent employés pour faire un nouveau glaive.

C'est alors que F.-R. Nitot fils, successeur d'Étienne Nitot, qui était mort en 1809, demanda et obtint de conserver cette épée, au lieu de la détruire, et qu'il remplaça les pierres fines par des imitations. Un procès-verbal du 15 juin 1812 constate la remise qui en fut faite au joaillier, pour la valeur de

l'or à fondre, soit 900 francs, que l'on porta en déduction sur la facture de 82.910 francs, dont il est question plus loin.



F.-R. Nitot fit un coffret en cristal, surmonté d'un aigle ciselé, et y déposa précieusement, sur un fond de velours rouge, l'épée nue à côté de son fourreau. L'inscription suivante y fut inscrite en lettres d'or:

ÉPÉE DU PREMIER CONSUL BONAPARTE
CONSACRÉE PAR S. S. PIE VII
AU COURONNEMENT DE L'EMPEREUR NAPOLÉON
II DÉCEMBRE M.D.CCC.IV
HOMMAGE AU TOMBEAU DE L'EMPEREUR
F. Regnault-Nitot, 1852.

D'après la dernière ligne de cette inscription, Nitot fils désirait que l'épée du Sacre fût placée aux Invalides, à côté du tombeau de l'empereur, et c'est dans ce but qu'il avait composé son coffret un peu en forme de cénotaphe; les parois de cristal permettaient de voir facilement le contenu, comme dans une vitrine. Il se proposait d'offrir cette précieuse relique à l'état, lorsqu'il mourut, en 1853. Son fils, le général Nitot, respectueux des intentions de son père, fit les démarches nécessaires pour que l'épée fût enfin déposée au tombeau de Napoléon, mais on lui objecta qu'il y avait déjà l'épée d'Austerlitz et qu'on ne pouvait accepter son présent que pour le musée des Souverains. Il la conserva donc, et lorsqu'à son tour il mourut, son fils, le lieutenant-colonel Nitot, de qui je tiens tous ces détails, écrivit au Président de la République, alors Jules Grévy, pour offrir encore l'épée dans les mêmes conditions; mais sa lettre resta sans réponse. 

La Régente

Elle pèse 337 grains, elle fut achetée par Napoléon à Nitot, en 1811 pour le prix  de 40.000frs, pour la faire monter sur un des diadèmes de l'impératrice Marie Louise.et c'est l administration des domaines qui lui donna ce nom par ignorance, nom de "Régente " qu'elle n'avait jamais portée. La perle resta dans les joyaux de la couronne et Napoléon III la fit remonter par Lemonnier à l occasion du mariage de l'impératrice  Eugénie.
la perle fut vendue en 1887  en mai 1887, à Pierre Karl Fabergé (joaillier de la Couronne de Russie) Fabergé la vendra au prince Nicolas Borisovitch Youssoupoff, à la révolution Russe, la trace de la perle sera perdue. Elle réapparaîtra, le 12 -5-1988 chez Christie's puis dans une autre vente en 2005 



Wikipedia, photo de Cliff



1811: Ce collier  fut un cadeau de l'empereur Napoléon Ier à sa seconde épouse, Marie-Louise, pour célébrer la naissance de son fils Napoléon II, l'empereur de Rome en 1811. Le collier en argent et en or, conçu par Etienne Nitot et Fils De Paris a été achevée en 1811 et se compose de 234 diamants: 28 diamants ovales et coussins, suspendus à une frange de 19 diamants taille  briolettes poire et ovale et accentués par de petits diamants ronds et motifs de diamants. Les diamants sont taillés en taille ancienne. Le collier a un poids total estimé à 263 carats, le plus grand diamant unique pesant environ 10,4 carats. Lorsque Marie-Louise mourut en 1847, le collier fut confié à sa belle-sœur, l'archiduchesse Sophie d'Autriche, qui enleva deux pierres pour raccourcir le collier. Des boucles d'oreilles ont été faites avec les deux pierres retirées. En 1872, le collier a été légué au fils de l'archiduchesse, l'archiduc Karl Ludwig d'Autriche. En 1948, le petit-fils de l'archiduc Ludwig, le prince Franz Joseph du Liechtenstein, vendit le collier à un collectionneur français qui le vendit ensuite à Harry Winston en 1960. Marjorie Merriweather Post obtint le collier de Winston et le remit à Smithsonian Institution en 1962.








Montre de Col de Marie Louise par F-R Nitot






"Nitot fut également chargé d'exécuter, pour l'impératrice, une parure composée d'une collection

de gros rubis entourés de diamants et reliés entre eux par des motifs de joaillerie ; cette parure comprenait un collier, un peigne, une coiffure, un diadème, des pendants d'oreilles, une ceinture et une paire de bracelets, car la mode exigeait alors qu'on portât un bracelet identique à chaque bras ; cet usage fut suivi sous les régimes successifs par les souveraines et les princesses, jusqu'en 1870. " Vever.


Couronne Impériale et parure rubis diamants
éxécutées par FR Nitot pour l'Impératrice Marie Louise




1813 Marie et Elisa Bonaparte par Nitot



Après la chute de l'empereur en 1815, François Régnault Nitot, fidèle bonapartiste préfère se retirer. Il s'installe dans le château d'Echarcon avec son épouse et devient maire. « Il a refait des routes, croit savoir son successeur actuel. En tout cas, les habitants ont demandé qu'il soit enterré sur la commune. Ce qui n'était pas prévu ». Et de faire référence à une note datant de sa mort en 1853. « Il sut toujours nous donner des avis salutaires. Il prêtait son appui aux faibles et le pauvre trouva dans son inépuisable charité un soulagement à ses misères [...] C'est pour ces motifs que nous osons supplier sa famille de bien vouloir permettre que ses restes reposent au milieu des habitants d'Echarcon ».




Sur ce portrait de la Reine Hortense (Mere du futur Napoléon III) conservé au Château de la Malmaison, figure une parure fabriquée par Francois Régnault Nitot.

François-Régnault Nitot avait fait fortune , il confia la direction de sa maison à son Chef d'atelier Jean Baptiste Fossin.

Son fils Jean Etienne Régnault Nitot, lui succéda  a sa mort à la Mairie d'Echarcon, il obtint la légion d'Honneur.





Pourquoi un dossier reconstitué et aussi succinct ? En 1870 les "communards" avaient mis le feu à l Hôtel de la Légion d'honneur. Donc nombre de dossiers ont disparu et reconstitué plus tard , mais de manière incomplète.


Marie- Etienne Nitot, dont la famille était originaire des environs de Château-Thierry, était né à Paris le 2 avril 1750; il y mourut le 9 septembre 1809.
C'est l'un  de ses quatre fils, qui était déjà son associé: François-Regnault Nitot, né à Paris en 1779 qui lui succède.
Ce dernier mourut le 19 janvier 1853, 15 place Vendôme, laissant une fille, devenue comtesse Treilhard, et cinq fils; l'un d'eux épousa Mlle Baurain, dont les parents étaient dans le commerce de
la joaillerie. Un autre, Ferdinand, devint général sous Napoléon III et mourut en 1888. Son fils, le lieutenant-colonel Edgar Nitot, après s'être engagé à dix-sept ans, prit une part glorieuse à la célèbre charge des cuirassiers à Rezonville.


Tableau de Trego

Tandis que Nitot s'illustrait dans la joaillerie, un de ses proches parents, frère ou cousin, remportait des succès d'artiste comme chanteur à l'Opéra sous le nom de Dufrène, et comme graveur, en reproduisant au trait l'oeuvre de Flaxman. Ce Nitot-Dufrène était aussi grand amateur de belles gravures il en avait réuni une collection remarquable qu'il céda à un Russe, en 1813, pour 80.000 francs. Il se fixa ensuite aux environs de Bordeaux, où il mourut vers 182).
Le nom de Nitot a été donné à une des rues de Paris (quartier de Chaillot), située à l'emplacement où se trouvait la propriété du célèbre joaillier.





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Chaumet  n'arrive qu'en 1885 comme chef d'atelier




Pour avoir un "petit aperçu des dépenses de Napoléon en Bijoux et Joyaux, je vous livre une petite partie de ce que Nitot Père et Fils  ont livré de par les commandes de l'empereur.
Tiré d'un livre de 360 pages de Mr Maze-Sencier sur les dépenses de l empereur, vous verrez que ce fut une époque extra-ordinaire pour les Nitot.

Le 12 mai 1806, nous l'avons dit plus haut, l'Empereur avait arrêté qu'il ne serait plus fait de présents en diamants et qu'on s'en tiendrait aux produits des manufactures françaises. Dès la même année,
nous voyons le souverain changer d'avis et ordonner la confection de cent tabatières d'or, enrichies de brillants, quelques-unes, le quart environ, avec portrait. Cette dépense s'éleva, en totalité, à 380,688 fr.
L'année suivante, 1807, le grand maréchal du palais, Duroc, transmit à l'intendant général de la maison de l'Empereur (Daru) une pareille commande, sur les mêmes bases. Elle fut exécutée
par les joailliers MARGUERITE et NITOT ET FILS. MARGUERITE, pour cinquante tabatières, reçut 182,375fr. — NITOT ET FILS, par suite d'un petit changement, livrèrent quarante-deux tabatières et douze bagues, pour 184,391 fr. — Vingt-cinq petits portraits (à 600 fr. l'un) coûtèrent 15,00.0 fr. — Total: 381,766 fr. (.Arch. nat. 0230.)
Le 12 septembre 1807, M. Desmaisons écrit au grand maréchal : « D'après vos ordres, j'ai dit aux fournisseurs qu'ils seraient payés au furet à mesure de leurs livraisons, afin d'activer leur zèle. J'ai fait déposerau trésor de la Couronne onze boîtes enrichies de brillants faites par MM. Nitot.
« Il y en a quatre à portraits dans les prix de 10,000 et de 6,000 fr. ; deux à cercles et chiffresd'environ 6,000fr. et cinq d'environ 3,000fr.; mais je n'ai rien pu encore obtenir des portraits de M. Isabey;les boîtes les attendent.
cr J'ai bien d'autres peintres, mais comment leur demander des ressemblances, sans séance ?
Les autres peintres en question figurent dans un mémoire du 2 février 1808 où sont mentionnés les artistes suivants:
SAINT, sept portraits à 600 fr.4,200 francs.
NITOT,deux — — 1,.),
AUBRY,deux — — 1,200—
GAUCI, quatre — — 2,400—.
MIMERET,deux- — 1,200—
PROSPER,UN — — 600—
QUAGLIA,un — — 600—.
(Arch. nat. 0930.)

Enfin une nouvelle commande de cent tabatières eut lieu le 6 décembre 1807, comme on le voit par ce passage d'une lettre de M. Desmaisons à l'intendant général de la Maison de l'Empereur:
« A propos de l'urgence du besoin de son exécution, et avec l'agrément de M. le Les bijoux offerts par l'Empereur à Marie-Louise méritent d'être cités. Nous avons déjà parlé du fameux médaillon renfermant le portrait de l'Empereur, et pour lequel un budget de 175,000 fr. avait été établi. Le portrait était bordé d'un cercle de douze gros brillants, et le médaillon renfermé dans un riche écrin aux armes impériales.
En plus de ce bijou, coté par Nitot et fils 174,809 fr., les célèbres joailliers fournirent encore:
Une parure d'émeraudes, entourées de brillants, de 289,863 fr. ;
Une parure d'opales, aussi entourées de brillants, de 275,953 fr. ;
Puis diverses parures et une série de bijoux de moindre importance, s'élevant à 55,447 fr.
Entrons dans quelques détails sur ces merveilleux bijoux: Parure d'émeraudes entourées de brillants, composée du diadème, d'un collier, de boucles d'oreilles et d'un peigne.
Le diadème. Il est formé de vingt-deux émeraudes valant ensemble 42,500 fr.; de cinquante-sept petites émeraudes estimées 1,365 fr. et de neuf cent cinquante-trois brillants prisés 100,569 fr.
Le collier se compose de trente émeraudes valant 40,900 fr. ; de onze cent trente-huit brillants et de deux cent soixante-quatre roses de Hollande, à 1 fr. 50 pièce: 57,221 fr. Les boucles d'oreilles sont formées de six émeraudes, dont deux de 44 karats : 10,000 fr.; de soixante brillants et de quarante-huit roses de Hollande à 1 fr. 50 la pièce: 15,987 fr.
Le peigne comprend: l'émeraude du milieu, pesant 77 grains, 5,000 fr. ; deux émeraudes en losange, 3,500 fr. et 3,000 fr.; deux émeraudes ovales, 1,600 fr. ; — dix-huit plus petites, 468 fr. 75 ;
je la divisai entre MM. Nitot et Marguerite.

« M. Nitot n'a point fourni la totalité de cinquante boîtes dont il avait été chargé. Dans le cours de l'exécution, M. le grand maréchal m'écrivit que l'intention de S. M. était que l'on fabriquât quelques
bagues sans augmenter la dépense; en conséquence, je fis convertir le prix de huit tabatières en douze bagues qui ont été livrées.
« Indépendamment de ces cent tabatières, j'ai été chargé de faire exécuter quatre bagues riches pour les évêques assistant au mariage du prince Jérôme. » (Arch. nat. 0'30.)— deux cent vingt-six brillants, 11,586 fr. ; - quatre roses de Hollande à 1 fr. 50 pièce. La façon du peigne est de 750 fr. et l'écrin, pour renfermer toute la parure, de 100 fr.
Parure d'opales entourées de brillants, composée d'un diadème, d'un collier à quadrilles et chatons, d'une paire de boucles d'oreilles et d'un peigne.
Le diadème compte quarante-quatre opales, celle du milieu valant 10,000 fr., et mille cinquante-trois brillants.
Le collier réunit cinquante opales, prisées 47,860 fr., celle du milieu valant 10,000 fr., et l'opale de dessous 8,000 fr. ; trois cent quatre vingt-quatre brillants, 39.388 fr.
Les boucles d'oreilles comprennent: une opale de 9,000 fr.; - deux opales ovales, à 4,000 fr. la pièce; — deux autres à 2,000 fr. ;— quatre opales moyennes à 300 fr.; — puis, deux cent quarante quatre brillants, 9,813 fr. ; - onze roses de Hollande à 1 fr. 50, et la façon, 750 fr.
Parmi les divers autresobjets nous remarquons: Deux bourses, en perles d'or et d'émail, 750 fr.
Un écrin en velours vert orné de divers bas-reliefs et parsemé d'abeilles ciselées en vermeil, garni de caissons en velours blanc, le tout très soigné et renfermé dans un coffre en bois, 7,700 fr. (Arch.Nat. 0233.)
Des tabatières d'or ciselé, guilloché, d'une valeur moyenne de 470 fr., renfermant des napoléons d'or, sont envoyées à quatorze employés autrichiens qui ont donné des soins aux militaires français,restés malades à Vienne. M. Ernest Collet, commissaire des hôpitaux français, à Vienne, reçoit une tabatière d'or, ciselée, émaillée, ornée d'un camée à trois couches, représentant un buste de Sapho entouré de vingt brillants, cotée 3,373 fr. Une autre tabatière de même travail estimée 2,961 fr. est remise àM. Jean Nikel, chirurgien-major des hôpitaux français, à Vienne. La boîte est surmontée d'un camée à trois couches, figurant un buste de Minerve, entouré de vingt brillants.

Cette fourniture, faite par NITOT ET FILS, s'élève pour les boîtes seules, c'est-à-dire sans les pièces d'or, à 12,902 fr.
La mission du prince de Neufchâtel avait coûté 395,512 fr.

Les bijoux distribués aux officiers et aux dames du palais de l'Empereur d'Autriche, aux diplomates, aux membres de sa famille et aux personnes de son entourage, étaient fournis, comme les précédents,
par les célèbres bijoutiers-joailliers NITOT ET FILS. Leurs mémoires nous renseignent sur la nature et le prix de ces bijoux; par malheur, les destinataires ne sont presque jamais indiqués. Quoi qu'il en soit, voici un aperçu de ces dons si enviés:
Sept tabatières d'or, enrichies du chiffre en brillant, de l'Empereur (N), valant chacune de 1,869 fr. à 2,556 fr. — Sept tabatières avec cercle et chiffre en brillants, 58,961 fr. — Une autre, de même genre, offrant de plus gros diamants, 29,546 fr. — Vingt-cinq parures diverses, savoir: deux parures en rubis d'Orient et brillants, composées chacune d'un collier, d'un peigne et d'une paire de boucles d'oreilles, 35,577 fr. — Un parure en perles d'Orient (collier, peigne et boucles d'oreilles), 15,940 fr. Une autre, en rubis du Brésil et brillants, 5,952 fr. — Une autre, en opales et brillants, le collier qu'ils furent distribués à Vienne et à Braunau aux personnages de la cour d'Autriche.
Deux-parures en rubis du Brésil et perles, 3,900 fr. — Une autre. en gypse et perles, 2,400 fr. — Deux autres, en agates arborisées et perles, 4.000 fr. — Une autre, en grenats et perles, 1,500 fr. — Une parure, en topaze du Brésil et perles, 1,800 fr. — Une autre, en péridots et perles, 2,200 fr. — Une autre, en mosaïques, '1,000 fr. —
Deux parures en cornalines brûlées, gravées en creux, 2,300 fr.
Deux paires de boucles d'oreilles en brillants, 3,850 fr. —
Une paire de boucles d'oreilles, dites girandoles, 1,267 fr. —
Une autre, à lustre, 1,920 fr.
Vingt-huit tababières d'or, ciselées, guillochées, quelques-unes émaillées de divers prix, depuis 350 fr.jusqu'à 839 fr.
Une boîte à cure-dents, 175 fr. — Une bague de sept brillants (dont un de 1,600 fr.), 5,342.— Une autre, de cinq brillants, 4,571 fr.
Un demi-jonc contenant sept brillants, 2,273 fr. — Deux bagues, d'une opale, entourées de brillants, 2,200 fr. — Une bague, d'une turquoise, entourée de brillants, 960 fr.  Six montres à répétition, avec clé, chaîne et cachet en or, 3,650 fr.— Total: 262,454 fr. (Arch. nat. 0229.)

10 mars 1810.— Livraison de sept riches tabatières,ornées du chiffre ou du portrait de l'Empereur, 60,467 fr. — L'une de ces boîtes, avec le portrait de Napoléon, dans un cercle de vingt-quatre brillants, est cotée 20,274 fr. — Une autre boîte de 7,920 fr. offre à la fois le portrait de l'Empereur, le chiffre (N) et les abeilles émaillées.
25avril 1810.— Lors dela remise, à Braunau,les bijoux destinés en présents étant insuffisants, le prince de Neufchâtel recourut aux dames françaises qui lui cédèrent trois parures dont le remboursement se fit ainsi: à la duchesse de Bassano, pour un collier, une paire de
 boucles d'oreilles et un peigne en émeraudes, entourées de diamants, 15,000 fr.; pour douze épis, 16,000 fr. Total: 31,000fr.
A la duchesse de Montebello, pour douze épis en diamants, 16,000 fr. (Arch. nat. 0250*.)

30juin.18'10. Servicedesprésents. —

Une tabatière d'or,émaillée, enrichie.de vingt-huit brillants et du portrait de l'Empereur, 13,824 fr. - Cinq autres tabatières de même genre, ornées chacune de vingt-huit à quarante brillants, avec le portrait de l'Empereur (payé à l'artiste 600 fr.), 46,135 fr.
Une note signée du grand chambellan, comte de Monstesquiou avec pendeloques, 15,588 fr. — Une parure en rubis d'Orient (collier et boucles d'oreilles), 6,200 fr. Une parure, composée des mêmes pièces, en améthystes et brillants, 4,400 fr. — Une parure en chrysoprases et brillants (collier, boucles d'oreilles et peigne), 5,500 fr. —
Deux parures en améthystes et perles, dont une avec bracelet, 3,000 fr. — Deux parures, en or émaillé et perles, 2,000 fr. ?
Deux autres, en émeraudes et perles, 3,900 fr.

28 février 1810. — Fourniture de NITOT ET FILS. — Service des présents)-Le mémoire s'élève à 262,454 francs. Où allèrent ces riches bijoux? Nous ne saurions le dire avec certitude;
La délivrance de Marie-Louise et le baptême du Roi de Rome donnèrent naissance à une immense distribution de cadeaux en tous genres, dont nous allons parler avec quelques détails. Commençons
par l'Impératrice. L'Empereur lui offrit un collier de brillants enrichi de pendeloques et briolettes, payé à Nitot et fils 376,275 fr. —
La duchesse de Montebello, dame d'honneur, reçut des diamants, pour la somme de 30,000 fr.; — la comtesse de Luçay, dame d'atours, le portrait de l'Impératrice, en médaillon, 10,000 fr.; — le baron Corvisart, premier médecin de l'Empereur, une gratification de 20,000 fr.; -

6 juillet 1811. Fourniture de NITOT ET FILS s'élevant à 219,996 fr.—
Deux parures en rubis du Brésil et brillants, composées chacune d'un peigne, d'un collier et d'une paire de boucles d'oreilles, 39,162 fr.
Deux parures d'émeraudes et brillants, 41,151 fr. — Les quatre autres parures, de rubis balais, de chrysoprases, d'améthystes et d'opales, mêlés de brillants, 79,088 fr. —
Douze épis en brillants, 12,043 fr. - Un collier de chatons en brillants, 48,550 fr.
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 460,000 fr. que le budget du 20 mai 1811 met à notre disposition pour les dépenses qui pourraient avoir lieu à l'occasion du baptême du Roi de Rome.
« Le comte DE MONTESQUIOU. »

21 janvier 1812. [Service des présents). Livraison de NITOT ET FILS.
Un bracelet composé d'un diamant recouvrant des cheveux du Roi de Rome et entouré de diverses pierres de couleur signifiant le mot Napoléon, le tout attaché par des tresses de cheveux.-
Trois médaillons renfermant les portraits de Napoléon et de Marie-Louise entourés de gros brillants. Le premier, de 29,965 fr.; le second, de 49,534 fr.; le troisième, avec un rang de chatons, qui en double le prix, 98,944 fr.
La façon dont le mémoire est apostillé va nous dire la destination de ces riches bijoux:
« Vu, ordonné et approuvé sur le fonds de 182,483 fr. mis à notre disposition, suivant la décision impériale du 28 janvier 1812, pour solder le prix d'un bracelet pour S. M. l'Impératrice et de trois
médaillons pour S. M. le Roi de Rome, la reine d'Espague et la gouvernante des Enfants de France.
« Signé: Le comte DE MONTESQUIOU.
Au commencement de l'année 1814, lorsque Napoléon partit des Tuileries, le 25 janvier, pour rejoindre son armée et repousser l'invasion, il laissa la régence à Marie-Louise et confia à la garde nationale sa femme et son fils, qu'il ne devait jamais revoir.
Mais il avait eu soin; au préalable, de faire faire, par NITOT ET FILS, une plaque de la Légion d'honneur, une épaulette et une étoile de la Légion d'honneur en brillants pour le service du Roi de Rome. Le procès-verbal de cette commande, exécutée par ordre de l'Empereur, est daté du 12 janvier. L'expertise fut faite par les joailliers Paris, Grouvelle et Lecomte, qui fixèrent ainsi les prix:
La plaque en brillants, 27,586 fr. ; l'épaulette, 70,332 fr. ; l'étoile, 2,032 fr. Total: 99,950 fr. (Arch. nat. 0230.)
1808. — Lors du mariage de Melle Tascher de la Pagerie, avec le prince régnant, duc d'Aremberg, l'Empereur offrità sa jeune protégée
une parure complète en émeraudes et brillants, composée d'un bandeau, d'un collier, d'une paire de boucles d'oreilles et d'un peigne. Cette belle parure, livrée par NITOT ET FILS, coûtait 51,465 fr. [Arch. Nat.0231.)

Le chiffre élevé de ces bijoux, livrés par NITOT ET FILS, indique suffisamment la richesse des présents diplomatiques offerts par l'Empereur. C'étaient généralement de riches boîtes données par le
souverain aux personnes remplissant des fonctions élevées, soit à la cour de France, soit à l'étranger.
Comme nous l'avons fait remarquer dans un précédent ouvrage, tandis que les plus belles tabatières offertes aux Français ne dépassaient pas 2,400 fr. à 3,000 fr., celles des diplomates s'élevaient à des
prix infiniment supérieurs. Mais au point de vue de la perfection du travail, toutes avaient la même valeur, étant l'oeuvre des mêmes artistes dessinateurs, graveurs, ciseleurs, peintres en miniature et en
émail. La seule différence consistait dans le nombre et la grosseur des diamants.
Mémoires.
Pendant les Cent-Jours, les joailliers NITOT ET FILS fournirent quatre riches boîtes, pour le service des présents; elles méritent une description.
5 mai 1815. NITOT ET FILS. Servicedesprésents. — Tabatière carrée, longue, en or ciselé, émaillé, enrichie d'un cercle en brillants et du portrait de l'Empereur, par Robert Lefèvre, 10,773 fr. Le portrait est coté 600 fr. et les brillants seuls, au nombre de trois cent vingt-six, pesant trente karats, sont estimés 9,000 fr.
Deux tabatières ovales, en or ciselé, émaillé, ornées, l'une de trente-quatre brillants et l'autre de vingt-six avec le portrait de l'Empereur par Robert Lefèvre, chaque portrait payé 600 fr,. : 7,599 fr. et 11,615 fr.
Une tabatière de même genre, sertie de vingt-huit brillants.
Le 12 mai 1806, nous l'avons dit plus haut, l'Empereur avait arrêté qu'il ne serait plus fait de présents en diamants et qu'on s'en tiendrait aux produits des manufactures françaises. Dès la même année, nous voyons le souverain changer d'avis et ordonner la confection de cent tabatières d'or, enrichies de brillants, quelques-unes, le quart environ, avec portrait. Cette dépense s'éleva, en totalité, à 380,688 fr.
L'année suivante, 1807, le grand maréchal du palais, Duroc, transmit à l'intendant général de la maison de l'Empereur (Daru) une pareille commande, sur les mêmes bases. Elle fut exécutée
par les joailliers MARGUERITE et NITOT ET FILS. MARGUERITE, pour cinquante tabatières, reçut 182,375fr. — NITOT ET FILS, par suite d'un petit changement, livrèrent quarante-deux tabatières et douze bagues, pour 184,391 fr. — Vingt-cinq petits portraits (à 600 fr. l'un)  coûtèrent 15,00.0 fr. — Total: 381,766 fr. (.Arch. nat. 0230.)



*Maitre Joaillier Orfevre, ci-dessous par Fontenelle




La prochaine époque sera consacrée à FOSSIN


Des questions, des remarques, richard.jeanjacques@gmail.com

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3 commentaires:

  1. J aimerez vous montrer des photos d un collier de prestige est exptionel vous avez un e-mail

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  2. J'adore les modèles de bijoux royaux. Seulement les vrais coûtent les yeux de la têtes. Ce pendant ce sont de très bonnes idées pour personnaliser mes bijoux pour les fêtes.

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